Catégorie : solaire

  • Q-Cells: grandeur et décadence d’une industrie du photovoltaïque allemand

    Q-Cells: grandeur et décadence d’une industrie du photovoltaïque allemand

     Largement sponsorisée par les avantageuses subventions tarifaires allemandes et transitoirement espagnoles, l'industrie allemande du photovoltaïque a connu son âge d'or et maintenu pendant longtemps un prix au watt des modules qui ne pouvait qu'inciter la convoitise des concurrents asiatiques. Cette distorsion artificielle des prix de marché leur ouvrait la possibilité de vendre en euros forts leurs modules, à base de silicium chinois peu onéreux, produits à vils prix. Absurdité idéologique d'un boom à la charge du consommateur allemand d'électricité, d'une industrie solaire dans un pays plutôt défavorisé par l'ensoleillement. Pour suivre la chronologie de cette aventure il suffit de regarder les cours de l'action d'un important industriel de cette industrie: Q-Cells (FIG.).

    Q-Cells coursb

     Avec un maximum de son cours qui a frisé les 100 euros à fin 2007, il y avait alors pénurie de modules en Europe avec l'éphémère boom du solaire espagnol, le cours de l'action se retrouve à moins de deux euros aujourd'hui.

     Les affaires sont à ce point difficiles pour cette Société que son CEO, Nedim Cen, déclare publiquement que Q-Cells est à vendre. Le processus de consolidation du secteur en Allemagne est ainsi officiellement lancé.

    LIRE l'information Bloomberg sur le sujet.

    Le 9 Juin 2011

     

  • CSPE 2020: la facture électrique des énergies renouvelables ne sera pas « doucette »

    CSPE 2020: la facture électrique des énergies renouvelables ne sera pas « doucette »

     Philippe de Ladoucette, le président de la CRE (Commission de Régulation de l'Energie), a été auditionné le 24 Mai dernier devant les Commissions réunies des affaires économiques et du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, pour faire le point sur l'évolution prévisible d'ici à 2020 de la facture électrique des énergies renouvelables.

    CRE-CSP 2020

    Les hypothèses retenues lors de cet exposé ont été les suivantes:

    – La loi Grenelle I prévoit que la part d’ENR dans la consommation finale d’énergie doit atteindre 23% en 2020. Dans le plan d'action national en faveur des énergies renouvelables transmis à la Commission européenne en 2010, le gouvernement indique que l’atteinte de cet objectif se traduit par une part d’ENR dans le secteur de l’électricité de 27 %. Elle était de 15,5% en 2010.

    – Ceci conduit à une évolution de la puissance éolienne installée de 5 800 MW en 2010 à 19 000 MW en 2020

    – Celle du photovoltaïque, en retenant une croissance règlementairement limitée à 500 MW par an pourrait  passer de 900 MW à 7 000 MW en 2020.

    – Le prix moyen du MWh issu des ENR a atteint 82 euros en 2010, dont un hallucinant 537 euros/MWh pour le photovoltaïque, pour un prix de gros de l'électricité de 47,5 euros/MWh. La différence de prix, pondérée des productions des ENR, se retrouve dans la facture du consommateur sous la rubrique CSPE (voir au dos de votre facture EDF).

    En 2011 la production des ENR "soutenues" devrait atteindre 26 TWh soit 4,5% de l'énergie électrique totale, ce qui représentera une charge de 1,6 milliards d'euros pour le consommateur.

    En 2020, sur la base d'une hypothèse de croissance du prix de gros de l'électricité de 4% par an (inflation + 2%) cette charge supplémentaire devrait atteindre 6,7 milliards d'euros (FIG.). Avec trois postes essentiels de 2,5 mrds pour l'éolien offshore, de 2,3 mrds pour le photovoltaïque et de 1,1 mrd pour la biomasse. Ce montant total est à comparer aux 1360 milliards théoriques de consommation des ménages en 2020, déduits des données du PIB 2010 avec une inflation de 2% par an.

     Ce calcul prévisionnel de la CRE montre tout simplement que notre pays ne pourra pas s'offrir la participation des énergies renouvelables dont les tarifs resteront trop éloignés du prix de gros de l'électricité, sous peine d'assister à des phénomènes de remise en cause des volumes au gré des puissantes contraintes économiques auxquelles il va devoir faire face. Le photovoltaïque et l'éolien offshore sont des options qui ne sont pas économiquement soutenables en larges quantités aux tarifs actuels pratiqués ou imaginés. Il manque dans les divers plans élaborés, un impérieux volet de plan pluriannuel de réduction des coûts et donc des tarifs pour chacune des technologies.

    ACCÉDER aux chiffres présentés par de Ladoucette et à son exposé.

    Le 30 Mai 2011

  • De nouvelles règles du jeu sur le photovoltaïque italien déçoivent bien des investisseurs

    De nouvelles règles du jeu sur le photovoltaïque italien déçoivent bien des investisseurs

    Après l’Espagne en 2008, la France à mi-2010, l’Allemagne à la fin de la même année, il ne fallait pas être grand clerc pour anticiper que le boom solaire ambiant allait être stoppé à son tour dans la Péninsule italienne. Et pourtant ils y croyaient tous. SunPower par exemple qui avait investi massivement en Italie et dont c’était le plus gros marché. Le voila très déçu et dans le rouge au premier trimestre avec un chiffre d’affaire de 451 M$, pas aussi ensoleillé que voulu. Mais ses concurrents américains, japonais ou chinois devront aussi rendre des comptes écornés par le marasme européen ambiant.

    Irradiance-italie
    D’après Reuters, le Gouvernement Italien voudrait réduire progressivement les tarifs de l’électricité photovoltaïque à partir du mois de Juin jusqu’en 2013. On parle d’une réduction d’un tiers des tarifs, ce qui bien sûr a stoppé les investissements dans l’attente des nouvelles règles du jeu officielles.

    La grande faiblesse de l’industrie photovoltaïque réside dans le fait qu’elle dépend pour des lustres encore de subventions ou de tarifs spéciaux, taxes indirectes de plusieurs milliards d’euros prélevées sur le consommateur d’électricité européen, prélèvements dont on peut raisonnablement douter de l’efficacité économique. Il faudra pour qu’elle atteigne le break-even avec le MWh issu du charbon ou du gaz naturel à la sortie de la centrale que les prix de ces commodities se valorisent sur les marchés et/ou supportent des taxes, mais aussi que les prix au Watt du module photovoltaïque installé et connecté soit fortement réduit. Ceci suppose toute une étude méthode tout au long de la chaîne de valeur photovoltaïque, des composants à la main d’œuvre d’installation sur site, aux frais et taxes associés mais aussi à l’irradiance solaire du coin.

    Le malaise d’une industrie mondiale en excédent de capacités de production commence à être ouvertement perçu aux États-Unis. Les Gazettes commencent à parler de faillites de certains industriels du photovoltaïque, en particulier de ceux qui ont joué le Silicium amorphe en couches minces avec des taux de conversion sont trop faibles et aujourd’hui délaissé.

    LIRE le communiqué Reuters sur ce sujet.

    Le 15 Mai 2011

     

  • Photovoltaïque: l’unité girondine de FirstSolar disparaît des projections 2012

    Photovoltaïque: l’unité girondine de FirstSolar disparaît des projections 2012

    Dans la présentation des résultats du premier trimestre, les capacités de production de FirstSolar à l’horizon 2012 ne comprennent plus les deux lignes de productions initialement programmées en France et qui devaient être implantées dans la banlieue bordelaise. FirstSolar compense pratiquement cette annulation ou ce retard en poursuivant l’accroissement des capacités de production unitaires de ses lignes dans le monde qui passeront de 62,6 MW par ligne en 2010 à 64,1 MW par ligne à fin 2011. Le nombre de lignes porté à 36 en 2011, avec la construction de quatre nouveaux équipements en Allemagne et aussi en Malaisie, sera porté à 44 en 2012 avec la construction de 4 nouvelles lignes aux États-Unis et également au Vietnam. Avec un excellent prix de revient moyen de ses modules*, autour des 75 cents$ par Watt, FirstSolar est un leader mondial des fermes solaires à bas coûts dont les tailles de certaines commencent à devenir significatives (citons par exemple les 550 MW pour le projet TEPAZ en Californie).

    FirstSolar-capacité-2005-2012

    *Remarque: le marché des modules photovoltaïques après une année 2010 qui était en manque de composants à la main des vendeurs, s’est brusquement renversé en 2011 avec le gros marché européen en phase de ralentissement. Bloomberg New Energy Finance estime que la capacité globale de production s’est accrue en un an de 9,5 GW pour atteindre 41,5 GW. Mais la demande devrait être au mieux autour des 28 GW ce qui dévoile une très importante surcapacité de production et donc des baisses de prix prévisibles dans un marché dirigé par les acheteurs. Ce genre de coup d’accordéon fréquent dans les industries de composants explique pourquoi seuls, à terme, les plus performants acteurs survivent.

    Consulter l’excellente présentation trimestrielle de FirstSolar et voir la liste des projets photovoltaïques américains.

    Le 4 Mai 2011

  • Total investit dans le haut de gamme du photovoltaïque

    Total investit dans le haut de gamme du photovoltaïque

    Sunpower  Total vient d'annoncer qu'il allait lancer une OPA amicale sur 60% des actions en circulation de l'américano-philippin Sunpower et apporter à sa future filiale une garantie financière pouvant atteindre un milliard de dollars. Cette décision confirme l'engagement surprenant, sinon anachronique°, de Total dans le développement de la technologie Silicium cristallin, spécialité majoritairement chinoise ou taïwanaise. Elle vient également marquer une étape importante dans le parcours boursier parfois chaotique de cet acteur du photovoltaïque mondial.

    Il faut reconnaître que Sunpower, acteur de deuxième division en volume (650 MW/an et 1 GW semble-t-il à la fin de l'année), situé dans le TOP 20 du business du photovoltaïque mondial, ne manque pas d'attraits. C'est le fabricant qui présente le module (E19 320) le plus puissant commercialisé au monde avec une puissance électrique nominale de 320 W. Cette performance est atteinte grâce à l'utilisation de Silicium monocristallin qui permet d'atteindre un taux de conversion en module de 19,6%, associée à l'adoption d'un grand format de 5 X 3 pieds de 1,63 m2 qui comprend 96 cellules photovoltaïques connectées. Sunpower est le premier constructeur qui a compris que la puissance unitaire des modules est un facteur primordial de réduction des coûts dans les opérations de pose des modules sur site et qui l'a mis en application.

     Par contre avec un coût par watt moyen des modules de 1,71 dollar à fin 2010 qu'il espère ramener à 1,48 dollar par watt à la fin de l'année la technologie de Sunpower est chère. Il voudrait atteindre 1,08 dollar par watt en 2014, ce qui apparaît bien tardif. First Solar avec sa technologie en couches minces Cd-Te est à 0,75 dollar par watt et les grands constructeurs chinois en technologie silicium cristallin annoncent dès à présent des coûts autour du dollar par watt.

     Les produits de Sunpower sont donc parfaitement adaptés au marché des équipements domestiques, là où la surface de toiture disponible est souvent restreinte. Ils sont de façon générale très performants là ou la surface disponible est limitée (ex. toiture d'un centre commercial (Casino), parking, usine) et permettent d'offrir une puissance largement supérieure à celle d'une proposition concurrente, ce qui peut être un argument orientant le choix vers cette solution. Par contre leur attractivité est moindre dans les fermes solaires disposant de larges espaces, où les prix sont déterminants. Pour 2011 cette Société envisage de répartir son chiffre d'affaire à parts égales entre les deux types de marchés. Le volume commercialisé se situerait entre 800 et 900 MW.

     Bien sûr rien n'est encore annoncé chez Total en termes de rationalisation industrielle et commerciale. L'acquisition d'un acteur cinq fois plus gros que Tenesol, récemment cantonné chez Total, ne sera pas neutre à terme sur l'organisation du pôle solaire du pétrolier. L'industrie des composants photovoltaïques compte un trop grand nombre d'acteurs dans le monde, une rationalisation avec disparition des plus fragiles, va obligatoirement s'imposer.

      L'adossement de Sunpower à un très riche propriétaire doit lui permettre d'investir dans la construction et l'exploitation de fermes solaires, ce que font certains gros concurrents à la recherche d'un nouveau business model plus lucratif et moins cyclique.

    °Remarque: le grand pétrolier Shell a fait un autre choix que celui de Total en se lançant avec sa filiale japonaise Showa-Shell dans une technologie en couches minces (CIGS) qui présente de bien plus grandes potentialités en termes de coûts et de progrès techniques. Ce choix est également celui de Saint-Gobain en Allemagne et en Corée.

    LIRE la présentation du T4 2010 de Sunpower. LIRE son annonce d'alliance avec Total.

    Le 29 Avril 2011

  • Suivre la stratégie de GE dans le photovoltaïque est un exercice complexe

    Suivre la stratégie de GE dans le photovoltaïque est un exercice complexe

    Business-update  GE, comme bien d'autres grosses boutiques, a loupé le lancement du photovoltaïque mondial. Prenant bien conscience que le premier fournisseur américain d'équipements de génération d'électricité ne peut pas être absent de ce marché, GE avait annoncé en Octobre 2010 qu'il avait choisi deux options: développer le Business d'une start-up PrimeStar Solar dans les modules en couche mince Cd-Te et s'allier avec le japonais Showa Shell (Solar Frontier) pour commercialiser des modules de technologie CIGS aux États-Unis. En 2010 il semblait que c'était cette deuxième option qui constituait l'axe stratégique de GE lui permettant de présenter les produits en couches minces les plus avancés du moment et ouvrait la porte à un futur développement industriel conjoint avec Shell aux USA.

     La dernière annonce de GE d'acquérir la totalité de son partenaire américain et de vouloir implanter une usine de 400 MW de capacité aux États-Unis à partir de la technologie PrimeStar va à l'encontre de l'hypothèse précédente. Elle semble vouloir dire que GE en partant d'une unité de taille modeste veut développer une industrie en concurrence frontale avec le leader incontesté du moment qui est l'américain First Solar. Ce dernier disposera à fin 2011 d'une capacité de production de 2,2 GW répartie entre la Malaisie, l'Allemagne et les USA et qui sera complétée par la suite par des productions au Vietnam et éventuellement en France.

     Partir en rattrapage industriel du marché photovoltaïque américain sur une technologie économique et éprouvée déjà bien en main par un leader mondial semble être un pari audacieux de la part de GE. Ce dernier dispose des avantages incontestables que sont sa marque et de ses moyens financiers, outils essentiels pour lancer de grands programmes d'unités photovoltaïques.

    LIRE le dernier communiqué de GE et le papier précédent sur le sujet.

    Le 7 Avril 2011

  • First Solar un exemple décomplexé de l’industrie des modules photovoltaïques

    First Solar un exemple décomplexé de l’industrie des modules photovoltaïques

     First Solar est le plus grand producteur américain de modules photovoltaïques et le premier producteur mondial de ces modules en technologie couche mince (Cd-Te). Il fait partie du TOP 5 mondial dans la profession avec trois chinois (JA Solar, Suntech et Yingli) et un japonais (Sharp). Cette industrie de composant repose sur un certain nombre de caractéristiques bien particulières:

    – Elle dépend de subventions d'États ou de tarifs spéciaux d'achat de l'électricité produite,

    -Elle met en œuvre des technologies très diverses, loin d'être figées, c'est une industrie jeune et innovante,

    -En raison des deux premières caractéristiques elle comprend encore de multiples acteurs, une centaine ou plus,…dont au mieux un sur cinq survivra encore dans une grosse décennie.

    Mais comme toute industrie de composant, pour survivre il faut être parmi les plus gros (Tier One) ce qui implique d'investir massivement dans la technologie, la capacité de production des usines et les gains de productivité. Les trois axes de progrès sont liés au travers de courbes d'expérience.

    L'exemple de First Solar illustre cette stratégie. Il dispose d'une technologie en couche mince qu'il maîtrise bien et dont il essaie d'améliorer les performances de façon continue. Il a atteint par exemple un taux de conversion de 11,6% au quatrième trimestre 2010. C'est le point faible de la technologie qu'il compense par les coûts.

    Les investissements en capacité de production reposent sur deux axes: l'amélioration des cadences des lignes qui sont passées de 25MW/an à 62,6 MW/an en cinq ans et la création de nouveaux sites de production (FIG.I)

    FirstSolar-capacité-2005-2012

     En 2010 First Solar disposait de 24 lignes de production dans le monde, à fin 2011 il en fera produire 36 et à fin 2012 il devrait pouvoir disposer de 10 lignes de production supplémentaires dont 4 aux USA, 4 au Vietnam et peut-être deux en France si EDF EN maintient ses projets d'investissements en Gironde malgré la toute récente limitation globale gouvernementale des installations photovoltaïques à 500 MW par an. Par la répartition des investissements entre pays à faible taux de main d'œuvre (Malaisie, Vietnam) et pays développés (Allemagne, États-Unis) First Solar essaie de ménager un mix politico-industriel optimal.

     Les volumes de production en croissance permettent d'atteindre un coût industriel des modules ramené au Watt de 75 cents à fin 2010, venant de 84 cents à fin 2009, pour une production cumulée de plus de 3 GW. Cette progression (FIG.II) se traduit par une courbe d'expérience entre le log du coût et la production cumulée typique des industries de composants.

    FirstSolar trimestriels

     Le succès économique de First Solar est donc lié à cette politique agressive d'investissements soutenus et de développement. Il est aussi lié au fait que ce Groupe s'est intégré vers l'aval en devenant promoteur de fermes photovoltaïques dans le monde et plus particulièrement en Amérique du Nord. Cette double casquette de donneur d'ordre et de fournisseur lui permet de saturer ses usines et de maintenir ainsi ses prix de ventes, malgrè une concurrence chinoise très agressive.

     Le seul point faible repose sur une technologie limitée en taux de conversion qui va plafonner vers les 12%. Les technologies en couches minces de types CIGS qui pourront atteindre des rendements proches de ceux du Silicium cristallin, seront probablement un jour ses concurrentes les plus dangereuses.

    CONSULTER la présentation du T4 2010 de First Solar.

    Le 27 Février 2011

  • Siemens: un projet d’étude d’une centrale solaire thermique à sel fondu au Portugal

    Siemens: un projet d’étude d’une centrale solaire thermique à sel fondu au Portugal

    Siemens a pris l’an dernier une participation de 45% dans la Société italienne Archimède (LIRE) qui développe une variante des centrales solaires thermiques à focalisation parabolique en utilisant comme fluide calo-porteur un sel fondu en lieu et place d’une huile thermiquement stable. Cette option permet de simplifier les équipements avec l’absence d’échangeur de chaleur et de travailler à plus haute température (FIG.), au-dessus des 500°C, au lieu des 400°C utilisés classiquement, ce qui permet d’améliorer le rendement thermique de la turbine de 6%.

    Archimède

    Siemens annonce qu’il va monter un unité de test au Portugal, équipée de ce genre d’équipement et qu’il compte tester durant une période de plus de trois ans, avec pour objectif de qualifier divers sels calo-porteurs à bas point de fusion, ceci afin d’éviter tout phénomène de cristallisation à basse température dans la boucle de 300 mètres de long. Bien sûr tous ces travaux sont sponsorisés par les instances administratives germaniques.

    Le solaire thermique depuis le rachat de Solel en Espagne, fait partie des axes stratégiques de Siemens. Ces technologies se heurteront aux technologies photovoltaïques économiques sur le marché de l’électricité solaire à bas coûts. Je n’imagine pas la voie thermique l’emporter sinon au travers de systèmes hybrides gaz naturel-solaire qui permettraient d’assurer un service 24H/24 en minimisant les consommations de gaz et les émissions de CO2. La boucle solaire pourrait être alors en appoint des gaz chauds sortant de la turbine à gaz principale.

    LIRE le communiqué de Siemens.

    Le 2 Février 2011

  • L’industrie photovoltaïque mondiale avec un tassement de la croissance va devoir se rationaliser

    L’industrie photovoltaïque mondiale avec un tassement de la croissance va devoir se rationaliser

     Le marché des modules photovoltaïques est un marché mondial de composants. Ce sont les acteurs les plus renommés, une dizaine au maximum, qui présentent des produits avec des rapports performance/prix les plus élevés, qui peuvent investir massivement, sûrs de vendre leurs futures productions et d'accroître ainsi leur part de Marché. Derrière ce "Tier One" les autres courent en assurant d'honorables performances les années de forte croissance de la demande, mais en prenant de plein fouet dans leurs comptes les baisses éventuelles de croissance du Marché. Après un doublement de la demande en 2010 qui a permis à presque tous les industriels de progresser, l'année 2011 avec une croissance de la demande prévue autour des 20%, risque d'être impitoyable pour les plus faibles.

      PV capacités ventes

     La capacité de production mondiale s'est accrue de près de 70% en 2010 pour atteindre les 30GW, affirme IMS Research. Compte tenu des investissements engagés par les industriels les plus agressifs et par les nouveaux venus avec des technologies innovantes (CIGS) cette croissance de la capacité de production va se poursuivre en 2011 pour dépasser les 36 GW en fin d'année (FIG., courbe rouge, échelle de gauche). Face à cette offre dynamique, il est peu probable que la demande suive, tout simplement parce que ce marché dépend des subventions des États ou des tarifs préférentiels dissuasifs payés par les consommateurs. Or le climat en Europe, marché principal du photovoltaïque, est aux économies. Les États, les uns après les autres, découvrent que la facture cumulée des fournitures d'électricité photovoltaïque devient insupportable. La dernière venue est la République Tchèque qui a décidé de taxer les productions des grandes installations (>30kW) pour une période de trois ans (2011-2013).

     Des capacités de production excédentaires, au double de la demande moyenne (FIG.), cela veut dire une poursuite de la baisse des prix. Les prix des modules aux États-Unis qui se situent entre 1,4 et 1,6 $/Watt pourraient descendre vers les 1,2 ou 1,15 $/Watt en fin d'année estime le CEO de Recurrent. Son objectif est de passer au-dessous de 3$/Watt pour le prix global des grandes unités photovoltaïques. Tout cela augure bien des ennuis pour les acteurs les plus faibles.

    Le 20 Janvier 2011

  • Analyse des contradictions actuelles pour une meilleure compréhension des problèmes énergétiques

    Analyse des contradictions actuelles pour une meilleure compréhension des problèmes énergétiques

    Unconventional-natural-gas  Souvent s'indignent des lecteurs qui trouvent anormal que soient trop souvent abordés ici  les sujets concernant les ressources énergétiques fossiles et non ceux parlant de vent ou de soleil. Dans leur fougue écolo-dépendante ils oublient un certain nombre de données très simples qui font que les problèmes énergétiques forment un ensemble où se confrontent des contraintes économiques, géographiques et des idéaux écologiques affirmant des vérités …parfois apparentes ou encore à valider. Pour les aider à poser les problèmes de façon pertinente je voudrais rappeler ici un certain nombre d'évidences qui font que les problèmes sont parfois complexes.

    En premier je voudrai rappeler une loi expérimentale simple, c'est la la substituabilité des sources d'énergie. Toutes les formes d'énergie fossiles ou renouvelables peuvent pratiquement se substituer les unes aux autres moyennant la mise en œuvre de certaines adaptations technologiques. On sait faire des ersatz de combustibles liquides issus du pétrole pour le transport avec du charbon, du gaz naturel, de la biomasse ou des graisses animales. On sait produire de l'électricité avec toutes les formes d'énergie, même nucléaires. On sait substituer l'électricité aux carburants dans les véhicules hybrides rechargeables ou les véhicules électriques. On va faire rouler des poids lourds avec des mélanges de gaz et de gasoil. Tout mélange gazeux à base de monoxyde de carbone et d'hydrogène (syngas ou gaz à l'eau pour les anciens) peut être converti en carburant, en produit chimique organique, en hydrogène, en ammoniac puis en urée …et plus si affinité.

     Cette loi, résultant de l'inventivité humaine, a son corolaire: les formes d'énergie fossiles, nucléaires et/ou renouvelables sont en compétition. Pour qu'elles acquièrent une part raisonnable du marché de l'énergie il faut donc qu'elles soient économiquement compétitives…ou subventionnées par une collectivité solvable et adhérant à cette politique. Inversement certaines ressources peuvent être chargées d'un handicap pour la course, par une taxation particulière (TIPP ou TIC pour la France, taxes carbone diverses). Dans l'équation économique entrent également en jeu les règlementations concernant les rejets de GHG (externalités en économie) qui sont pour l'instant limitées en raison de la nécessaire recherche d'une unanime et bien hypothétique règle du jeu mondiale. La fixation de mix énergétiques ou mieux de masse maximale de CO2 par MWh d'électricité produite se pratique dans certains États. Des règlementations limitant les rejets de CO2 par gammes de véhicules dans les transports s'appliquent également sans trop de heurts à la profession, puisque c'est la règlementation la plus sévère mais réaliste qui s'applique pour tous et crée le type de véhicule standard du moment ou du futur prévisible. Oublions pour l'instant les timides essais de Bourses de cotation de la tonne de CO2, stupides institutions en péril qui auraient enrichi les spéculateurs, au détriment des acteurs économiques. Bien sûr la Commission Européenne était en avance sur ces actions futiles et donc inutiles.

    Voila le cadre global où l'essentiel se résume dans le concept de substituabilité compétitive des sources d'énergie.

    Alors que constatons nous et que pouvons nous anticiper:

     1- Les ressources en énergies fossiles sont encore abondantes et peu onéreuses. Depuis le Cambrien, il y a plus de 500 millions d'années, la Terre a charrié et enfoui des milliards de tonnes de biomasse et de bio organismes à l'origine du gaz naturel, du pétrole, du charbon et de toutes les formes issues du kérogène tournant autour de ces trois ressources allant des sables bitumineux, aux gaz et huiles de schistes, aux gaz de houille et autres "tight" gaz, sans oublier les hydrates de méthane. Il est évident que ces ressources sont importantes, dont une grande partie reste à découvrir et à mettre en valeur. Pensons aux nouveaux gisements "subsal" brésiliens et aux gaz de schistes qui auraient été ignorés quelques années auparavant. Isoler formellement l'une de ces ressources comme le pétrole et annoncer sa fin imminente en parlant de Peak-oil n'a que bien peu de sens, malgré l'impact marketing inespéré, puisque c'est oublier la loi de substituabilité qui montre que les technologues sauront d'une façon ou d'une autre soit synthétiser des ersatz (sables bitumineux, huiles lourdes, biocarburants, Fischer Tropsch) soit s'en passer (EV, véhicules au gaz naturel comprimé, PAC). La seule certitude est que cette ressource liquide, très pratique à mettre en oeuvre qu'est le pétrole, obéit aux lois économiques chères à Ricardo, des rendements décroissants sous l'impact de la déplétion des ressources exploitées et de la demande. Il faudra bien que les prix, amplifiés par la spéculation, se valorisent pour permettre à certains d'aller exploiter de façon rentable les sables bitumineux canadiens ou les huiles lourdes de l'Orénoque, pendant que les Familles Royales du Moyen-Orient gèreront en bons pères de familles et avec parcimonie leurs abondantes rentes pétrolières. Au fur et à mesure que les prix grimperont, des pans entiers de l'économie se sépareront du pétrole. Ceci est largement en cours pour la génération d'électricité, une accélération est souhaitable pour le chauffage des habitations et autres locaux industriels et commerciaux, la chimie utilisera de plus en plus d'autres ressources (biomasse, gaz naturel), le transport routier verra sa part électrique croître, le gaz naturel alimentera les poids lourds de plus en plus allégés. L'efficacité énergétique des transports a encore d'immenses progrès à accomplir.

     2- les énergies renouvelables, ressources quasi illimitées mais pour des raisons entropiques, onéreuses:

    Face à ces ressources fossiles limitées mais formidablement rassemblées par l'histoire de la Terre, les énergies renouvelables apparaissent illimitées mais malheureusement très dispersées, sinon diluées. Il est facile de calculer, à partir de l'irradiance solaire, la formidable quantité d'énergie solaire ou éolienne "disponible" sur la surface de la Terre. Il fait toujours beau, pour le soleil, ou mauvais, pour le vent, quelque part, c'est la seule certitude des météorologues. Les ressources de biomasses sont considérables, des millions de km2 de sols inexploités en Afrique, au Brésil en Europe de l'Est pourraient produire cette biomasse. La question n'est donc pas un problème de ressource, c'est un problème de rentabilité, d'allocations des ressources financières limitées d'une collectivité. L'industrie photovoltaïque a connu un doublement en GW de son activité en 2010, elle ne pourra pas refaire le coup en 2011 parce que les États européens ne peuvent plus payer des MWh à 500 euros pièce. L'Espagne a jeté l'éponge, la France va limiter fortement l'exercice, l'Italie dont la dette commence à choquer les financiers les plus obtus va devoir suivre et l'Allemagne revoit à la baisse ses tarifs.

     Pour essayer de vous convaincre je vous propose un exercice simple: quel serait le prix de revient d'une électricité photovoltaïque produite sur le toît d'une maison française dans lequel on aurait intégré des modules GRATUITS? Il va pour cela falloir investir dans un onduleur, un compteur électrique et payer un installateur qui va mettre à deux personnes plusieurs jours à monter un échafaudage, enlever les tuiles (législation française), poser les structures puis les modules, les connecter et assurer l'étanchéité de l'ensemble. Ceci va vous revenir TTC entre 2400 ou 3000 euros/kilowatt. Pour amortir cette mise en 12000 heures (8 ans x 1500 heures) ou 12 MWh il faudra tout de même vendre le MWh d'électricité entre 200 et 250 euros! (il est acheté aux particuliers à 580 euros aujourd'hui par EDF). En termes clairs l'électricité photovoltaïque ne sera rentable un jour (LIRE) que si la puissance des modules unitaires est doublée ou triplée, si l'installation de ces modules se fait simplement, dans un pays ensoleillé, à faible prix de main d'œuvre et disposant de lignes électriques proches. Objectif: 1000 euros/kW, module compris.

     Pour l'éolien dont l'avenir est à l'offshore pour profiter de la place disponible et du vent plus soutenu (3500 heures/an en Mer du Nord). Les réductions de coûts passent par la simplification des éoliennes (technologie direct drive, handicapée par les prix actuels des terres rares), la standardisation se heurtant aux multiples productions locales et la montée en puissance des turbines permettant d'amortir plus rapidement les coûts d'installations unitaires. Repower propose une unité de 6,15 MW, Enercon a en catalogue une éolienne de 7,5 MW, les Norvégiens testent des prototypes de 10 MW et les Espagnols ont lancé une étude de faisabilité d'un produit de 15MW. Prenons le cas d'une turbine de 10 MW qui en 8 ans ou 28 mille heures de fonctionnement effectif, va produire 280 mille MWh d'électricité. Pour un courant qui devra être payé, dans 10 à 15 ans, dans les 100 euros par MWh, cette éolienne en 8 ans facturera 28 Meuros qui devront couvrir son prix, son installation sur site, son raccordement au continent et au réseau électrique, sans oublier les frais de maintenance. Le prix catalogue d'une telle éolienne ne devra guère alors excéder le million d'euros/MW.

    Cours_Brent  Pour la biomasse et ses dérivés que sont les biocarburants l'équation est un peu plus simple puisque le concurrent principal est le pétrole dont le cours d'équilibre va rapidement dépasser les 100 dollars le baril (FIG.II), puisque telle en a décidé la Famille Royale Saoudienne, suivie par les spéculateurs de tous poils. Dans ce cas la loi de substituabilité joue à fond. La décennie qui vient va voir se développer les filières classiques de productions de biocarburants, rentables et enfin non subventionnées : éthanol à base de sucre ou de maïs, biodiesel à base de corps gras. Les procédés cellulosiques se heurteront à leurs prix de revient encore élevés et à la complexité des procédés mis en oeuvre. Un créneau cependant va prendre son essor: la production de bio-kérosène rendu obligatoire par la règlementation sur les émissions de GHG par l'aviation civile.

    Prix-hebdo-Newcastle  Mais un autre créneau devrait favoriser la biomasse c'est la substitution partielle au charbon dans les centrales électriques. L'ascension des cours du charbon, tirée par les importations indiennes et chinoises, et qui ont atteint en Australie les 130 dollars la tonne (FIG.III), va inciter de plus en plus les industriels à utiliser les résidus cellulosiques et autres "pellets" pour alimenter en partie leurs fourneaux.

     L'ascension inexorable des prix des ressources d'énergies fossiles est largement favorable au développement de la biomasse sous toutes ses formes. Il ne faut cependant pas oublier une contrainte entropique forte: la biomasse présente une faible énergie volumique, la moitié de celle du charbon une fois sèche et compactée, et elle est très dispersée sur un territoire donné (bois, taillis, etc.). Rêver de grandes usines du type raffineries de pétrole alimentées par la biomasse n'a aucun sens, nul ne saurait les alimenter, même pas les solutions à la Lurgi, filiale d'Air Liquide, qui imagine un schéma en étoile sur un large territoire avec production intermédiaire de biooil plus facilement acheminable vers la grande raffinerie (LIRE). Les solutions industrielles de valorisation des cultures ad hoc ou des résidus ligno-cellulosiques doivent donc être imaginées à la taille du canton ne dépassant pas 1000 à 2000 tonnes/jour de matière première traitée. Solena par exemple imagine un procédé d'obtention de syngas par brûlage dans une torche plasma de résidus cellulosiques, puis conversion par le procédé Fischer-Tropsch de Rentech du mélange de gaz en carburants de type bio-jet-fuel et bio-Naphta avec un rendement de 50 gallons de liquides par tonne de bois. A 4 dollars par gallon cela fait un chiffre d'affaires de 200$ par tonne de bois traitée ou 100 millions de dollars par an pour un total  500 mille tonnes de bois qui est la capacité de l'unité imaginée. Il sera difficile de bien payer les équipes opérationnelles et de sécurité 7 jours par semaine en trois huit pour assurer la production et la surveillance d'un site hautement dangereux de ce genre qui ne produira que 1600 barils/jour. Les transporteurs aériens semblent cependant prêts à payer pour du kérosène "bio"!

    En conclusion, la gestion du développement des énergies renouvelables doit être programmée sur une longue période qui laissera le temps aux énergies fossiles de se valoriser. Un essai de hiérarchisation donne la primauté à la biomasse malgré ses faibles rendements. Elle est en effet tirée par la valorisation du baril de pétrole et de la tonne de charbon. Mais il faut laisser à cette biomasse son caractère paysan. C'est un formidable outil potentiel de développement des régions agricoles des pays en voie de développement. L'Afrique en particulier à partir de cane à sucre, de maïs ou de plantations moins exigeantes pourrait développer de multiples unités agricoles de production de biocarburants. Le Brésil par exemple va aider le Ghana à investir dans une plantation de cane et une unité de production d'éthanol dans le nord du pays.

     L'industrie éolienne si elle arrive à standardiser ses productions et à monter en puissance ses turbines vers les 10 MW durant les deux décennies à venir, devrait pouvoir permettre à cette énergie d'atteindre le break-even pour un MWh à moins de 100 euros.

     Enfin l'énergie photovoltaïque a un formidable avenir devant elle à condition de travailler sur la puissance unitaire de ses modules pour en réduire le coût de la pose par kilowatt. Un objectif d'un euro ou d'un dollar par watt, pose et module compris doit être l'objectif. Ceci comme pays d'accueil des champs solaires du futur favorisera les pays ensoleillés, à taux de main d'oeuvre faible mais disposant d'un réseau électrique.

    En attendant le monde doit travailler sur l'efficacité énergétique des processus dans la génération d'électricité tout d'abord et dans les transports où de formidables progrès sont possibles.

    La France importe annuellement pour 46 milliards d'euros de pétrole et de produits dérivés. C'est en poursuivant et accélérant ses actions de réductions de consommation des véhicules, poids lourds et embouteillages compris, qu'elle pourra espérer limiter la croissance programmée de la facture énergétique. L'abandon nécessaire du fuel comme mode de chauffage des locaux va rapidement apparaître comme une évidence …dans les mois à venir.

    Le 13 Janvier 2011.