Je lis des articles très amusants sur le rebond de la production pétrolière. très amusants parce que tout est mélangé. Le bon et le moins bon, le franchement mauvais, et le reste.
On s’attend à un rebond de la production ? Quelle production ?
– les sables bitumineux de l’Alberta. ça tombe bien, comme la production classique de l’Alberta diminue, ça compensera un peu.
Enfin, rien qu’un peu, parce que le pétrole "non-classique" de l’Alberta, est gourmand. Alors qu’à l’origine, il suffisait de dépenser 1 baril pour en produire 100, là, on est dans la proportion d’un pour trois.
Ce n’est pas du tout le même chose.
– La production nigériane. Comme le Nigéria est un baril de poudre, il faudra sans doute y envoyer sous peu des "pacificateurs" qu’on a dit fort efficace comme en Irak ?
Miser un kopeck sur le Nigéria semble croquignol.
– La production mexicaine ?
Cantarell avait déjà été "boosté", on voit le résultat aujourd’hui : un effondrement rapide.
Et Cantarell avait pu augmenter de 1 millions de baril jour.
Aujourd’hui, on parie sur 500 000 ?
En outre, la production de pétrole profond et de pétrole offshore n’est pas une sinécure et consomme, elle aussi, beaucoup d’énergie.
Bien sûr l’exploit et le progrès technique sont là, mais ils sont consommateurs aussi, et ils n’ont pas été absents ces dernières années, ni ces 40 dernières années.
Cela n’a guère empêché la production US de s’effondrer. Aujourd’hui on mise sur des petits gisements, copieusement et rapidement essorés.
"Big jake" dans le golfe du Mexique ? 500 millions de tonnes. 1/2 année de consommation US.
Après, on "mise" sur la Russie ? Ah bon, je croyais que ce pays n’était pas réputé fiable ?
Il y a bien longtemps que le rapport n’est plus le même qu’à l’époque où il fallait creuser 20 mètres pour trouver un gisement.
Aujourd’hui, pour 100 barils de pétrole produits, combien faut il en consommer ? 10 ? Plus ?
D’ailleurs, en ce qui concerne certains gisements, comme Kashagan, le dernier grand gisement, on ne sait même pas comment l’exploiter, vu sa complexité.
Quand à s’empêcher de se chauffer, ou autre, j’apporterais l’objection suivante.
Personne ne sera traumatisé de consommer moins, ou à confort égal, pas du tout, en ce qui concerne l’immobilier.
Ce sera même un grand plaisir d’être débarrassé de ces grands malades dévorés du TOC : je vais vous augmenter (la note et la facture).
Pour l’automobile, on voit le sort des "big three" de Detroit, qui ont refusé de faire des véhicules moins gourmands.
Ce ne sont plus économiquement que des monceaux de dettes, aux produits médiocres.
Quand à l’industrie, elle sait parfaitement que le compétitif, c’est celui qui consomme le moins. Pas besoin de lui rappeler.
Une des hypothèses du pic-oil est qu’il fut "en tôle ondulée". Baisse, remontée, baisse, remontée.
Et ce, pendant une dizaine d’année.
La seule chose qui étonnerait, c’est un redémarrage pétaradant de la production.
Quand à abaisser outre mesure le cout du baril, il ne faut pas rêver.
Certains ont pris gout aux hauts prix.
Pour les maintenir, c’est facile. Il suffit de baisser la production.
Quand on peut gagner beaucoup d’argent en en faisant le moins possible, il serait idiot de faire le contraire. Après tout, on est bien dans l’ économie du rentier ?
Et puis pour certain pays, produire, c’est entasser du dollar. Comme ils ne savent même plus quoi en faire, même cela devient hasardeux. (Voyons, où vais les mettre ? Pas là, ça déborde déjà !)
Le pic-oil a des chances d’être autant politique que géologique.
"Oil in the ground is better than dollar in a bank" proverbe Koweiti