Au coeur de la Montagnette, non loin du massif des Alpilles, on trouve une enclave à demi sauvage où le Soleil doux du printemps (parfois rafraîchi par un Mistral “à décorner les boeufs” !) a fait sortir de la terre qui se réveille, et pour le plus grand plaisir du promeneur bucolique, une variété incroyable et merveilleuse d’herbes et de fleurs qui font toujours le bonheur des cuisiniers …
Ainsi, au bord des sentiers et chemins qui s’égarent dans la colline, on rencontrera le Romarin offrant de belles grappes de fleurs, une boisson tonique, une tisane parfaite pour les soirées d’hiver, aux côtés du thym qui lui aussi, choisit de fleurir en ce moment et d’embaumer la garrigue de son parfum.
Thym voudrait, d’ailleurs, dire parfum dans l’ancienne langue grecque ! Tout autour de ces vénérables “herbes de provence”, constellant le sol de petites tâches bleutées, notre regard est inévitablement attiré par les beaux iris jaunes que l’on ne trouve que par ici, jonchant le sol calcaire et différents de ceux qui ornent nos jardins (également en floraison en ce moment), qui se nomment les “Glauges” ou “iris des rocailles”. Autre curiosité de ce pittoresque terroir provençal, appréciant un sol calcaire et résistant aux manques d’eau : l’Asphodelus Microcarpus ou Asphodèle, longue tige soutenant un épi de fleurs blanches étoilées, une “plante compagne” (dixit l’excellent ethnobotaniste Pierre Lieutaghi) comme on en rencontre de nombreuses sur les pentes de ces collines si verdoyantes en cette saison et qui possèdent, dit-on, des racines comestibles et des vertus médicinales qu’avait noté dans l’antiquité, le grec Dioscoride. À son époque, la mythologie associait la plante à la résurrection et le poète Homère raconte dans l’”Odyssée” que les Morts qui sont aux Champs-Élysées aimaient s’en nourrir ! Les bourrasques de vent transportent ces bouquets de senteurs, nous enivrant de ces innombrables essences de simples. Les simples que l’on retrouve dans tous les jardins et les recettes des bons élixirs des moines. Non loin de là, on aperçoit les flèches des clochers de l’Abbaye de Saint Michel de Frigolet où la communauté, depuis 1133, a choisi de se recueillir dans ce bel havre de paix, prépare, entre autres, de délicates liqueurs et invite à l’exploration des grands “jardins sauvages” qui l’entourent, en compagnie du groupe “Cueillette, cuisine et compagnie” et de savourer ensuite les récoltes.

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