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  • Quelle part pour les biocarburants et les carburants de synthèse dans les décennies à venir?

    Quelle part pour les biocarburants et les carburants de synthèse dans les décennies à venir?

    Les projections des marchés pétroliers pour les décennies à venir (à l’horizon 2040 par exemple) affirment que les pays membres de l’OPEP aux amples réserves, resteront pour une large part (autour des 40 à 45% du marché) fournisseurs de pétrole dans le monde. Les besoins mondiaux en produits pétroliers, tirés vers le haut par l’Asie et ses transports, devraient croitre annuellement d’un million de barils/jour environ. Cette augmentation de la demande sur un marché piloté par un cartel,  permet de pronostiquer sur le moyen-terme une croissance régulière des prix en dollars courants du baril de pétrole. Il en résultera un accroissement des fournitures de biocarburants, ersatz des produits pétroliers, et de celles des pétroles synthétiques issus du charbon, du gaz, de la biomasse ou tout bêtement du CO2 par l’intermédiaire du procédé Fischer-Tropsch alimenté par le vieux gaz à l’eau (syngas), à base de monoxyde de carbone et d’hydrogène.

    Pour quantifier ces phénomènes il est possible de se reporter au Papier de Sieminski, administrateur de l’EIA américaine, présentée en Juillet 2013 (FIG.)

    A l’horizon 2040, l’EIA imagine un doublement des volumes de biocarburants mis sur le marché avec une forte contribution du Brésil et des États-Unis. Un examen des terres arables disponibles dans le monde montre que l’Afrique, si ses dirigeants un jour le décident, pourrait devenir un grand producteur de biocarburants. Il y a là une opportunité de croissance encore plus rapide de ces volumes.

    Dans les procédés de synthèse à partir du charbon apparaît tout naturellement la Chine et à partir du gaz naturel le Qatar qui a déjà commencé. Les autres projets de Sasol dans ce domaine du GTL concernent dès-à-présent l’Afrique (projet Escravos), l’Ouzbékistan et le États-Unis. Ces procédés sont d’ors-et-déjà rentables, une augmentation des prix du gazole et du Naphta ne pourrait qu’accélérer les décisions d’investissement dans ces filières. Compte tenu de la disponibilité de gaz dans le monde et des besoins en gazole, les prévisions de l’EIA dans la filière GTL me semblent bien timides. L’Iran par exemple pourrait décider à partir des mêmes ressources gazières, d’imiter le Qatar. Les États-Unis exportateurs de gazole et disposant de vastes réserves de gaz devraient devenir de larges acteurs dans le procédé GTL. La Chine, l’Algérie, l’Argentine pourraient valoriser leurs gaz de schistes à exploiter par ce procédé.

    Allez! Rêvons un peu, la France pourrait même produire un jour, son propre gazole qu’elle importe à grand frais de Russie ou des États-Unis et demain d’Arabie Saoudite. Il suffirait de laisser entreprendre les industries compétentes.

    Une certitude:  les produits pétroliers de synthèse et les biocarburants joueront, dans les décennies à venir,  un rôle croissant dans l’approvisionnement du monde en carburants et autres matières premières pour la pétrochimie.

    Le 3 Novembre 2013

     

  • L’Etat de Californie va autoriser la fracturation hydraulique

    Afin de stopper ou de ralentir le déclin de ses extractions de pétrole, la très écologique Californie est en passe, grâce aux voix des élus démocrates, d’autoriser pour le début de 2015,  la fracturation hydraulique ainsi que les traitements acides des roches calcaires. Bien sûr cette autorisation devrait être accompagnée de solides règles  de conduites, à établir d’ici-là, et de sanctions qui frapperaient tout contrevenant aux règles établies.

    Selon le Gouverneur de cet État, le deal est très clair reporte l’Agence Reuters, la loi autorise le fracking et les traitements acides en contrepartie  »  de fortes protections de l’environnement et d’exigences de transparence ».

    Heureuse et dynamique contrée où le progrès n’est pas barré par un écologisme inquisitorial  moyenâgeux!

    LIRE la dépêche Reuters sur le sujet.

  • Gaz de schistes secs ou humides? Voila la bonne question!

    Gaz de schistes secs ou humides? Voila la bonne question!

    Plutôt que de raconter d’obscures salades (elles étaient attendues) sur l’épuisement programmé des gaz de schistes américains, mieux vaut consulter les dernières données de l’EIA américaine sur les productions de gaz et de condensats associés pour les divers gisements en cours d’exploitation. Bien sûr, les gisements non encore exploités comme celui d’Utica, plus large,  plus profond et plus « humide » que celui de Marcellus ne font pas encore l’objet de rapports.

    Ces publications nous racontent les productions moyennes par puits pour le gaz et le pétrole associé qui sont généralement en croissance. Mais à partir des productions mensuelles de gaz et de condensats, il est possible de quantifier une donnée économique essentielle: la teneur moyenne en condensats des gaz de schistes exploités qui s’exprime en baril par millier de pied cube de gaz extrait. Ce rapport varie de pratiquement zéro pour le gisement de Haynesville à cheval entre le Texas et la Louisiane (FIG., tache grise) et des valeurs proche de 1 pour le prolifique gisement de Bakken dans le Nord-Dakota (FIG., tache jaune) et qui produit près d’un million de barils par jour de condensats.

    FIG. Principaux gisements de gaz de schistes américains et teneur moyenne en condensats en barils par millier de pied cube (EIA). Cliquez sur l’image pour en obtenir une version lisible.

    Compte tenu des cours du gaz naturel aux États-Unis qui se situent au-dessous de 4 dollars par MMBTU et compte tenu des 1022 BTU apportés par la combustion d’un pied cube de gaz naturel américain, le prix de vente du millier de pied cube de gaz américain se situe au-dessous des 4 dollars. Si est associé à ce millier de pied-cube de gaz, un baril de pétrole coté vers les 95 dollars, l’équation économique de l’exploitation du gisement est radicalement transformée.

    Peut-être faut-il voir là, la seule et unique raison du déclin des productions du gisement de Haynesville qui ne produisait en Novembre 2013 que 45 barils de pétrole par jour et par puits à comparer aux 482 barils de pétrole par jour et par puits du gisement de Bakken.

    Une baisse des cours du pétrole régional (WTI) aux États-Unis porterait un coup, peut-être fatal,  aux exploitations de gaz de schistes « peu humides » américaines telles que celui de Marcellus en Pennsylvanie et dans l’Ouest-Virginie (FIG., tache verte), en attendant des cours plus favorables pour le gaz.

    Le 29 Octobre 2013

  • Valoriser les réserves mondiales de gaz par leur transformation en gazole et naphta

    Valoriser les réserves mondiales de gaz par leur transformation en gazole et naphta

    Le monde, planète  adulte, regorge de gaz naturel, résidu ultime et lentement généré  par la décomposition des immenses quantités de matières organiques accumulées dans son sous-sol au cours de centaines de millions d’années lointaines qui nous ont précédé. Ces gaz sont retrouvés aujourd’hui, selon leur âge et leur localisation  sous formes plus ou moins « humides », c’est à dire plus ou moins chargées en résidus pétroliers dont ils sont issus.

    Mais il n’est pas évident qu’une ressource naturelle disponible devienne une ressource exploitable, encore faut-il que son utilisation soit ou devienne économiquement rentable… sinon subventionnée, si la communauté juge cette ressource intéressante par ses qualités intrinsèques. Ceci n’est pas le cas du gaz naturel.

    Le gaz naturel se transporte sur longues distances, soit par gazoduc soit sous forme liquide (GNL). Mais les flux d’échanges n’ont pas atteint la taille suffisante pour qu’il existe un cours international du gaz comme c’est pratiquement le cas pour le pétrole (à l’exception notable du pétrole américain qui ne peut pas être exporté et qui est coté régionalement comme le WTI ou le LLS, Light Louisiana Sweet). Il existe donc des cours régionaux du gaz naturel aux USA (Henry Hub), en Europe (National balancing point en Grande -Bretagne) ou en Asie qui peuvent afficher des rapports de prix de 1 à  5 ou 6 entre les États-Unis et certains pays asiatiques.

    Aux États-Unis où les prix du gaz sont très faibles (moins de 4$ par MMBTU), leur exploitation est économiquement déterminée à ce jour par la récupération de condensats dont les prix suivent les cours du pétrole voisin.

    Il existe cependant une voie plus radicale pour valoriser les ressources de gaz: c’est de les transformer en produits pétroliers. Selon Sasol, le procédé GTL suivi d’un hydrocracking conduit à un mix produit constitué de 75% de gazole, 20% de Naphta et 5% de gaz comprimés liquides tel que propane ou butane.

    Il faut selon la même source 10 000 pied-cube (cf) de gaz ( soit 10,2 MMBTU sur la base de 1022 BTU par cf de gaz américain EIA) pour produire un baril du mix produit.

    Compte tenu des cours du gaz, du diesel et du Naphta aux États-Unis, il suffit de moins de 40 dollars de gaz naturel pour produire par GTL dans les 125 dollars de produits pétroliers.  La rentabilité des opérations repose donc sur la  disponibilité de gaz naturel et sur la taille de l’investissement par baril produit annuellement par une complexe unité GTL. Ceci explique la volonté de Sasol de développer des réacteurs Fischer Tropsch de plus en plus gros (FIG.I) afin de réduire le capital employé par baril produit.

    L’unité la plus récente de GTL est l’unité Oryx du Qatar construite par Shell et qui compte deux trains de 16000 barils/jour de technologie Sasol, leader historique des procédés Fischer Tropsch. Cette unité devrait être dupliquée au Nigeria dans le cadre du projet Escravos. Un projet GTL de taille accrue devrait être également lancé en Ouzbekhistan. Mais surtout, Sasol annonce son intention d’industrialiser (en deux tranches) 4 trains de 24000 barils par jour en Louisiane sur son site du Lac Charles. D’autres projets seraient en cours d’études au Canada.

    Il apparaît évident aujourd’hui, compte tenu du bon fonctionnement de l’unité GTL du Qatar et de l’abondance des disponibilité de gaz naturel dans le monde que des unités de plus en plus nombreuses et de plus en plus importantes vont voir le jour afin de disposer de gazole pour les transports et de Naphta pour la pétrochimie (éthylène, oxyde d’éthylène et leurs dérivés). Ces unités GTL, avec des capacités unitaires qui pourraient atteindre puis dépasser les 100 mille barils par jour, devraient dans la décennie à venir représenter une part encore faible mais non négligeable des ressources en produits raffinés, en concurrence avec les raffineries classiques. Pour cela il sera nécessaire que les cours internationaux du gazole et du Naphta restent à des prix suffisants pour amortir ces unités dans des délais raisonnables.

    D’autres voies, utilisant les mini réacteurs de conversion Fisher Tropsch de Velocys, dont nous avions déjà parlé ici, comme a l’intention de le mener à bien Pinto Energy,  pourront faire éclore de petites unités de conversion de GTL de quelques milliers de barils par jour. La aussi,  la soutenabilité financière des opérations dépendra de la valorisation des produits aliphatiques obtenus.

    En vertu de la règle se substituabilité compétitive qui caractérise l’utilisation des ressources énergétiques depuis des siècles, le monde va entrer dans l’utilisation rationnelle du gaz naturel abondant en particulier pour les transports. Dans ce cadre, la conversion de ces gaz en combustibles liquides par GTL participera à la substitution progressive du pétrole par ces dérivés synthétiques issus du gaz.

    Le 24 Octobre 2013

  • La part des biocarburants dans les transports va poursuivre sa progression

    La part des biocarburants dans les transports va poursuivre sa progression

    Deviser du rôle des biocarburants sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre est une vaste fumisterie qui occupe régulièrement les après-midi monotones de nos élus européens et nationaux. Il suffit de connaître les milliards de tonnes de CO2 largués annuellement par les camarades chinois ou plus largement asiatiques pour s’en convaincre.

    Par contre le rôle des biocarburants sur la consommation mondiale de produits pétroliers importés à grands prix dans notre pays est pour sa part un sujet de premier ordre et cependant négligé par nos caciques de tous poils.

    La FAO vient d’actualiser les projections de productions agricoles pays par pays jusqu’en 2022. Dans ces données y figurent les productions d’éthanol et de biodiesel (FIG.), filières de plus en plus importantes dans la part des ressources financières du monde paysan.

    J’ai exprimé ces volumes annuels en millions de barils par jour, unité internationale des produits pétroliers, en divisant les litres annuels par 159 pour les convertir en barils et par 365 ou 366 pour obtenir une moyenne journalière.

    Pour comparer ces productions qui devraient dépasser les 3,5 millions de barils par jour en 2022, aux consommations mondiales de produits pétroliers, il suffit de savoir que les volumes sortants des raffineries représentent aujourd’hui autour des 92 millions de barils par jour. Compte tenu des 2,5 millions de barils par jour de biocarburants produits, il est possible d’estimer les volumes de purs produits pétroliers raffinés quotidiennement autour des 90 millions de barils.

    Une autre donnée importante: la croissance annuelle des consommations mondiales de produits pétroliers et autres biocarburants est de l’ordre d’un million de barils par jour. Cette croissance est largement tirée par les consommations asiatiques, surtout industrielles aujourd’hui, mais qui s’appliqueront de plus en plus aux transports routiers avec l’explosion des achats de voitures personnelles et de l’urbanisation.

    Remarque: une étude récente des Berkeley Labs estime que la consommation chinoise de pétrole pour les transports était égale à 10% de celle des USA en 1998 et à 31% en 2010. Par extrapolation on peut estimer que ces consommations chinoises, pour les seuls transports, vont représenter en 2013 autour des 260 MToe soit  la moitié environ des consommations américaines.  Au rythme actuel, ces consommations chinoises pour les seuls transports devraient doubler d’ici à 2017 ou 2018.

    Avec une croissance d’un million de barils par jour dans la décennie à venir (FIG.) les biocarburants vont assurer autour du dixième de la croissance annuelle des consommations en produits raffinés, l’équivalent d’un très grand pays producteur de pétrole.

    ACCÉDER aux données de la FAO

    Le 7 Octobre 2013

     

  • Sur le mode d’Eddie Herring: lettre ouverte à mes enfants.

    Sur le mode d’Eddie Herring: lettre ouverte à mes enfants.

    Jeunes gens en errance  qui passez sur ce Blog,  afin de ne pas vous lasser, je vous recommande chaudement de lire, sur Seeking Alpha,  le papier d’Eddie Herring intitulé « An open letter to my kids. Prepare your future now ». Cette lecture vous dissuadera,  je l’espère,  de faire confiance aux bureaucrates et autres partenaires sociaux pour assurer plus tard les revenus de votre retraite et vous convaincra de préparer dès à présent un capital qui assurera une part de vos revenus plus tard. Son approche, que je vous recommande également, consiste à investir dans des groupes solides distributeurs réguliers de dividendes (Coca Cola ou Mac-Do aux États-Unis qui pourraient être en France: Danone, L’Oréal, Total et autres EDF par exemple) et d’en réinvestir systématiquement les dividendes. Ce papier met en lumière l’attrait du mécanisme des intérêts composés sur une longue période d’épargne (>30 ans).

    Pour vous convaincre de la pertinence du problème posé il suffit d’examiner l’évolution prévisible de la démographie des personnes âgées de notre pays au cours des décennies à venir, vue par les Nations Unies (FIG.)

    On y découvre avec le vieillissement des générations du baby-boom et l’accroissement général de l’espérance de vie que les plus de 65 ans (courbe rouge) en Métropole vont passer entre 2010 et 2040 de 10,6 millions à 18,2 millions, ce qui représente une croissance de 71% en trois décennies.

    Il est évident que devant un tel tsunami démographique nos bureaucrates n’auront à leur disposition que deux paramètres pour maîtriser la facture globale des retraites: soit en diminuer radicalement le montant net moyen (après impôts, prélèvements sociaux et abattement pour réversion, le processus est d’ors et déjà en marche), soit en retarder l’effet dans le temps, soit d’appliquer un mix des deux approches.

    Une tactique à suivre, par exemple, pour maintenir le nombre de retraités en-deçà des 15 millions en métropole serait de dissuader progressivement, entre 2015 et 2040, une large part de la population de quitter toute activité professionnelle avant 70 ans (voir la flèche noire de transition sur la figure).

    Il en résulte que, la mise en place d’une forme de retraite par capitalisation personnelle ou pour ses enfants, sans attendre d’autres incitations officielles, au sein d’un PEA par exemple, me semble à ce jour être une décision  incontournable.

    Persuadé que les cours du pétrole vont poursuivre leur progression sur le moyen et long terme, j’ai personnellement choisi l’action Total comme support de capitalisation. Mais chacun est libre de composer ou de choisir le cocktail qui lui va bien.

    D’autres, malgré les évidences,  peuvent toujours essayer de se convaincre que la retraite collective par répartition est et restera le modèle économique idéal. Je leur souhaite d’avoir raison.

    Le 18 Septembre 2013

  • Un doublement des cours du pétrole durant la prochaine décennie apparaît probable

    Un doublement des cours du pétrole durant la prochaine décennie apparaît probable

    J’entends de-ci, de-là, de fins économistes pronostiquer une baisse imminente des cours du baril de pétrole. Bien sûr,  leurs anticipations semblent être motivées par une abondance relative de la ressource, en particulier  à la suite d’investissements massifs des Groupes pétroliers au cours de ces dernières années et des succès d’acteurs américains dans l’exploitation de gaz non conventionnels dont ils récupèrent les condensats. La non réalisation du catastrophique et imminent « peak oil » annoncé depuis des années par certains participe également à ces prévisions misant sur la baisse des cours du pétrole à venir.

    Il me semble cependant que ces pronostics à la baisse  oublient de prendre en compte deux paramètres importants, l’un relevant de la physique de l’extraction pétrolière, l’autre intégrant les facteurs géopolitiques des régions du Proche et Moyen-Orient.

    Le premier paramètre repose sur la déplétion naturelle des flux d’extraction de pétrole d’un champ pétrolier. En l’absence de tout investissement d’amélioration continue de la production, un champ de pétrole en exploitation verrait son volume de production se réduire d’au moins de 4 à 5% par an (FIG.I présentée par Total lors de l’investors’ day 2013 à Londres). Pour assurer la stabilité du flux de production mondial de pétrole brut, il est nécessaire que les compagnies pétrolières qui extraient 75 millions de barils de brut et autres condensats par jour, investissent lourdement pour combler les 3 à 4 millions de barils par jour naturellement perdus annuellement par déplétion. Ces investissements marginaux, estimés sur la base d’une dépense moyenne de 14 dollars par baril,  atteignent annuellement autour des deux dizaines de milliards de dollars (4x365x14/1000) = 20,4 milliards). Ces investissements  ne sont pas toujours spectaculaires, ils concernent les techniques d’amélioration du taux de récupération du brut (EOR) par injection d’eau ou de CO2 dans les nappes, ils mettent en œuvre, grâce à de nouveaux forages,  l’exploitation de nappes annexes au champ principal, rendue possible par la connaissance de plus en plus fine des structures géologiques du lieu d’exploitation.

    En d’autres termes l’arrêt hypothétique brutal  de ces investissements de progrès par les Groupes pétroliers, en raison par exemple d’une baisse brutale et importante des cours du brut, se traduirait dans l’année qui suit par une baisse des productions de 3 à 4 millions de barils par jour et plongerait immédiatement le marché dans la pénurie de ressource.

    Un autre paramètre quantitatif, bien que secondaire, doit être pris en compte: c’est la croissance mondiale des consommations de produits distillés et autres biocarburants. Elle progresse d’un million de barils par jour sur un total de 91 à 92 millions en 2013. Cette augmentation de la demande, essentiellement asiatique, nécessite d’investir dans de nouveaux outils de raffinage.

    Là aussi, un arrêt des investissements dans le raffinage conduirait rapidement à une pénurie mondiale de produits raffinés.

    L’autre paramètre majeur regarde la géopolitique. Après les conflits civils de la Libye, de l’Égypte et de la Syrie quelles seront les futures zones impliquées par des querelles moyenâgeuses à caractère religieux ou militaires? Luttes « modernes » entre le sabre et les goupillons.

    Qui peut avancer que ces conflits sont de nature à subitement cesser? Les idéologies puissantes d’un autre âge s’affrontent et génèreront probablement d’autres conflits, soyez-en convaincus.

    Enfin qui peut supposer que les deux plus grands exportateurs du moment que sont l’Arabie Saoudite leader de l’OPEP et la Russie ne décideront pas de limiter les flux  de brut sortants, pour proposer en échange des produits raffinés beaucoup plus onéreux et pour eux plus rémunérateurs. La construction en-cours de raffineries utilisant du pétrole lourd en Arabie Saoudite participe à cette évolution.

    Compte tenu des taux des Bons du Trésor américains qui se situent en ce moment pour le 10 ans autour des 3%,  le prix du baril de Brent dans un environnement relativement apaisé devrait se situer entre 90 et 100 dollars. Avec un cours au-dessus des 115 dollars aujourd’hui il est possible d’évaluer la prime géopolitique aux environs de 20 dollars le baril. Qui peut prétendre que cette prime va subitement baisser?

    Une montée des taux du  Bons du Trésor à 10 ans américain vers les 3% à 4% devrait faire baisser les cours du baril de Brent de quelques dollars, baisse qui serait vite effacée par toute nouvelle querelle orientale.

    En résumé une baisse improbable et  importante des cours du brut mettrait en péril les investissements indispensables pour assurer le maintient des productions de pétrole brut  et la croissance des flux de produits raffinés et autres biocarburants. Ceci plongerait rapidement le monde dans la pénurie et se traduirait par une envolée des cours.

    Des prix soutenus du baril sont indispensables pour assurer le flux de production déterminé par la demande mondiale, de plus en plus asiatique. Durant la dernière décennie (FIG.II) le prix du baril de Brent est passé de 30$ en 2003 vers les 115$ en 2013. La permanence des équations physiques et géopolitiques, la progression des consommations asiatiques permettent de pronostiquer raisonnablement une multiplication par deux ou trois des cours, en dollar courant,  durant la décennie à venir.

    La disponibilité de produits pétroliers dans les décennies à venir reposera sur une lente croissance puis un maintient des flux. Ceci nécessitera un accroissement des cours qui permettra d’aller exploiter les ressources naturelles ou synthétiques les plus ingrates. Les acteurs économiques, consommateurs de produits pétroliers, devront s’adapter à cet accroissement des prix de la ressource…ou disparaître. Ce phénomène de sélection naturelle des acteurs économiques en fonction de leur résilience aux prix de l’énergie a déjà  commencé en 2008 lors de la flambée des cours du pétrole.

    Un abaissement provisoire des cours n’entraînerait que pénurie suivie immédiatement par un emballement des cours sous forme d’une nouvelle crise pétrolière mondiale.

    De telles considérations et l’ampleur des marchés du pétrole justifient l’utilisation de ces marchés comme couverture vis à vis de la baisse de certaines monnaies comme le dollar. Elles expliquent le grand nombre de transactions sur ces papiers, que ce soit à New York sur le Nymex (WTI), à Londres sur l’ICE (BRENT) ou à Dubaï (DME) le marché en vogue. La demande croissante de tels papiers participe aussi à l’évolution quadratique des cours du baril.

    Le 5 Septembre 2013

     

     

  • Offrez une niche rafraichissante à votre chien!

    Offrez une niche rafraichissante à votre chien!

    Imaginer les applications  qui consommeront de l’énergie électrique dans le monde doit faire partie des préoccupations de ceux qui essaient d’imaginer le futur de notre planète.

    L’éclairage urbain, la  mobilité, le dessalement de l’eau de mer, la production d’aluminium  par exemple sont des domaines qui vont appeler de plus en plus de puissance électrique et rendront ridicules les rêves régressifs de certains écolos, hantés par la finitude du monde.

    Mais d’autres applications insoupçonnables aujourd’hui viendront à-coup-sûr émarger à cette consommation d’énergie. Pour alimenter votre réflexion consultez dans Tech-on ce papier ventant les charmes d’une niche nippone à température régulée qui doivent éviter les coups de chaleur à votre chien (FIG.).

    Allez, viendra un jour où les lits d’enfants seront également rafraichis jour et nuit par effet Peltier.

    Le 7 Août 2013

  • La Grande-Bretagne à fond dans les gaz de schistes

    Qui a déclaré:  » Je veux que la Grande-Bretagne (la France) soit le leader de la révolution des gaz de schistes. Avec un potentiel de création de milliers d’emplois et de réduction de la facture énergétique de millions de personnes »?

    François de Tulle ou le chancelier britannique George Osborne qui vient de réduire par deux les taxes sur l’exploitation des gaz de schistes?

    Ne téléphonez-pas! Bien que la question soit stupide: George n’a jamais intégré l’ENA. Il a de toute évidence du mal à comprendre les règles « justes » d’une saine économie.

    LIRE sur RIGZONE

     

     

  • Des projections japonaises soulignent les besoins croissants d’énergie et de pétrole dans le monde d’ici à 2035

    Des projections japonaises soulignent les besoins croissants d’énergie et de pétrole dans le monde d’ici à 2035

    De nombreux organismes (l’AIE de l’OCDE, l’ EIA américaine) ou groupes pétroliers (Exxon Mobil, RDS, BP) publient régulièrement leurs propres projections de consommations d’énergies fossiles ou renouvelables dans le monde pour les décennies à venir. Il me parait cependant important de consulter aussi les prévisions dans ce domaine de l’IEEJ japonais qui apportent une vision asiatique à ces problèmes et qui nous permettent d’oublier, pour un temps, l’incompétence écolo-compatible de ministres socialistes de l’énergie français gaillardement limogés ou fraichement parachutés sur ce poste prestigieux.

    Ce qui ressort de ces études japonaises est tout d’abord une croissance continue de la demande énergétique dans le monde (FIG.I) estimée à 1,6% par an pour une croissance économique mondiale anticipée à 2,9% par an entre 2010 et 2035.

    Dans le mix énergétique, la part mondiale des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) en légère décroissance  passerait  de 88% en 2010 à 85% en 2020 et le pétrole conserverait sa place de leader au sein du trio.

    Bien entendu, ce sont les consommations asiatiques et celles du Moyen-Orient qui avec une croissance des consommations énergétiques de près de 2,5% par an qui règleraient la musique (FIG.II)

    De ces études japonaises, il ressort que les consommations de produits pétroliers vont poursuivre leur croissance jusqu’en 2035 au moins, (FIG.III), sur un rythme moyen de 1,23% par an et atteindre les 114 millions de barils par jour à cette date. Dans ces chiffres il est possible de retrouver sensiblement la progression annuelle actuelle des consommations de produits pétroliers qui est de l’ordre d’un million de barils par jour.

    Ces accroissements de consommations seront accompagnés d’une augmentation des prix du baril de pétrole brut, en particulier en raison d’une très forte demande asiatique en pétrole du moyen-orient. Il faut bien intégrer pour comprendre les fluctuations à long terme des cours du brut, cette dépendance croissante des approvisionnements des pays asiatiques (Chine, Japon, Corée, Inde et même Indonésie) vis à vis des monarchies pétrolières du Moyen-Orient qui elles-même, consomment de plus en plus de leurs propres ressources et s’intègrent en raffinage.

    En parallèle les consommations mondiales de gaz naturel progresseront de façon encore plus dynamique, de près de 2% par an.

    Une approche mondiale des besoins en énergie dans les décennies à venir montre que les ressources fossiles seront loin d’être marginalisées soit par épuisement de ces ressources soit par une hypothétique réduction de la demande. Au contraire, un accroissement de la demande énergétique asiatique, en particulier vers les ressources du Moyen-Orient, se traduira dans les décennies à venir par un accroissement de la demande mondiale et une tension sur les prix qui sont perceptibles dès aujourd’hui sur les marchés.

    Ceux, obnubilés par la croissance des productions de condensats de gaz américains, et je sais qu’il y en a,  qui espèrent encore une chute des prix du baril de pétrole risquent d’être déçus. Avant de jouer, malgré leur soi-disant expertise proclamée,  je leur conseille amicalement de lire cette étude japonaise de l’IEEJ.

    Le 7 Juillet 2013