Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • La lente reprise du trafic routier américain est en phase avec les faibles consommations de carburant

    La lente reprise du trafic routier américain est en phase avec les faibles consommations de carburant

     La consommation en carburant d'une nation dépend pour une large part de son trafic routier, de la fluidité de ce trafic, de la qualité du réseau routier, de la consommation nominale moyenne du parc de véhicules et du mode de conduite en vogue ou imposé par les règlements. Par les temps qui courent, au sein des pays de l'OCDE, la tendance est plutôt à la vente de véhicules de plus en plus sobres, à la mise à la casse des véhicules les plus vieux, souvent les plus voraces en carburant, et les règlements routiers ne semblent pas privilégier la conduite sportive. Certains pays comme le Japon attachent une grande importance à la fluidité du trafic qui est régulièrement mesurée et améliorée. La notion de "bouchon routier écologique" semblant être un concept purement hexagonal, illustration du caractère complexe, amoureux des paradoxes, dont nous avons hérité de nos ancêtres les Gaulois. Tout cela pour dire qu'il est normal d'assister à une décroissance continue de la consommation de carburant dans l'ensemble des pays de l'OCDE avec une modulation qui va beaucoup dépendre de l'évolution du trafic, lui même fonction d'une multitude de paramètres économiques, sociologiques et géographiques.

    Trafic-USA-2009-11   

    Dans le cas des Etats-Unis ce trafic fait l'objet d'une surveillance attentive et les dernières mesures datant du mois de Novembre dernier, montrent un trafic en très faible croissance après la forte déprime observée en 2008 et début 2009 (FIG.). Ce résultat est tout à fait cohérent avec les faibles ventes de carburants observées dans ce pays qui n'ont pratiquement pas varié sur les douze derniers mois.

    Remarque: la chute des ventes de produits pétroliers au sein de l'OCDE de 5% qui atteignait 2,4 millions de barils/jour sur les 9 premiers mois de 2009 n'est que la résultante des multiples actions d'amélioration de l'efficacité énergétique des processus, résultant de la crise économique et des préoccupations environnementales. Une telle baisse qui représente la production de 6 à 8 raffineries de bonnes tailles, dont deux ou trois en Europe, ne peut entraîner qu'une baisse de charge du raffinage qui devra inéluctablement rationnaliser son outil de production. Il est impossible de réduire à la fois le gaspillage de produits pétroliers et de continuer à raffiner comme avant. C'est une lapalissade.

    ACCEDER au site de la Federal Highway Administration

    Le 25 Janvier 2010.

  • Impressionnante stratégie de Panasonic dans le domaine des systèmes relatifs à l’énergie

    Impressionnante stratégie de Panasonic dans le domaine des systèmes relatifs à l’énergie

    Panasonic-AC-DC-2009 L'absorption de Sanyo par Panasonic, avec l'apport d'une solide activité dans les modules photovoltaïques et avec la consolidation du business batterie des N° 1 et 2 japonais, constitue une formidable opportunité pour ce Groupe de repenser sa stratégie des systèmes dans le domaine de l'énergie. Cette réflexion stratégique conduit les dirigeants de Panasonic à énoncer cinq axes majeurs qu'il n'est pas anodin d'analyser.

    1- Le premier de ces axes concerne les "éco solutions" portant sur la maison, les immeubles et même étendues aux villes au travers de "community grid" qui incorporeront les systèmes énergétiques Panasonic, produits phares de cette stratégie. Les dirigeants de ce Groupe raisonnent SYSTEME complexe à forte valeur ajoutée et non COMPOSANT. Ceci me semble être fondamental pour une industrie évoluant dans un pays fortement développé.

    2- Puis vient la décision d'investir massivement (un milliard de dollars entre 2011 et 2016) dans la technologie photovoltaïque HIT de Sanyo afin de devenir le N° 1 japonais en 2013, donc devant Sharp, et être dans le TOP 3 mondial en 2016. Vaste challenge, mais qui s'inscrit dans l'approche globale définie précédemment.

    3- Dans les batteries Li-Ion l'objectif est simple: détenir plus de 40% du marché mondial en 2016, avec les deux marques Sanyo et Panasonic, pour atteindre un CA de plus de 10 milliards de dollars. Dans ce but, l'accent sera mis sur la commercialisation de batteries pour véhicules électriques et de celles dédiées aux applications domestiques. Nul doute que la réunion des deux plus grands constructeurs mondiaux de batteries et de leurs réseaux de sous-traitants va conduire à un Groupe d'une rare puissance dans ce domaine. Un tel rapprochement en Europe ou même aux USA eût été impensable. Mais les autorités japonaises connaissent bien la menace chinoise dans le domaine. La réunion des deux leaders nippons va permettre de faire faire un saut qualitatif à la technologie des batteries. Le jeu consistera alors à proposer des produits innovants que les Chinois ne sauront pas faire et de les contenir ainsi sur leur seul marché intérieur. Sorte de jeu de Go technologique.

    4- Vient ensuite un objectif beaucoup plus ambitieux et prospectif qui touche les futures technologies de transformation, de stockage et d'économie d'énergie au travers d'une Corporate Division transversale qui doit être créée cette année. Ce genre d'organisation permet de pousser des objectifs innovants et pas forcément immédiatement rentables au travers de Divisions orientées business et profit. C'est indispensable pour des Groupes qui préparent les solutions pour les décennies futures.

    5- Enfin Panasonic pense s'adresser au marché de la voiture écologique  ("eco-car market") avec des batteries économiques (?), des pompes à chaleur à faible consommation pour le conditionnement d'air et des chargeurs efficaces. Cette réflexion illustre que le marché de la voiture électrique pour Panasonic n'en est qu'à ses balbutiements. Bien des innovations et des offres commerciales sont à venir avec une part de marché qui s'élargira et des coûts décroissants qui devront accompagner ce mouvement.

    LIRE en détail ce résumé de la stratégie de Panasonic.

    Le 25 Janvier 2010

  • Après un été arrosé, la récolte américaine 2009 de maïs a été excellente

    Après un été arrosé, la récolte américaine 2009 de maïs a été excellente

    L'année 2009 pour la récolte de maïs aux Etats-Unis aura été dans la lignée des bonnes années précédentes. Les tortillas seront abondantes sur le continent Nord-américain. Cette récolte qui a nécessité 35 millions d'hectares (70% de la surface de la France métropolitaine), a atteint le record de 13,2 milliards de boisseaux, en progression de près de 9% par rapport à la récolte précédente. Le rendement moyen de 408 boisseaux à l'hectare, grâce à un été pluvieux sur la Corn Belt, aura écrasé l'ancien record de 2004 qui avait affiché un score de 396 boisseaux à l'hectare. Dans les faits, examinées sur une longue durée, les récoltes de maïs américaines progressent en moyenne de 2,5% par an, essentiellement en raison des progrès réalisés dans les rendements (FIG.).

    Mais-USA-1960-2009

    Sur la base d'une conversion de 2,8 gallons d'éthanol par boisseau, 38% environ de cette récolte devraient permettre d'alimenter les productions de bioéthanol qui devraient atteindre en 2010 dans les 330 millions de barils d'alcool (0,9 million de barils/jour soit 10% environ des consommations d'essence). Cela veut dire qu'il restera, après les productions de Bourbon dans le Kentucky, plus de 8 milliards de boisseaux maïs pour les consommations de tortillas, de corn-flakes et autres dérivés ainsi que pour l'exportation.

    Les cours du boisseau de maïs oscillant entre 3 et 4 dollars, ces récoltes assureront un CA autour des 46 milliards de dollars aux paysans américains.  

    LIRE la nouvelle sur le site de l'USDA

    Le 24 Janvier 2010

  • Les cours du pétrole prendraient-ils mieux en compte les fondamentaux d’un marché déprimé?

    Les cours du pétrole prendraient-ils mieux en compte les fondamentaux d’un marché déprimé?

     Des milliards de dollars sont investis en papiers indexés sur les cours du maïs, du soja, de l'aluminium, du nickel, du pétrole, de l'essence ou du gaz naturel. Ces fonds sont soit empruntés à taux zéro à la FED, soit proviennent des liquidités des instances financières ou des fonds de pensions et, pour une faible part, des acteurs économiques qui désirent se couvrir contre les fluctuations extravagantes des Marchés. Le durcissement politique de la position d'Obama, annonçant de possibles limitations dans l'utilisation des fonds du système bancaire dans ses activités d'investissements pour compte propre, rend les marchés nerveux. Il est peut-être revenu le temps de regarder à nouveau et avec attention les fondamentaux des marchés. Alors les cours du gaz naturel, stimulés par une forte demande qui a doublé depuis le début du mois de Janvier aux Etats-Unis et une baisse spectaculaire des stocks, conséquence de la vague de froid, se maintiennent aisément vers les 6$ /MMBTU, venant d'un plus bas de 2.5 $/MMBTU au mois de Septembre dernier.

    Raffinage-US-taux-2006-2009 

    Inversement, la demande en produits pétroliers est toujours aussi faible aux Etats-Unis et dans l'ensemble des pays de l'OCDE, entraînant de très faibles activités de raffinage (FIG.) qui poursuivent leur déclin, sur fond de stocks spéculatifs pléthoriques officiels ou flottants. Dans son rapport du mois de Janvier (page 42) l'OPEP évoque toujours l'existence à fin Décembre de 100 millions de barils de produits raffinés et 50 millions de barils de pétrole brut stockés dans des tankers amarrés pour une large part en Europe et dans le Golfe du Mexique. Alors il est possible d'assister à un retrait important des cours durant cette deuxième partie du mois de Janvier. Malgré des prévisions de notre ami Jeffrey Currie de Goldman Sachs qui annonce des tensions entre offre et demande de pétrole pour 2011, en raison du ralentissement des investissements des Groupes pétroliers; malgré un avis qualitativement de même nature provenant de Christophe de Margerie, mais qui ne précise pas la date d'apparition de ces tensions, le Marché du pétrole est pour l'instant déprimé. Le brut WTI a tout naturellement perdu 3$ par baril dans la semaine et le Brent a fait encore plus fort en lâchant 5$/baril. Cela confirme l'observation empirique qui veut que le mois de Janvier soit une mauvaise période pour les cours du pétrole. Une poursuite de ce retrait des cours la semaine prochaine, sur fond de valorisation du dollar, doit être sérieusement envisagée. Un pétrole qui reviendrait autour des 65$/baril serait un bienfait pour la reprise de l'économie mondiale mais il n'est pas sûr que la spéculation se dégonfle jusque là. Elle attend toujours, d'après Goldman Sachs, 90$/baril en 2010 et 110$ en 2011, les bonus sont en jeu.

    Le 23 Janvier 2010

  • Les entrées de commandes à l’industrie en Europe se traînent à des niveaux d’il y a six ans

    Les entrées de commandes à l’industrie en Europe se traînent à des niveaux d’il y a six ans

     Eurostat titre sa statistique du mois de Novembre 2009: "Les entrées de commandes dans l'industrie en hausse de 1,6% dans la zone euro". Formidable me direz-vous, ça repart! Oui les entrées de commandes à l'indice 92, pour une base 100 en 2005, sont au niveau de celles du mois de Novembre 2003. Il y a de cela six ans en arrière. Elles sont 30% plus faibles que celles d'il y a deux ans (FIG.).

     Les entrées de commandes à l'industrie du mois de Novembre sont donc mauvaises, ce qui veut dire que les usines durant les mois de Janvier et Février sont et seront faiblement chargées et que les facturations du début 2010 seront faibles. Telle est la réalité dans l'Europe languissante. La revalorisation du dollar par rapport à l'euro amorcée depuis la fin du mois de Novembre, ne fait que traduire cet état dépressif européen fort inquiétant.

    Entrées-commandes-2009-11

    LIRE la publication d'Eurostat.

    Le 22 Janvier 2010
     

  • GE, Züblin et RWE décident de lancer un démonstrateur de stockage par compression quasi adiabatique d’un GWh

    GE, Züblin et RWE décident de lancer un démonstrateur de stockage par compression quasi adiabatique d’un GWh

    La compression adiabatique (sans perte de chaleur) de l'air est un des moyens de stockage de l'énergie du futur. Il avait été mentionné son utilisation pour la récupération d'énergie au freinage, comme moyen de stockage par les véhicules lourds à arrêts fréquents, de style benne à ordure, proposée par Bosch (LIRE). Il est facile de montrer graphiquement que ce mode de stockage est 50% plus efficace que le stockage isotherme obtenu en laissant se dissiper la chaleur de compression de l'air. General Electric est sûrement le plus avancé aujourd'hui dans l'étude des technologies (turbines, compresseurs à très hautes températures) nécessaires à la mise en oeuvre de ce mode de stockage de l'énergie dans des réservoirs souterrains, creusés au sein de gisements de sel. Il existe à ce jour deux unités qui utilisent la compression d'air pour stocker l'énergie dans des cavernes de sel: la centrale de Huntorf (290MW) à côté de Brême en Allemagne et celle de McHintosh (110MW) dans l'Alabama. Les deux unités utilisent l'air comprimé pour alimenter une turbine à gaz qui présente alors un excellent rendement, le travail de compression de l'air étant déjà fourni.

    CAES-ADELE

    L'objectif de GE, Züblin et RWE, au travers du programme ADELE, est de réaliser un stockage par compression d'air quasi adiabatique qui se dispenserait de la turbine à gaz. Pour cela, en heure creuse, la chaleur de compression de l'air qui atteint les 600°C, serait stockée dans de grands échangeurs calorifugés disposés en surface contenant des céramiques (FIG. représentés en rouge, les cavernes non représentées sont au dessous de l'installation), l'air arrivant ainsi dans les cavernes sous-terraines à 40°C sous une pression max de 70 bars. Lors de la demande de puissance, l'air sous pression en repassant par les échangeurs, se réchauffe à nouveau et alimente ainsi directement une turbine sans apport de combustion de gaz naturel.

    GE qui doit fournir la partie compression et turbine, l'allemand Züblin responsable des échangeurs et l'électricien RWE ont signé un accord pour développer une unité de démonstration d'un GWh et de 200 MW de puissance qui présentera donc une autonomie de 5 heures à pleine charge. Cette unité devrait être opérationnelle en 2013.

    Dans ce projet la part la plus complexe provient de la température de l'air de 600°C qu'il faut atteindre et maintenir, ceci suppose la mise en oeuvre de matériaux réfractaires sophistiqués. 

    VOIR une animation sur cette très intelligente approche technologique de stockage d'énergie.

    LIRE le communiqué de RWE.

    Le 22 Janvier 2010

  • Toyota prend 25% des parts dans un nouveau projet d’exploitation de salines riches en Lithium en Argentine

    Toyota prend 25% des parts dans un nouveau projet d’exploitation de salines riches en Lithium en Argentine

     La Société australienne Orocobre vient d'annoncer qu'elle allait former avec une filiale du Groupe Toyota une joint venture pour développer et exploiter une saline riche en potassium et en lithium, la Salar Olaroz, située dans le nord-ouest de l'Argentine. Toyota détiendra 25% de cette Société commune et apportera la garantie du Gouvernement japonais, via le JOGMEC, pour au moins 60% du financement de l'opération. A partir des saumures de cette saline, Orocobre estime que ce sont 1,5 millions de tonnes de carbonate de lithium et 4,4 millions de tonnes de potasse qui pourraient être globalement extraites. Cette saline présente l'intérêt de se trouver dans une zone à forte évaporation favorable à l'exploitation de saumures concentrées et présente un rapport Mg/Li relativement faible, rendant plus facile la purification du Lithium.

     Rappelons que SQM et Chemetall les deux grands acteurs de l'extraction et de la valorisation du lithium non chinois dans le monde, estiment les réserves mondiales à 14 à 17 millions de tonnes de Lithium (LIRE), soit 75 à 90 millions de tonnes de carbonate. C'est donc un gisement important pour satisfaire aux besoins croissants de lithium dans le monde.

    Remarque importante: rappelons pour les écrivains des nombreux blogs et autres gazettes qui recopient stupidement les Fables sur la pénurie de lithium, conséquence du développement des véhicules électriques, qu'une tonne de lithium utilisée dans une batterie dans laquelle 50% de ce lithium seraient électrochimiquement inactifs (irréversible qui varie, à ce jour, de 30 à 50% selon le type de sel de lithium choisi et la tension de charge et part présente dans l'électrolyte), permet, pour une tension moyenne décharge de 3,1V, de stocker:

     (1000/6.9) x 0,5 x 26,8 x 3,1 = 6000 kWh d'énergie électrique, l'équivalent de 370 batteries d'énergie moyenne de 16 kWh. On peut retenir simplement une valeur moyenne de

    2,7 kg de lithium par batterie de voiture électrique

    qui va globalement peser dans les 160 kg (100 Wh/kg). Les progrès accomplis par l'utilisations de sels présentant de meilleurs rendements et l'utilisation de tensions accrues devrait faire passer la masse de lithium moyenne au dessous des 2kg par batterie de 16kWh dans un avenir proche.(LIRE)

    Le lithium est un élément de faible masse atomique: 6,9. Un million de tonnes de Lithium permettrait donc de construire 375 millions de batteries aujourd'hui et plus de 500 millions demain. Le lithium n'est pas une ressource rare, mais il existe un avantage concurrentiel évident à l'extraire de salines performantes du style de la Salar Olaroz. Toyota l'a bien compris.

    Salar-Olaroz-Argentina

    LIRE la présentation d'Orocobre et l'ANNONCE de la JV

    Le 21 Janvier 2010
     

  • Toshiba veut valider un pilote complexe de génération d’électricité sur une île au sud d’Okinawa

    Toshiba veut valider un pilote complexe de génération d’électricité sur une île au sud d’Okinawa

    Les industriels japonais appliquent un bon principe censé être universel: avant de lancer une nouvelle technologie dans la nature, il est nécessaire de la valider et de l'optimiser sur un équipement pilote représentatif des futures générations industrielles. Bien sûr une telle démarche peut sembler au départ onéreuse, mais elle évite par la suite bien des déboires industriels et des retards lourds de conséquences financières et opérationnelles. C'est ainsi que Toshiba, avec l'aide de l'Agence japonaise des Ressources Naturelles et de l'Energie d'une part et du METI d'autre part, vient de décider de lancer un pilote de génération d'énergie électrique qui simulera les modes complexes du futur. Pour cela l'industriel va utiliser les installations existantes thermiques et éoliennes de l'île de Miyako au sud d'Okinawa, auxquelles il va adjoindre 4 MW de génération photovoltaïque qui seront composés de 3MW représentant une ferme raccordée au réseau, 600MW simulant des générations et des consommations industrielles et 400 MW simulant des applications domestiques (FIG., vue par un artiste). Ces installations seront équipées en tampon de batteries de 4MW de type Sodium-Soufre, ce qui suppose une énergie installée autour des 24 MWh, et de 200 kW de batteries de type Li-Ion SCiB de Toshiba. L'ensemble sera piloté par un système de contrôle et de supervision (Micro Energy Management System) développé par Toshiba. L'ensemble devrait être opérationnel avant la fin de l'année. Les modules solaires seront fournis par Sharp.

    Toshiba-Okinawa-test

    Le message important qu'il faut retenir de ce projet est le rôle fondamental de "load leveling" (FIG.) que vont jouer les batteries Sodium-Soufre au sein du système complexe. C'est le seul système électrochimique à ce jour qui peut être envisagé sérieusement pour du stockage de masse d'électricité en raison de la grande disponibilité des matériaux utilisés (sulfure de sodium, carbone, alumine béta comme séparateur et aluminium comme boîtier). La France (ou l'Europe) doit impérativement lancer un ou plusieurs projets sur ce type de stockage. Pour l'instant la seule source industrielle pour ce type de batteries est le japonais NGK Insulators (LIRE) qui assure avoir reçu commande de la part d'EDF EN. ("NAS batteries: Overseas market is active due to orders received from Abudhabi and EDF-EN. Demand for stabilization of the power distribution system is expected to increase due to the spreading use of renewal energy." déclare NGK dans son dernier rapport trimestriel).

    Pour un prix plancher de 140$/kWh annoncé par NGK et une autonomie de 7 heures ce type de batterie reviendrait à un million de dollar par MW installé (7 MWh) ce qui, par les temps qui courent, est réellement une bonne affaire.

    Load-leveling 

    LIRE le communiqué de Toshiba

    Le 20 Janvier 2010
     

  • La disparition des glaciers himalayens pour 2035, une certitude ne reposant sur aucune étude sérieuse

    La disparition des glaciers himalayens pour 2035, une certitude ne reposant sur aucune étude sérieuse

    Himalaya Voici un nouveau scandale qui émerge des glaciers de l'Himalaya au sein de l'Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC ou GIEC chez nous). L'affirmation péremptoire qu'une fonte totale des glaciers pourrait se réaliser d'ici à 2035, avec une probabilité de 90%, figurant dans les documents de cette instance, reposerait sur un article du New Scientist paru en 1999 et repris lors d'une campagne du WWF indien en 2005. Or cet article initial ne reposait alors sur aucune base solide ni sur aucun travail sur le sujet, sinon sur des "spéculations" d'un scientifique indien, issues d'une conversation téléphonique entre le Journal et ce scientifique de la Nehru University à Delhi.

    Les méthodes de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, se transformant en quasi certitudes scientifiques, en disent long sur le manque de compétence et de rigueur de cette instance en charge d'établir la vérité officielle sur le changement climatique. L'United Nation Environment Program et la World Meteorological Organization dont dépend l'IPCC devraient regarder plus à fond les modes de gouvernance et de décision de cette instance à qui le Prix Nobel a été attribué.

    Cette nouvelle intervient après la publication dans Nature Geoscience, par les équipes du LEGOS de Toulouse et leurs collègues de Colombie Britannique qui, grâce à l'imagerie satellitaire issue des observations de SPOT 5 et ASTER, estiment que la vitesse de fusion des glaciers de l'Alaska avait été jusque-là surestimée de près de 50%. Les auteurs de cet article concluent leur travail par: "We suggest that estimates of mass loss from glaciers and ice caps in other mountain regions could be subject to similar revisions."

    LIRE un article du TIMESONLINE sur le sujet qui va défrayer la chronique.

    LIRE le résumé de la publication du LEGOS

    Le 19 Janvier 2010.

  • Un exemple de croissance soutenable et de transition vers la décroissance: la population mondiale

    Un exemple de croissance soutenable et de transition vers la décroissance: la population mondiale

    Durant les années 1970, alors que la population mondiale croissait de 2% par an certains se sont inquiétés de la disponibilité potentielle des ressources naturelles. C'est de là que sont apparues, par exemple, les Etudes du Club de Rome et les théories du peak-oil. Depuis cette conviction d'une pénurie imminente a été entretenue par les acteurs de cette époque qui ont, bien sûr, pris quelques années, mais continuent inlassablement à nous expliquer les méfaits de toute progression géométrique et autres lois exponentielles. Une croissance de 2% par an conduisant à un doublement en 35 ans, il aurait été possible de prévoir mathématiquement à partir des 3,5 milliards de terriens de l'époque, une population mondiale de 14 milliards d'habitants en 2040. Or la prévision moyenne des Nations Unies annonce pour 2040 dans les 8,8 milliards de terriens. Alors que s'est-il passé? Le désir de bien-être des femmes de plus en plus nombreuses a pris le dessus sur les mathématiques. Devant la baisse de la mortalité infantile, l'effacement des coutumes et des religions face à l'éducation et avec la démocratisation de méthodes contraceptives plus ou moins élaborées, de plus en plus de femmes ont décidé de réduire le nombre d'enfants procréés. C'est ainsi que, malgré le vieillissement des populations mieux soignées, le taux de croissance annuelle de la population mondiale a régressé depuis les années 1970 pour atteindre en 2010 une valeur voisine de 1,1%. Les projections du scénario médian des Nations Unies sont basées sur une poursuite de cette décroissance (FIG.I) qui devrait passer en un siècle de 2% par an à 0% de façon quasi linéaire. Une extrapolation peu audacieuse de ces prévisions permet d'estimer que la population mondiale devrait passer par un maximum autour des 9,3 milliards d'individus vers les 2060 pour décroître ensuite.

    Population-mondiale-1950-2080 

    Ce processus bien analysé de Transition Démographique qui aura vu la population mondiale croître de façon provisoire en raison de son vieillissement, implique en retour, une décroissance à venir durant la deuxième partie de ce siècle. Le 21ème siècle connaîtra donc à la fois la baisse de la croissance puis la décroissance de la population mondiale.

    Pour illustrer ce phénomène il est utile d'examiner ce processus au sein de divers pays les plus avancés .

    Parmi les pays les plus avancés il en est un parfaitement représentatif: le Japon. Pour des raisons culturelles ce pays étant quasiment fermé à toute immigration de masse, il est possible d'llustrer par cet exemple le phénomène de transition démographique. La population du Japon est passée par un maximum entre les années 2004 et 2006, elle est entrée maintenant en phase de décroissance (FIG.II). En 2009 la population japonaise a baissé de 75 mille personnes avec 1144000 décès pour 1069000 naissances. 

    Population-japon-1950-2050

    A cette profonde modification des modes de vie des femmes japonaises, de plus en plus urbanisées et désirant participer à l'activité économique et culturelle de leur pays, il est intéressant de mettre en parallèle les consommations d'énergie de la population globale pour essayer de quantifier l'impact sur le monde du train de vie de ces 127 millions d'habitants évoluant dans un cadre de très haute technologie. La consommation cumulée sur 12 mois glissants d'électricité qui avait dépassé les 1000 TWh en Juillet 2008 a baissé de 8,5% depuis pour atteindre 925 TWh à la fin 2009. Quand à la consommation de pétrole, à 4,4 millions de barils/jour (FIG.III), elle est en baisse à l'automne 2009 de 18% depuis le plus haut constaté en Juin 2005.

    Conso-Japon-cumul-2005-2009-09

    Il est donc possible de constater que pour ce pays très en avance sur le reste du monde sur bien des points, de la technologie à la mode des teenagers, qui va être impacté par la baisse de sa population vieillissante, voit ce phénomène s'accompagner d'une baisse de consommation d'énergie et plus particulièrement de pétrole. Pour cette population largement urbaine, aux transports de masse largement développés, la possession d'une voiture par les jeunes générations est devenue une option de second ordre. Les fabricants de véhicules nippons essayent de lutter contre cette désaffection en proposant des modèles plus adaptés aux attentes du moment, tels que des véhicules hybrides puis, dans quelques mois, électriques.

    Parmi les autres populations du monde la Corée du Sud devrait suivre le schéma du Japon avec 15 à 20 ans de retard.

    Population-USA-1950-2090  L'autre modèle d'une transition démographique avancée mais impactée par une immigration soutenue est le modèle américain du Nord (USA, Canada) auquel on peut joindre l'Australie et les grands pays européens comme la Grande-Bretagne ou l'Espagne et dans une moindre mesure la France dont les flux migratoires assurent une croissance soutenue de la population.

     Pour les Etats-Unis la croissance de la population est dans sa phase de déclin. Une extrapolation des projections des Nations Unies permet d'espérer un maximum de population vers 2070 aux environs des 410 millions de citoyens, soit 100 millions de plus qu'aujourd'hui (FIG.). Dans ce type de pays tel que les Etats-Unis, le Canada et l'Australie, les consommations d'énergie devraient se stabiliser et même décroître en raison de l'importance du gisement que constitue la réduction du gaspillage. Pour ces pays l'évolution des populations dépendra pour partie des politiques d'immigration qui seront appliquées dans le futur.

    Le scénario qu'il est donc possible de retenir pour les pays les plus riches de la planète est un tassement rapide de la croissance de la population accompagné de son vieillissement. Elle devrait passer par un maximum vers les 2040 pour ensuite décroître. Ce phénomène, accompagné d'une forte urbanisation des populations, se traduira par une importante baisse des consommations d'énergie et plus particulièrement de pétrole de la part de ces populations. La baisse des consommations de pétrole des pays de l'OCDE déjà largement entamée (LIRE) devrait donc se poursuivre tout au long du siècle et compenser ainsi les croissances initiales de consommations des pays en voie de développement d'Asie ou d'Amérique du Sud.

    L'impact des évolutions des populations sur le monde et de leurs modes de vie sur les consommations d'énergie et autres commodities ont un effet pour l'instant mal évalué et difficilement quantifiable. L'adaptation des populations aux contraintes de prix ou de pollution, leur recherche de plus de bien-être, peuvent mettre à mal bien des prévisions. Ces processus d'adaptation participent à la soutenabilité d'une moindre croissance qui évoluera NATURELLEMENT vers la décroissance en raison du processus de transition démographique en cours qui implique vieillissement des populations suivi de la réduction de leurs tailles. Les deux phénomènes successifs, âge et nombre, devraient avoir de fortes répercussions sur les besoins en énergie des populations tout au long de ce siècle. 

    Remarque: le cas de la Chine constitue un cas particulier de transition démographique anticipée par la volonté politique des dirigeants qui ont édicté des règles sur les possibilité de procréation des femmes de ce pays. La population chinoise devrait passer par un maximum de 1,46 milliards d'habitants vers 2030. Nul doute que la décroissance de population qui suivra allègera faiblement les besoins en énergie et en diverses commodities de ce pays.

    Le 18 Janvier 2010