Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Plaidoyer pour « Un nouvel engagement pour une Internationale Energétique »

    Plaidoyer pour « Un nouvel engagement pour une Internationale Energétique »

    Esso                   A Rome, Rex Tillerson, Président Directeur Général d’Exxon-Mobil, à l’occasion du  Vingtième Congrès du World Energy Council réuni sur le thème " L’énergie du futur dans un monde interdépendant" a présenté un chaud plaidoyer pour une "Internationale Energétique" qu’il a opposée au nationalisme de la ressource qui va de l’inaccessible "indépendance énergétique" des pays consommateurs au "superpouvoir énergétique" de certains pays producteurs. Il a montré le côté utopique d’un isolationnisme énergétique prêché par certains ce ses concitoyens, il a fustigé les ruptures de contrats unilatérales et les nationalisations de certains pays producteurs. Les représentants russes et venezueliens devaient prendre des notes.

                      La faiblesse de son exposé est apparue dans l’illustration de cette politique universelle au sein d’Exxon. Il a sorti les progrès réalisés par sa filiale japonaise dans la production de séparateurs pour batteries au Lithium-Ion et la mise au point d’une PAC embarquée pour véhicule électrique. C’était un peu juste pour sauver la planète.

                            Exxon-Mobil devra absolument revoir sa politique environnementale.

  • Pétrole : importations américaines de produits raffinés

    Pétrole : importations américaines de produits raffinés

    Penfield1894b                 La balance commerciale américaine est réputée pour son déséquilibre actuel. Les achats de produits pétroliers, dans le bilan des importations apparaissent pour une part de 13,6% en cumulé à fin Septembre ( près de 200 milliards de dollars). Les Etats-Unis, en grandes masses, consomment 21 millions de barils par jour de produits pétroliers. Ils en produisent 7, ils en importent 14  ( 10 de brut et 4 de produits raffinés ou intermédiaires). Depuis sept ans leur outil de raffinage est saturé à 14 millions de barils par jour. La croissance de la consommation annuelle est donc assurée par une augmentation des produits raffinés.

                      Ce déséquilibre semble récent, mais en fait il existe depuis longtemps.

                    Depuis 25 ans, les productions ont régressé annuellement de 150 mille barils par jour et les importations ont progressé de 350 mille barils par jour, en moyenne. On peut constater que le point d’équilibre entre productions et importations date de 1993 et qu’il est aujourd’hui dans les proportions deux tiers / un tiers au profit des importations.25ans1  Le raffinage US est saturé à 10 millions de barils par jour depuis 2000. Les accroissements de consommation sont donc assurés par des importations de produits raffinés.

                    La part des importations de produits raffinés dans les importations globales a fortement varié durant cette période de 25 ans (FIG.). Elle est même passée par un maximum de 37% en 1984. Grâce a un effort d’investissement dans le potentiel de raffinage, cette part est passée au dessous des 20%  à la fin des années quatre vingt-dix et depuis cette proportion remonte pour atteindre 26%. Le suivi de ces importations de produits raffinés, en estimant que le potentiel de raffinage US ne va guère changer dans les années qui viennent, indiquera si les américains stabilisent enfin leur consommation en produits pétroliers.Raftot 

  • L’administration US continue d’alimenter la réserve stratégique de pétrole.

    L’administration US continue d’alimenter la réserve stratégique de pétrole.

    Us_flagg5                   La réserve stratégique de pétrole américaine (SPR) est de 694 millions de barils, ce qui représente 51 jours d’importation des USA. Samuel Bodman, le Secrétaire à l’énergie, veut continuer d’alimenter cette réserve "à vitesse modeste". Pour celà l’administration dispose d’un feu vert du Congrès, qui l’autorise à aller jusqu’à un milliard de barils, et elle se fait payer les royalties par les producteurs du Golfe du Mexique en nature (royalty-in-kind). L’objectif est de collecter un peu plus de 12mbl sur une période de six mois. Shell, Sunoco et BP sont chargés de collecter 70 mille barils de brut par jour dès le mois de Janvier pour alimenter la SPR.

                         De nombreux professionnels du négoce du pétrole, dans une période de tensions sur les cours, jugent le moment inapproprié.

  • Vingt dollars de folie dans le cours du brut américain

    Vingt dollars de folie dans le cours du brut américain

    Toledo              La tendance longue des cours du WTI américain se situe aux environs de 76$ par baril. Tous les chercheurs de scoops et autres commentateurs attendent de voir franchie la barrière symbolique des 100$/bl. Certains invoquent même le changement d’échéance de contrat à terme (BFM), sans avoir vu que le marché à terme est devenu "backwardisé" depuis le mois d’Août (les cours baissent quand l’échéance s’éloigne). L’OPEP est prête à faire un geste à court terme, les importations US de brut qui ont été faibles les trois dernières semaines connues, vont devoir alimenter les raffineries et devraient donc se reprendre, la tempête en Mer du Nord est passée et Juan Carlos a demandé à Hugo Chavez "de la fermer" (seul un Roi d’Espagne pouvait faire ça).

                   Alors on peut pronostiquer un retour des cours vers des niveaux moins "dingues". 10$ à 15$ de baisse des cours, d’ici à la fin du mois, seraient raisonnables.

  • Rendement des cellules solaires en progrès dans le monde

    Rendement des cellules solaires en progrès dans le monde

    Toyokuni1797                   Mitsubishi Electric, un des grands avec Sharp et Kyocera, du photovoltaïque japonais a annoncé le lancement en production de cellules de 150X150mm présentant un rendement de conversion photovoltaïque de 18%, soit une puissance électrique crête de l’ordre de 1,8Wc par décimètre carré. Les améliorations techniques utilisées seront présentées au mois de Décembre, à Fukuoka, à l’occasion du 17ème congrès international des sciences et de l’engineering photovoltaïque. En Allemagne, SolarWorld Industries a annoncé des rendements de conversion de 18,8% et désirerait assurer une partie de ses productions (20%) avec cette nouvelle génération de produits.

                    Ces progrès technologiques constituent une voie pour réduire les coûts et pour accroître les puissances surfaciques des modules industriels.

                    Comment sont obtenues ces performances améliorées?

                        Mitsubishi explique les divers paramètres sur lesquels des progrès ont été réalisés:

    • une meilleure absorption de la lumière grâce à une méthode de "Reactive Ion Etching" qui diminue la réflectivité de la surface des cellules,
    • une réduction de la durée de métallisation, préservant les performances du réseau cristallin,
    • une réduction (40%) de la surface cachée par la grille de collection de courant,
    • la supression du plomb de soudure améliorant à 90% le taux de réflexion de la lumière par la face arrière,
    • l’amélioration du champ de surface arrière, réduisant les recombinaisons de trous d’électrons,
    • divers progrès de connectage des cellules et de construction des modules.

                       Cette démarche industrielle, d’amélioration permanente, fait de l’industrie japonaise la plus performante au monde. Les progrès obtenus dans ce domaine, permettront de réduire la consommation de Silicium par Watt crête installé et d’accroître la puissance des panneaux solaires à encombrement constant. N’en doutons pas, Mitsubishi et SolarWorld seront suivis par leurs concurrents japonais, sinon dépassés.

  • Le Japon puissance photovoltaïque

    Le Japon puissance photovoltaïque

    Toshinobu1718                     Le Japon, après l’Allemagne, est un leader mondial de production d’énergie électrique d’origine photovoltaïque avec plus de 1700 MW de puissance installée à fin 2006, dont 1620 MW connectés au réseau (source: IEA). Ceci représente, par rapport à 2005, une croissance annuelle de 20% (286 MW) de la puissance installée. On peut mesurer ainsi tout le dynamisme de cette filière industrielle japonaise, en symbiose avec tous les développements technologiques de l’industrie électronique.

                        Quels sont les grands acteurs japonais de ce secteur, quels sont les grands axes de développement et de progrès?

                      La génération délectricité d’origine solaire repose, aujourd’hui, sur la production de Silicium polycristallin. Il existe deux grands acteurs Japonais: Tokuyama et Mitsubishi Materials. Le premier produit 1000 tonnes par an de lingots, le second 200 tonnes. Les fabricants de wafers (disques minces de silicium) sont plus nombreux, ils comprennent les deux premiers mais aussi M.Setec, JFE Steel, SUMCO, etc. qui travaillent à partir de lingots achetés sur le marché. La demande est très forte, elle crée donc une offre très diversifiée et très innovante. Tokuyama travaille sur un procédé VLD (vapor to liquid deposition), Chisso travaille sur un nouveau procédé de réduction au Zinc et voudrait installer une usine pilote de production en 2008.

                   Pour réduire les coûts la première démarche est de réduire la consommation en Silicium en réduisant l’épaisseur des wafers. Les bons sont à 200 microns d’épaisseur et les meilleurs à 150 microns.

                     Viennent ensuite les fabricants de cellules élémentaires, qui génèrent une tension de 0,45V environ, et de modules qui comprennent plusieurs cellules assemblées en série pour atteindre la tension spécifiée. Les grands acteurs japonais (et leur production 2006 en Mega Watt crête) sont dans ce domaine: Sharp (198 MWc), Kyocera (72 MWc), Mitsubishi Electric (50 MWc) et Sanyo (35 MWc). Cette industrie, d’une très grande complexité, comprend à la fois les multiples traitements de surfaces du Silicium et de la formation de couches qui vont réfléchir la lumière sur la face arrière, la laisser passer dans un sens sur la face avant, en évitant les réfléchissements et qui vont collecter le courant sur les deux faces. Elle comprend aussi tout le système de collection du courant, la mise en série des cellules et l’assemblage physique des modules prêts à être installés dans la nature.

                        Les points clés de cette industrie sont la maîtrise des procédés pour réduire les dispersions (les meilleurs sont à + ou – 3%) et pour réduire les déchets de production. L’amélioration permanente des technologies a permis d’accroître le rendement de conversion photovoltaïque des cellules et la puissance surfacique des modules. Un rendement de conversion qui se situe vers les 10 à 12% ( 1 à 1,2 Wc par dm2) pour les productions courantes et de 18% pour les productions annoncées en 2008 et au delà.

                         La démarche industrielle japonaise, faite d’améliorations permanentes, est parfaitement adaptée aux problématiques de cette industrie qui doit économiser le Silicium, réduires les déchets et les dispersions, améliorer les rendements de conversion, accroître la durée de vie et la fiabilité des systèmes. L’aide de l’Etat a permis une formidable expansion de cette industrie au Japon.

  • Attention aux bouilleurs de crus américains

    Attention aux bouilleurs de crus américains

    Pacific                  2006, c’était l’Eldorado, on achetait les actions d’un producteur de fuel-ethanol américain et les cours grimpaient. Pacific Ethanol (PEIX) à 10$ en Janvier 2006 passait les 40$ moins de cinq mois après. Mais voilà, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, le cours est revenu depuis à moins de 7$.

                    Pourquoi une telle variabilité? Ou comment passer dans le rouge en plus que doublant son activité en un an.                  

                         En un an les ventes de fuel-ethanol de PEIX sont passées de 23 millions de gallons à 50 mgallons, une croissance annuelle de 120%. Les ventes sont passées de 61 millions de $ à 118 m$, une croissance annuelle de 93%! Formidable, me direz-vous. Et pourtant le résultat opérationnel est passé d’un profit de 1,9 m$ à une perte de 1,16 m$.

                         Pourquoi ce revirement sur une activité en pleine expansion? La faute à l’accroissement des cours de la matière première, le maïs, de plus de 8% qui sont passés de 4,19 $ par boisseau à 4,54$ et surtout à la baisse des prix de vente de l’éthanol de 2,46$ le gallon à 2,11$, soit une baisse de 14%. Les cours de l’éthanol, pénalisés par la surproduction, évoluent à contre courant de ceux de l’essence (FIG.). Les cours de l’essence, poussés par ceux du brut, sont passés au dessus de ceux de l’éthanol.Etha11

                      Le futur de cette industrie du fuel-ethanol est assez incertain, tout le monde attend que la Californie passe sa spécification de l’essence "reformulée" à 10% d’éthanol, afin de relancer la demande. Si les prix de l’essence restaient durablement au dessus de ceux de l’éthanol, la demande en alcool par les raffineurs, s’en trouverait également confortée.

                    Attention donc, aux risques financiers pris par l’achat d’actions de ces industries dites "vertes" dont le "business model" n’est pas encore bien étayé.

  • Crédit Suisse voit un regain dans le raffinage US

    Crédit Suisse voit un regain dans le raffinage US

    Suis2               Crédit Suisse, dont les spécialistes en Sociétes pétrolières sont très écoutés, recommande de surpondérer les purs raffineurs américains comme Tesoro, Sunoco ou Valero Energy. Les cours de ces pétrolières US sont proches de leur maximum en raison de superbes résultats obtenus au cours du premier semestre de cette année. Les résultats du troisième trimestre qui ont été beaucoup plus décevants, ont fait un peu décliner les cours.

                        Nous allons montrer que cette reprise des profits du raffinage US n’est pas gagnée en raisons des cours irréalistes actuels du pétrole brut.

                    Pour comprendre le raffinage il faut intégrer quelques données simples.

    Les volumes: les opérations de raffinage conduisent à des produits plus légers et donc plus volumineux. Par exemple Sunoco au T3 a introduit dans ses raffineries 952200 baril par jour et il a produit 988300 bl/j de produits raffinés soit un gain de 3,8%. Mais il a du fournir de l’énergie pour raffiner, ce qui a consommé 45500 bl/j. Le bilan fait donc apparaître une perte en volume de 1%.

    La valeur ajoutée: elle dépend de la différence entre les prix des produits à l’entrée de la raffinerie et ceux des productions à la sortie de la raffinerie. Plus l’outil de production sera adaptable et plus la production sera orientée vers les produits chers. En ce moment, à l’entrée de l’hiver c’est du fuel qu’il faut produire aux dépens de l’essence (FIG.)Raff11    Cette valeur ajoutée peut être aussi optimisée par des opérations de désulfurations et de conversion profonde qui permettent d’utiliser des pétroles lourds, riches en Soufre ou des "fonds de barils" peu onéreux. Une bonne raffinerie doit donc être grande et sophistiquée. Il est alors possible en orientant les consommations et les productions d’optimiser les marges. Total par exemple disposait de deux raffineries en UK. Il en a vendu une, la plus petite, et il investit dans la plus grosse.

                          La Fig. qui représente les ratios des prix au baril, sur le NYMEX, essence/brut et fuel-gasoil/brut permet de comprendre pourquoi le deuxième trimestre 2007 fut très rémunérateur pour les raffineurs. Il suffisait de produire de l’essence. La décroissance du ratio des cours essence/brut au troisième trimestre explique la baisse de rentabilité du raffinage américain.

                         Pour le quatrième trimestre, il est évident qu’il faut produire du fuel-gasoil à 110$/baril. La conversion profonde devient alors très rentable. Cependant, les marges sur l’essence, qui est majoritairement consommée, même en hiver, ne sont toujours pas très rémunératrices. Il est ainsi difficile d’adhérer à l’optimisme de Crédit Suisse, sur un regain des marges de raffinage au T4, du moins pour l’instant.

  • Schwarzenegger contre l’Agence de Protection de l’Environnement US

    Schwarzenegger contre l’Agence de Protection de l’Environnement US

    California               L‘Etat de Californie poursuit en justice l’Environmental Protection Agency (EPA) pour la forcer à donner son accord sur la règlementation du niveau d’émissions de CO2 par les voitures, les pick-up et les véhicules dits "Smart Utilitaires". La loi sur la réglementation des émissions ce CO2 devrait s’appliquer sur les modèles de 2009, qui seront donc présentés dès 2008 au public. Plus d’une douzaine d’Etats sont solidaires avec celui de Californie et le suivront.

                    La Californie jouit du statut privilégié de pouvoir légiférer au nom du "Clean Air Act", s’il obtient l’aval de l’EPA. Or cette Agence avait initialement refusé son aval sur les lois anti-pollution californiennes, invoquant qu’elle n’avait pas le droit de qualifier les gaz à effet de serre comme "polluants". Au mois d’Avril la Cour Suprême lui a affirmé qu’elle en avait le droit.

    On voit par ce recours toute la lourdeur administrative qui s’oppose à l’application de règles antipollution dans les Etats américains.

  • Piles à Combustibles à vendre?

    Piles à Combustibles à vendre?

    Ballard_logo_new1                   La Société Ballard, cotée sur la Bourse de Toronto, a vu son cours augmenter de 17% le 5 Novembre sur une rumeur: elle aurait décidé de vendre son unité de R&D sur les Piles à Combustibles. Comme quoi tout peut changer. L’action valait 20$ en 2003 parce qu’elle était un leader dans cette technologie. Elle passe au dessus de 5$ aujourd’hui parce qu’elle l’abandonne. Grandeur et décadence, gros flop d’une approche marketing débridée, sans réel fondement économique.

                   En France nous avons le CEA qui travaille activement sur les PAC, mais il n’est pas coté à la Bourse de Paris. Ouf!