Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Les entrées de commandes à l’industrie européenne au mois de Mars étaient encourageantes

    Les entrées de commandes à l’industrie européenne au mois de Mars étaient encourageantes

    A l'heure ou les plus pessimistes envisagent très sérieusement un processus d'effondrement de l'Europe sous l'impact des dettes publiques cumulées et de l'inaptitude de bon nombre de ses Etats à se réformer (LIRE le papier de Philippe Simmonot de l'Institut Turgot par exemple), il est rafraîchissant de lire enfin une bonne nouvelle. Celle-ci provient des commandes à l'industrie enregistrées au mois de Mars publiées par Eurostat. Selon cette institution les commandes à l'industrie au mois de Mars dans l'Eurozone ont progressé de 5,2% par rapport à celles du mois précédent. L'indice corrigé des variations saisonnières de ces commandes, base 100 en 2005, ressort pour le mois de Mars 2010 à 99,2 à comparer à 83,2 il y a un an et 94,2 le mois précédent. Serait-ce l'amorce d'un changement net de pente de la reprise des commandes pour cette zone économique (FIG.)?

    Entrées-commandes-2010-03 

    La baisse de l'euro et la baisse liée des cours du pétrole peuvent faire espérer une reprise plus tonique de l'économie et plus particulièrement de l'activité industrielle européennes dans les mois à venir. Mais pour cela il existe une condition nécessaire: que les marchés financiers retrouvent leur flegme perdu au travers d'une gestion lamentable de crise de la part des dirigeants des grandes Nations européennes. Une franche dévaluation de l'euro est sûrement l'antidote à un effondrement annoncé de l'Europe. Pour cela comptons sur les industriels européens et particulièrement allemands pour en convaincre leurs grands leaders politiques… dont la clairvoyance ne semble pas être leur qualité dominante.

    LIRE le papier d'Eurostat sur le sujet.

    Le 25 Mai 2010

  • Kobe Steel présente un nouveau matériau stratifié aluminium-résine-aluminium

    Kobe Steel présente un nouveau matériau stratifié aluminium-résine-aluminium

     Le Nikkei Electronics informe que Kobe Steel vient de présenter à l'Automotive Engineering Exposition de Yokohama, un nouveau matériau stratifié composé de deux feuilles d'aluminium de 150 microns d'épaisseur en sandwich de part et d'autre d'une résine à base de polypropylène expansé (foamed). Ce matériau aussi rigide que l'acier, isolant thermiquement, formable par pression à froid est 5 fois moins lourd que l'acier. Un point faible évident: le produit ne peut pas être soudé. Il est possible d'imaginer cependant que par des techniques de collage ou de sertissage ce nouveau matériau puisse être mis en œuvre dans des ensembles mécaniques dont la réduction de masse est un point clé important. Son prix, selon Kobe Steel, devrait être inférieur à celui de l'aluminium.

    KobeSteel-Al-composite 

    Le 24 Mai 2010

  • Suivant l’exemple de ses concurrents, Alstom investit dans le solaire thermique

    Suivant l’exemple de ses concurrents, Alstom investit dans le solaire thermique

    BrightSource-100MW   Après Siemens qui a mis de l'argent dans l'israélien Solel (LIRE), AREVA qui a absorbé Ausra et sa technologie à base de miroirs de Fresnel (LIRE),  voila Alstom qui à son tour joue la carte du solaire thermique en investissant 50 millions de dollars dans l'israélo-américain BrightSource, un des acteurs dans les tours solaires en Californie (LIRE le papier précédent sur cette technologie). BrightSource s'est fait remarquer dernièrement par son projet de diversification avec le pétrolier Chevron destiné à fournir la vapeur d'eau pour accroître l'extraction de pétrole de certains forages en Californie (LIRE).

     Alstom s'offre ainsi un strapontin dans une technologie à l'avenir incertain dans la génération d'énergie électrique. Cette filière devra se confronter à d'autres technologies de type solaire thermique et surtout à la progression des technologies photovoltaïques qui présentent des avantages évidents en termes de simplicité de maintenance dans des environnements désertiques. Dans les faits, l'avenir de ces technologies est fortement dépendante des subventions que devront accorder les Etats et des prix du MWh en vigueur. En particulier, les investissements en terme d'acheminement de l'énergie électrique seront d'autant plus rédhibitoires que le centre d'utilisation de cette énergie sera éloigné du lieu de production. Ce qui sera acceptable en Californie, en Israël ou en Espagne pour des besoins locaux, ne le sera plus dans le Maghreb pour alimenter Berlin ou Hambourg en électricité. Il faut donc faire la part du feu entre projets réalistes et pompes germaniques à subventions. A ce titre, il est possible de lire les multiples articles de propagande concernant le projet Desertec, dont le dernier papier publié dans European Energy Review  qui montre les incertitudes qui pèsent sur un projet qui doit tout simplement "sauver le monde"…sic (LIRE) .

    LIRE le communiqué d'Alstom sur le sujet.

    Le 24 Mai 2010

  • Les sables bitumineux canadiens de l’Alberta pourraient fournir un tiers des besoins en pétrole américains vers 2030

    Les sables bitumineux canadiens de l’Alberta pourraient fournir un tiers des besoins en pétrole américains vers 2030

     Les citoyens et les dirigeants américains veulent tendre vers une autonomie globale dans leur approvisionnement énergétique. Pour le charbon c'est déjà le cas, pour le gaz naturel grâce aux gaz de schistes et aux nombreux gisements de gaz naturel l'objectif est pratiquement atteint. Les importations US de gaz naturel liquéfié dans lesquels tant ont investi (dont notre perspicace pétrolière Total) vont demeurer marginales. Il reste donc pour ce grand pays, à résoudre son problème de recherche d'autonomie dans son approvisionnement en pétrole. Compte tenu de l'imbrication des économies canadiennes et américaines, c'est au niveau du Continent Nord-américain que se pose l'équation. Pour le CERA, confirmant les études du Canadian Energy Research Institute publiées en 2009, il semble évident que les sables bitumineux canadiens de l'Alberta vont jouer un rôle croissant dans l'approvisionnement en produits pétroliers de l'Amérique du Nord. Les productions ont atteint 1,35 millions de barils/jour en 2009 (FIG.I) ce qui a représenté 6,5% des consommations moyennes américaines et canadiennes réunies. Ces dernières ont atteint 20,8 millions de barils/jour (18,7 +2,1) , soit un quart des consommations mondiales.

    Canadian-oil-sands-1968-2009

     Le CERA confirme que ces productions pourraient atteindre entre 3,1 et 5,7 millions de barils/jours en 2030 ce qui représenterait un triplement ou un quadruplement des productions par rapport à aujourd'hui. Le Canadian Energy Research Institute avait publié en 2009 des prévisions du même ordre dès 2025 (FIG.II).

    Sables-bitum-CERI-2009-2025

     Pour le CERA ces volumes pourraient représenter entre 20% et 36% des besoins en pétrole américains en 2030.

     Compte tenu de ces données il est possible d'imaginer pour 2025 ou 2030 un Continent Nord-américain totalement autonome pour ses approvisionnements énergétiques fossiles. Ses besoins en pétrole et autres gaz liquides, pour des volumes réduits de 20% à 30% par rapport à aujourd'hui, seront satisfaits par des productions de pétrole autochtones terrestres ou offshores, par les productions issues des sables bitumineux, par les liquides associés aux extractions de gaz naturel et par les biocarburants produits localement. 

     En opposition, le sort énergétique de l'Europe pour les décennies à venir est moins évident à définir. C'est la raison pour laquelle la réduction des consommations en énergies primaires est et sera d'une très grande importance pour l'avenir de ce bout de continent trop étroit. Le développement d'une nouvelle filière électronucléaire économe en matières fissiles, digne du 21ème siècle, apparaît également à ce jour indispensable.

     En raison de simples raisons géographiques, les approches énergétiques américaines et européennes seront par construction dissemblables, même si les futures recherches dévoilent des ressources de gaz de schistes dans le sous-sol européen.

    LIRE le rapport canadien 2009 sur le sujet des sables bitumineux.

    ACCEDER aux récents papiers du CERA.

    Le 21 Mai 2010

  • Les péripéties européennes ont ramené les cours du brut vers les 70 dollars le baril

    Les péripéties européennes ont ramené les cours du brut vers les 70 dollars le baril

     Les cours du pétrole se sont sagement repliés vers les 70 dollars le baril au cours des derniers jours sous l'impact de riches péripéties financières qui ont animé l'espace européen. Durant tout ce mouvement de repli le Brent coté à Londres a toujours conservé sa primauté de 3 à 5 dollars le baril par rapport au WTI coté à New York. Le paramètre principal qui a piloté ce repli global a été la baisse de l'euro et son corollaire la hausse du dollar qui ont éloigné les acteurs de marché du pétrole à la recherche de couvertures monétaires. La remontée de l'USDX, panier de monnaies en dollar, coté sur l'ICE qui avait atteint un plus bas de 74 en Novembre 2009 est depuis remonté vers les 87, avec une nette accélération au mois de Mai (FIG.I).

    USDX-2010-05 

       L'autre paramètre déterminant est la très forte décroissance des consommations européennes en produits pétroliers qui s'est amplifiée au débit de 2010. L'EIA indique que les consommations en produits pétroliers au mois de Janvier ont atteint dans les pays OCDE-Europe 13,34 millions de barils/jour ce qui représente une baisse de 1,4 millions de barils/jour ou 9,5% par rapport à celles de Janvier 2009. Les consommations européennes en produits pétroliers, mesurées par le suivi des consommations sur 12 mois mobiles (FIG.II) montrent que cette baisse des consommations remonte à la fin de 2007 mais décalée dans le temps par rapport à la baisse des consommations américaines. L'Europe est toujours plus lente, il faut consulter les Länder allemands,…sorte de syndrome de l'esprit de l'escalier!

    Conso-OCDE-Europe-2005-2010-01

     Il est possible de constater que depuis le maximum de consommation de pétrole à plus de 15,7 millions de barils/jour en 2006, ces consommations en Europe, mesurées sur 12 mois, sont descendues vers les 14,4 millions de barils/jour.

     Cette baisse des consommations au mois de Janvier en Europe contribue largement à la baisse des consommations en produits pétroliers au sein des pays OCDE qui à 44,5 millions de barils/jour, dépasse les 2 millions de barils par rapport à celle observée en Janvier 2009 (46,6 mbl/jour).

     Ces reculs importants observés compensent largement les accroissements de consommations asiatiques, ce qui explique l'absence de tensions sur les approvisionnements des marchés. Les prévisions des consommations de pétrole des diverses officines basées sur les évolutions de PIB n'ont plus que bien peu de sens. L'OPEP dans son dernier rapport du mois de Mai (LIRE, page 22) reconnaît que l'élasticité des consommations de pétrole avec les variations du PIB n'est plus ce qu'elle était. Les progrès dans l'efficacité énergétique des processus, les prix des carburants, les délocalisations industrielles, la poursuite de la tertiarisation des économies des pays riches, les phénomènes de substitutions de sources d'énergies et les biocarburants contribuent à réduire cette élasticité.

     Le monde de la spéculation découvre que cette vieille Europe endormie qui consomme encore pas loin d'un sixième du pétrole mondial, ne va pas bien et que cela va peser sur la demande globale. Il découvre également qu'avec un euro affaibli, les exportations asiatiques ou américaines vers cette zone seront bien moins payantes. L'Europe vache à lait s'amaigrit dangereusement, au grand dam des économies parasites qui lui vendent certains colifichets comme des modules photovoltaïques et autres gadgets électroniques.

     Après en avoir bien profité, l'économie mondiale va finalement pâtir de la nonchalance européenne. Solidarité bien involontaire qui a le mérite de stabiliser les cours du pétrole vers un niveau raisonnable, bien loin des fous records d'il y a deux ans(FIG.III).

    Cours-WTI-2ans-2010-05

    Le 20 Mai 2010

  • Eolien: le danois Vestas enregistre de très faibles volumes de commandes au premier trimestre

    Eolien: le danois Vestas enregistre de très faibles volumes de commandes au premier trimestre

     Il avait été reporté ici en début d'année (LIRE) les inquiétudes qui pouvaient porter sur le modèle économique du danois Vestas dont les unités de productions d'éoliennes très nombreuses et largement disséminées dans le monde, formaient obstacle à la rationalisation et aux réductions de coûts. Le retard de l'industriel dans l'éolien offshore posait également problème. Les résultats opérationnels du premier trimestre 2010 ne peuvent que conforter ce sentiment. Durant les trois premiers mois de 2010 Vestas n'a livré que 170 éoliennes pour une puissance globale de 387 MW. Ces données sont à comparer à des livraisons un an plus tôt de 490 éoliennes pour 885 MW. Les prises de commandes ont atteint les 1258 MW. Le carnet de commandes à fin Mars représentait 2618 MW. Cependant, il semblerait qu'à partir de données portant sur des commandes enregistrées au mois d'Avril les performances du deuxième trimestre devraient être bien meilleures que celles du trimestre précédent. En particulier Vestas maintient son objectif de prises de commandes entre 8000MW et 9000MW pour l'ensemble de l'année 2010 (FIG.).


    Vestas-commandes-2007-P2010

    LIRE le communiqué de Vestas sur le sujet.

    Le 2 Mai 2010

  • Durant la deuxième partie de ce siècle la population mondiale sera à plus des 2/3 urbanisée

    Durant la deuxième partie de ce siècle la population mondiale sera à plus des 2/3 urbanisée

     En 2010 les populations urbaines et rurales dans le monde sont de tailles sensiblement égales. En 2050 nous dit la Division Population des Nations Unies, plus des deux tiers de la population seront urbanisés et ce phénomène d'urbanisation se poursuivra au-delà (FIG.I)

    Urbanisation-monde-1950-2050
     Toutes les régions du monde sont concernées par ce processus avec des vitesses de transformation différentes entre les régions les plus en avance (Amérique du Nord, Amérique Latine) et les plus en retard (Afrique et Asie) (FIG.II).

    Urbanisation-régions-1950-2050

     En 2050 parmi les grands pays, ce sera la France qui sera la plus urbanisée (94%) avec le Brésil (94%). Cette croissance de grosses ou très grosses agglomérations va entraîner le monde durant tout ce siècle vers la poursuite du développement des modes de transports de masse (train, métro, tram) aux dépens du transport individuel. Le Japon avec la plus grosse agglomération du monde qu'est Tokyo (37 millions d'habitants) devrait servir d'exemple aux futures très grandes agglomérations asiatiques comme Delhi, Mumbai (Bombay), Dhaka, Calcutta ou Shanghai.

     CONSULTER ce travail d'actualisation 2009 des Nations Unies.

    Le 29 Avril 2010

  • Alors que le fret aérien dans le monde a retrouvé son activité d’avant crise, seule l’Europe patine

    Alors que le fret aérien dans le monde a retrouvé son activité d’avant crise, seule l’Europe patine

     Le fret aérien par lequel passe toutes les livraisons urgentes et de fortes valeurs est un indicateur avancé d'activité économique. Son suivi au mois le mois, tel que publié par l'IATA, permet donc de parler de façon pertinente des tendances de l'économie. Au mois de Mars ce trafic, comparé à celui d'il y a un an, a été particulièrement vif en Amérique Latine (+48%), en Afrique (+46%), au Moyen-Orient (+36%), en Asie (+34%) et en Amérique du Nord (+32%). Seule l'Europe avec une timide progression de son fret aérien de 12% seulement, présente une activité dégradée par rapport à celle enregistrée deux ans auparavant, en Mars 2008, avant la crise économique (FIG., courbe violette). Ce résultat permet d'anticiper que l'activité économique de l'Europe durant tout le premier semestre de cette année va afficher une monotone langueur.

    Fret-aerien-asie-2010-03

     L'Eurozone, plombée par un euro trop fort, une facture énergétique fossile ou renouvelable trop salée, un chômage endémique, des déficits publics abyssaux, une population vieillissante, un niveau d'innovation médiocre va avoir de plus en plus de mal à tenir son rang et à maintenir un semblant d'unité.

    LIRE le communiqué de l'IATA

    Le 28 Avril 2010
      

  • Poet : la production d’éthanol des usines pourrait être accrue de 60% d’ici à 2022 par l’utilisation de la part cellulosique du maïs

    Poet : la production d’éthanol des usines pourrait être accrue de 60% d’ici à 2022 par l’utilisation de la part cellulosique du maïs

    Poet[1]  Les nombreuses positions hostiles au bio éthanol de maïs américain qui affamerait le monde privé de tortillas, assècherait les nappes phréatiques et feraient exploser les émissions de CO2 dans le monde illustrent la méconnaissance de l'évolution vertueuse de cette filière du fuel éthanol et le manque d'objectivité de critiques, guidées plus par la passion que par l'analyse objective des faits. Outre les bienfaits de l'utilisation moyenne dans l'essence américaine de 8% en volume d'éthanol qui limitent significativement  la demande en produits pétroliers (0,7 million de barils/jour) il faut imaginer cette industrie agricole, proche des paysans, dans un processus en perpétuelle évolution. Des progrès significatifs ont d'ores et déjà été obtenus dans l'amélioration du bilan énergétique et la moindre utilisation d'eau dans les process de fermentation et de distillation, ou par la livraison de sous-produits humides pour l'alimentation du bétail. Mais la grande transformation, actuellement en cours de test sur pilote industriel, sera d'introduire une boucle de production d'éthanol cellulosique dans le process. L'utilisation des raffles de maïs et autres déchets cellulosiques viendra accroître les productions de chacune des usines sans cultures supplémentaires. C'est le grand projet de Poet, le premier producteur d'éthanol de maïs américain qui annonce qu'il sera capable d'accroître la production, à l'horizon 2022, de ses 26 usines de production d'un milliard de gallons/an (+60%) en utilisant la partie cellulosique du maïs. Cet objectif est bien supérieur aux quelques 20% à 30% supplémentaires d'alcool imaginés jusque là. Pour mesurer l'enjeu, il faut savoir que la production américaine d'éthanol a été de 10,8 milliards de gallons en 2009 et que celle de Poet a été de 1,6 milliard de gallons. Pour Jeff Broin, le très écouté patron de Poet, Société non cotée en bourse, le procédé en cours de validation industrielle sur lequel son Groupe travaille pourrait produire globalement en incluant des licences à ses concurrents et une possible extension vers la valorisation des déchets municipaux dans les 3,5 milliards de gallons par an. Son objectif est d'atteindre au démarrage un prix de revient de 2$/gallon d'alcool.

     Mais pour aller plus loin il faudrait que la réglementation des carburants aux USA autorise une teneur en alcool supérieure aux 10% actuels (E10), sinon il n'existera aucun marché local pour l'éthanol cellulosique ce qui limitera radicalement les velléités d'investissement dans ce business. 

     Il faut donc imaginer le futur avec une essence américaine hautement concentrée en éthanol (E20 et E85) qui proviendrait des usines utilisant à la fois la fermentation des grains de maïs mais aussi de la transformation enzymatique des résidus cellulosiques de cette filière industrielle en sucres puis en alcool.

    LIRE le communiqué de Poet sur le sujet.

    Le 26 Avril 2010

  • L’humanité est-elle condamnée à toujours consommer plus d’énergie? Pour certains cela est une évidence.

    L’humanité est-elle condamnée à toujours consommer plus d’énergie? Pour certains cela est une évidence.

     Dans un papier du blog "European Energy Review", Karel Bekman dans un article intitulé " The ineffectiveness off energy efficiency" ou "De l'inefficacité de l'efficacité énergétique", introduit son papier par une sentence sans appel: "Future energy scenarios from the European Commission and the International Energy Agency are all based on the assumption that improved energy efficiency and other climate policies will lead to lower energy consumption. This is wishful thinking. Human progress has always been accompanied by higher energy use – and that will not change in the future. If the EU were really to achieve lower energy use, it could only mean one thing: that Europe would start to decline economically compared to the rest of the world."

     Le garçon qui écrit ça est vraiment sûr de son affaire. Il ne reste plus qu'à plier les gaules et aller se saouler au bistrot. Une vraie tragédie à l'issue déjà écrite, voulue par les Dieux. Croire à l'arrêt du gaspillage de l'énergie c'est prendre des vessies pour des lanternes. C'est se mettre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Circulez, y-a rien à voir! Alors l'auteur du papier va chercher les antipodistes Huber & Mills qui ont édicté en 1999, la fin du siècle précédent, que quoi que l'on fasse, l'humanité est condamnée à consommer plus d'énergie. La faute aux Play-Stations et maintenant au "cloud computing" qui consomment une énergie de plus en plus sophistiquée: l'électricité. On croit rêver!

     Et pourtant ces dernières années nous ont montré ô combien la consommation d'énergie pouvait être fugace sous l'impact d'une folle montée des prix tout d'abord puis sous les coups d'une crise financière et économique. La première décennie du XXIème siècle a sifflé le signal de la fin proche du gaspillage de l'énergie. Quel industriel aujourd'hui, quelle autorité civile ou militaire ne se pose pas aujourd'hui la question de sa consommation d'énergie? Quel concepteur de produit ou de process ne fait pas figurer l'efficacité énergétique dans la spécification de tout nouveau projet? Quel homme de Marketing va oublier ce paramètre pour essayer de mettre en avant sa nouvelle gamme de produits et la vendre plus cher?

     Pour essayer de vous remonter le moral je ne prendrai qu'un seul exemple: celui de la consommation en énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) du pays jusque là le plus gaspilleur du monde, les Etats-Unis (FIG.)

    Conso-energie-USA-2002-2009

    Alors que la consommation globale d'énergie aux Etats-Unis, a chuté de 6,7% entre la fin 2007 et la fin 2009, celle d'énergies fossiles carbopolluantes a reculé de 9%, revenant ainsi à des valeurs enregistrées en 1996. Ce résultat est la somme de deux effets: la baisse des consommations d'énergie et la montée en puissance des énergies renouvelables.

    La question fondamentale est alors la suivante: sous l'impact de la reprise économique cette courbe va-t-elle remonter en deux à quatre ans au niveau de fin 2007 pour repartir de plus belle vers la croissance ou bien va -telle poursuivre une certaine décroissance ou bien stagner sous l'impact des énergies renouvelables et d'une bonne maîtrise des consommations. Je ne vois aucune raison objective pour que le deuxième scénario ne se réalise pas dans un climat d'énergie chère et de forte motivation des acteurs économiques, même si au XIXème et  XXème siècles c'est la première proposition qui l'aurait emporté.

    Le bilan énergétique de la planète dans le courant du XXIème siècle sera la résultante de multiples facteurs antagonistes conduisant à une équation complexe.

    Il est possible de noter les points clés suivants:

    -l'impact des prix croissants de l'énergie et de la pression sociale vers plus de modération,

    -la croissance des populations dans les pays pauvres jusqu'en 2050 mais aussi la décroissance de celles de nombreux pays riches (Japon, Europe) et leur vieillissement,

    -la progression des technologies relatives à l'utilisation de l'énergie et à la génération d'électricité,

    -la montée en puissance des énergies renouvelables.

     Pour analyser le problème avec plus de précision il est indispensable de dissocier l'équation entre deux grands blocs: le milliard d'habitants des pays OCDE, la plupart riches d'une part et les 6 milliards d'habitants des pays NON OCDE d'autre part. Les consommations en énergies primaires de l'un et l'autre bloc, rapportées par BP par exemple, présentent des évolutions sur dix ans totalement différentes (FIG.II).

    Conso-energie-BP-OCDE-1997-2008

    Alors que les pays OCDE ont vu leur consommation d'énergie stagner avec une croissance de 0,6% par an depuis dix ans (+6,7% entre 1998 et 2008), celle des pays NON OCDE affichent une croissance moyenne de cette consommation de 4,5% par an (+55% entre 1998 et 2008). Plus précisément, sur les quatre dernières années connues la variation OCDE est nulle et celle des pays NON-OCDE est de +5% par an.

    Ce simple découpage montre que les pays de l'OCDE se dirigent vers une diminution de leur consommation d'énergie et plus encore de leur consommation d'énergies fossiles carbopolluantes grâce au développement lent mais continu des énergies renouvelables. Par contre les pays NON-OCDE, tirés par la CHINE dont la situation est illustrée par la comparaison du comportement des jeunes pékinois avec celui des jeunes américains des années 50, ils affichent une croissance de type mi-vingtième siècle américain. La croissance de leurs économies est donc corrélée à la croissance des consommations d'énergie.

    Le message sur la corrélation entre croissance et consommation d'énergie mérite donc d'être un peu plus nuancé que celui élaboré à la hache par Karel Bekman. Pour les pays OCDE nous entrons dans un XXIème siècle où consommation d'énergie et croissance économique seront découplées. Il n'est pas vrai que SEULE une décroissance de l'Europe entraînera une baisse des consommations d'énergies. Bien d'autres paramètres s'en chargeront. Par contre pour les pays NON-OCDE dont le retard de développement avec celui des USA peut être évalué entre 50 et 100 ans selon les régions, ce sont effectivement les bonnes lois du XXème siècle qui seront en vigueur. Le monde est entré depuis 2005 dans une phase de transition énergétique dans laquelle les lois du siècle passé seront de moins en moins adaptées. Durant cette période de plus en plus de pays assisteront à un découplage entre consommation d'énergie et bonne santé économique. Un des premiers sur la liste devrait être le Japon.

    LIRE le papier de Karel Bekman.

    Le 25 Avril 2010