Le National Research Council, bras armé des Académies de Science, de Technologie et de Médecine américaines, vient de publier un pré-rapport sur les possibilités de réductions des consommations de carburants par les poids lourds américains. Ces 11 millions d'engins qui vont des pick-up et autres vans de plus de 2,7 tonnes (3000lb) aux très gros poids lourds, avec tracteur et remorque, pouvant atteindre 36 tonnes (80000 lb) consomment 20% des combustibles liquides américains (26% des carburants pour les transports). Cela représentait 3,9 millions de barils par jour en 2008 pour une consommation totale de 19,5 millions de barils/jour. Les plus gros (> 33000 lb) qui représentaient 60% des consommations, étaient à 100% diésélisés par contre les plus petits qui représentaient 19% des consommations étaient équipés à 87% de moteurs à essence.

D'après les calculs du NRC l'efficacité énergétique de ces véhicules pourrait être quasiment doublée par la somme des diverses améliorations qui portent sur l'aérodynamisme, les pneumatiques, la réduction de masse, l'optimisation de la transmission, les rendements des moteurs et la diésélisation, l'hybridation, le mode de conduite, les aides au choix du trajet, etc. (FIG.).
Cependant cette étude constate que les progrès sont ralentis par l'absence de rentabilité économique de certaines solutions qui arriveraient à un pay-back en 10 ans avec un carburant vers les 5 à 6$ par gallon (un euro le litre) ce qui est le double du prix actuel. Alors le NRC recommande au Congrès américain d'accroître les taxes qui pèsent sur les carburants.
"Finding 7-2. Fuel taxes offer a transparent and efficient method for internalizing the potential societal costs of climate change and oil imports (e.g., energy security) and reducing fuel consumption in road transport. Fuel taxes operate to make fuel-saving technologies more attractive and provide incentives for saving fuel in operations …"
Elle est par contre très critique sur les conséquences d'un "cap & trade" des émissions de CO2 sur le monde des transports qui aboutirait à une usine à gaz législative et règlementaire.

Parmi les autres recommandations il est possible de retenir l'entraînement des chauffeurs à une conduite économique ou bien l'accroissement de 20% du poids total en charge des véhicules les plus lourds (FIG.).
Il est intéressant de constater qu'une simple réflexion, détachée des slogans à la mode, menée par les académiciens américains aidés d'éminents spécialistes, conclut que c'est la taxation des carburants qui est le meilleur outil incitatif pour pousser les transporteurs à s'équiper de poids lourds plus économes en carburants. Les poids lourds américains les plus imposants consomment en moyenne 41 litres de carburants aux 100 km (=235/5,7 miles/gallon). Ils ne pourraient, un jour, n'en consommer que la moitié, à condition que le surcroît de prix d'achat soit compensé par des économies sur les carburants devenus onéreux ou par un accroissement de la masse embarquée. L'enjeu est une réduction des consommations américaines de pétrole près de 2 millions de barils/jour ce qui est égal à la consommation de la France aujourd'hui.
LIRE ce long rapport.
Le 4 Avril 2010