Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Total cantonne son activité solaire Tenesol chez SunPower

    Total cantonne son activité solaire Tenesol chez SunPower

    REC-Q3-2011b Rien ne va plus dans le solaire photovoltaïque occidental étranglé par la surproduction mondiale de modules et le dumping de la concurrence asiatique. L'américaine Solyndra largement financée par de DOE a jeté l'éponge, les allemandes Solon et Solar Millenium se sont placées en cessation de paiement, BP a officiellement interrompu ses dernières activités financières et commerciales dans le domaine, Bosch qui fait construire une usine de modules solaires en Malaisie, vient d'absorber l'allemande Conergy…et bien sûr tout cela n'est qu'un début en attendant des nouvelles de la profession plus saignantes encore.

     Total qui détient 60% de l'américaine SunPower vient de décider de cantonner son activité "européenne" Tenesol chez SunPower en lui cédant l'activité en échange 6% de plus du capital de SunPower. Cette consolidation va dans le sens d'une plus grande efficacité pour l'activité globale solaire chez Total mais il paraît difficile de croire que les activités occidentales dans le photovoltaïque pourront survivre sans protection douanière à l'entrée des modules asiatiques (taxes et/ou quotas).

     Marché scandaleusement subventionné par des tarifs artificiels de rachat de l'énergie électrique qui a provoqué dans un climat de bulle affairiste des développements artificiels de capacités de production partout dans le monde. Un retour à un peu plus de réalisme en Europe, amorcé en Espagne dès 2008 puis se généralisant, met en péril de larges pans de la filière amont de production de modules et en premier lieu ceux implantés en Europe.

     Un futur cas d'école de Business School pour illustrer les effets pervers d'une trop forte intervention des États, politiquement manipulés par l'idéologie Verte, sur le développement d'un marché artificiel tenu à bout de bras par des subventions ou des règlements imposants des quotas. Il n'y a rien à attendre de bon d'un marché de masse photovoltaïque non rentable. Nul doute qu'il le deviendra un jour, dans les pays ensoleillés, à faibles prix de main d’œuvre, disposant d'un réseau électrique et de centrales thermiques en support…avec des modules Made in Malaysia. La Californie et ses déserts répondent sensiblement à ce cahier des charges.

    LIRE le papier de Bloomberg sur le sujet.

    Le 25 Décembre 2011

     

  • Toshiba annonce une Pile à Combustible domestique améliorée

    Toshiba annonce une Pile à Combustible domestique améliorée

    Toshiba-Enefarm-2012  Le marché japonais des PAC domestiques connaît une embellie avec la cruelle pénurie de puissance électrique disponible dans ce pays. Toshiba avec des prévisions de ventes initiales autour de 5000 unités en année fiscale 2011, annonce en avoir déjà installé 6500 à fin Novembre (en 8 mois) et prévoit de vendre 15 000 unités en année fiscale 2012 pour un prix unitaire catalogue de 2,6 millions de Yens (> 25 000 euros).

     La version 2012 va être améliorée et profiter d'une garantie de 10 ans pour un système fonctionnant 80 mille heures soit deux fois plus que le modèle précédent. Pour réduire le prix, le nombre de cellules va être réduit et la teneur en platine par cellule réduite de 20%.

      Malgré toutes ces améliorations le rendement électrique de l'ensemble est annoncé à 38,5% ce qui correspond à une tension de cellule de 0,57 Volt. Par contre cet outil complexe est un bon chauffe-eau au gaz avec un rendement de 55,5%.

     Toshiba annonce que ses équipes travaillent activement pour, en option, faire de cet appareil une source de sécurité de courant autonome (sans batterie trop onéreuse) qui prendra le relai en cas de coupure de l'alimentation par le réseau électrique. Cette amélioration est déterminante pour le succès de cette version dans l'environnement électrique incertain japonais actuel.

    LIRE un papier du Nikkei sur ce sujet.

    Le 23 Décembre 2011

  • C’est le business qui devient green et non l’inverse!

    C’est le business qui devient green et non l’inverse!

    Eva Joly veut créer 1 million d’emplois dans les filières vertes!!!!

    La nouvelle croyance populaire, largement alimentée par les propos à l’emporte-pièce d’écolos de tous bords, veut que le green-business va un jour sauver notre économie et créer des milliers d’emplois…alors que pour l’instant, dans la réalité, ces activités auraient plutôt tendance à la plomber et donc à faire disparaître des emplois. Citons pour mémoire:

    -l’industrie photovoltaïque, niche longtemps artificiellement supportée par des tarifs scandaleux de l’électricité générée (Espagne, Allemagne) qui a attiré en Europe les industries du monde entier (Chine, Taïwan, Inde) et créé une surproduction qui va détruire tous les acteurs européens du secteur. L’action Q-Cells qui avait frisé les 100 euros en 2008 n’en vaut plus que 0,6!! Quand à SolarWorld qui avait dépassé les 60 euros ne vaut que 3,3 euros. C’est la débâcle solaire!

    – l’industrie éolienne proche de la saturation dans sa version terrestre en Europe de l’Ouest va poursuivre son développement dans sa version offshore (Siemens suivi des autres) à l’aide de moultes subventions pour raccorder les fermes au continent par des lignes HVDC hors de prix, pour assurer un déploiement grandiose de lignes hautes tension pour amener le courant électrique du nord de l’Allemagne vers le sud industriel et pour interconnecter les divers pays européens limitrophes chargés de combler les incontournables absences de fournitures éoliennes. Tout cela pour, peut-être, économiser quelques tonnes de CO2 qui seront amplement gaspillées par ailleurs, dans les centrales thermiques à flamme maintenues volontairement à mi-puissance au cas où le vent faiblirait.

    – les milliards d’euros de subventions accordés à ceux qui peuvent investir et équiper leurs maisons de panneaux photovoltaïques et se dispensent ainsi de payer leur électricité, aux dépens des moins favorisés qui, eux, paient plein pot les MWh hors de prix …on est très loin d’une l’écologie sociale à inventer. Impôt écolo-dégressif parfait. La CRE nous apprend que la part des énergies renouvelables aux charges prévisionnelles du service public de l’électricité va atteindre 2,2 milliards d’euros en 2012.

    Alors citons quelques business qui sont devenus « green » alors que rien ne les prédisposait à le devenir un jour.

    Le business des aimants permanents nécessaires aux nouvelles éoliennes direct drive et aux moteurs des véhicules hybrides ou électriques en est un exemple. Il faut 265 kg de terres rares sous forme métallique pour construire une turbine d’éolienne d’un MW nous apprend Jean-Pierre SCHAEKEN WILLEMAERS. Et pourtant ces fameux gisements de terres rares ont la malencontreuse idée d’être associés à de l’Uranium et du Thorium ce qui rend très impopulaire leur métallurgie dans le monde occidental et justifie pour une large part la position dominante de la Chine dans l’extraction et la purification de ces métaux (Voir l’aventure LYNAS).

    Marché-Li-Ion-2010-2015  L’industrie des batteries qui fait appel au Plomb pour les batteries de démarrage et utilisait le Cadmium pour les accumulateurs alcalins de plus faibles tailles n’avait pas une image particulièrement « Verte » au cours du siècle précédent. Le remplacement du Cadmium par des alliages à base de Terres Rares (encore elles) et de Nickel leur a conféré une image plus acceptable. Le développement des batteries au Lithium, lancé gaillardement par Sony, a définitivement apporté une image plus écolo à cette industrie. Le marché de ces batteries Li-Ion estimé aujourd’hui à 15 milliards de dollars devrait doubler d’ici à 2015 (FIG.), tiré par les applications Véhicule Électrique et les applications industrielles de stockage d’électricité en tampon avec les sources intermittentes d’électricité.

    L’évolution des techniques d’éclairage est également époustouflante. Issue de la lampe à incandescence d’Edison, après un réel progrès dans les tubes fluorescents dans le courant du siècle précédent, on aurait pu croire l’aventure à bout de souffle. Mais c’eut été sans compter sur les LEDs dont certaines font appel à des Terres Rares (encore!) ou plus encore sur les OLED’s forme organique des précédentes qui sans aucun doute vont révolutionner l’éclairage domestique et commercial. Le monde devient urbain, électrique et éclairé. Ces nouvelles technologies d’éclairage vont révolutionner la Ville.

    Les techniques de pompe à chaleur initialement conçues pour faire du froid dans la Sun Belt américaine ou pour assécher les tatamis nippons hors de prix durant la mousson d’été et éviter le développement de moisissures, deviennent les technologies incontournables pour assurer un développement propre et économe en énergie du conditionnement d’air des habitations. L’utilisation du CO2 comme fluide caloporteur devrait permettre de maintenir en activité ces équipements même par grand froid et éviter ainsi les pointes d’appel de courant sous nos climats parfois rudes. La démocratisation et la production des pompes à chaleur en Europe est un des impératifs énergétiques à privilégier…bien plus que la synthèse du Silicium à moins de 30$ le kilogramme.

    Ces quelques exemples simples montrent que ce sont des industries existantes complexes qui en s’adaptant à diverses contraintes ou demandes, trouvent de nouveaux débouchés qui répondent aux exigences d’efficacité énergétique du moment. Ce ne sont pas les industries subventionnées qui sont l’avenir, ce sont les industries naturellement rentables qui créeront les emplois pérennes de demain. Or, pour l’instant, ni les techniques photovoltaïques, ni les techniques éoliennes ne sont des activités rentables en l’absence de subventions. Coupez les subventions et tout s’effondre. Faire subventionner ces industries par les consommateurs les moins fortunés qui n’ont pas les moyens d’investir ni dans des modules photovoltaïques ni dans une pompe à chaleur, me semble être d’une grande injustice et d’une efficacité économique discutable. De telles subventions devraient être prélevées directement sur les budgets des États… et donc limitées. Quand aux quelques tonnes de CO2 économisées, encore faudrait-il bien les mesurer, combien pèsent-elles face au presque milliard de tonnes de CO2 largué sans complexe en plus chaque année en Asie?

    Durban est un grand port d’Afrique du Sud qui exporte du charbon vers l’Asie. Son activité exportatrice devrait passer de 13 millions de tonnes de charbon cette année à 50 millions de tonnes en 2030. Joli lieu pour un meeting bidon sur les émissions de CO2!

    LIRE un papier du Nikkei sur l’avenir à court-terme des batteries Li-Ion.

    Le 18 Décembre 2011

     

  • Satellite: la troposphère s’est réchauffée de 0,45°C en un tiers de siècle

    Satellite: la troposphère s’est réchauffée de 0,45°C en un tiers de siècle

    Troposphère-1978-2011
    Réchauffement sur 33 ans (1978-2011) de mesures satellitaires des températures de la molécule d'oxygène sur 8km de profondeur de l'atmosphère terrestre (échelle: -1°C; +1°C).

    Moyenne hémisphère Nord: +0,65°C

    Moyenne hémisphère Sud: +0,26°C

    Maximum ponctuel dans le Détroit de Davis: +2.89°C

    Minimum ponctuel dans l'Antarctique: -2.36°C

    La France est dans la zone +0,2°C à +0,4°C.

    Remarque: les mesures satellitaires présentent deux intérêts majeurs:

    – elles couvrent 95% de la surface du globe (à l'exception des régions polaires)

    – elle s'affranchissent d'effets de réchauffement locaux liés à l'urbanisation et à l'effet corps noir du bitume.

    Remarque:  les variations mesurées sont perturbées par une période initiale plutôt froide en raison des éruptions d'El Chichon (1982) et du Pinatubo (1991).

    LIRE le papier sur le site de Roger Pielke en avant-première de l'Université de Hunstville, Alabama.

    Le 17 Décembre 2011

     

  • Deux fois plus de batteries made in Japan pour Mitsubishi Motors

    Deux fois plus de batteries made in Japan pour Mitsubishi Motors

    LEV50
     Les entreprises japonaises veulent précieusement conserver localement leurs ingrédients complexes et leurs procédés mis en œuvre dans la production d'accumulateurs, alors qu'elles n'hésitent pas à délocaliser au plus près des constructeurs de Véhicules Électriques (France, Espagne, Portugal…) l'assemblage en batterie, opération consommatrice de main d’œuvre et faisant appel à des technologies triviales d'assemblage. C'est ainsi que GS-YUASA et Mitsubishi annoncent qu'ils vont engager la deuxième phase d'extension dans la production d'accumulateurs de leur usine de Ritto (Shiga Préfecture). Cette usine doit être aujourd'hui capable de produire annuellement assez d'accumulateurs prismatiques (50 Ah, 3,7V) pour assembler dans les 50 à 65 mille batteries pour véhicules électriques. Cette deuxième tranche devrait permettre à la filiale Lithium Energy Japan de pouvoir produire autour des 6,5 millions d'accumulateurs de plus par an à partir de 2013, de quoi à pouvoir produire 75 mille batteries supplémentaires.

     Compte tenu des productions assurées par l'usine historique GS de Kyoto, le consortium sera alors capable de produire les accumulateurs pour assembler autour des 150 mille batteries par an. La seule usine de Ritto emploiera 1100 personnes.

    Remarque: GS-YUASA est resté en technologie prismatique classique à boitier rigide en aluminium qui permet d'assurer une sécurité individuelle pour chaque accumulateur à l'aide d'un coupe-circuit qui s'active en cas de surpression interne anormale. Ce choix privilégiant la sécurité par rapport à d'autres solutions en poches flexibles plus fragiles, est sûrement d'une grande sagesse.

    LIRE le papier du Nikkei sur le sujet.

    Le 15 Décembre 2011

  • Solde du commerce extérieur de la France: la débâcle

    Solde du commerce extérieur de la France: la débâcle

    Solde commerce exterieur-2011-10

     87 milliards d'euros de trou (hors matériel militaire) sur 12 mois à fin Octobre.

     Il y a un an les dockers du port de Marseille avaient ralenti les importations de pétrole. Cette année ils ont exceptionnellement travaillé au mois d'Octobre, alors le trou se creuse (-35,7 milliards) auquel il faut rajouter le déficit croissant en produits raffinés (-13,6 milliards).

     J'ai rajouté la ligne 2015- Engrais et composés azotés qui dépend directement des prix du gaz naturel. Elle va mal elle-aussi. La France agricole importe de plus en plus d'engrais.

     Tout ceci traduit des choix politiques qu'il va bien falloir revoir en profondeur. Mettre à la diète la France qui consomme, investir dans la production d'urée, investir dans les quelques raffineries de pétrole préservées, importer du GNL pour produire plus d'électricité en attendant les gaz de schistes locaux, mettre en place un programme national pour faire baisser les consommations de pétrole de 3% par an (proscrire le fuel domestique, diéséliser, alléger, hybrider, profiler, faire sauter les bouchons routiers, etc.).

     Messieurs les Parlementaires, lisez les statistiques douanières tous les mois! Cela ne pourra pas vous faire de mal. La France n'a pas de pétrole…aurait-elle encore quelques idées?

    Le 8 Décembre 2011

  • L’exploitation croissante des gaz de schistes soutient l’économie américaine

    L’exploitation croissante des gaz de schistes soutient l’économie américaine

     Une étude récente du CERA vient de montrer l'importance économique de l'exploitation des gaz de schistes aux États-Unis. Une projection jusqu'en 2035 a été réalisée. Elle fait apparaître l'importance des créations d'emplois (directs, indirects et induits) et celle de la création de valeur ajoutée qui participe à la croissance du PIB.

     Voici quelques faits majeurs de ce rapport.

    1-Les gaz conventionnels passent au-dessous des 10% de part de marché, les gaz de schistes moins onéreux se taillent la part du lion:

    Shale-gas-IHS-2010-2035

    2- La croissance de la demande en gaz naturel aux États-Unis est tirée par la génération d'électricité et la pétrochimie. Le vecteur: le faible prix des gaz non conventionnels.

    US-Natural Gas Demand -2010-2035

    3- L'exploitation des seuls gaz de schistes est créatrice d'emplois et de valeur ajoutée:

    US-shale gas employment 2010-2035

    250 mille emplois directs et indirects en 2011 qui seront 600 mille en 2020 et 900 mille en 2035. Une contribution au PIB de 77 milliards de dollars en 2010 qui devrait doubler d'ici à 2020.

    Ces données pour les seuls États-Unis, montrent l'importance économique des gaz non conventionnels dans l'équation énergétique des Nations. En ces périodes de recherche de relais de croissance dans notre pays "en voie de délabrement", ne faudrait-il pas se poser la question du nombre d'emplois et des milliards d'euros qu'apporterait une hypothétique exploitation de nos réserves enfouies? La France importe annuellement pour 13 milliards d'euros par an de gaz naturel et la facture va poursuivre sa progression pour soutenir la part croissante des ressources intermittentes d'électricité et se substituer aux centrales à charbon.

    LIRE le passionnant rapport du CERA

    Le 7 Décembre 2011

  • Inde: la consommation de charbon devrait friser le milliard de tonnes dans les cinq ans à venir

    Inde: la consommation de charbon devrait friser le milliard de tonnes dans les cinq ans à venir

     Pour une estimation Mars 2011/Mars 2012 à 696 millions de tonnes de charbon brûlés, les autorités indiennes prévoient que la consommation de ce combustible atteindra les 980 millions de tonnes durant l'année fiscale 2016/2017 soit une croissance de 41% en 5 ans. La production locale ne devant croître (si tout va bien) que de 28%, il manquera alors dans les 265 millions de tonnes de charbon pour faire la jointure et qui seront importés dans les ports indiens ou se trouvent les nouvelles centrales thermiques. Les transports indiens ne savent pas acheminer le charbon abondant à l'intérieur du pays.

    Remarques: 1-la production mondiale de charbon en 2010 a été de 7,3 milliards de tonnes (BP)

    2- pour estimer les rejets de CO2 il faut multiplier la masse de charbon par 2,5 à 3 environ selon la pureté de la ressource.

    Pbl.nl emissions 2010

     Cette information en ligne avec la croissance linéaire des rejets de CO2 des pays en voie de développement (FIG., courbe rouge en milliards de tonnes) montre combien toutes les simagrées des Grandes Fêtes Onusiennes à la Durban sont futiles. Il faut être naïvement européen pour croire que les émissions anthropiques mondiales de CO2 vont se stabiliser dans un avenir prévisible. Il faut être encore plus naïf pour croire que l'évolution onéreuse des ressources françaises d'électricité vers l'éolien ou le solaire et la non exploration des gaz de schistes pourront jouer de façon significative sur ce bilan mondial calamiteux. Mais les symboles ont toujours été d'une grande importance dans notre pays, ils coûtent parfois cher. Les futurs dirigeants d'une administration criblée de dettes devraient rapidement en prendre officiellement conscience.

    LIRE le communiqué de Bloomberg.

    Le 4 Décembre 2011

  • A lire: « Pourquoi la Silicon Valley ne sera jamais la Green Energy Valley »

     Un excellent papier de Andrew MacKillop dans European Energy Review basé sur les réflexions de Nathan Myhrvold, un ancien de Microsoft, qui rapproche les 535 milliards de dollars, partis en fumée, investis par les milliardaires californiens de la Silicon Valley dans des milliers de projets sur les énergies renouvelables et le formidable succès de George Mitchell un des développeurs de l'application du fracking dans l'exploitation des gaz de schistes et de houille.

    "The driving factor for change in energy is very simple: cost."

    "The green energy investment model used in China and India was and is light years away from the Silicon Valley model and is today a victim of its own success…the success of their “state guided” green energy investment and development model is so total they are effectively subsidizing green energy development in the OECD countries, through cheap exports of high-tech green energy equipment..but they are presently forced to sell at below production costs in a now-saturated world solar cell and film market."

    "As we know today, fracking with water, sand and chemicals has unlocked enormous deposits of shale gas, tight gas and coalbed methane across the world. Mitchell’s work has more than doubled, even tripled the world’s known reserves of extractible natural gas. In many countries this has changed the gas resource picture from total penury to total wealth in a single decade.
    Shale and coal-seam gas are literally new paradigm."

    Lecture indispensable pour tous ceux qui exercent parfois leur droit de vote au Parlement.

    Andrew MacKillop dans European Energy Review

    Le 30 Novembre 2011


  • Du concept abscons de « transition énergétique »

    Du concept abscons de « transition énergétique »

      XOM-electricité 2030La notion de transition suppose qu'un ensemble dépendant d'un ou plusieurs paramètres passe d'un état stable A vers un nouvel état stable B au travers d'un processus excité, plus ou moins bien maîtrisé, avec apport global ou émission d'énergie. Par exemple on utilise le concept de transition démographique pour décrire les transformations au sein d'une société dues à l’allongement d'espérance de vie des individus et à l'accroissement de leur niveau de vie avec réduction de la taille moyenne des familles. En physique, l'effet laser est le résultat d'une transition énergétique violente à la suite d'une excitation d'un groupe d'atomes par pompage optique, de même une révolution populaire est une transition politique violente, conséquence de frustrations cumulées et imperceptibles de nombreux individus isolés. C'est la raison pour laquelle il est très difficile pour un observateur d'annoncer l'imminence d'un processus révolutionnaire qui va conduire le plus souvent vers un état politiquement plus stable.

     Le concept écolo de "transition énergétique" repris (naïvement ou électoralement?) par certains de nos leaders politiques les plus intelligents, parmi lesquels figurent d'éminents Énarques° et même des Polytechniciens, c'est vous dire…, ce concept donc suppose qu'il existerait un mix énergétique stable et vertueux vers lequel les nations devraient se diriger à marche forcée pour éviter la catastrophe climatique ou nucléaire (on ne sait plus trop) qui nous menace.

     Mais l'histoire des ressources énergétiques utilisées par l'homme nous apprend que leur utilisation au cours du temps a procédé par accumulation, substitution partielle et perfectionnement technologique. Cette évolution n'a jamais été un processus de transition brutal mais une évolution continue du mix énergétique dépendant de la demande, de la disponibilité des ressources et des progrès technologiques.

     Le bois et les taillis des siècles anciens sont toujours une ressource actuelle au travers des "pellets", des liqueurs noires et de la biomasse conduisant aux biocarburants. Leur avenir ne peut que s'intensifier au travers de la mise au point de nouveaux plants génétiquement optimisés pour qu'ils produisent plus de sucres ou d'amidon conduisant au bioéthanol.

     Le charbon et le lignite sont toujours largement mis à contribution. Les procédés de gazéification intégrée (IGCC) vont permettre d'activer des turbines à haute température et limiteront partiellement leur caractère polluant. La capture du CO2 permettra de valoriser la ressource et d'accroître de façon rentable le taux de récupération de pétrole (EOR).

     Les moulins-à vent et autres moulins-à eau de nos ancêtres ont fait place aux éoliennes et aux centrales au fil de l'eau.

      Le pétrole et le gaz seront les ressources énergétiques majeures du XXIème siécle au travers de nouveaux gisements découverts en offshore profond et de l'exploitation d'immenses réserves de gaz non conventionnels.

     La fission de l'atome restera une ressource précieuse d'énergie. Les futures générations de centrales permettront d'utiliser à fond la ressource. Prêcher la fin de l'énergie nucléaire alors que peu à peu les ressources fossiles s'enchérissent est un contresens économique et historique majeur…l'exemple français vient de nous montrer le caractère bassement politicien des arguments de certains hommes et femmes réputés "Verts" qui désirent eux aussi "aller à la soupe".

     La transformation directe de la lumière en électricité avec des rendements d'au moins 20% grâce aux modules photovoltaïques, deviendra un jour rentable dans les zones ensoleillées à faible prix de main-d’œuvre et peu éloignées des réseaux électriques locaux. Une ligne HVDC Tamanrasset-Berlin n'est pas pour demain.

    Le mix énergétique n'est pas une fonction qui connaît un optimum stable. L'équation qui le régit dépend de nombreux paramètres en constante évolution. Citons la disponibilité de chacune des ressources, la maîtrise des technologies d'exploitation et de mise en œuvre, les prix du moment, les contraintes règlementaires, la volonté politique de favoriser ou de pénaliser telle ou telle ressource.

    Le mix énergétique "optimal" varie donc dans le temps et selon les régions. Celui de la Suède à base  d'atome et d'hydraulique n'est pas celui de l'Arabie Saoudite. L'arrivée des gaz de schistes peu onéreux américains est en train de bouleverser l'équation énergétique de ce grand pays.

    Parler de "transition énergétique" est une escroquerie!

    Alors sur fond de croissance de la consommation d'électricité, comment va évoluer le mix énergétique de la France dans les années à venir:

    Conso-liquides-France-tirée vers le bas par les prix dans les applications domestiques et par les nouvelles génération de voitures, de poids lourds, d'avions et de navires la consommation de pétrole va poursuivre sa décroissance. En baisse de 10% sur les dix dernières années (de 2,05 à 1,85 million de barils/jour) ce rythme de décroissance en volume devra se poursuivre pour tenter de limiter la croissance de notre facture pétrolière qui s'élève annuellement à 46 milliards d'euros. Les biocarburants participeront à cette décroissance, c'est là leur principale utilité.

    – la consommation de gaz naturel, largement disponible, devrait croître, en particulier sous forme de GNL importé sur le marché spot, pour alimenter les centrales au gaz à cycle combiné (TGV) dont la puissance installée devrait atteindre les 6 GW en 2015 ou 6,5 GW si l'on en croit la décision possible d'EDF d'investir dans une centrale GE sur le site de Bouchain qui abrite pour l'instant une centrale au charbon. La France importe à ce jour pour 13 milliards d'euros de gaz naturel par an.

    -la consommation de charbon (2 milliards d'euros par an) devrait décroître en raison de l'arrêt programmé de 13 groupes électriques avant le 31 Décembre 2015, soit une réduction de puissance de 3,6 GW. Ne resteront alors en France que 5 groupes d'une puissance de 2,9 GW en activité.

    -la part des énergies renouvelables est appelée à croître avec un éolien qui progresse d'un GW par an et un photovoltaïque limité à 0,5 GW. Une plus forte croissance se répercuterait directement sur les prix de l'électricité et sur la nécessité d'investir massivement dans l'adaptation du réseau électrique national ainsi que dans les interconnexions avec les pays limitrophes.

    -remplacer de la ressource électrique de base nucléaire par de l'énergie intermittente solaire ou éolienne est une fable pour endormir les gogos écolos. La seule option est de consommer plus de charbon ou de gaz ou d'énergie importée de pays limitrophes. C'est ce que fait l'Allemagne qui dispose de moyens financiers importants.

    Une lecture édifiante sur le sujet: Le projet de développement décennal du réseau par RTE.

    Le 29 Novembre 2011

    °Remarque: que penser de la compétence des équipes de François Hollande dans le domaine de l'énergie qui le laissent parler "d'obligation écologique de réduire nos consommations de CO2" comprenez "nos émissions de CO2"? Accroître nos consommations de CO2 serait sûrement une bonne voie à explorer par l'industrie chimique. Elle pourrait déjà produire de l'urée que nous importons massivement d'Egypte et de Russie.

    Ou encore que penser de la proposition suivante: "Par ailleurs, j’engagerai une politique cohérente de montée du renouvelable : solaire, éolien terrestre et maritime, biomasse…Des incitations fiscales pour la consommation comme pour la production contribueront au développement d’une industrie innovante et créatrice d’emplois, dont le CEA et AREVA seront les fers de lance". Qui peut croire que de telles propositions puissent constituer l'ossature d'une prochaine politique énergétique?

    "Réussir la transition énergétique"

    Ecoutez Pierre Gadonneix dans une interview sur BFM le 30 Novembre qui explique l'inertie des choix énergétiques.