Catégorie : énergie fossile

  • La fermeture annoncée de deux raffineries en France permet d’accompagner la baisse observée des consommations de pétrole.

    La fermeture annoncée de deux raffineries en France permet d’accompagner la baisse observée des consommations de pétrole.

     La baisse des consommations de pétrole en France est un impératif économique majeur aux retombées environnementales favorables. En effet le montant de la balance commerciale en pétrole brut et produits raffinés publié par les Douanes, affichait, à fin Août, un déficit de plus de 34 milliards d'euros sur les 12 derniers mois (26,3 pour le pétrole et 8,1 pour les produits raffinés). Ce bilan dépend étroitement des quantités de pétroles et produits raffinés consommés dans notre pays et des cours mondiaux de ces produits. Il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour prévoir que dans les décennies à venir ces prix vont flamber tirés à la fois par une offre de plus en plus difficile à extraire du sol et par une spéculation qui jouera gagnante à coup sûr. La seule alternative économique pour la France est de poursuivre et d'accélérer sa politique de réduction des consommations en produits pétroliers qu'elle a sérieusement entamée depuis 2005.

    FIG.I : Consommations cumulées sur 12 mois mobiles en produits pétroliers (courbe rouge) et cylindrée moyenne des voitures vendues durant l'année précédente (losanges et courbe de tendance).

      Conso-France

     Un examen des consommations de pétrole sur 12 mois glissants montre que la consommation moyenne en produits pétroliers en France est passée d'un maximum à 2050 milliers de barils par jour en 2002 à un palier provisoire situé à 1800 milliers de barils/jour (FIG., courbe rouge). Dans un parc automobile en faible croissance, il faut historiquement attribuer une part de cette baisse de 250 mille barils/jour à la diésélisation du parc automobile. Les ventes de voitures neuves étaient de type diesel à hauteur de 49% en 2000, elles le sont dans 70% des cas aujourd'hui, avec un maximum de 77% observé en 2008. Mais depuis 2005, avec l'augmentation des prix des carburants et des diverses incitations gouvernementales à acheter des véhicules neufs peu polluants, c'est la baisse moyenne des cylindrées des véhicules de tourisme qui semble mener la danse. La baisse des cylindrées moyennes des véhicules neufs immatriculés dans l'année (losanges bleus et courbe de tendance sur la FIG.) accompagne la baisse des consommations.

     Bien sûr d'autres paramètres interviennent dans la baisse des consommations en produits pétroliers comme par exemple le développement de l'usage des biocarburants. La France a produit un milliard de litres de bioéthanol en 2009, ce qui représente 17 mille barils/jour. Elle a également produit 1959 mille tonnes de biodiesel ce qui fait dans les 39 mille barils/jour de carburant. Ces productions de plus de 50 mille barils/jour qui se retrouvent dans les volumes comptabilisés à la sortie des raffineries, sont à ajouter à la baisse décennale des consommations de pétrole.

    FIG.II : Implantation et capacité de production des 12 raffineries de la Métropole

    Raffineries-France

     Il ressort donc qu'en six ans la consommation en produits pétroliers de la France à baissé de plus de 250 mille barils/jour. Si l'on en croit l'UFIP, la capacité de production des 12 raffineries de pétrole implantées sur le territoire métropolitain serait de 98 millions de tonnes par an soit dans les 1970 mille barils par jour (FIG.II, base 7,33 barils/tonne). Cette capacité de production il y a cinq ans, compte tenu des importations de gasoil en provenance de l'ex URSS et des exportations d'essence vers les USA alors gros consommateurs, était compatible avec la demande. Aujourd'hui, les fermetures programmées de la raffinerie de Reichstett par le suisse Petroplus et de cette des Flandres par Total représentent une baisse des capacités de raffinage de 10,7 millions de tonnes par an ou 215 mille barils/jour. Elles vont ainsi permettre de mieux équilibrer l'offre à la demande pour 2010 et 2011.

     Dans les années à venir, la poursuite de la baisse des consommations programmées par l'accroissement de l'efficacité énergétique des véhicules est inéluctable et indispensable. L'effort sur les productions de biocarburants ne va pas se réduire. D'autre part l'arrivée massive de petites cylindrées et de véhicules hybrides va avoir tendance à rééquilibrer la demande vers l'essence et donc à faire baisser les importations françaises de gasoil et les exportations d'essence. Il apparaît alors comme évident qu'un nouvel ajustement quantitatif des capacités de production du raffinage sera à nouveau un jour nécessaire en France.

     Les syndicats ouvriers des raffineries en ont bien sûr le pressentiment, ce qui explique leur agressivité. Mais il n'est pas sûr que les méthodes d'arrêts de travail et de blocages rustiques auxquels ils procèdent soient les meilleurs moyens pour retarder et préparer harmonieusement cette tendance longue à la décroissance contre laquelle ils sont impuissants. Au contraire, de tels mouvements à grand spectacle auxquels nous assistons, ne sont que de nature à inciter les pétroliers à aller raffiner ailleurs et à accélérer ainsi un peu plus le processus d'adaptation à un monde moins gaspilleur d'énergies fossiles. Les faits sont têtus.

    Le 22 Octobre 2010

  • Etats-Unis: 58% des énergies primaires consommées en 2009 sont partis en chaleur inutile

    Etats-Unis: 58% des énergies primaires consommées en 2009 sont partis en chaleur inutile

    Le Lawrence Livermore Laboratory vient de publier la flow-chart des consommations internes et des utilisations d'énergie primaire aux États-Unis en 2009. Il ressort clairement de cette publication que le gaspillage constitue toujours la principale ressource potentielle d'économies d'énergie de cette grande nation (FIG.).

    US-Energy-flow-2009
    En effet, outre l'intérêt de cette représentation des diverses formes d'énergies primaires consommées à l'entrée, les rendements énergétiques des phases de transformation en électricité ou d'utilisation sont illustrés. Il ressort que sur une consommation totale de 94,6 quadrillons de BTU (1QBTU = 293 TWh thermiques), 40 QBTU seulement participent à l'activité économique du pays (lignes gris-foncé du diagramme). Les autres 55 QBTU (lignes gris-clair sur le diagramme), représentant 58% du total, sont partis en chaleur lors des processus de conversion et d'utilisation.

    La principale perte provient de la production et de la distribution d'électricité qui avec 26 QBTU de pertes (le quart de la totalité de l'énergie mise en œuvre), affiche un rendement global de 32% énergies éolienne et photovoltaïques comprises. L'autre poste est bien sûr celui des transports qui avec 20 QBTU de pertes affiche un rendement global de 25%. 

    Ces chiffres clés permettent de comprendre pourquoi les progrès trop lents accomplis dans l'amélioration des rendements énergétiques des processus doivent être accélérés. La reconstruction de centrales électriques modernes à cycles combinés, la reconstruction des réseaux de distribution d'électricité, seraient bien plus utiles à cette nation que toutes les éoliennes dont le communiqué s'enorgueillit. Bien sûr cette remarque est aussi vraie pour l'Europe de l'énergie.

    Une consolation les rendements énergétiques dans les transports vont faire de gros progrès avec les véhicules modernes qui vont être proposés par les constructeurs. Une augmentation des prix des carburants à la pompe irait dans le bon sens pour accélérer le phénomène.

    LIRE le communiqué sur ce sujet.

    Le 25 Août 2010

  • Les gaz de schistes, une chance pour la Chine …et pour le monde

    Les gaz de schistes, une chance pour la Chine …et pour le monde

     Les gisements de schistes sont largement répartis dans le monde. Une étude Schlumberger datant de 2007 recensait 688 formations importantes de schistes répartis dans 142 bassins (FIG.). L'Amérique du Nord, dont l'intérêt pour le gaz naturel contenu dans ces filons fait la une de toutes les bonnes feuilles, en est largement pourvue. Mais, également, l'ensemble des continents sont également pourvus en cette ressource potentielle de gaz et plus tard d'hydrocarbures liquides encore plus complexes à extraire.

    Monde-gas-shale

    Un point important réside dans le fait que la Chine peu favorisée par les ressources classiques de pétrole, possède, à côté de ses gisements de charbon, de larges gisements de schistes, aussi vastes que ceux des Etats-Unis et qui ne demandent qu'à être exploités grâce aux technologies ad hoc. C'est la raison pour laquelle les 24 et 25 Mai dernier le Département d'Etat américain et la National Energy Administration chinoise ont signé un accord pour favoriser le développement de ces ressources. C'est le "Shale Gas Resource Task Work Plan" qui prévoit de transposer le know how des Compagnies pétrolières et gazières américaines aux gisements de schistes chinois.

     Alors que la part du gaz naturel dans le mix énergétique chinois est encore très faible, certains experts estiment qu'en 2020 cette part pourrait atteindre les 10%. Il est alors évident que les Dirigeants chinois mobiliseront l'ensemble des gaz non conventionnels tels que les gaz de houille (coal bed methane) déjà en exploitation  et ceux de schistes locaux pour assurer une large part de la fourniture. L'autre partie proviendra des importations de Russie, d'Indonésie ou du Moyen-Orient essentiellement.

    Il y a de toute évidence dans ces énormes ressources potentielles de gaz naturel une opportunité pour la Chine de switcher peu à peu des centrales au charbon polluantes vers des centrales au gaz à cycle combiné qui permettent de réduire les émissions de CO2 par deux. C'est une des voies évidentes pour assurer le développement de ce pays tout en améliorant les rendements énergétiques des processus de génération d'électricité.

    LIRE un papier de l'excellent Institute of Energy Economics japonais sur le sujet.

    Le 4 Juin 2010

  • Truffle Capital: Jean François Fourt sur la révolution gazière.

    Truffle Capital: Jean François Fourt sur la révolution gazière.

    JFFOURTTRUFFLE Jean François Fourt de Truffle Capital revient ici sur la rupture que connait l'industrie gazière du fait des techniques de forage dites "non conventionnelles". Les bouleversements sont technologiques, géopolitiques mais aussi  économiques et environnementaux.
    Quelle place la France peut-elle briguer dans cette évolution majeure?

    Qu’est-ce qu’un forage cleantech ? Quelle influence ont le traitement des boues et le tout électrique sur le bilan environnemental. Revue des enjeux…

  • Le baril de Brent atteint les 65 euros à Londres, le WTI en retard devrait suivre

    Le baril de Brent atteint les 65 euros à Londres, le WTI en retard devrait suivre

     Sur la base d'un sentiment de reprise économique et sur la conviction entretenue de l'existence d'un lien fort entre activité économique et consommation de pétrole, le marché des produits pétroliers a entamé un rallye de printemps depuis le mois de Février de cette année. En moins d'un trimestre, le baril de Brent sur l'ICE à Londres est passé de 50 euros à 65 euros le baril (FIG.).

    Cours-Brent-euro-2010-04 

     65 euros, c'était la valorisation moyenne du Brent en Février 2008 alors qu'il était coté à 95 dollars/baril (INSEE). Cela veut dire que par l'effet ciseau de l'accroissement des cours en dollars et la baisse du taux de change de l'euro, les prix des produits pétroliers, exprimés en euros, rejoignent une zone critique où leur impact sur l'économie en Europe va se faire durement sentir. Le premier poste à téléphoner sera la reprise de l'inflation qui après un timide 1,4% au mois de Mars dans l'Eurozone, devrait rapidement rejoindre la zone critique (pour la BCE) des 2%. Bien sûr nos banquiers centraux vont prendre ce signal pour une reprise économique.

     Et pourtant, en dehors de l'explosion économique chinoise, voulue et entretenue par le Parti local, qui conduit les jeunes Chinois à s'identifier à de nouveaux James Dean de l'Amérique des années 50, combien la reprise mondiale est douce et la consommation de pétrole modérée. Rien dans les données actuelles et les prévisions à 6 mois ne justifie une telle envolée des cours qui permet au pétrole d'atteindre un nouveau plateau compris entre 85 et 90 dollars/baril.

     Mais, c'est une évidence, les cours du pétrole-papier n'ont "rien à cirer" des lois du marché physique des produits pétroliers. Goldman et ses collègues ont décidé de nous rejouer la hausse cavalière de 2008 qui leur avait tant rapporté, alors le rallye va se poursuivre, même si les Américains se déplacent de moins en moins (LIRE) et si les Européens voient peu à peu sombrer leurs économies nationales. Les bonus et les fonds de pensions passent en premier.

     Remarque : les cours du WTI sont en retrait par rapport à ceux du Brent, depuis deux semaines, de 2 dollars/baril environ. Ce genre de conjoncture se répète régulièrement lorsque les stocks à Cushing, Oklahoma sont proches de la saturation. Ils étaient supérieurs à 34 millions de barils il ya une semaine pour une capacité de stockage estimée vers les 35 millions. Ce genre de situation se résout généralement par une remontée du WTI qui rattrape puis dépasse le Brent. Il est évident que certains vont jouer ce rattrapage attendu.

    LIRE un papier passionnant "China embraces freedom of the road" paru dans le FT. (remarque: pour accéder sans vous inscire au FT, passer par Google avec le titre, c'est plus simple)

    Le 24 Avril 2010

  • La baisse des consommations de produits pétroliers des pays OCDE devrait se poursuivre en 2010

    La baisse des consommations de produits pétroliers des pays OCDE devrait se poursuivre en 2010

     En 2009, informe l'EIA, les consommations en produits pétroliers des pays de l'OCDE ont affiché une baisse de 2,17 millions de barils par jour par rapport à celles de 2008, ce qui représente une baisse de 4,6% en volume. Cette chute des consommations OCDE n'a été que partiellement compensée par une modeste hausse des consommations des pays NON-OCDE de 1,2% (+0,46 million barils/jour) ce qui ramène les consommations mondiales pour 2009 à 84 millions de barils/jour, soit une baisse de 2% par rapport à 2008 (-1,7 million de barils/jour).

     Depuis la mi-2005, à près de 50 millions de barils/jour, où ce mouvement de baisse des consommations de produits pétroliers des pays les plus riches de la planète a débuté, la courbe de décroissance sur 12 mois cumulés affiche un retrait de 9% ou 4,5 millions de barils/jour (FIG.).

    Conso-OCDE-cumul-2005-2009-12

     Il est clair que ce mouvement qui avait à fin 2009 plus de quatre ans d'ancienneté, a été accéléré par la crise en 2008 et 2009. Mais il est clair aussi que la plupart des pays OCDE qui vont afficher des croissances moyennes sinon médiocres, vont poursuivre ce mouvement de désengagement progressif vis à vis des produits pétroliers. L'Europe, mal en point, devrait en particulier rester un contributeur important à cette décroissance. Les Etats-Unis qui affichaient au mois de Janvier 2010 un retrait de 600 mille barils/jour (-3%) par rapport au même mois de 2009 devraient également présenter à la fin 2010 au mieux une stabilité de leur consommation et le plus probablement un léger retrait.

    A partir des données de PIB et sur la base d'une croissance de ce paramètre global de 2% en 2010 pour l'ensemble des pays OCDE, il est possible d'évaluer la baisse des consommations de produits pétroliers en 2010 autour des 1% (FIG.II). Ce rythme correspond sensiblement à celui observé en 2006 et 2007.

    Conso-OCDE-PIB-2005-2009

    Il semble donc raisonnable de pronostiquer aujourd'hui, pour l'ensemble de 2010, une baisse des consommations en produits pétroliers sortant des raffineries des pays OCDE de l'ordre de 400 mille à 500 mille barils/jour.

    A cette baisse globale des volumes, pour chiffrer l'impact réel sur la consommation de pétrole, il faut aussi déduire la croissance des consommations de biocarburants durant l'année. Sur la base d'une croissance de consommation de ces biocarburants de 10 à 15%, ce sont autour de 200 ou 300 mille barils/jour de plus qu'il faudra ristourner à la consommation globale de pétrole en 2010.

    Ces valeurs sont très éloignées des prévisions de celles de l'Agence Internationale de l"Energie qui vient de revoir les volumes 2010 à la hausse, avec une variation des consommations mondiales entre 2009 et 2010 de 1,7 millions de barils/jour. L'AIE est dans les faits le principal supporter de la spéculation sur le pétrole qui se porte très bien. D'après Bloomberg il s'est échangé hier sur le seul NYMEX 1,42 MILLIARDS de barils papier de pétrole. Record historique qui représente 17 fois la consommation mondiale et pas loin de 80 fois la consommation américaine de la journée. Quand la spéculation va, tout va!

    Le 14 Avril 2010

  • Fragilité des prévisions d’évolution de consommations de pétrole sur la base de la progression du PIB mondial

    Fragilité des prévisions d’évolution de consommations de pétrole sur la base de la progression du PIB mondial

    Lors de la 2010 Energy Conference, organisée par le Department of Energy américain, un des très écoutés spécialistes mondiaux des marchés pétroliers, Adam Sieminski de la Deutsche Bank, a présenté sa vision de l'évolution, à court et moyen terme, des cours du pétrole et des volumes appelés à être consommés. Sa présentation, très raisonnable, pas hawkish du tout, a porté sur les points importants suivants:

    -la conviction que la consommation américaine de pétrole, compte tenu d'une évolution moyenne de PIB de 2,5% par an, n'allait plus croître,

    -sur la nécessité de maintenir un niveau satisfaisant des cours du pétrole qu'il situe autour de 70$ le baril afin que les dépenses mondiales pour cette ressource d'énergie primaire restent dans une zone soutenable de 3 à 4% du PIB mondial,

    – la prévision d'une croissance du PIB mondial de 4,1% en 2010, dont 6% pour les pays NON-OCDE, qui entraînera une croissance des consommations de pétrole de 1,4 millions de barils/jour par rapport à celles de 2009.

    La première proposition de Sieminski se démarque des prévisions des diverses Agences et autres prévisionnistes qui envisagent encore une croissance et même pour certains un (questionnable) accroissement des importations américaines de pétrole, comme Mary Novak de l'IHS. Il semble audacieux de dire que la consommation américaine de pétrole va rester stable. Et pourtant l'examen des variations de ces consommations en fonction des variations du PIB chaîné américain durant les cinq dernières années rend cette prévision assez évidente, sinon timorée (FIG.I). Il faudrait une croissance en volume d'au moins 3% du PIB américain pour assister à une reprise des consommations de pétrole. L'année 2009 a par exemple enregistré une décroissance des consommations de pétrole de 4% pour une variation du PIB quasi nulle.

    PIB-pétrole-USA-2005-2009 

    La deuxième proposition qui fixe un niveau raisonnable des cours pour assurer un maintien de l'économie en bonne santé résume tout le débat sur la manipulation des cours à laquelle on assiste en ce moment. Jusqu'à quel point les cours du brut vont-ils pouvoir grimper sans altérer durablement la bonne santé économique de chacune des grandes régions du monde? Sans nul doute l'Europe est aujourd'hui le malade du monde, avec un commerce mondial en fort retrait, une économie intérieure fragile, des monnaies qui se dévaluent avec le Sterling tout d'abord puis maintenant l'euro et qui renchérissent les prix des produits pétroliers importés. La zone euro va-t-elle pouvoir supporter un pétrole à plus de 75 euros (100$) le baril, zone vers laquelle il se dirige?

    Nul doute qu'une mauvaise santé économique de l'Europe se répercutera sur le reste du monde. Si le commerce mondial de la Chine est passé dans le rouge au mois de Février, c'est parce que ses clients, dont l'Europe, le premier d'entre eux, ne se développent pas à son rythme, loin s'en faut.

    Ces réflexions conduisent à la troisième proposition de Sieminski qui en accord avec certaines Agences, prévoit une croissance en 2010 de la consommation mondiale de pétrole de 1,4 millions de barils/jour. Il se base pour cela sur les courbes de variations des consommations de pétroles en fonction des variations du PIB. Partant d'une prévision d'évolution du PIB mondial de 4,1% en 2010, dont 6% pour les pays NON-OCDE, il en déduit sur une droite de régression pas terrible (FIG.II, droite bleue, coefficient de corrélation de 0,46) que la consommation mondiale de pétrole va s'accroître de près de 2% entre 2010 et 2009 soit de 1,4 million de barils/jour.

    PIB-change-Oil-use-change-Sieminski-2010

    Un examen attentif des divers points de cette courbe montre que les points correspondant à 2006, 2007, 2008 et 2009 sont beaucoup mieux alignés sur une droite rouge beaucoup moins pentue. Les consommations mondiales de pétrole ont été ces dernières années beaucoup moins sensibles aux variations du PIB, conséquence de tous les efforts dirigés vers la recherche d'une meilleure efficacité énergétique des processus. En utilisant cette droite actualisée il est possible d'en déduire que la croissance des consommations de pétrole sera en 2010 d'environ la moitié de celle initialement prévue. En d'autres termes les prévisions de l'OPEC qui annoncent une croissance des consommations de 0,8 à 0,9 million de barils entre 2009 et 2010, sont beaucoup plus proches de cette deuxième façon d'extrapoler.

    Il est possible de constater ainsi que de vouloir prédire des variations de consommations de façon globale à partir d'indicateurs globaux ne peut conduire qu'à des valeurs très approximatives. Alors disons aujourd'hui que des variations 1 à 1,2 million de barils pour les pays NON-OCDE et de – 0,4 million pour les pays OCDE conduiraient à une croissance des consommations mondiales de 0,6 à 0,8 million de barils/jour, compatible avec l'évolution des prix du pétrole à la hausse et une conjoncture économique mondiale plombée par une Europe malade.

    CONSULTER la très intéressante présentation de Sieminski.

    VOIR la présentation de Mary Novak.

    Le 11 Avril 2010

  • Etats-Unis: les consommations de carburants routiers poursuivaient leur baisse au mois de Janvier

    Etats-Unis: les consommations de carburants routiers poursuivaient leur baisse au mois de Janvier

     L'hiver n'est pas très propice aux déplacements sur le continent Nord-américain. C'est ce que confirment les statistiques de l'Energy Information Administration qui affichent, pour le mois de Janvier, des baisses de consommations d'essence de 1,9% par rapport au même mois d'il y a un an, qui lui-même était en retrait de 1,4%. Quand au gasoil à faibles teneurs en soufre qu'utilisent les poids lourds, ses consommations sont en baisse de 12%. Un autre paramètre important pour chiffrer l'impact des transports terrestres américains sur la consommation de pétrole est la part moyenne d'éthanol dans l'essence qui poursuit sa croissance. Elle était de 8,3% au mois de Janvier contre 6,8% un an plus tôt. Il résulte de toutes ces données (FIG.) une décroissance continue des consommations de carburants, hors éthanol, pour les transports terrestres qui dépasse les 0,9 million de barils/jour en deux ans. Un tiers de cette baisse provient du développement de l'utilisation d'éthanol.

    Conso-carburants-US-2008-2010
     Remarque : en ajoutant à ces valeurs les consommations de kérosène qui ont décru de 0,18 million de barils/jour en deux ans, il apparaît que les consommations de produits pétroliers pour les transports terrestres et aériens aux Etats-Unis, à 11,9 millions de barils/jour, ont chuté de 1,1 million de barils/jour (8,4%) entre Janvier 2008 et Janvier 2010.

     Par contre, la rigueur de l'hiver a fait croître les ventes de gaz comprimés et de fuel à hautes teneurs en soufre qui ont dépassé les 3,6 millions de barils/jour en moyenne sur Décembre et Janvier, à comparer à des valeurs autour de 2,4 millions durant l'été.

     Ces données, largement prévisibles, expliquent en partie pourquoi, malgré la rigueur de l'hiver, l'EIA vient de réviser à la baisse les consommations de pétrole pour la zone OCDE en 2010. Mais à 45,41 millions de barils/jour, pour 45,38 millions en 2009, cet organisme n'ose pas encore déclarer que les consommations de pétrole de l'OCDE seront en baisse en 2010. Incompréhensible blocage culturel d'une instance consumériste américaine?

    Le 9 Avril 2010

  • Les immenses ressources mondiales de gaz naturel vont complètement modifier l’équation énergétique mondiale

    Les immenses ressources mondiales de gaz naturel vont complètement modifier l’équation énergétique mondiale

    Le CERA vient de publier un papier sur la nouvelle équation énergétique des Etats-Unis qui ont découvert depuis quelques années qu'ils disposent d'énormes réserves de gaz naturel soit sous forme conventionnelle en Alaska ou dans le Golfe du Mexique, soit sous forme de gaz de schistes. Ces derniers représentent aujourd'hui 20% des extractions de gaz américaines, en 2035 le CERA pronostique qu'elles devraient représenter 50% des volumes de gaz naturel extraits du sous-sol. Dans le même temps, en raison du prix de revient faible de ce gaz (5$/MMBTU), de sa bonne performance écologique comparée à celle du charbon par une réduction de moitié au moins des émanations de CO2 et de la flexibilité de sa mise en oeuvre en backup des énergies renouvelables, l'utilisation du gaz naturel pour produire de l'électricité aux Etats-Unis devrait doubler.

    Monde-gas-shale

    Ce que pronostique le CERA pour les Etats-Unis est également valable pour de vastes régions du monde qui vont avoir de plus en plus accès au gaz naturel provenant de sources les plus diverses. Soit issu de gisements classiques (Europe, Russie, Moyen-Orient, Afrique, Australie) avec un acheminement par gazoduc ou sous forme de GNL. La liquéfaction pourra être réalisée à bord de navires usines pour les gisements offshores (LIRE). Soit issu de schistes qui sont largement abondants dans le monde (FIG.). Tous les continents disposent d'immenses gisements de schistes susceptibles de se transformer en d'immenses ressources prouvées de gaz naturel. Outre la Russie, l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Australie il est important de noter que la Chine dispose de larges réserves de schistes qui pourraient lui servir un jour de ressource énergétique moins polluante que le charbon utilisé massivement aujourd'hui.

    Parmi les modes d'utilisation de ce gaz naturel, c'est bien sûr la génération d'électricité couplée aux énergies renouvelables qui est la principale candidate. Mais il ne faut pas oublier les transports routiers en particulier pour les bus et les poids lourds qui en mode d'alimentation uniquement au gaz pour les véhicules urbains ou en mode d'alimentation mixte gaz-gasoil pour les poids au long cours (LIRE) permettrait de réduire significativement les consommations mondiales en produits pétroliers.

    LIRE le résumé de l'étude du CERA

    LIRE la très intéressante présentation de Richard Newell sur ce sujet à Amsterdam en début de ce mois

    Le 11 Mars 2010

  • Etats-Unis: la consommation en produits pétroliers par les transports routiers poursuivait sa baisse en Décembre

    Etats-Unis: la consommation en produits pétroliers par les transports routiers poursuivait sa baisse en Décembre

     Pour juger de la consommation en produits pétroliers par les transports routiers aux Etats-Unis, hors variations de stocks en aval des raffineries, il est nécessaire de réaliser une gymnastique assez simple qui consiste à partir des consommations d'essences, de leur soustraire les consommations de fuel éthanol qui ont atteint 8% des volumes en fin d'année (719 mille barils/jour au mois de Décembre) et de rajouter les consommations de gasoil à très faibles teneurs en Soufre qui est maintenant le produit normalisé distribué dans les stations services américaines. Un examen sur deux ans de ces consommations qui sont de l'ordre de 11 millions de barils/jour, montre clairement leur tendance à la baisse (FIG.).

    Conso-carburants-US-2008-2009-12 Remarque: le point anormalement bas de septembre 2008 correspond à la période des ouragans dans le Golfe du Mexique.

     La baisse des consommations de gasoil pour les transports de 7% entre Décembre 2008 et Décembre 2009, la croissance de 1,2 points de la teneur en alcool dans l'essence et la stabilité de la consommation d'essence conduisent à ce résultat.

     La hausse des prix des produits pétroliers, la stabilité des prix de l'éthanol, les incertitudes économiques laissent à penser que ce mouvement de repli va se poursuivre durant, au moins, la première partie de 2010. Bien sûr ces variations n'auront aucun impact sur les prix du pétrole américain qui ne dépendent ni de l'état des stocks, ni de l'offre, ni de la demande physique en produits qui représentent dans les 3 à 4% des échanges de papiers sur le NYMEX.

    Le 26 Février 2010