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  • Si le Japon veut réduire sa puissance électronucléaire, il devra faire appel au gaz naturel

    Si le Japon veut réduire sa puissance électronucléaire, il devra faire appel au gaz naturel

     La génération d'électricité de base des pays sans ressources énergétiques locales comme la France ou le Japon, intégrant la contrainte d'émissions de CO2 limitées à l'avenir, ne peut reposer dans les prochaines décennies que sur deux ressources énergétiques: le nucléaire ou le gaz naturel.

     L'Institute of Energy Economics japonais (IEEJ) publie une étude portant sur divers scénarios d'évolution du mix énergétique de production des 1000 TWh d'énergie électrique nécessaires à son pays. Il a sélectionné trois hypothèses:

    1- un fort accroissement de la puissance électronucléaire à 67 GW d'ici à 2030,

    2- un maintien de cette puissance en croissance autour des 57 GW,

    3- une réduction importante vers les 22 GW.

      Japon-électricité-2050b

      Il apparaît, dans l'hypothèse d'un objectif maintenu des réductions des émissions de CO2, que la seule alternative au nucléaire pour ce pays repose (FIG. colonne de droite) sur un abandon en simultané des centrales au charbon et le remplacement de toutes les centrales arrêtées (nucléaires ou au charbon) par des centrales au gaz naturel à cycles combinés équipées ou non de capture de CO2 (CCS).

    Avec un tel scénario le Japon poursuivrait la réduction de ses émissions de CO2 (FIG.II), mais ce ne serait pas gratuit pour le consommateur.

    Japon-électricité-CO2-2050

    Remarque: contrairement à l'Allemagne le Japon n'envisage pas un abandon du nucléaire, pour comprendre cette différence il faut toujours avoir en tête les productions diaboliques de lignite allemandes qui permettent de générer de l'électricité prioritaire en Europe à moindres coûts…et qu'importent les émissions emportées par le vent.

    LIRE le papier de l'IEEJ sur ce sujet.

    Le 29 Juillet 2011

  • La métallurgie des terres-rares ou le mistigri radioactif écologique

    La métallurgie des terres-rares ou le mistigri radioactif écologique

     Les terres-rares sont des métaux écologiques à la base de nombreuses activités qui sont tombées par hasard dans la catégorie des green-business puisqu'elles participent à la réalisation de puissants aimants permanents pour les générateurs d'éoliennes ou les véhicules électriques mais aussi à la confection d'électrodes de batteries Ni-MH pour véhicules hybrides. Elles sont indispensables dans certains matériaux ("phosphor") mis en œuvre dans les diodes électroluminescentes et dans certains verres aux propriétés optiques remarquables (ex. fibres optiques).

     Ces terres-rares ou lanthanides sont globalement abondantes sur terre mais pour des raisons de prix de revient et des raisons environnementales, c'est la Chine qui possède un quasi-monopôle mondial de ces produits qu'elle commercialise maintenant à prix fort et avec parcimonie.

     Dans tout gisement de terres-rares, pour des raisons probablement liées à la fission des actinides originels, il existe un mistigri: la présence d'éléments radioactifs comme l'Uranium ou le Thorium encore là en raison de leurs demi-vies de plusieurs milliards d'années. Une métallurgie "propre" des terres-rares devrait impérativement tenir compte de ce paramètre.

    Lynas-malaisie

    L'Australien Lynas qui veut exploiter un des gisements de son pays les plus riches du monde en terres-rares, celui du Mount Weld, aurait pu imaginer mettre en place une métallurgie propre des terres rares et autres éléments radioactifs dans son pays. Mais la pression écologique locale devant être trop forte, après avoir imaginé faire traiter le minerai en Chine (mais dont les Autorités voulaient en faire un produit chinois), s'est finalement dirigé vers la Malaisie, à côté du port de Kuantan situé sur la Mer de Chine à 300 km au Nord de Singapour, pour y installer une unité de valorisation du minerai.

     Mais voila, les terres-rares frappées d'un Sortilège Malais datant des précédentes décennies et d'une expérience malheureuse conduite par Mitsubishi dans ce domaine, se heurtent à l'opposition vive des mouvements écologiques locaux et à l'opposition au Pouvoir en place. Un audit des installations de Lynas Malaisie réalisé par l'AIEA cette année vient de préconiser la mise en place de meilleures condition de stockage des déchets. Les travaux de mise en conformité affirme Lynas seront réalisés avant la fin de l'année.

     Pour l'Asia Sentinel qui rapporte ces évènements, le démarrage des opérations est surtout dépendant des futures élections qui devraient se dérouler vers la fin 2011 ou le début 2012.

      Cette conviction semble être partagée par le vertueux "écolo" germanique Siemens qui n'a pas hésité à signer avec le Diable Lynas pour créer une JV 55/45 qui exploitera "du minerai à l'aimant" la filière Néodyme (et sûrement du rare Dysprosium) de l'activité. Disposer de terres-rares pour ses moteurs et ses éoliennes vaut bien une compromission de plus…surtout si le conflit écologique se situe très loin des länder allemands.

    LIRE le papier de l'Asia Sentinel et celui annonçant la création d'une JV par Siemens.

    Le 25 Juiller 2011

  • La guerre du 18650 concrétise les progrès techniques japonais dans les batteries Li-Ion

    La guerre du 18650 concrétise les progrès techniques japonais dans les batteries Li-Ion

      L'industrie japonaise des composants pour produits grand-publics ou professionnels que sont les batteries de quelques Watts ou dizaines de Watts applique depuis des décennies toujours la même recette pour conserver son leadership mondial sur le segment haut de gamme aux prix rémunérateurs: le progrès technologique. Cette lutte fratricide entre les grands industriels du secteur (Panasonic-Sanyo, Sony, Toshiba, etc.) a créé dans les faits un formidable cluster japonais des batteries au travers d'un vaste réseau de sous-traitants, où se réalise l'essentiel des progrès dans les divers ingrédients ou composants qui entrent dans ces produits.

    Sony-Nexelion  L'annonce de Sony d'un nouvel accumulateur 18650 de la famille Nexelion de 3,5 Ah de capacité illustre ce propos. D'après le Nikkei, toujours bien informé, ce produit largement amélioré par rapport à la première génération sortie en 2005 sur un produit 4/5AA pour camcorder, intègre les innovations suivantes:

    – une électrode négative à base d'étain, cobalt, carbone de très forte capacité volumique mais dimensionnellement stable en cyclage malgré la "respiration" de l'étain lors de l'insertion d'atomes de lithium en son sein,

    -une électrode positive à base de LiCoO2 revêtue d'un coating en surface pour pouvoir charger l'ensemble à 4,3V au lieu de 4,2V classiquement. Cette accroissement de la tension de charge améliore le rendement massique de la matière électroactive d'au moins 10%.

    -un séparateur céramique-polyoléfine microporeux qui assure une meilleure sécurité en cas d'échauffement intempestif de l'accumulateur.

    L'assemblage par spiralage de ces composants complexes conduit à un produit très dense (d= 3,2) présentant une énergie volumique de 723 Wh/litre affirme le constructeur.

    Il est intéressant de comparer ces performances à celles pronostiquées en Décembre 2009 par Panasonic pour ses futurs éléments 18650 à base de LiNiO2 et d'anodes au Carbone puis au Silicium (TAB.).

    Panasonic-Sony-18650

     Le produit Nexelion a une année d'avance sur le produit Panasonic annoncé pour 2012. Il faut donc s'attendre à une accélération de la part de Panasonic dans le développement et l'industrialisation de son futur produit de 4 Ah à anode de Silicium initialement prévu pour 2013.

    LIRE l'annonce du Nikkei sur le 18650 Nexelion.

    Le 21 Juillet 2011

     

  • EPRI: les faibles coûts du charbon et du gaz américains assurent un coût du MWh électrique, chargé des émissions, à moins de cent dollars

    EPRI: les faibles coûts du charbon et du gaz américains assurent un coût du MWh électrique, chargé des émissions, à moins de cent dollars

    Très intéressante et rigoureuse étude de l'EPRI sur le coût annuel moyen sur toute la durée de vie d'une installation (Levelized Cost of Electricity ou LCOE) d'un MWh électrique aux États-Unis dans diverses conditions de génération allant de la combustion de charbon pulvérisé aux solutions solaires photovoltaïques ou thermiques.

    Il ressort essentiellement de cette étude qui prend en compte les coûts très faibles du charbon (<2$/MMBTU ou 50$/tonne métrique) et du gaz naturel (entre 4 et 8$/MMBTU) américains un avantage compétitif inégalé des centrales à flamme par rapport aux solutions alternatives, même avec une charge sur le CO2 émis allant jusqu'à 50$/tonne (FIG.). Les coûts moyens restent dans toutes les hypothèses inférieurs à 100 dollars 2010 par MWh et revient même à 70$ pour les coûts du gaz naturel les plus bas. Seul l'éolien terrestre avec des taux de charge exceptionnels dans certaines contrées des Rocheuses, entre 28% et 40%, arrive péniblement à être compétitif avec une charge de CO2 à 50$/tonne et un gaz naturel à 8$/MMBTU.

    FIG. Coût moyen du MWh en dollars en fonction de la charge sur le CO2 émis en dollars la tonne

    EPRI2011-Electricité

     Le prix de revient de l'électricité américaine dans un contexte mondial d'énergie de plus en plus chère, est pour ce pays un avantage compétitif évident et un des moteurs de son dynamisme à long terme.

     Dans le cas d'installations équipées de captage de CO2, les hypothèses de l'EPRI ne prennent pas en compte une éventuelle revente de ce gaz pour récupérer le pétrole de puits en voie d'épuisement ou pour alimenter l'industrie chimique. Au contraire elle charge le transport et la séquestration à 10$/tonne de CO2. La valorisation de cette ressource est pourtant la clé d'un développement significatif de ces technologies onéreuses et énergivores de captage. Une tonne de CO2 qui permettra de récupérer en moyenne 1,5 baril de pétrole hors de prix se vendra bien un jour autour des 50 dollars…c'est une évidence.

    CONSULTER la présentation de l'EPRI.

    Le 20 Juillet 2011

  • Stockage d’énergie: la prévision est un art qui demande de fréquentes et cruelles  mises à jour

    Stockage d’énergie: la prévision est un art qui demande de fréquentes et cruelles mises à jour

     Les récents évènements post-Fukushima, la vogue à géométrie variable pour les énergies renouvelables intermittentes, la demande croissante en énergie électrique provenant d'immenses zones urbaines de plus en plus peuplées et accédant au confort moderne, la demande croissante d'aluminium, le développement rapide des unités de dessalement d'eau de mer, l'arrivée des véhicules électriques, l'opposition des populations européennes à la mise en place de nouvelles lignes électriques aériennes, la lourdeur des investissements à réaliser aux États-Unis…tous ces facteurs concourent à penser que de nombreux réseaux électriques dans le monde vont être de plus en plus surchargés et les puissances de génération disponibles de plus en plus sollicitées avec un accroissement prévisible des délestages intempestifs plus ou moins programmés. Le Japon souffre d'un manque de puissance électrique, l'Europe de l'Ouest risque sérieusement de connaître la pénurie cet hiver s'il s'avère être rude, les réseaux américains souffrent d'instabilité chronique tant les achemineurs de puissance électrique ont modéré leurs investissements avec la crise. Il ressort de tout cela une certitude: le marché du stockage d'énergie électrique qu'il soit centralisé dans de larges unités ou délocalisé dans des UPS (Uninterruptible Power Supply) domestiques va connaître une superbe croissance.

    C'est un immense marché très diversifié qui va du pompage hydraulique en montagne au petit UPS de secours d'un ordinateur en passant par le secours électrique dans les hôpitaux où dans le balisage public pour prévenir l'asphyxie régulière des centres urbains. Réaliser des prévisions sur tout ces marchés complexes relève beaucoup de l'exercice divinatoire. Pike Research s'adonne annuellement à cet exercice périlleux. Il prévoit le Chiffre d'Affaire cumulé sur les 10 ans à venir par les industriels concernés. Il est intéressant à un an seulement d'intervalle de mettre en évidence les voltes-faces opérées par ce consultant (FIG.) et de relativiser ainsi ce qui peut être raconté sur le sujet.

    Stockage Pike Research
     La prévision 2010 (graphique du bas) prévoyait une immense et inattendue progression du stockage par compression d'air (CAES) c'était apparemment une bêtise puisqu'elle passe de plus de 20 milliards de dollars en 2010 à quelque chose autour des deux milliards en 2011. L'autre grand changement provient du rôle des batteries Sodium-Soufre qui était complètement sous-estimé en 2010 et qui apparaît fort logiquement de façon significative en 2011. L'ensemble du business affirme Pike devrait dépasser les 22 milliards de dollars alors qu'il annonçait 35 milliards un an plus tôt.

    UPS Toshiba  Je n'attache que bien peu de crédibilité aux prévisions sur les stockages de solutions (Advanced Flow Batteries) qui utilisent la plupart des métaux de transition onéreux. Par contre le développement des batteries au Lithium pour de courtes autonomies ou dans les ensembles domestiques seront beaucoup plus importantes que prévu.

      Citons par exemple l'annonce récente de Toshiba qui présente une UPS de 1,6 kWh pour usage commercial (FIG.), capable de fournir en heures de pointes 400W pendant trois heures grâce à une batterie d'accumulateurs de type SCiB de 20 Ah, 80V (16 éléments). Toshiba annonce une durée de vie de 4000 cycles, soient dix ans de durée de vie à raison d'un cycle par jour. La pénurie d'électricité au Japon va favoriser l'émergence et la démocratisation de nombreux dispositifs de stockage décentralisés de ce genre.

    Consulter l'annonce de l'étude de Pike Research et celle relative au nouvel UPS de Toshiba.

    Le 19 JUiillet 2011

     

  • Sony annonce vouloir proposer une batterie Li-Ion polymère pour véhicules électriques

    Sony annonce vouloir proposer une batterie Li-Ion polymère pour véhicules électriques

    Sony-polymère   Inventeur de la première batterie Li-Ion commerciale en 1991, il ya donc seulement 20 ans, Sony annonce qu'il est en contact avec un certain nombre de constructeurs automobiles, en particulier européens (allemands?), pour leur proposer de développer et industrialiser une batterie de type Li-Ion polymère ("laminated") pour véhicules électriques et autres hybrides rechargeables. Sony est un des industriels à la base de cette technologie en poche plastic-aluminium co-laminés et à électrolyte gélifié dont il a démarré le développement en 1996 et produit les premiers échantillons en 1999 grâce à une équipe de quelques dizaines de personnes dirigées par l'excellent Kiyokasu Oiyama.

     Jusqu'à ces derniers mois les batteries de Sony n'étaient essentiellement que des accessoires d'équipements électroniques grand public. Il semblerait que face aux enjeux et à la taille potentielle d'un marché de la traction électrique embarquée ou électromobilité, la stratégie de l'industriel nippon dans les batteries soit en cours d'une profonde évolution. En effet le japonais voudrait pouvoir commercialiser lui aussi ces batteries de fortes énergies vers le milieu de la décennie.

     Sony base son argumentaire Marketing sur le développement de produits de très longue durée de vie en cyclage et donc à faible "lifetime cost". En effet le risque majeur de la technologie électrique ne réside pas, à mon avis, différent de celui d'Armand, dans les risques relatifs à la sécurité des batteries mais beaucoup plus dans leur durée d'usage. Une batterie qu'il faudrait changer après quelques dizaines de milliers de kilomètres mettrait en péril le renom et la viabilité économique du concept EV. C'est malheureusement ce qui risque d'arriver pour certains constructeurs aux hiérarchies tyranniques, disposant de technologies polymères développées à la hâte et mal maîtrisées.

    LIRE un papier du Nikkei sur le sujet.

    LIRE un intéressant papier d'Oiyama sur l'histoire du développement de la technologie polymère chez Sony.

    Le 17 Juillet 2011

     

  • La forte croissance du dessalement des eaux de mer va participer à la consommation mondiale d’électricité

    La forte croissance du dessalement des eaux de mer va participer à la consommation mondiale d’électricité

     L'électricité est la forme élaborée d'énergie qui va s'imposer au cours d'un XXIème siècle de plus en plus urbanisé, dépendant de systèmes à fort rendements énergétiques comme les pompes à chaleur et asservi aux énergies renouvelables intermittentes. Dans les transports, les trains à grande vitesse se substitueront aux avions et autres ferries, les véhicules à traction électrique, le développement de l'industrie de l'Aluminium (métal léger et donc écologique, malheureusement de moins en moins produit dans une Europe qui n'a rien compris au match qui se joue) seront des évolutions qui vont accentuer encore et encore les consommations d'électricité. Mais je voudrais évoquer ici, pour agrémenter le tableau, une application encore marginale mais en très forte croissance qui participera de plus en plus à cet engouement pour l'énergie électrique: le dessalement de l'eau de mer et autres eaux saumâtres.

    Dessalement

     Le Fraunhofer estime qu'en 2011 la demande mondiale d'eau va s'élever à 4400 milliards de m3 et que le potentiel de dessalement des eaux de mers et autres eaux saumâtres installé dans le monde va atteindre en 2011 les 77 millions de m3 par jour soit un flux de production potentielle en fin d'année autour des 28 milliards de m3 par an. Important au Moyen-Orient, aux États-Unis, en Espagne, le dessalement des eaux est donc encore tout à fait marginal dans l'approvisionnement global mais sa croissance annuelle dépasse les 10%. Il faut donc prévoir un doublement des capacités installées environ d'ici à 6 ans. Dans ce cadre le Fraunhofer pronostique une capacité de dessalement autour des 130 millions de m3 par jour dès 2016 (48 milliards de m3 par an). Ceci correspondra alors à 1% environ de l'approvisionnement en eau des populations mondiales.

    Siemens electrodialyse  L'autre paramètre à prendre en compte est la nouvelle suprématie des techniques électriques de séparation sur les technologies thermiques classiques reposant sur l'évaporation et la condensation de l'eau. L'osmose inverse utilisant la compression de l'eau au travers d'une membrane est le procédé industriel le plus répandu aujourd'hui et les industriels comme Siemens (FIG.) travaillent activement sur l'électrodialyse qui repose sur la migration des ions au travers de membranes lors du passage du courant dans l'électrolyte naturel que constitue l'eau salée. Ces technologies "électriques" représentaient 64% de l'ensemble des unités installées en 2008, elles en représenteront 68% à fin 2011 et autour de 79% en 2016.

     L'intérêt des techniques électriques réside dans le fait qu'elles évitent la combustion de fuel lourds ou de gaz au sein de gigantesques installations en charge d'évaporer et de condenser de l'eau. De plus les progrès réalisés dans les membranes sélectives abaissent de plus en plus l'énergie nécessaire à l'extraction des ions (Voir la remarque en fin de papier). Alors que l'osmose inverse consomme selon Siemens entre 3,4 et 4,8 kWh d'électricité par m3, l'électrodialyse devrait permettre de diviser par deux ces consommations d'énergie.

    Compte tenu de ces hypothèses:

    -de croissance forte du potentiel de dessalement de l'eau dans les années à venir,

    – de la suprématie des techniques électriques: osmose inverse et électrodialyse,

    – de la baisse continue des consommations d'énergie vers 2kWh par m3 d'eau

    il apparaît que la consommation d'électricité dans le dessalement va poursuivre sa croissance et passer d'une consommation annuelle autour des 60 TWh en 2008 à une énergie autour des 170 TWh en 2020 (FIG.). Par la suite chaque milliard de m3 d'eau consommée de plus, demandera dans les deux TWh d'électricité pour le produire. Il faut ramener ces consommations aux trente mille TWh d'électricité qui seront environ produits annuellement en 2020 dans le monde.

    Remarque: Siemens après des tests conduits sur un pilote de dessalement de 50 m3/jour depuis Décembre 2010, annonce vouloir installer une unité pilote industrielle d'électrodialyse en 2013 à Singapour. Cette unité sera équipée de trois unités d'électrodialyse en série permettant de traiter des eaux très salées et de trois unités d'électrodéionisation en parallèles.

    électrodialyse  Pour enlever par électrodialyse les sels contenus dans une eau de mer à 35 grammes de sels par litre il faut faire passer avec un rendement supposé de 100% et en tenant compte des concentrations et des charges des divers ions une quantité d'électricité autour de 0,6 Faraday soient 16,1 Ah. Pour estimer l'énergie nécessaire à cette opération de désolvatation des ions et de transfert au travers de membranes il faut connaître la tension Delta V, pour une densité de courant donnée, entre les deux compartiments riches en sel encadrant une des paires de membranes d'un réacteur. Pour un Delta V autour des 100 mV l'énergie de désolvatation et de transfert des ions est de 16,1 x 0.10 = 1,6 Wh par litre. Il faudra pour le bilan complet tenir compte la tension d'électrolyse aux deux extrémités du réacteur ramené au nombre N de paires de membranes. Par exemple pour n=50 et une tension totale de 7 Volts la tension moyenne par cellule est de 7/50 = 140 mV. Dans ce cas pour un rendement supposé à 100% l'énergie nécessaire sera de 16,1 x 0.14 = 2,3 Wh/litre. On le voit, la qualité des membranes et la pureté de l'eau floculée et ultra-filtrée permettant d'éviter le "fouling" des membranes entrant dans la cellule sont les points clés d'une électrodialyse économe en énergie.

    LIRE le communiqué de Siemens sur le sujet.

    CONSULTER une présentation récente du Fraunhofer sur le dessalement.

    Le 15 Juillet 2011

     

     

  • BHP-Billiton: une poignée de milliards de dollars pour des gaz de schistes

    BHP-Billiton: une poignée de milliards de dollars pour des gaz de schistes

    Les gaz de schistes nous explique un docte journaliste du New York Times, journal qui s’illustre par des papiers d’une objectivité parfois douteuse, ne seraient qu’un énorme bluff…du vent. Ceci ne semble pas être tout à fait l’avis de certains grands groupes de l’énergie comme BHP-Billiton qui après avoir acheté au mois de Mars dernier à Chesapeake pour 4.75 milliards de dollars, un accès aux gaz de schistes du gisement de Fayetteville dans l’Arkansas, vient de faire rebelote en mettant au pot 12,1 milliards pour s’offrir un jeune premier doué du secteur, Petrohawk, qui possède un million d’acres (400 mille ha) de concessions dans l’Arkansas (Heynesville Shale) et surtout dans le sud du Texas (Eagle Ford area).

    Ces achats importants qui succèdent à ceux d’Exxon qui a absorbé XTO pour près de 35 mrds$, et aux diverses emplettes de quelques milliards de dollars de BP, Statoil et Total pour des participations dans les gaz de schistes américains de Chesapeake, montrent combien stratégiquement les grands Groupes de l’énergie veulent être associés à la montée en puissance du gaz naturel dans le mix énergétique américain.

    Gaz-US

    En raison de cours du gaz naturel actuellement très bas aux États-Unis (FIG.) entre 4 et 5$ le MMBTU alors qu’ils sont 2,5 fois plus élevés en Europe, ces opérations ne semblent pas aujourd’hui dégager de larges profits. Cependant, il ne faut d’une part pas négliger la ressource financière que constituent les liquides associés à ces gaz et il est opportun d’autre part de prendre en compte sur le moyen-terme l’inexorable montée des cours de l’énergie. Rien n’affirme que les cours du gaz naturel US vont continuer à se traîner sous les 5 dollars le MMBTU alors que les cours du pétrole vont se valoriser.

    Remarque: les prix avaient frisé les 14 dollars à l’été 2008 alors que l’Amérique n’a jamais manqué d’un seul BTU de gaz…il est tout de même des moments où les Marchés ne traduisent plus du-tout les « fondamentaux ». Le retour de bâton qui s’en suivit le démontre.

    Remarque: Total qui vend du gaz naturel un peu partout dans le monde annonce un prix moyen de ses ventes au cours du T2 de 6,60 $/MMBTU contre 6,19 $ au trimestre précédent et 4,82 $/MMBTU il y a un an. Il y a là une tendance nette à la hausse des prix de cette ressource.

    LIRE le papier de Bloomberg sur ce thème.

    Le 15 Juillet 2011

  • Japon: recherches pour rendre opérationnels des aimants SmFeN de hautes performances

    Japon: recherches pour rendre opérationnels des aimants SmFeN de hautes performances

      Aimant permanent SmFeN Le Japon veut absolument dénouer sa dépendance vis à vis des terres-rares chinoises les plus convoitées. Parmi celles-ci figure le Dysprosium utilisé dans les aimants Néodyme Fer Bore pour améliorer leurs performances. Ce métal est le talon d’Achille de cette technologie, unique solution à ce jour pour réaliser les aimants de hautes performances nécessaires aux moteurs de véhicules électriques ou aux génératrices d'éoliennes. La Chine est pratiquement aujourd'hui le seul producteur de Dysprosium dans le monde et elle l'exporte avec parcimonie.

     Le Japon dispose des trois types d'actions classiques pour résoudre un problème de disponibilité de cette ressource stratégique:

    – trouver d'autres approvisionnements autres que chinois, il s'y emploie activement;

    – recycler les aimants permanents pour récupérer les terres-rares, les procédés existent mais la ressource est rare;

    -trouver des produits de substitution.

     C'est sur ce troisième type d'action radical que travaille l'AIST japonais en essayant de définir les conditions de frittage à basse température de la poudre de Sm2Fe17N3 produite par Daido Steel. En effet au dessus d'une température de frittage de 500°C la poudre perd ses propriétés d'aimantation.

     Pour résoudre ce problème de diffusion des couches de surfaces des grains qui assurent le frittage, l'AIST semble avoir résolu le problème en appliquant à la fois de très fortes pressions et des courants pulsés qui échauffent la matière à l'interface de contact entre grains, sans dégrader les propriétés d'aimantation à cœur. Cette technologie de frittage flash qui porte les grains vers les 400°C seulement, permet de rapprocher les performances des aimants ainsi obtenus de celles des produits standards les plus performants du moment (FIG., deux aimants de 15mm de diamètres et de 6 mm d'épaisseur soulèvent 30 billes d'acier de 4g).

    LIRE un papier du Nikkei sur le sujet.

    Le 13 Juillet 2011

  • Japon: des centaines de kWh de batteries en conteneur mobile

    Japon: des centaines de kWh de batteries en conteneur mobile

    MHI-batterie conteneur  Un exemple de stockage local d'énergie électrique: le conteneur mobile imaginé par Misubishi Heavy Industries (MHI). Il est constitué d'un onduleur et de plus de 2000 accumulateurs Li-Ion de plus de 50Ah assemblés en batteries. Ceci représente une énergie globale de 408 kWh avec un rendement charge-décharge global de 90%.

    Cet ensemble est défini pour être installé rapidement dans des zones de travaux ou lors de difficultés rencontrées sur le réseau électrique. Un prototype va être testé en simulant diverses configurations de réseau.

    Remarque: sur la base d'une énergie massique autour des 140 Wh/kg on peut estimer la masse de batterie installée vers les 3 tonnes.

    LIRE le communiqué de MHI sur ce sujet.