Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • La Finlande va taxer le nucléaire et l’hydroélectrique pour NON émission de CO2!

    La Finlande va taxer le nucléaire et l’hydroélectrique pour NON émission de CO2!

    Breaking-news                               C'est pourtant simple: les taxes carbones qui frappent les productions des centrales électriques à flamme introduisent une distorsion de concurrence inacceptable par rapport à celles des centrales nucléaires ou hydro-électriques. Au non de la libre compétition économique, la Finlande va donc taxer les 2200 MW nucléaire et les 3000 MW hydroélectriques de son pays qui étaient en activité avant la signature du Protocole de Kyoto en 1997. Une taxe de 10 euros par MWh rapporterait 330 millions d'euros aux caisses de l'Etat finlandais. Il n'y a pas de petits profits. Une taxe pour NON émissions de CO2, il fallait oser l'inventer. Les financiers ont une imagination délirante, surtout lorsqu'il s'agit d'alimenter les caisses de l'Etat. Voila une occasion unique pour notre sympathique ministre Borloo de se faire bien voir de Bercy, il suffit qu'il parle de cette innovation nordique en Conseil des Ministres.

    Le 7 Avril 2009

  • Nucléaire allemand: le compte à rebours des productions autorisées est déjà bien avancé

    Nucléaire allemand: le compte à rebours des productions autorisées est déjà bien avancé

    BfS                      Si l'Allemagne ne s'est jamais limitée sur les centaines de millions de tonnes de CO2 qu'elle peut gaillardement émettre en brûlant du charbon subventionné et du lignite, elle s'est par contre dotée d'un compte à rebours draconien portant sur ses productions d'électricité d'origine nucléaire. En 2002 le Gouvernement de coalition allemand a décidé d'autoriser aux opérateurs autochtones, sur la base d'une durée de vie des centrales de 32 ans, une production cumulée d'électricité d'origine nucléaire de 2623 TWh avant fermeture complète des opérations. L'Office Fédéral pour la Protection aux Radiations allemand (BfS) en charge du compte à rebours vient d'annoncer qu'à fin 2008 il ne restait plus que 1241 TWh à produire. L'Allemagne ayant déclaré une production nette d'électricité d'origine nucléaire de 142 TWh en 2008, soit dans les 150 TWh d'énergie brute, il resterait donc en moyenne autour de 8 ans de productions au rythme actuel. Cependant la loi prévoit que tous les réacteurs devront être arrêtés au plus tard en 2015.

                      Il reste donc, d'après la loi, 6 ans à notre sympathique voisine d'énergie pour remplacer à la hâte, un quart de ses moyens production d'électricité. Cela représente, au bas mot, 5400 éoliennes offshore de 3MW et quelques centrales au gaz naturel russe en secours pour produire pendant 60% du temps. Une paille!  Il est évident que l'Allemagne va devoir trouver un compromis pour allonger ce délai fatal et accepter que certaines productions nucléaires se poursuivent au delà de 2015. Ce sujet sera, à coup sûr, débattu dans le cadre de la préparation des futures élections fédérales. Avouez que tout cela n'est pas très sérieux Mme Merkel!

    Le 7 Avril 2009

  • La croissance de la population mondiale doit-elle entraîner une croissance de la consommation d’énergie et de pétrole?

    La croissance de la population mondiale doit-elle entraîner une croissance de la consommation d’énergie et de pétrole?

                                Il est des pseudos évidences dont le lecteur averti doit se protéger. Il en est une qui fait partie des données d'entrée de la consommation d'énergie dans le monde: la croissance démographique. La population mondiale croît, elle a connu sa croissance maximum entre les années 1990 et 1995, elle est maintenant en phase de croissance qui va en s'amortissant (FIG.I), de plus en plus de pays ayant passé leur phase de transition démographique: période plus ou moins longue selon les pays, durant laquelle les taux de décès baissent sous l'impact de la disparition des famines, des progrès sanitaires et médicaux alors que les taux de naissance restent encore élevés, au sein de populations parfois illettrées. De 6,8 milliards d'habitants aujourd'hui, le monde abritera plus de 9 milliards d'êtres humains en 2050 nous informent les Nations Unies. L'Inde devenant le pays le plus peuplé du monde vers 2030. Cette prévision de croissance de la population de 34% en un peu plus de 40 ans incite certains à prévoir, durant les années qui viennent, une vive croissance mondiale des consommations en énergie.

    Monde-1950-2050 

                     Un exemple schématique est fourni par l'Energy Outlook établi annuellement par Exxon-Mobil qui est la vision classique de l'évolution du monde de l'énergie dans les milieux économiques américains. La version 2008 comporte un premier graphique qui montre la croissance de la population, celle de la richesse mondiale et enfin la consommation d'énergie (FIG. II). Que dit Exxon dans cette étude? Il affirme que la croissance moyenne de la population entre 2005 et 2030 sera de 0,9% par an, celle de la richesse du monde de 3% par an et donc que la consommation d'énergie croîtra de 1,2% par an (version corrigée par rapport à l'année précédente, il avait avancé une croissance de 1,3% par an en 2007).

    Exxon-weo-2008-1 

                        Ces graphiques vous laissent tout d'abord totalement convaincu de leur pertinence, tellement la démonstration est simple et la contestation peu crédible. Avec un recul de quelques mois sur leur publication on peut cependant, être amené à challenger  le taux croissance de création de richesse mondiale: 3% par an par les temps qui courent ne serait-ce pas totalement délirant? Il m'étonnerait que Mme Irma, de sa boule de cristal, la seule au monde à savoir prévoir correctement l'évolution de la richesse des Nations, sorte un tel score digne des Trente Glorieuses. Mais ce n'est pas sur ce paramètre que l'objection est la plus évidente: c'est paradoxalement sur la croissance des populations.

                       Un chiffre brut de croissance moyenne annuelle des populations ne suffit pas, il faut aller un peu plus dans le détail  pour analyser de quoi sera faite cette variation.

                       Il suffit de rappeler que les 1,2 milliards d'habitants des pays de l'OCDE, en 2008, ont consommé 55% du pétrole mondial malgré la crise. On en déduit que les 5,6 milliards d'habitants NON OCDE ont consommé 45% du pétrole mondial. Un calcul simple  permet de remarquer qu'un individu des pays OCDE a brûlé ou transformé en 2008 en moyenne 14,5 barils de pétrole et que son cousin NON OCDE n'en a utilisé que 2,5 soit un rapport de 5,8 entre les deux. On le voit, un bilan de population brut ne suffit pas, il faut discriminer  les variations de population entre les pays riches ou qui le deviennent  et celles des pays en voie de développement, parfois bien lent.

                      Sur ce point, les Nations Unies nous informent que la croissance démographique dans les  40 ans qui viennent (2010-2050) va représenter probablement 2,2 milliards d'individus. Mais ces 2,2 milliards vont être répartis de façon très inhomogène (FIG.III), l'Asie et l'Afrique croissant chacune d'un milliard d'individus, les Amériques voyant augmenter leurs effectifs de 230 millions, dont 97 millions pour le continent Nord-américain. A l'inverse la population du grand ensemble Europe-Russie perdra 42 millions d'habitants durant cette période. En résumé la population des pays pauvres qui consomment peu d'énergie va augmenter d'ici à 2050 et celle des pays riches consommant beaucoup d'énergie va au mieux rester constante ou décroître (les données seront précisées plus loin).

    Accroissement-2010-2050

                      L'autre paramètre important est le vieillissement de la population dont un exemple nous est donné par le Japon dont le parc automobile décroît et la consommation d'énergie recule, en raison du vieillissement de sa population (FIG. IV). Ce pays a connu son pic de population en 2006 (127,45 millions d'habitants) et d'après les prévisions des Nations Unies compte tenu d'hypothèses de natalité et de mortalité, et un solde migratoire proche de zéro (54000 par an), avancent que la population baissera de 25 millions d'habitants d'ici à 2050. Mais un examen de la tranche 15-64 ans la plus active et la plus consommatrice (courbe rouge) montre que sa population décroît depuis 1995 en qu'en 2010 elle aura déjà baissé de 6 millions d'individus. Elle aura perdu 35 millions d'individus en 2050.

    Japon-1990-2050   

                          Cet exemple japonais montre que dans certains pays présentant des taux de mortalité et de natalité faibles, c'est la population active qui décroit la première et qui est le paramètre pertinent pour déterminer certaines consommations. Les achats de voitures et la consommation d'essence en décroissance semblent être liés à cette évolution de la population fortement urbanisée au Japon. La baisse des revenus, un mode de vie plus frugal, conséquences de l'arrêt d'activité professionnelle ou à son ralentissement (temps partiel, petit boulot) amènent le japonais urbain à se séparer de son véhicule et du garage obligatoire qui va avec.

                       Il est fortement probable que ce comportement japonais va se généraliser à d'autres pays européens qui vont aussi voir leur population vieillir et évoluer vers une sagesse respectueuse de l'environnement par attitude philosophique et par nécessité financière. Le profil de projection de la population allemande par exemple, dont la population active décroit depuis les années 2000, est proche de celui du Japon (FIG.V) avec un décalage de 5 ou 10 ans. La population active allemande pourrait baisser de 15 millions d'individus entre 2000 et 2050.

    Allemagne-1990-2050 

                     Un examen de l'évolution de population des pays potentiellement les plus riches du monde qui englobe l'Amérique du Nord, l'Europe-Russie, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie-Nouvelle Zélande, le Brésil et le Moyen-Orient montre que la population de cet ensemble va croître de 200 millions d'individus entre 2010 et 2050 (FIG.VI). Cependant la population active va demeurer globalement constante en dessous de 1,2 milliards d'habitants.

    Pays-riches-1990-2050 

                         Ces données montrent que de parler de croissance de population n'est pas suffisant pour anticiper des consommations d'énergies dans le monde. Une partie de cette variation des besoins en énergie va dépendre de la taille de la population active riche du Globe. Or celle-ci à l'horizon 2050 ne va pas connaître la croissance générale de la population en raison des phénomènes de vieillissement.

                       Conjuguée aux efforts de progression dans l'efficacité énergétique des processus qui seront mesurés chaque année, dans chaque pays, par ses émanations de CO2, cette faible croissance démographique à fort pouvoir de consommation permet d'anticiper une stabilisation ou une très faible croissance annuelle  (<0,5%) des besoins en énergie dans le monde d'ici à 2030. A titre d'anecdote la consommation globale d'énergie aux Etats-Unis en 2008 a diminué de 2% par rapport à celle de 2007 en raison de la baisse des consommations en produits pétroliers.

                        Les ressources d'économies mondiales d'énergie dans des parcs automobiles d'un autre temps, dans des centrales électriques d'une grande inefficacité, dans des habitations ouvertes aux quatre vents sont considérables. Un juste prix des ressources énergétiques, la disparition de subventions archaïques, une information continue des populations, des politiques d'incitation devraient conduire le monde à stabiliser sa consommation en énergie, malgré une croissance démographique encore soutenue, mais au sein d'une population vieillissante.

                      Si les problèmes de démographie vous intéressent je vous signale un accès très facile aux données les plus diverses dans le site des Nations Unies (LIRE).

    Le 6 Avril 2009.

  • Showa Shell Solar poursuit son expansion, BP Solar rationalise sa production

    Showa Shell Solar poursuit son expansion, BP Solar rationalise sa production

    Solacis-Shell                          La filiale de Shell au Japon qui voit peu à peu se rétrécir le marché du raffinage avec l'arrivée de véhicules plus sobres en énergie et la réduction du parc automobile en phase avec le vieillissement de la population, ne veut pas manquer la révolution photovoltaïque. Showa Shell a choisi de devenir un des grands japonais de l'industrie des modules solaires, sous la marque Solacis, en utilisant la technologie en couche mince de type CIGS (Cu,In,Ga,Se) qui présente l'avantage d'offrir de bons rendements de conversion et semble-t-il l'inconvénient d'être un process difficile à maîtriser, mais qui peut devenir un atout pour celui qui arrive à mettre le procédé de production sous contrôle. Shell va disposer d'une capacité annuelle de production de 80 MW avec la mise en route d'une deuxième usine, mais son objectif est d'atteindre 1000MW en 2011. Pour mener à bien son projet Showa Shell pourrait acheter une usine Hitachi située dans l'île de Kyushu. Elle produisait des écrans plasma de TV et a été arrêtée par manque de commandes! 

                              Mais pendant ce temps là, c'est une autre histoire chez BP Solar qui prend de plein fouet l'inversion du marché, le quasi arrêt des commandes espagnoles et la chute des prix. Alors BP solar va fermer des usines en Espagne et supprimer 480 postes sur 575. De même il va arrêter l'assemblage de modules dans le Maryland et supprimer 140 jobs sur environ 600. Après ces opérations, BP Solar disposera en 2009 d'une capacité de production de modules de 320 MW, le double de celle de 2008. Mais il est fortement probable que le centre de gravité de ces productions se soit radicalement déplacé vers l'Inde et la Chine.

                             Si l'Espagne veut sortir de la crise, il faudrait que son Administration arrête de commettre des énormes bourdes comme celle commise dans le photovoltaïque en 2008 qui a du lui coûter une fortune et qui se conclut par des suppressions d'emplois. Immense gâchis!

    LIRE une plaquette de présentation du produit Solacis

    Le 4 Avril 2009.

  • Etats-Unis: un térawattheure électrique sur deux provient du charbon

    Etats-Unis: un térawattheure électrique sur deux provient du charbon

                         L'énergie électrique nette générée aux Etats-Unis en 2008, avec 4115 TWh, correspond à 40% environ de la consommation totale d'énergie de ce pays où, jusqu'à il y a peu de temps, le gaspillage était de rigueur. Dans ce grand pays, en phase de revue générale des priorités énergétiques, il apparaît que 48% de l'électricité provient du charbon (FIG.). Les énergies renouvelables autres que l'hydroélectricité, ne représentent que 3% de la production (portion rouge du Camembert). Le nouvel objectif d'Henry Waxman de 20% de l'électricité d'origine renouvelable en 2020 (LIRE), en considérant la part hydroélectrique quasiment invariable (6%), suppose qu'il faudra multiplier ce poste "autres renouvelables" par près de 5 en onze ans pour atteindre l'objectif à consommation constante et donc par un coefficient supérieur (6 ou 7?) à consommation croissante d'électricité. Tout ceci ne semble pas être très raisonnable, la génération au gaz naturel et bien sûr le nucléaire devront être mobilisés pour atteindre un objectif équivalent et réduire la part du charbon dans le mix électrique américain. Point commun avec l'Europe, les dirigeants se sentent obligés de raconter des fables sur leurs politiques énergétiques.

    Electricite-USA-2008 

    Le 4 Avril 2009.

  • La part relative des consommations de pétrole en 2008 baisse dans le bilan énergétique américain

    La part relative des consommations de pétrole en 2008 baisse dans le bilan énergétique américain

                              Les consommations de pétrole aux Etats-Unis en 2008 ont représenté 37,4% des consommations totales (FIG.), elles étaient de 39,2% en 2007. Cette baisse de 1,8 point de pourcents profite tout d'abord à la part relative des consommations de gaz naturel qui atteint 24% du total contre 23,3% en 2007. Il faut noter aussi la progression de la part de la biomasse qui avec l'alcool de maïs atteint les 3,9% contre 3,5% en 2007. Et enfin le fabuleux, l'irrésistible, celui qui va sauver les Etats-Unis, je veux dire l'éolien qui participe pour 0,52% du bilan. Il ne pesait que 0,34% en 2007. Formidable progression relative pour une faible contribution en valeur absolue. Ce sont donc pour  plus de 84% que les énergies d'origines fossiles participent encore au bilan énergétique contre près de 85% en 2007.Energies-primaires-USA-2008      Remarque: Les énergies électriques éoliennes ou solaires, pour ne pas comparer des carottes et des navets, sont transformées par l'EIA qui publie ces chiffres en équivalents thermiques avec un rendement de Carnot de 34%. Tout comme pour le nucléaire c'est la génération de chaleur qui est publiée avec un rendement électrique de 32,5%.

    Le 4 avril 2009

  • Le baril de pétrole WTI devrait rejoindre à court terme les 40 euros le baril

    Le baril de pétrole WTI devrait rejoindre à court terme les 40 euros le baril

                        Le baril de brut WTI se négocie dans les têtes des hedgers en euros. C'est en effet devenu avec l'essence cotée sur le NYMEX, le produit idéal pour se couvrir contre une éventuelle chute du dollar, contre un éventuel coup de grisou en Iran et pour accompagner le moindre petit signal de reprise qui amorcerait la remontée franche des cours. Des chiffres lamentables d'entrées de commandes à l'industrie du mois de Janvier dans la Zone Euro (LIRE) avaient fait rechuter l'euro la semaine dernière, mais depuis les Muppets Show de la BCE en n'abaissant les taux que de 25 points de base on fait regrimper l'euro et, par contre coup, les achats de couverture sur le pétrole. Un objectif de 40 euros par baril semble réaliste à court terme (FIG.).

     Cours-USA-récents-2009-04 

               Une légère reprise des consommations de brut qui est tout à fait envisageable, ne serait-ce que pour reconstituer des stocks de produits semi-ouvrés de la pétrochimie dans les diverses chaînes logistiques dans le monde, un effet de base qui va montrer des baisses de consommations plus faibles que prévu par rapport à l'année précédente, une attitude disciplinée des membres sérieux de l'OPEP (hors Iran et Venezuela) pourraient ensuite relancer un rallye vers les 50 euros par baril. C'est la raison pour laquelle une partie des placements se font aujourd'hui en pétrole ou en essence qui profite en plus de la vigilance des raffineurs américains (FIG.II).

    Cours-USA-récents-gasoline-2009-04

    Le 4 Avril 2009.

  • Une accélération trop rapide vers les énergies renouvelables peut-elle être une erreur économique?

    Une accélération trop rapide vers les énergies renouvelables peut-elle être une erreur économique?

    Business-update                           Nombreux sont ceux qui, aux Etats-Unis, adoptent une attitude incrédule, sinon critique, devant le désir d'Obama d'accélérer à fond la conversion de l'approvisionnement énergétique de son pays vers les énergies renouvelables. Ces critiques, venant essentiellement des milieux Républicains, s'articulent sur le solde des créations d'emplois et sur l'efficacité économique de telles mesures. La politique de limitation des émissions de CO2 aux Etats-Unis devrait faire disparaître 3 millions d'emplois d'ici à 2020 selon certains. "Le capital ne générant pas la même quantité d'énergie nécessaire à l'économie, c'est l'économie qui tournera de façon moins efficace" expliquent les consultants de CRA International.

                             Que penser de ces critiques sur les choix actuels de l'Administration américaine? Y a-t-il un fond de bon sens qui ne doit pas être négligé dans ces critiques?

                             Une donnée d'entrée du problème est certaine: les énergies renouvelables sont dévoreuses de capitaux. C'est pour cela, d'ailleurs, qu'il faut pour l'instant, d'une façon ou d'une autre, les subventionner.

    Le taux de charge: un fonctionnement des équipements  durant 2000 heures par an ou 23% du temps, comme le photovoltaïque dans les contrées ensoleillées et bien moins en Allemagne, ou bien durant  2200 heures comme l'éolien terrestre (25% du temps) ou 3500 heures comme l'éolien offshore (40% du temps), constitue un handicap majeur pour ces énergies par rapport aux centrales à flamme ou nucléaires.

    La durée de vie des équipements: une centrale au charbon ou au gaz est construite pour 80 ou 100 ans, une centrale nucléaire moderne pour 60 ans, un parc éolien pour 20 ans.

    La nécessité de surinvestir: le caractère aléatoire de ces nouvelles sources d'énergie nécessite de disposer en secours de centrales classiques mobilisables ou de système batteries ou de centrales à inertie pour suppléer aux lacunes d'énergies qui peuvent être de quelques minutes ou de plusieurs heures.

                    Investir dans les énergies renouvelables doit donc intégrer qu'il faut laisser le temps aux diverses technologies de progresser et de faire des gains de productivité indispensables. Le contre-exemple espagnol qui en 2008 a complètement affolé l'industrie photovoltaïque mondiale avec plus de 2,5 GW de puissance installée et qui la plante lamentablement en 2009, avec peut-être 0,5 GW à construire, illustre parfaitement ce qu'il ne faut pas faire. L'industrie photovoltaïque dispose de formidables gains de productivité avec les technologies en couches minces et l'amélioration des rendements de conversion. L'industrie éolienne est beaucoup plus limitée dans ses progressions. Il lui reste cependant à atteindre la classe des éoliennes offshores 5MW, produites en grande série de façon industrielle (LIRE Multibrid).

                    L'énergie électrique verte sera plus chère que celle produite avec du charbon américain, du lignite allemand ou des centrales nucléaires françaises. Les tarifs spéciaux et autres "feed -in-tariff" qui supportent ces productions nouvelles ne sont autres que des augmentations tarifaires que paient les consommateurs. C'est le consommateur et donc l'économie qui paie le surcoût des énergies vertes.

                     Or, on le sait pour avoir assisté à la scène, un accroissement brusque des prix de l'énergie peut être destructeur. La flambée spéculative des cours du pétrole du printemps dernier a quasiment tué l'industrie américaine du 4X4 et va finalement pousser GM et Chrysler au dépôt de bilan.

                      Il existe cependant une solution évidente à ce problème: il est nécessaire que parallèlement à cette évolution vers les nouvelles formes d'énergie, l'efficacité énergétique des processus progresse RAPIDEMENT.

                     Il est économiquement acceptable de doubler le prix de 20% de l'énergie électrique si en parallèle l'efficacité énergétique des processus s'accroît de 30 à 40%. Apparaît alors la nécessité d'une démarche double et équilibrée. Mais prenons quelques exemples simples.

    Ctroën-électrique                  L'électrification d'un modèle de véhicule existant, comme le fit Peugeot-Citroën à l'aide de grosses batteries Ni-Cd il y a quinze ans déjà n'avait aucun sens économique. Une voiture électrique ne peut-être techniquement acceptable que si toute sa définition est focalisée sur les économies d'énergie. Sa masse, sa traînée, ses pertes énergétiques par frottement doivent être réduites au strict minimum. Les rendements de récupération au freinage et d'exploitation de cette énergie électrique doivent être les meilleurs possibles. La démarche japonaise ou coréenne qui consiste à remettre en cause radicalement la définition d'un véhicule électrique est la bonne. Les bêtises de type "Mini électrique" construite à 500 exemplaires, ne sont que des attrapes gogos marketing qui n'ont que peu de sens. Cette démarche accomplie, alors et seulement alors, l'énergie électrique pourra se substituer au pétrole. Dans le cas des constructeurs américains, on ne voit pas pour l'instant apparaître un modèle répondant au cahier des charges, sinon quelques monstres électriques réservés aux happy-few.

                     Le chauffage électrique d'une maison mal isolée est une aberration énergétique. Mais la même maison après de solides travaux d'isolement et équipement du toît d'une série de modules photovoltaïques raccordés au réseau, va pouvoir vendre ou acheter de l'électricité à son opérateur selon l'heure et le temps. La présence d'une batterie en tampon lui permettra même d'effacer certaines heures de pointes qu'elle pourra négocier. On le voit la démarche est complexe, ce n'est pas un simple module à installer.

                     La politique énergétique d'un pays comme les Etats-Unis, où le gaspillage énergétique était de rigueur il y a peu, doit donc s'articuler sur une réelle incitation de la population et des acteurs économiques à faire des gains dans l'efficacité énergétique des processus. Les immenses frigos qui crachent des tonnes de glaçons inutiles et gaspillées doivent être tout d'abord proscrits. Alors il sera possible d'aller faire de l'électricité au vent ou au soleil sans mettre en péril l'économie américaine.

                     Il y a donc un risque dans la démarche Obama, c'est qu'il pousse trop vite les investissements de production d'énergie renouvelable aux dépens des économies d'énergie et de la recherche d'une plus grande efficacité énergétique. Cela passe par de la pédagogie, des incitations fiscales financées par les taxes sur l'énergie…ou par la possible taxe carbone sur les produits importés.

    Le 3 Avril 2009.

  • La chute des ventes de voitures et de 4X4 américains se sont stabilisées au mois de Mars

    La chute des ventes de voitures et de 4X4 américains se sont stabilisées au mois de Mars

                                 Pour éviter de perdre espoir, quand tout va mal, il est important de déceler ce qui résiste ou s'améliore légèrement. C'est le cas des ventes des trois "grosses" américaines de l'automobile qui après des chutes de ventes en nombres de véhicules autour des 50% en Janvier et Février, arrivent à limiter la chute à 40% en Mars. Les marques asiatiques limitent leur chute autour des 31% pour le trimestre, quand aux marques allemandes, en moins mauvaises positions, elles limitent leur chute à moins de 20% au mois de Mars. Voila pour la hiérarchie (FIG.).

    Ventes-voitures-USA-2009-03   

                  L'ensemble de ces ventes américaines affichent que ce soit pour les berlines ou les 4X4 des chiffres en légère amélioration par rapport aux deux mois précédents qui avaient été terribles.

    Ventes-voitures-USA-2009-03b   

    Le 2 Avril 2009.

  • Un rapport confirme les progrès énergétiques accomplis et attendus dans la production d’éthanol de maïs en Amérique du nord

    Un rapport confirme les progrès énergétiques accomplis et attendus dans la production d’éthanol de maïs en Amérique du nord

                                Il avait été rapporté ici, en début d'année, une très importante étude de terrain dirigée par Kennett Cassman, partant de données opérationnelles, qui démontrait que la production et la distribution d'éthanol "du champ à la roue" avait fait de très bons progrès et disposait d'un champ d'amélioration encore important (LIRE cette importante étude). Un papier de l'IEA Bioenergy vient confirmer les conclusions de cette étude. Elle affirme que le bilan énergétique des productions d'éthanol s'est nettement amélioré entre 2005 et 1995 avec un rendement énergétique net de 1,4 et qu'il devrait atteindre près de deux en 2015 (FIG.). Cette nette amélioration du bilan énergétique net de la production d'éthanol s'accompagne d'une baisse du rendement énergétique de la production d'essence liée à la complexité grandissante des conditions d'extraction du pétrole.

    IEA-Bioenergy-énergie-EtOH 

    En relation avec ces évolutions, les émissions de CO2 par unité d'énergie utilisée deviennent franchement favorables à l'éthanol (FIG.II).

    IEA-Bioenergy-CO2-EtOH 

                      Cette publication ne fait que confirmer l'étude de Cassman. Les progrès attendus dans la sélection des semences de maïs génétiquement modifiées, dans la gestion de l'énergie des procédés dans les usines, dans l'introduction d'une boucle de deuxième génération utilisant les rafles de maïs, dans l'acheminement par pipe-line du fuel éthanol vont permettre d'améliorer encore les rendements énergétiques nets de ces productions. L'arrivée d'industriels confirmés comme le raffineur Valero dans le business devrait accélérer les perfectionnements et les améliorations portant sur bilan énergétique et écologique de ces procédés agricoles.

                   Ces progrès dans l'alcool de maïs dénotent par rapport au quasi immobilisme des projets de synthèse d'éthanol à partir de composés ligno-cellulosiques qui devaient faire fureur. Il semblerait que la mise au point industrielle des multiples variantes soit plus ardue que prévu.

    LIRE le rapport de l'IEA Bioenergy.

    Le 2 Avril 2009.