Catégorie : énergie fossile

  • Gaz de schistes secs ou humides? Voila la bonne question!

    Gaz de schistes secs ou humides? Voila la bonne question!

    Plutôt que de raconter d’obscures salades (elles étaient attendues) sur l’épuisement programmé des gaz de schistes américains, mieux vaut consulter les dernières données de l’EIA américaine sur les productions de gaz et de condensats associés pour les divers gisements en cours d’exploitation. Bien sûr, les gisements non encore exploités comme celui d’Utica, plus large,  plus profond et plus « humide » que celui de Marcellus ne font pas encore l’objet de rapports.

    Ces publications nous racontent les productions moyennes par puits pour le gaz et le pétrole associé qui sont généralement en croissance. Mais à partir des productions mensuelles de gaz et de condensats, il est possible de quantifier une donnée économique essentielle: la teneur moyenne en condensats des gaz de schistes exploités qui s’exprime en baril par millier de pied cube de gaz extrait. Ce rapport varie de pratiquement zéro pour le gisement de Haynesville à cheval entre le Texas et la Louisiane (FIG., tache grise) et des valeurs proche de 1 pour le prolifique gisement de Bakken dans le Nord-Dakota (FIG., tache jaune) et qui produit près d’un million de barils par jour de condensats.

    FIG. Principaux gisements de gaz de schistes américains et teneur moyenne en condensats en barils par millier de pied cube (EIA). Cliquez sur l’image pour en obtenir une version lisible.

    Compte tenu des cours du gaz naturel aux États-Unis qui se situent au-dessous de 4 dollars par MMBTU et compte tenu des 1022 BTU apportés par la combustion d’un pied cube de gaz naturel américain, le prix de vente du millier de pied cube de gaz américain se situe au-dessous des 4 dollars. Si est associé à ce millier de pied-cube de gaz, un baril de pétrole coté vers les 95 dollars, l’équation économique de l’exploitation du gisement est radicalement transformée.

    Peut-être faut-il voir là, la seule et unique raison du déclin des productions du gisement de Haynesville qui ne produisait en Novembre 2013 que 45 barils de pétrole par jour et par puits à comparer aux 482 barils de pétrole par jour et par puits du gisement de Bakken.

    Une baisse des cours du pétrole régional (WTI) aux États-Unis porterait un coup, peut-être fatal,  aux exploitations de gaz de schistes « peu humides » américaines telles que celui de Marcellus en Pennsylvanie et dans l’Ouest-Virginie (FIG., tache verte), en attendant des cours plus favorables pour le gaz.

    Le 29 Octobre 2013

  • Valoriser les réserves mondiales de gaz par leur transformation en gazole et naphta

    Valoriser les réserves mondiales de gaz par leur transformation en gazole et naphta

    Le monde, planète  adulte, regorge de gaz naturel, résidu ultime et lentement généré  par la décomposition des immenses quantités de matières organiques accumulées dans son sous-sol au cours de centaines de millions d’années lointaines qui nous ont précédé. Ces gaz sont retrouvés aujourd’hui, selon leur âge et leur localisation  sous formes plus ou moins « humides », c’est à dire plus ou moins chargées en résidus pétroliers dont ils sont issus.

    Mais il n’est pas évident qu’une ressource naturelle disponible devienne une ressource exploitable, encore faut-il que son utilisation soit ou devienne économiquement rentable… sinon subventionnée, si la communauté juge cette ressource intéressante par ses qualités intrinsèques. Ceci n’est pas le cas du gaz naturel.

    Le gaz naturel se transporte sur longues distances, soit par gazoduc soit sous forme liquide (GNL). Mais les flux d’échanges n’ont pas atteint la taille suffisante pour qu’il existe un cours international du gaz comme c’est pratiquement le cas pour le pétrole (à l’exception notable du pétrole américain qui ne peut pas être exporté et qui est coté régionalement comme le WTI ou le LLS, Light Louisiana Sweet). Il existe donc des cours régionaux du gaz naturel aux USA (Henry Hub), en Europe (National balancing point en Grande -Bretagne) ou en Asie qui peuvent afficher des rapports de prix de 1 à  5 ou 6 entre les États-Unis et certains pays asiatiques.

    Aux États-Unis où les prix du gaz sont très faibles (moins de 4$ par MMBTU), leur exploitation est économiquement déterminée à ce jour par la récupération de condensats dont les prix suivent les cours du pétrole voisin.

    Il existe cependant une voie plus radicale pour valoriser les ressources de gaz: c’est de les transformer en produits pétroliers. Selon Sasol, le procédé GTL suivi d’un hydrocracking conduit à un mix produit constitué de 75% de gazole, 20% de Naphta et 5% de gaz comprimés liquides tel que propane ou butane.

    Il faut selon la même source 10 000 pied-cube (cf) de gaz ( soit 10,2 MMBTU sur la base de 1022 BTU par cf de gaz américain EIA) pour produire un baril du mix produit.

    Compte tenu des cours du gaz, du diesel et du Naphta aux États-Unis, il suffit de moins de 40 dollars de gaz naturel pour produire par GTL dans les 125 dollars de produits pétroliers.  La rentabilité des opérations repose donc sur la  disponibilité de gaz naturel et sur la taille de l’investissement par baril produit annuellement par une complexe unité GTL. Ceci explique la volonté de Sasol de développer des réacteurs Fischer Tropsch de plus en plus gros (FIG.I) afin de réduire le capital employé par baril produit.

    L’unité la plus récente de GTL est l’unité Oryx du Qatar construite par Shell et qui compte deux trains de 16000 barils/jour de technologie Sasol, leader historique des procédés Fischer Tropsch. Cette unité devrait être dupliquée au Nigeria dans le cadre du projet Escravos. Un projet GTL de taille accrue devrait être également lancé en Ouzbekhistan. Mais surtout, Sasol annonce son intention d’industrialiser (en deux tranches) 4 trains de 24000 barils par jour en Louisiane sur son site du Lac Charles. D’autres projets seraient en cours d’études au Canada.

    Il apparaît évident aujourd’hui, compte tenu du bon fonctionnement de l’unité GTL du Qatar et de l’abondance des disponibilité de gaz naturel dans le monde que des unités de plus en plus nombreuses et de plus en plus importantes vont voir le jour afin de disposer de gazole pour les transports et de Naphta pour la pétrochimie (éthylène, oxyde d’éthylène et leurs dérivés). Ces unités GTL, avec des capacités unitaires qui pourraient atteindre puis dépasser les 100 mille barils par jour, devraient dans la décennie à venir représenter une part encore faible mais non négligeable des ressources en produits raffinés, en concurrence avec les raffineries classiques. Pour cela il sera nécessaire que les cours internationaux du gazole et du Naphta restent à des prix suffisants pour amortir ces unités dans des délais raisonnables.

    D’autres voies, utilisant les mini réacteurs de conversion Fisher Tropsch de Velocys, dont nous avions déjà parlé ici, comme a l’intention de le mener à bien Pinto Energy,  pourront faire éclore de petites unités de conversion de GTL de quelques milliers de barils par jour. La aussi,  la soutenabilité financière des opérations dépendra de la valorisation des produits aliphatiques obtenus.

    En vertu de la règle se substituabilité compétitive qui caractérise l’utilisation des ressources énergétiques depuis des siècles, le monde va entrer dans l’utilisation rationnelle du gaz naturel abondant en particulier pour les transports. Dans ce cadre, la conversion de ces gaz en combustibles liquides par GTL participera à la substitution progressive du pétrole par ces dérivés synthétiques issus du gaz.

    Le 24 Octobre 2013

  • Un doublement des cours du pétrole durant la prochaine décennie apparaît probable

    Un doublement des cours du pétrole durant la prochaine décennie apparaît probable

    J’entends de-ci, de-là, de fins économistes pronostiquer une baisse imminente des cours du baril de pétrole. Bien sûr,  leurs anticipations semblent être motivées par une abondance relative de la ressource, en particulier  à la suite d’investissements massifs des Groupes pétroliers au cours de ces dernières années et des succès d’acteurs américains dans l’exploitation de gaz non conventionnels dont ils récupèrent les condensats. La non réalisation du catastrophique et imminent « peak oil » annoncé depuis des années par certains participe également à ces prévisions misant sur la baisse des cours du pétrole à venir.

    Il me semble cependant que ces pronostics à la baisse  oublient de prendre en compte deux paramètres importants, l’un relevant de la physique de l’extraction pétrolière, l’autre intégrant les facteurs géopolitiques des régions du Proche et Moyen-Orient.

    Le premier paramètre repose sur la déplétion naturelle des flux d’extraction de pétrole d’un champ pétrolier. En l’absence de tout investissement d’amélioration continue de la production, un champ de pétrole en exploitation verrait son volume de production se réduire d’au moins de 4 à 5% par an (FIG.I présentée par Total lors de l’investors’ day 2013 à Londres). Pour assurer la stabilité du flux de production mondial de pétrole brut, il est nécessaire que les compagnies pétrolières qui extraient 75 millions de barils de brut et autres condensats par jour, investissent lourdement pour combler les 3 à 4 millions de barils par jour naturellement perdus annuellement par déplétion. Ces investissements marginaux, estimés sur la base d’une dépense moyenne de 14 dollars par baril,  atteignent annuellement autour des deux dizaines de milliards de dollars (4x365x14/1000) = 20,4 milliards). Ces investissements  ne sont pas toujours spectaculaires, ils concernent les techniques d’amélioration du taux de récupération du brut (EOR) par injection d’eau ou de CO2 dans les nappes, ils mettent en œuvre, grâce à de nouveaux forages,  l’exploitation de nappes annexes au champ principal, rendue possible par la connaissance de plus en plus fine des structures géologiques du lieu d’exploitation.

    En d’autres termes l’arrêt hypothétique brutal  de ces investissements de progrès par les Groupes pétroliers, en raison par exemple d’une baisse brutale et importante des cours du brut, se traduirait dans l’année qui suit par une baisse des productions de 3 à 4 millions de barils par jour et plongerait immédiatement le marché dans la pénurie de ressource.

    Un autre paramètre quantitatif, bien que secondaire, doit être pris en compte: c’est la croissance mondiale des consommations de produits distillés et autres biocarburants. Elle progresse d’un million de barils par jour sur un total de 91 à 92 millions en 2013. Cette augmentation de la demande, essentiellement asiatique, nécessite d’investir dans de nouveaux outils de raffinage.

    Là aussi, un arrêt des investissements dans le raffinage conduirait rapidement à une pénurie mondiale de produits raffinés.

    L’autre paramètre majeur regarde la géopolitique. Après les conflits civils de la Libye, de l’Égypte et de la Syrie quelles seront les futures zones impliquées par des querelles moyenâgeuses à caractère religieux ou militaires? Luttes « modernes » entre le sabre et les goupillons.

    Qui peut avancer que ces conflits sont de nature à subitement cesser? Les idéologies puissantes d’un autre âge s’affrontent et génèreront probablement d’autres conflits, soyez-en convaincus.

    Enfin qui peut supposer que les deux plus grands exportateurs du moment que sont l’Arabie Saoudite leader de l’OPEP et la Russie ne décideront pas de limiter les flux  de brut sortants, pour proposer en échange des produits raffinés beaucoup plus onéreux et pour eux plus rémunérateurs. La construction en-cours de raffineries utilisant du pétrole lourd en Arabie Saoudite participe à cette évolution.

    Compte tenu des taux des Bons du Trésor américains qui se situent en ce moment pour le 10 ans autour des 3%,  le prix du baril de Brent dans un environnement relativement apaisé devrait se situer entre 90 et 100 dollars. Avec un cours au-dessus des 115 dollars aujourd’hui il est possible d’évaluer la prime géopolitique aux environs de 20 dollars le baril. Qui peut prétendre que cette prime va subitement baisser?

    Une montée des taux du  Bons du Trésor à 10 ans américain vers les 3% à 4% devrait faire baisser les cours du baril de Brent de quelques dollars, baisse qui serait vite effacée par toute nouvelle querelle orientale.

    En résumé une baisse improbable et  importante des cours du brut mettrait en péril les investissements indispensables pour assurer le maintient des productions de pétrole brut  et la croissance des flux de produits raffinés et autres biocarburants. Ceci plongerait rapidement le monde dans la pénurie et se traduirait par une envolée des cours.

    Des prix soutenus du baril sont indispensables pour assurer le flux de production déterminé par la demande mondiale, de plus en plus asiatique. Durant la dernière décennie (FIG.II) le prix du baril de Brent est passé de 30$ en 2003 vers les 115$ en 2013. La permanence des équations physiques et géopolitiques, la progression des consommations asiatiques permettent de pronostiquer raisonnablement une multiplication par deux ou trois des cours, en dollar courant,  durant la décennie à venir.

    La disponibilité de produits pétroliers dans les décennies à venir reposera sur une lente croissance puis un maintient des flux. Ceci nécessitera un accroissement des cours qui permettra d’aller exploiter les ressources naturelles ou synthétiques les plus ingrates. Les acteurs économiques, consommateurs de produits pétroliers, devront s’adapter à cet accroissement des prix de la ressource…ou disparaître. Ce phénomène de sélection naturelle des acteurs économiques en fonction de leur résilience aux prix de l’énergie a déjà  commencé en 2008 lors de la flambée des cours du pétrole.

    Un abaissement provisoire des cours n’entraînerait que pénurie suivie immédiatement par un emballement des cours sous forme d’une nouvelle crise pétrolière mondiale.

    De telles considérations et l’ampleur des marchés du pétrole justifient l’utilisation de ces marchés comme couverture vis à vis de la baisse de certaines monnaies comme le dollar. Elles expliquent le grand nombre de transactions sur ces papiers, que ce soit à New York sur le Nymex (WTI), à Londres sur l’ICE (BRENT) ou à Dubaï (DME) le marché en vogue. La demande croissante de tels papiers participe aussi à l’évolution quadratique des cours du baril.

    Le 5 Septembre 2013

     

     

  • Des projections japonaises soulignent les besoins croissants d’énergie et de pétrole dans le monde d’ici à 2035

    Des projections japonaises soulignent les besoins croissants d’énergie et de pétrole dans le monde d’ici à 2035

    De nombreux organismes (l’AIE de l’OCDE, l’ EIA américaine) ou groupes pétroliers (Exxon Mobil, RDS, BP) publient régulièrement leurs propres projections de consommations d’énergies fossiles ou renouvelables dans le monde pour les décennies à venir. Il me parait cependant important de consulter aussi les prévisions dans ce domaine de l’IEEJ japonais qui apportent une vision asiatique à ces problèmes et qui nous permettent d’oublier, pour un temps, l’incompétence écolo-compatible de ministres socialistes de l’énergie français gaillardement limogés ou fraichement parachutés sur ce poste prestigieux.

    Ce qui ressort de ces études japonaises est tout d’abord une croissance continue de la demande énergétique dans le monde (FIG.I) estimée à 1,6% par an pour une croissance économique mondiale anticipée à 2,9% par an entre 2010 et 2035.

    Dans le mix énergétique, la part mondiale des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) en légère décroissance  passerait  de 88% en 2010 à 85% en 2020 et le pétrole conserverait sa place de leader au sein du trio.

    Bien entendu, ce sont les consommations asiatiques et celles du Moyen-Orient qui avec une croissance des consommations énergétiques de près de 2,5% par an qui règleraient la musique (FIG.II)

    De ces études japonaises, il ressort que les consommations de produits pétroliers vont poursuivre leur croissance jusqu’en 2035 au moins, (FIG.III), sur un rythme moyen de 1,23% par an et atteindre les 114 millions de barils par jour à cette date. Dans ces chiffres il est possible de retrouver sensiblement la progression annuelle actuelle des consommations de produits pétroliers qui est de l’ordre d’un million de barils par jour.

    Ces accroissements de consommations seront accompagnés d’une augmentation des prix du baril de pétrole brut, en particulier en raison d’une très forte demande asiatique en pétrole du moyen-orient. Il faut bien intégrer pour comprendre les fluctuations à long terme des cours du brut, cette dépendance croissante des approvisionnements des pays asiatiques (Chine, Japon, Corée, Inde et même Indonésie) vis à vis des monarchies pétrolières du Moyen-Orient qui elles-même, consomment de plus en plus de leurs propres ressources et s’intègrent en raffinage.

    En parallèle les consommations mondiales de gaz naturel progresseront de façon encore plus dynamique, de près de 2% par an.

    Une approche mondiale des besoins en énergie dans les décennies à venir montre que les ressources fossiles seront loin d’être marginalisées soit par épuisement de ces ressources soit par une hypothétique réduction de la demande. Au contraire, un accroissement de la demande énergétique asiatique, en particulier vers les ressources du Moyen-Orient, se traduira dans les décennies à venir par un accroissement de la demande mondiale et une tension sur les prix qui sont perceptibles dès aujourd’hui sur les marchés.

    Ceux, obnubilés par la croissance des productions de condensats de gaz américains, et je sais qu’il y en a,  qui espèrent encore une chute des prix du baril de pétrole risquent d’être déçus. Avant de jouer, malgré leur soi-disant expertise proclamée,  je leur conseille amicalement de lire cette étude japonaise de l’IEEJ.

    Le 7 Juillet 2013

     

     

     

  • Les données de l’emploi non agricole américain font grimper les cours du baril de pétrole

    Les données de l’emploi non agricole américain font grimper les cours du baril de pétrole

    Le sentiment de reprise économique aux États-Unis est de plus en plus largement partagé. Les statistiques de productions et de ventes de voitures, la montée des cours du baril WTI à New-York adossée à des productions de condensats locales croissantes,  les données sur l’emploi américain qui dépassent les 1,2 million d’emplois non agricoles créés sur les 6 premiers mois de l’année, confirmant la tendance longue de création de plus de 180 mille postes par mois (FIG.I), bref, toutes ces données vont dans le sens d’une reprise et contrebalancent largement les lamentations de pythies françaises annonçant la fin brutale du libéralisme américain (séquelles de la pensée marxiste du siècle précédent?), sur le point d’être asphyxié par les soi-disant outrances de la FED. Mais voila, l’économie américaine faite de prises de risques, d’innovations, de créativité, d’ample consommation et de larges ressources naturelles et humaines peut, en avançant, supporter bien des avanies provenant d’initiatives financières créatives et parfois en limites de hors-jeu.

    La révolution énergétique américaine faite de gaz non conventionnels et de biocarburants arrive pile au bon moment pour relayer les formidables avancées numériques locales. Ce qui est un large succès là-bas est interdit ou décrié chez nous. Cherchez les failles précautionneuses et écologiques, d’idéologies étouffantes et destructrices qui font florès ici.

    Ce sont ces données américaines et certaines chicanes entre le sabre et le goupillon le long du Canal de Suez qui expliquent les montées récentes du prix du pétrole avec un WTI qui a franchi aujourd’hui les 103 dollars le baril malgré un raffermissement du dollar vis-à-vis des autres monnaies.

    Le 5 Juillet 2013.

     

  • Etats-Unis: un parc autour des 250 millions de véhicules à prévoir pour 2020

    Etats-Unis: un parc autour des 250 millions de véhicules à prévoir pour 2020

    La consommation d’un pays, par le transport routier, de carburants issus du raffinage du pétrole  dépend

    – de l’ampleur du parc de véhicules, hors électriques bien-sûr,

    – du trajet moyen de ces véhicules durant la période considérée,

    – de la consommation nominale moyenne de ce parc,

    -de l’état du réseau routier et de la règlementation routière en vigueur,

    – de la part de biocarburants dans les carburants distribués à la pompe.

    La variation du parc automobile constitue un paramètre déterminant pour évaluer la progression des consommations de carburants.

    Ce parc à l’échelle du monde croit. Cette croissance annuelle tirée par l’Asie dépend des mises sur le marché de nouveaux véhicules et de façon négative des mises à la casse des véhicules hors d’âge.

    Remarque: l’exportation de vieux véhicules vers les pays en développement participe donc au maintien du bilan global.

    Dans ce domaine, Michael Sivak de l’Université du Michigan (UMTRI) vient de publier un papier sur le parc automobile américain intitulé: « Has motorization in the US peaked? »

    Il rapproche en particulier dans cet article l’évolution du parc automobile au cours des années et celle de la population US (individus, ménages, conducteurs). Il en conclut que le parc auto américain, malgré un passage à vide en 2009-2010 qui a enregistré une décroissance totale de 6 millions de véhicules, va poursuivre sa croissance après une progression de 3,4 millions de véhicules en 2011, année pour laquelle le parc a atteint 234 millions d’unités.

    J’ai réalisé un calcul simple partant des volumes de véhicules neufs commercialisés en 2012 (14,44 millions) et de ceux attendus en 2013 (autour des 15 millions) et prenant en compte d’une mise au scrap de 13 millions de véhicules par an (moyenne de 2007 à 2011, représentant 5,5% du parc, soit une vie moyenne de chaque véhicule de 19 ans) qui montre que ce parc devrait croitre respectivement de 1,4 million et de 2 millions de véhicules en 2012 et 2013 (FIG.I).

    A ce rythme là, le parc de véhicules routiers américains (hors poids lourds) devrait atteindre les 250 millions d’unités vers 2020.

    En clair, il apparait peu pertinent d’extrapoler aux années suivantes les baisses de consommations de carburants enregistrées en 2010 et 2011 aux Etats-Unis. Les baisses de consommation nominales des véhicules neufs ne suffiront pas à compenser la croissance prévisible du parc automobile. Les prix à la pompe des carburants qui agissent sur le trajet moyen détermineront pour une part  la trajectoire à venir de ces consommations.

     

  • Allemagne: des centrales électriques au charbon comme paquerettes

    Allemagne: des centrales électriques au charbon comme paquerettes

    La  soi-disant « politique énergétique » européenne monomaniaque, axée sur la réduction des émissions de CO2 va se concrétiser dès 2013 par la construction de nombreuses nouvelles centrales allemandes au charbon ou au lignite annonce le BDEW association des producteurs d’énergie allemands (TAB.).

    Pour le moins l’objectif est raté par les incompétents de Bruxelles.  Alors qu’ il est bien connu que la Chine brûle, de son côté, des milliards de tonnes de charbon, cette fantaisie allemande n’apparait pas comme très grave à l’échelle de la planète…mais pour le chantre européen de l’écologie bien-pensante européenne, ceci n’est tout de même pas terrible. Une consolation, ces centrales peu chargées par les droits d’émissions de CO2 (ETS) bradés à vil prix la tonne, produiront une énergie électrique très compétitive pour l’industrie allemande. Les centrales au gaz naturel moins polluantes et plus performantes seront appelées à se mettre en veille…le gaz européen est trop cher.

    Le charbon ressource de base de la transition énergétique allemande.

    CONSULTER la liste, établie par le BDEW,  des diverses centrales électriques allemandes programmées pour les années à venir.

     

  • Le marché américain de la voiture de plus en plus sobre en carburant va de mieux en mieux

    Le marché américain de la voiture de plus en plus sobre en carburant va de mieux en mieux

    Le marché de la voiture et autres small trucks américains confirme sa remise en forme. Pour s’en persuader il suffit d’examiner mois après mois les ventes cumulées de véhicules sur les douze derniers mois. Bien sûr le marché n’a pas encore retrouvé les ventes annuelles enregistrées à fin 2007 qui avaient atteint les 16 millions d’exemplaires, mais il est bien au-dessus des misérables 10 millions d’unités dénombrées à fin 2009 (FIG.I). A fin Mars 2013 ces ventes cumulées sur 12 mois s’élevaient à plus de 14 millions de caisses selon les données publiées par  le site WardsAuto. Pour le mois,  les ventes annualisées correspondaient à 15,2 millions d’exemplaires.

    Mais ces voitures vendues aux US sont de plus en plus sobres en carburants, prix à la pompe et politique commerciale des constructeurs obligent (FIG.II).

    Selon l’UMTRI les consommations moyennes des véhicules neufs vendus au mois de Mars correspondaient à 9,6 litres aux cent kilomètres (traduction européenne d’une autonomie nominale de 24,6 miles par gallon). Cette consommation nominale apparait mois après mois de mieux en mieux maîtrisée. Une extrapolation raisonnable permet d’anticiper un consommation nominale des véhicules neufs autour des 9 litres aux cent kilomètres pour le printemps 2014. De formidables progrès dans la réduction des consommations nominales des véhicules américains sont d’évidence encore possibles.

    Ces données militent pour une croissance maîtrisée des consommations mondiales de produits raffinés et de biocarburants; stables ou en baisse dans la zone OCDE et encore en croissances en Asie et au Moyen-Orient.(FIG.III).

    Dans ce type d’hypothèse il n’apparait  pas nécessaire durant la décennie à venir de faire croître à tout prix les potentiels d’extraction de pétrole, de raffinage et de productions de biocarburants, comme l’avait imaginé en Juin 2012 Leonardo Maugeri du Belfer Center.  C’est la demande en produits raffinés, maîtrisée par les prix à la pompe et l’innovation technologique, qui pilote le flux d’offre en produits pétroliers et autres biocarburants.

    Comprendre aujourd’hui les marchés du pétrole et des biocarburants nécessite de parler de flux et non pas de  pénurie en ressources enfouies durant plus de 5 millions de siècles et encore largement disponibles pour ceux qui investissent.

    Laissons la « finitude du monde » aux sociologues altermondialistes précautionneux, ceux qui  d’après la Constitution de notre pays, devraient décider de ce qui est bon et de ce qui est à proscrire. Telles vont les idéologies de notre  temps. Utopies du déclin bienfaiteur qui nous éviterait l’enfer climatique annoncé … balivernes!

    ACCÉDER aux projections en capacités d’extraction et de raffinage en produits pétroliers pour 2020 de Leonardo Maugeri, papier analytique qui a beaucoup irrité.

    ACCÉDER aux données de l’UMTRI sur les autonomies moyennes des véhicules vendus aux Etats-Unis.

    ACCÉDER au site WardsAuto

    Le 10 Avril 2013

     

     

  • Cours du baril de brent et taux de l’argent aux Etats-Unis

    Cours du baril de brent et taux de l’argent aux Etats-Unis

    Depuis le printemps 2009, à la suite des puissantes envolées et dégringolades des cours du pétrole brut dans le monde,  nous avons tous assisté durant quatre ans à une reprise des consommations de produits raffinés, plus ou moins agrémentées de biocarburants tant décriés par certains et pourtant si utiles dans l’échafaudage du bilan mondial des consommations de carburants liquides. Consommations tirées par les appels chinois et plus globalement asiatiques sur fond d’une profonde vague de développement et d’urbanisation de ces régions du monde. Les besoins mondiaux de ces produits sont passés depuis le plus bas de début  2009, de 84 millions de barils par jour à quelques 90 millions de barils par jour en ce début 2013 (Voir les excellentes courbes moyennes publiées par Stuart Staniford qu’il appelle « oil supplies » et qui sont, en bon français, des consommations mondiales de dérivés pétroliers liquides et autres biocarburants). Ces données affichent une croissance moyenne annuelle de 1,5 million de barils par jour avec une tendance à se tasser sous la pression des prix, précieux support à la progression de l’efficacité énergétique des processus (transport terrestre, aérien, maritime, raffinage, chimie, etc.).

    A ces consommations pétrolières en croissance sont à associer de puissants investissements rentables des industries d’exploration et d’extraction de gaz et de pétrole dans le monde. La disponibilité de pétrole n’est pas de nos jours un problème de stock comme on l’a vu avec les découvertes récentes offshore au Brésil ou au large de l’Afrique de l’Ouest, dans le Golfe du Mexique ou dans les gisements de gaz de schistes américains et tout récemment en Afrique de l’Est. C’est un problème de maintien du flux d’extraction, sponsorisé par des prix attrayants du baril qui incitent les industriels à investir dans l’exploration de pétrole et de gaz ou le développement de biocarburants.

    Les prix du pétrole qui obéissent à la loi des rendements décroissants doivent permettre de financer l’exploitation des ressources lointaines les plus ingrates (sables bitumineux canadiens, éthanol de maïs, huiles lourdes de l’Orénoque, offshore profond, etc.) tout en créant une rente pétrolière pour les grands producteurs en place comme la Russie ou l’Arabie Saoudite qui détiennent à deux la clé des cours du brut. Ce sont eux avec un gros quart des extractions totales de pétrole qui assurent la disponibilité mondiale de la ressource et orientent  les ordres de grandeur des prix.

    Mais examinons la croissance de ces prix durant ces quatre dernières années de post-crise  financière puis économique.  Il faut tout d’abord noter le quasi effacement du rôle du WTI américain échangé à Cushing, bled de l’Oklahoma,  saturé en pétrole par les oléoducs y apportant les extractions du Nord du Continent, et coté à New York. Les prix mondiaux du brut ne se font plus aux États-Unis, mais ils se déterminent sur les cours du Brent coté à  l’ICE à Londres. Le Brent est devenu le benchmark des cours mondiaux avec un énorme spread de plus de 20 dollars au baril par rapport au régional WTI américain. Tels en ont décidé les grands acteurs de ces marchés, conférant ainsi aux États-Unis, privés de leur leadership dans l’établissement des cours,  un formidable avantage concurrentiel énergétique par rapport au reste du monde. Les raffineries américaines se procurent le pétrole local ou les condensats de gaz à 20 ou 25 dollars de moins que le pétrole importé au cours mondial. Elles sont devenues de formidables exportatrices  de produits raffinés américains. (Pauvre raffinerie Petroplus française, laminée par une concurrence injuste et donc devenue invendable!).

    Un examen des cours du Brent durant ces dernières années, montre empiriquement qu’ils sont liés pour une part au taux de l’argent aux États-Unis (FIG.I). Ce mécanisme passe par les formidables échanges de pétrole papier suffisamment larges pour servir de couverture des taux de change du dollar. Les possesseurs de liquidités se couvrent en pétrole papier plutôt qu’en Bons du Trésor américains dès que le dollar tend à baisser contre les autres monnaies.

    La droite de corrélation (FIG., ligne en tirets)  du produit des cours du baril de BRENT en dollars par le taux du Bon du Trésor américain à 10 ans élevé à la puissance 0,65 en fonction du temps sur plus de 3 ans est sensiblement horizontale.

    Cette relation entre les cours du Brent et les taux du Bond à 10 ans américain peut donc s’écrire:

    BRENT ($/baril) = 180 / (US 10 year bond)0.65          (Puissance 0.65)

    Elle est représentée graphiquement (FIG.II)

    Entre Mars 2010 où le Brent cotait moins de 80 dollars le baril et Février 2013 ou les cours frisent les 120 dollars les taux du Bon du Trésor américain à 10 ans sont passés de plus de 3,5% à 2% aujourd’hui en suivant en moyenne la tendance de la courbe de la FIG.II.

    Cette courbe montre qu’un afflux de liquidités en dollars, sous l’impact des banques centrales par exemple, pourrait rapidement propulser les cours du BRENT vers les 140 dollars le baril. Inversement une régulation plus rigoureuse des liquidités disponibles qui conduirait le US Bond à 10 ans vers les 2,5% , ramènerait les cours du Brent vers les 100 dollars le baril. Bien sûr, ces hypothèses de variation supposent que les teneurs de marché que sont l’Arabie Saoudite et la Russie conservent leur position bienveillante vis à vis du marché et assurent une bonne disponibilité en pétrole.

    Une volonté subite de leur part de vouloir économiser leurs réserves et de réduire les livraisons se traduirait immédiatement par une flambée des cours. La Russie dispose d’un moyen de régulation simple de ses exportations en volumes: les taxes sur l’exportation de pétrole qu’elle a fortement réduites durant ces dernières années.

    Ces réflexions montrent que d’attendre, à moyen terme, une baisse des cours du pétrole me paraît comme assez illusoire et en contradiction avec les contraintes économiques et géopolitiques du marché. L’exploration et l’extraction de pétrole, sponsorisées par des cours soutenus du baril devraient permettre d’assurer les fournitures en quantité et en qualité du marché durant les décennies à venir. Inversement une baisse trop marquée des cours du baril ne manquerait pas à dissuader certains investissements devenus peu rentables et à conduire le marché vers la raréfaction de la ressource et vers une concentration accrue entre les mains des deux grands acteurs

    Un flux suffisant d’extraction de la ressource (biocarburants et condensats de gaz compris) présuppose des prix suffisamment rémunérateurs pour assurer la rentabilité des opérations les plus ingrates, les plus onéreuses et les plus risquées qui participent au bilan global d’approvisionnement. Aux gros producteurs favorisés par la nature de gérer en « bons pères de famille » leur rente sur le long terme. Un exemple d’application de la Loi des rendements décroissants.

    Le 20 Février 2013

     

     

  • La faiblesse du dollar et l’OPEP font monter les prix du pétrole

    La faiblesse du dollar et l’OPEP font monter les prix du pétrole

    Les futurs cours du pétrole ou de ses produits dérivés liquides font bien souvent l’objet de prédictions à la hausse ou à la baisse. Les prédictions les plus naïves se basent sur des variations de demandes, souvent locales, ou des présomptions de pénurie d’offre illustrées par les théories du peak-oil qui ont été à la base de la formation de la mémorable bulle des cours de 2008. Les marchés de ces produits se caractérisent par d’énormes volumes échangés sous forme de papiers alors que les échanges physiques, plus limités,  pâtissent du peu de souplesse et du caractère onéreux de la mise en stock des produits souvent dans des pétroliers à quai ou d’immenses cuves.

    Aujourd’hui les milieux boursiers peu compétents parient sur une baisse des cours, en raison de l’offre abondante de condensats de gaz de schistes aux États-Unis. Un examen  objectif des divers paramètres qui peuvent faire aller dans un sens ou dans l’autre les cours du pétrole montre que la prévision est toujours aussi complexe et que la disponibilité de quelques millions de barils par jour de condensats de gaz de schistes n’est pas à la taille des défis à affronter (défis financiers, géopolitiques, religieux) orchestrés par de gros fournisseurs tels que l’Arabie Saoudite ou la Russie et bientôt l’Irak. Fournisseurs qui limiteront de plus en plus leur offre en pétrole brut au profit de produits pétroliers raffinés localement au sein d’immenses raffineries.

    Pour l’instant ces prévisions des milieux boursiers qui évoquent un prix futur du brut à 60$ le baril, se sont avérées être largement erronées. On assiste en effet avec la faiblesse du dollar  par rapport aux autres monnaies dont l’euro,  à un renchérissement des prix du baril de brut aussi bien aux États-Unis, pour le WTI échangé à Cushing Oklahoma, qu’à Londres pour le Brent de la Mer du Nord. Les détenteurs de dollars se couvrent à terme contre la faiblesse de la devise en achetant du pétrole papier (FIG.).

    Les cours du Brent vers les 115 dollars le baril sont sur la partie haute de la bande de fluctuation (110  + ou – 10 dollars) de ces deux dernières années (FIG.I).

    Cette tendance à une revalorisation des cours du brut est illustrée également par les cours à terme du WTI américain qui sont en contango jusqu’au mois de Juillet (FIG.II) avec un maximum de 99 dollars le baril.

    Le Marché du pétrole papier joue un léger accroissement à venir des cours du brut (1.5$ environ) mais qui n’est pas suffisant pour que les grands acteurs du marché se mettent à jouer sur le pétrole physique. Ce dollar-et-demi n’est pas suffisant pour couvrir les frais de stockage du pétrole vendu à terme jusqu’à l’échéance.

    Rappelons que durant la bulle des cours en 2008, l’amplitude du contango alimentée par la peur du peak-oil, avait mobilisé tous les moyens de stockage possibles de pétrole. C’est le passage de la spéculation du pétrole papier au pétrole physique qui crée la bulle en asséchant le marché spot (FIG.III). Le pétrole stocké et vendu à terme n’est plus disponible. Le terme arrivé, les frais de location croissant,  il le devient et la bulle se dégonfle.

    Les cours du brut se valorisent avec la faiblesse du dollar, soutenus par la demande asiatique et la volonté de l’Arabie Saoudite de limiter ses fortes extractions, record récent synchrone à la réélection du Président Obama. Mais l’amplitude du contango par baril n’est pas suffisante pour amorcer une nouvelle vague importante de stockage et de hausse des prix spots. Le baril de Brent devrait rester à l’intérieur de ses limites de fluctuation tant qu’un évènement belliqueux au Moyen-Orient, impliquant directement l’Arabie ou équivalent, n’est pas encore survenu.

    Mais soyez certains braves gens ce jour viendra, c’est statistiquement évident.

    Le 1er Février 2013