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  • Les récoltes de céréales dans le monde défient les prévisions malthusiennes en vogue

    Les récoltes de céréales dans le monde défient les prévisions malthusiennes en vogue

     Qu'il se dise de grosses bêtises sur les ressources énergétiques de notre planète peut paraître compréhensible, compte tenu de l'incapacité de l'imagination des hommes à quantifier la formidable accumulation de ressources fossiles dans les profondeurs du sol sous les formes les plus diverses durant les 500 millions d'années de vie qui nous ont précédé. Il est beaucoup plus choquant d'entendre proférer, de-ci de-là, de formidables contre-vérités sur la soi-disant inaptitude des paysans du monde à nourrir à l'avenir les populations dans des conditions au moins identiques et sinon meilleures qu'elles ne le sont aujourd'hui, en quantité et en qualité. La croissance des populations sur Terre ne date pas d'hier et elle a même tendance à se réduire.

    Céréales FAOb 

     Je voudrais ici prendre un exemple simple: les productions de céréales dans le monde. Les céréales servent à la fois à nourrir les hommes, les animaux domestiques et d'élevages mais aussi à produire divers produits chimiques, des boissons alcoolisées et des biocarburants. Leur production constitue donc un des grands paramètres déterminants de l'avenir de notre civilisation mondialisée.

     Entre 1965 et 2009 la FAO nous enseigne que les récoltes annuelles de céréales dans le monde ont été multipliées par 2,5 pour atteindre 2,5 milliards de tonnes (FIG., courbe rouge) alors que la population mondiale a été multipliée par 2,05 durant la même période. La progression des récoltes de céréales durant ces 45 années a dépassé la croissance de la population, même après avoir défalqué les 81 000 tonnes nettes de maïs américain utilisé à produire du bioéthanol.

     Ces récoltes sont le produit des surfaces de terres emblavées et récoltées par les rendements de céréales à l'hectare. Les données de la FAO montrent que les rendements des récoltes mondiales de céréales (FIG., courbe verte) sont passées de 1,5 tonnes à l'hectare en 1965 à plus de 3,5 tonnes à l'hectare en 2009. Affichant une croissance moyenne linéaire de 44 kg/hectare/an, cette progression des rendements, multipliés par 2,38 durant la période, est la raison principale de l'accroissement des récoltes. Les connaissances cumulées du monde paysan, la mise à disposition de nouvelles semences plus adaptées aux conditions locales sont les deux principaux moteurs de la progression des récoltes.

     Ces rendements moyens mondiaux sont à rapprocher de ceux des États-Unis ou à ceux de la France qui vers les 3 tonnes à l'hectare en 1965 et vers les 7,3 tonnes à l'hectare en 2009 sont toujours deux fois supérieurs à ceux de la moyenne mondiale. Cela signifie qu'il reste toujours une formidable marge de progression sur ce paramètre déterminant.

     Les surfaces cultivées ont peu varié durant la période, entre 6,6 millions de km2 au plus bas en 2002 et 7,1 millions de km2 au plus haut en 2008. Mais ceci ne signifie pas qu'elles ne pourront pas continuer à croître à l'avenir en raison d'immenses surfaces encore disponibles (Amérique du Sud, Afrique et Asie) et de l'excellente rentabilité retrouvée des cultures.

     Cette expérience passée récente, l'existence de cours des céréales très attrayants, la demande de matières premières pour les biocarburants assurant aux paysans des débouchés sans risques à prix déterminés pour la totalité de la plante, les progrès attendus dans les semences hybrides adaptées, la vogue des investissements bien souvent injustement décriés dans les exploitations agricoles (accaparement, land use change), …tout milite pour que cette croissance des récoltes se poursuive et accompagne la croissance des populations dans les années à venir. Koffi Anan s'insurge devant les investissements étrangers dans l'agriculture des pays africains, mais c'est sûrement grâce à eux que les récoltes mondiales vont poursuivre leur croissance et dépasser les 70% attendus d'ici à 2050. Aux dirigeants africains d'élaborer des règles de répartition acceptables par tous et non entachées de pots de vin.

    LIRE le résumé des déclarations de Kofi Anan à l'ouverture de la Conférence de la FAO sur le sujet.

    Remarque: je persiste à croire qu'il n'est pas dans les attributions de la FAO de prédire une augmentation des cours des produits agricoles au cours des dix prochaines années, pour une raison simple…c'est que l'auteur de ces déclarations n'en sait rien, mais que ses déclarations alimentent à cours terme la spéculation.

    Le 26 Juin 2011

     

  • Charmes et possibles limites d’un avion à motorisation hybride

    Charmes et possibles limites d’un avion à motorisation hybride

    Avion hybride  Un aéroplane équipé d'un moteur à essence de type Wankel de chez Austro Engine qui active un générateur de courant à vitesse et puissance constante (30 kW), un système batterie en tampon de chez EADS qui est en charge de fournir les appels de puissance électrique au décollage et à l’atterrissage, un moteur électrique principal de 70 kW de Siemens actionnant l'hélice tel est en grandes lignes le petit avion biplace de chez Diamond Aircraft présenté au Bourget. C'est une version aéro-écolo avec une réduction annoncée des consommations de carburants de 25% environ, un peu plus réaliste que la libellule suisse électrique recouverte de modules photovoltaïques et remplie de batteries dont on peut tout au plus imaginer un dérivé commercial assurant la publicité estivale locale le long des plages atlantiques.

     Peut-on imaginer une version commerciale plus puissante de cet hybride plus crédible? Équipement ou les batteries jouent un rôle majeur dans les phases les plus critiques de décollage et d'atterrissage. C'est l'ensemble batterie, par sa masse et son coût, qui déterminera la faisabilité technique et économique d'un tel concept. Une version bimoteur dans laquelle deux fois 100 kW au moins devraient être fournis pendant une demi-heure, sans alimentation principale, conduit à une grosse batterie de 100 kWh embarquée qui sur la base d'une énergie spécifique de 140 Wh/kg, conduirait à un ensemble batterie de 700 kg. C'est peut-être encore un peu trop lourd et un peu trop cher en comparaison au prix actuel du kérosène…mais les progrès dans le domaine des batteries et dans les prix des carburants pourront-ils peut-être un jour conduire au break-even?

     Pour les lecteurs angoissés qui prédisent la fin du kérosène et des haricots d'ici à deux ou trois décennies, je voudrais leur rappeler qu'on fera, si nécessaire, du kérosène avec du gaz, du charbon, du bois, du sucre, de l'huile et même avec du pétrole conventionnel ou associé aux gaz de schistes diaboliques durant encore plusieurs siècles.

    LIRE le communiqué conjoint des trois partenaires qui ont travaillé sur ce projet.

    Le 25 Juin 2011

  • Bras de fer entre Chine et Europe sur les contraintes portant sur les émissions de CO2 des avions chinois

    Bras de fer entre Chine et Europe sur les contraintes portant sur les émissions de CO2 des avions chinois

      A-380 La Chine annonce avoir bloqué une commande émanant d'une compagnie de Hong-Kong de 10 super jumbos Airbus. Elle s'élève à 3,8 milliards de dollars. La raison de ce geste courroucé: la non acceptation par la Chine de se plier à la volonté européenne de faire entrer les émissions de CO2 des avions des compagnies aériennes étrangères dans la règlementation des ETS (emissions trading scheme) à partir du début 2012. Ce premier geste de réaction chinois pourrait être suivi par d'autres mesures du même genre. Le patron d'Airbus, Thomas Enders, avait déjà attiré l'attention de la Commission et de la responsable de l'environnement Connie Hedegaard au début de ce mois sur le caractère irréaliste d'une telle législation ("madness"). Ses craintes étaient apparemment justifiées.

     Cet incident et les protestations américaines déjà exprimées pour les mêmes motivations montrent combien les angoisses climatiques européennes ne sont que bien peu partagées par de nombreux pays dans le monde et en particulier par ceux qui émettent le plus de GHG.

    Il va falloir atterrir…ou déclarer la guerre à la Chine!

    ACCEDER via Google aux infos parues sur le blog du Financial Times avec les titres des papiers:

    China blocks billion-dollar Airbus order

    Airbus chief warns on emissions policy

    Le 24 Juin 2011

  • Démarrage d’une unité de captage de CO2 à la sortie d’une centrale au charbon en Alabama

    Démarrage d’une unité de captage de CO2 à la sortie d’une centrale au charbon en Alabama

     Mitsubishi Heavy Industries (MHI) annonce qu'il vient de démarrer une unité de captage de CO2 dans une centrale au charbon de 25 MW en Alabama. Les travaux commencés il ya deux ans de cela en Mai 2009. Cette unité de 500 tonnes de CO2 par jour est capable de capter 90% des émissions de la centrale.

     Malgré sa taille modeste cette unité permet de démontrer la maîtrise du procédé de capture du CO2 à la sortie d'une centrale au charbon. MHI affirme dans ce registre avoir en commande 10 unités de capture de CO2 à la sortie de centrales au gaz naturel dont huit d'entre elles sont déjà en production. 

     L'industriel japonais fort de son expérience acquise dans les usines de production d'urée se positionne comme un des leaders mondiaux dans le captage industriel du CO2. Alstom possède également une solide base technique dans le domaine mais n'annonce des unités industrielles que vers 2015.

    Centrale-charbon-gaz

     Rappelons que les émissions de CO2 des centrales au charbon dépendent du rendement de la centrale et de la nature du charbon utilisé (FIG.). Une centrale avec un rendement de 40% et utilisant un charbon à 4% d'hydrogène émet autour de 0,86 tonne de CO2 par MWh. Pour une centrale de 25 MW les émissions par jour sont donc de 0,86 x 25 x 24 = 516 Tonnes de CO2.

     Dans une centrale au gaz à cycle combiné de 60% de rendement les émissions de CO2 dues à la combustion du gaz ne seront que de 0,33 tonne de CO2 par MWh, auquel il faut rajouter le CO2 initialement contenu dans le gaz naturel s'il n'est pas lui même capté. Ces simples considérations montrent qu'il reviendra moins cher au MWh produit de décarboner les gaz d'une centrale au gaz que ceux d'une centrale au charbon. Une unité de captage de 500 tonnes de CO2 par jour peut équiper une centrale au gaz de 65 MW.

     Dans tous les cas de figures le coût du captage du CO2 ne sera économiquement acceptable que si le CO2 est revendu au travers d'un vaste réseau de pipelines pour aider à la récupération améliorée du pétrole dans les puits en fin d'exploitation. Ce sera le cas dans le sud des États-Unis.

    LIRE le communiqué de MHI sur le sujet.

    Le 22 JUin 2011

  • L’USDA prévoit une campagne record pour l’offre et la demande de maïs dans le monde

    L’USDA prévoit une campagne record pour l’offre et la demande de maïs dans le monde

     S'il existe une demande soutenue pour une matière agricole donnée, l'histoire nous apprend que les prix, s'ils sont librement établis, ont tendance à monter incitant les paysans à favoriser cette culture pour améliorer leurs revenus. L'offre par une progression monotone des rendements et une modulation ou un accroissement des surfaces plantées s'adapte ainsi à la demande.

    Récoltes maïs et blé

     Un exemple simple consiste à comparer les récoltes mondiales depuis 50 ans de blé et de maïs. Sensiblement identiques entre 1960 et 2000 où elles avaient l'une et l'autre triplé durant la période, le monde a vu durant les années 2000 les récoltes de maïs s'accroitre plus rapidement que celles observées durant les décennies précédentes. Ce phénomène s'est déroulé en particulier aux États-Unis, tiré par la demande des distilleries de biocarburants qui vont utiliser en 2011 dans les 120 millions de tonnes de maïs (4,8 milliards de boisseaux) mais restitueront au marché des nourritures animales, sous forme de protéines humides ou sèches, pour près d'un tiers de ce maïs utilisé (DDGs). Les prévisions de l'USDA américaine pour la campagne 2011-2012 confirment cette tendance à la croissance des récoltes puisqu'elle prévoit aujourd'hui la meilleure récolte mondiale de maïs à 866 millions de tonnes (335 aux USA) ce qui correspond à une croissance de 5,5% par rapports aux 821 millions de tonnes de l'année précédente.

     En parallèle l'USDA prévoit une forte augmentation de la demande de maïs à 872 millions de tonnes (+3%) tirée en particulier par la demande chinoise qui doit nourrir ses milliards d'animaux d'élevage.

     Ces données de production et de consommation seront naturellement sujettes à de nombreuses corrections futures en fonction des conditions climatiques et des possibilités de substitutions d'un type d'aliment animal par un autre en fonction des prix de marché. Mais ceci n'empêche pas les Goldman Sachs et autres Morgan Stanley d'agiter le drapeau rouge de la pénurie et de prédire un maïs à 9$ le boisseau, alors qu'il est retombé dernièrement, en phase avec le pétrole et le redressement du dollar, vers les 7$ à Chicago. Les charognards sont toujours là et faire peur au gogo pour qu'il apporte son fric leur est toujours profitable.

    LIRE les prévisions de l'USDA américaine du mois de Juin. LIRE dans Bloomberg les magouilles des Banques citées.

    Le 21 Juin 2010

  • Le Japon imagine un doublement de ses productions électronucléaires entre 2007 et 2030

    Le Japon imagine un doublement de ses productions électronucléaires entre 2007 et 2030

     L'équation énergétique japonaise, dans un pays isolé, privé de ressources fossiles et traumatisé par le dernier tsunami et ses conséquences apparaît être d'une grande complexité, balancée entre la crainte nucléaire et la volonté d'indépendance énergétique et de bonne santé économique. Les premiers éléments de réflexion qui paraissent sur ce sujet après le tsunami, semblent montrer une volonté affirmée du Japon de baser son avenir énergétique sur un couplage des énergies renouvelables au nucléaire, seule voie pour lui assurer pour la partie électrique, une large part d'autosuffisance énergétique (70%) dans un contexte géostratégique incertain. L'Institute of Energy Economics (IEEJ) publie les résultats d'une étude qui au-delà des problèmes à court-terme, baserait l'avenir énergétique du Japon à l'horizon 2030 sur la maîtrise des consommations, une forte baisse de l'utilisation des énergies fossiles, un développement du nucléaire et des énergies renouvelables.

    Electricité 2030

    L'exemple de la génération d'électricité illustre parfaitement ces objectifs (FIG. et TAB.) avec:

    Electricité 2030b – une génération d'énergie stable, passant de 1024 TWh en 2007 à 1020 TWh en 2030,

    – une production des centrales à flamme en baisse de 60% sur la période,

    – un doublement des productions électronucléaires par fiabilisation et modernisation des installations existantes et la constructions de 14 nouvelles unités pour plus de 19 GW,

    – un fort accroissement des énergies renouvelables globalement multiplié par 2,6 par rapport à 2007 avec un accent tout particulier sur le solaire, l'éolien et la géothermie. Certains chiffres sont impressionnants comme les 12 millions de maisons qui devront être équipées de modules solaires en 2030 ou le triplement des installations géothermiques (1,65 GW en 2030).

     Cet exemple japonais montre bien que pour les pays privés de ressources fossiles et désirant ne pas dépendre pieds et poings liés de leurs fournisseurs d'énergie fossile et de leurs tarifs, la voie nucléaire est incontournable malgré de fortes économies programmées dans les consommations. Le cas de la France est assez proche de celui du Japon (à l'insularité près) et à fait le choix de solutions du même type. L'Allemagne pour des raisons de politique intérieure, fait semblant de tourner le dos au nucléaire mais va dépendre largement de ses ressources en lignite et des fournitures de gaz de son voisin la Russie, situation peu favorable dans le concert écologique et politique des nations.

     L'insularité du Japon, la présence de deux gros voisins (Chine, Russie) aux avenirs politiques incertains sont des arguments forts pour justifier un choix clair d'indépendance énergétique de ce pays qui veut de toute évidence rester un acteur économique puissant dans le monde. Cet exemple est instructif et change des boniments de foire écologiques ressassés en boucle par les médias français.

    LIRE les résultats de l'étude du IEE japonais.

    Le 20 Juin 2011

     

  • Semprius: un nouvel acteur industriel dans le photovoltaïque à haute concentration

    Semprius: un nouvel acteur industriel dans le photovoltaïque à haute concentration

    Semprius  La technologie du photovoltaïque à concentration ou à haute concentration (CPV ou HCPV) consiste à focaliser à l'aide d'un ensemble optique simple et d'un système de tracking à deux dimensions les rayons du soleil sur un ensemble de toutes petites surfaces photovoltaïques à fort taux de conversion (> ou = 40%). La nécessité d'un tracking disqualifie ces systèmes des applications domestiques les plus courantes qui utilisent les toits des maisons bourgeoises comme supports des modules et où le prix du MWh solaire doit être compétitif avec celui de l'électricité vendue au détail à l'entrée du compteur.

     C'est donc une technologie qui est destinée à entrer en concurrence avec les systèmes low cost en couches minces du type Cd-Te ou CIGS des fermes photovoltaïques. Elle possède un avantage compétitif évident c'est son taux de conversion qui est près de trois fois supérieur aux meilleurs modules en couches minces, mais elle doit se battre sur les prix du Watt pour pouvoir espérer prendre une part significative de ce marché qui devra un jour s'aligner, hors subventions, avec les prix de l'électricité sortie usine, avant transport et distribution.

     De nombreux acteurs comme Amonix, SolFocus ou Soitec-Concentrix se confrontent à ces problèmes du côté de la Californie où de larges déserts sont prêts à accueillir ces installations sponsorisées par le DOE. Mais le faible développement de la filière, en particulier dans le domaine du capteur photovoltaïque qui doit être le moins cher possible, favorise l'arrivée de nouveaux acteurs attirés par les larges subventions de l'Administration Obama. C'est ainsi que Semprius, société américaine spécialisée dans le "micro-tranfer printing" revendique avoir mis au point un capteur de type Ga-As de 10 microns d'épaisseur et de 0,36 millimètre carré de surface (600 x 600 microns) qui accepte des rayons de soleil concentrés 1000 fois. La partie photo active du capteur n'occupe donc qu'un millième de la surface totale. Pour assurer le développement de l'ensemble du système Joseph Carr, le CEO de Semprius, un ancien d'Osram, s'est naturellement associé à Siemens entré au capital qui va lui fournir son système de tracking qui travaille avec une précision angulaire de 0,2 degrés. Une première série de démonstration de ce système va être fournie au mois d'Août à la Tucson Electric Power dans l'Arizona.

    LIRE la nouvelle de Semprius.

    Le 19 Juin 2011

  • Des batteries Sodium-Soufre pour améliorer les performances des centrales thermiques japonaises

    Des batteries Sodium-Soufre pour améliorer les performances des centrales thermiques japonaises

    Noshiro  Le Japon est à la recherche de puissance électrique dans la région de Tokyo pour suppléer à la destruction de la centrale de Fukushima et à la fermeture volontaire de celle d’Homaoka dont la probabilité d’être secouée par un séisme de force 6 ou plus dans les trente ans à venir est estimée à 84% (source). Pour cela le Japon va réactiver toutes les centrales au charbon et pousser à fond ses centrales au gaz naturel afin de pouvoir répondre à la pointe de puissance attendue cet été pour faire marcher les pompes à chaleur de conditionnement d’air et de contrôle de l’humidité des locaux.

    Une approche intéressante concernant la centrale au charbon de 1200MW de Noshiro repose sur la décision de Tohoku Electric Power d’équiper cette centrale d’un ensemble de batteries Sodium-Soufre constitué de 40 unités de 2MW NGK à partir du mois de Janvier 2012. Cette solution permettra de stocker en six heures jusqu’à 480 MWh en heures creuses pour les revendre à bon prix en heure de pointe.

    La technologie Sodium-Soufre faisant appel à des matériaux largement disponibles et peu onéreux (sulfure de sodium, alumine, aluminium) est une des solutions évidentes de stockage d’énergie dans les batteries fixes en charge de la régulation des réseaux ou d’optimisation du fonctionnement des centrales sur des périodes de plusieurs heures. Paradoxalement cette technologie n’est mise en œuvre que par NGK au Japon ce qui tend à démontrer une encore très faible compréhension des possibilités de régulation des réseaux par des batteries en tampon par les industriels. NGK affirme vouloir accroître la puissance de ses batteries pour en réduire la taille et le prix au Watt.

    Remarque pour les incrédules: le classement des divers types de batteries en termes de coûts et de disponibilité des matéraux de base réalisé récemment classe le couple Sodium-Soufre en N°1 toutes catégories (TAB.). C’est une évidence! Du sulfure de sodium, de l’aluminium, du carbone pour collecter le courant. La pièce la plus complexe est peut-être la traversée de type verre-métal du couvercle d’aluminium permettant de séparer les polarités.

    Batteries-prix-ressources

    LIRE le papier du Nikkei sur le sujet. et LIRE une présentation du classement des divers types de batteries

    Le 18 Juin 2011

  • La consommation d’un baril de produits pétroliers demande de moins en moins de pétrole brut

    La consommation d’un baril de produits pétroliers demande de moins en moins de pétrole brut

    La tradition américaine utilisant le baril de pétrole comme unité de mesure du pétrole brut extrait et le gallon comme unité de volumes des carburants vendus à la pompe établit les statistiques de production et de consommation en volumes. Cette façon de faire, peu rigoureuse en raison de l'évolution des densités des produits de l'amont vers l'aval de la filière, a été largement reprise dans le monde, alors qu'en toute rigueur il aurait fallu utiliser des unités de masse. On devrait en toute rigueur acheter des kilogrammes de carburants à la pompe, il suffirait d'afficher la mesure au compteur en corrigeant de la densité du liquide après en avoir mesuré la température.

    BP 2011 pétrole ratio conso prod

     Cette façon pratique de parler en volumes nécessite de bien intégrer toute la chaîne de transformation du pétrole qui tend à favoriser la production de produits légers et chers (essence, kérosène, gasoil) aux dépens des fonds de barils beaucoup plus lourds et de moindre rapport. L'essence présente une densité de 0,74 alors que l'asphalte présente une densité supérieure à un. Il faut également intégrer les progrès énergétiques des raffineries qui brûlent une part de leur production de moins en moins importante pour produire de l'énergie. Il faut également prendre en compte que les essences et les gasoil sortant des raffineries contiennent des biocarburants dont la part devient de plus en plus importante (l'essence américaine au mois de Mars contenait en moyenne 9,2% d'éthanol dénaturé en volume). Enfin il faut penser aux unités de type GTL et CTL qui produisent des produits pétroliers à partir de gaz naturel ou de charbon.

     Pour porter jugement sur cette évolution fondamentale de la soupe pétrolière il suffit de calculer le rapport entre pétrole produit et produits pétroliers consommés (FIG., BP 2011). Alors que dans les années 70 un baril de pétrole conduisait à 0,95 baril de produits raffinés, en 2010 un baril de pétrole a conduit à la production de 1,064 baril de produits finis et de 1,04 baril hors biocarburants. C'est une progression de rendement de 10% en quarante ans et qui n'est pas près de s'arrêter, en particulier en raison la montée en puissance des biocarburants dans le monde et avec l'arrivée des immenses raffineries de pétrole les plus modernes. Par exemple, en Arabie Saoudite les futures raffineries exploiteront à fond la ressource en pétroles lourds pour en faire des carburants ou des intermédiaires de synthèse pour la pétrochimie. En parallèle les raffineries obsolètes européennes seront fermées.

     Ces courbes montrent qu'il va y avoir de moins en moins de pétrole brut dans les carburants et de plus en plus d'ersatz ou de produits de synthèse. Une telle évolution ira en s'accélérant avec la montée des cours des produits pétroliers qui rendront très rentables les biocarburants et autres produits de synthèse divers, mais aussi avec la pression sur la réduction des émissions de CO2 comme dans l'aviation par exemple qui va mettre en œuvre des mélanges 50/50 de type kérosène et dérivés terpéniques des biocarburants.

    Le 15 JUin 2011

  • Allemagne: Siemens imagine des électrolyseurs de plusieurs centaines de GW pour stocker des TWh

    Allemagne: Siemens imagine des électrolyseurs de plusieurs centaines de GW pour stocker des TWh

     Devant le programme allemand de développement des énergies intermittentes, devant l'incapacité de ce pays à mettre en place dans les temps un réseau électrique à la hauteur de l'instabilité attendue, Siemens affirme que seul l'Hydrogène produit par électrolyse est capable de répondre au cahier des charges d'une puissance de stockage très flexible de plusieurs centaines de GW de puissance à terme et du TWh d'énergie stockable. Cet hydrogène pourrait être à la demande injecté dans le réseau de gaz à hauteur de 5 à 10% ou transformé en méthane en réagissant avec du CO2. Le mélange de gaz stocké comme tout gaz naturel, alimenterait à la demande des génératrices au gaz à cycle combiné avec un rendement supérieur à 60%.

    Siemens-electrolyse

     Pour ne pas trop perdre d'énergie les technologues allemands imaginent des électrolyseurs à membranes (PEM) fonctionnant vers 2W par cm2 d'électrode, soit vers 2,1V de tension d'électrolyse sous une densité de courant voisine d'un Ampère (FIG.II). Ils affirment pouvoir produire directement de l'hydrogène sous pression sans apport d'énergie supplémentaire si nécessaire.

    Siemens-electrolyse-tension-J  Le rendement du cycle électrolyse-génération dans une centrale à gaz serait donc de l'ordre de:

    1,48V/2,1V x 61% = 43%

    hors pertes diverses annexes de process (préparation des électrolytes, circulation, lavages, séchage, etc.).

     Siemens imagine que pour l'installation de 500 MW par an de puissance de stockage il faudrait donc assembler 25 000 m2 de cellule d'électrolyse par an sur des équipements automatisés.

    Cette démarche va tout à fait dans le sens de la stratégie de Siemens axée sur les turbines à gaz à cycle combiné qui seraient alimentées par du gaz naturel importé, par du gaz non conventionnel produit localement, marginalement par du biogaz local et pourquoi pas par de l'hydrogène "vert".

    Tout cela va coûter fort cher en investissements…mais l’État allemand est riche et fera payer les consommateurs.

    CONSULTER une présentation de Siemens sur le sujet et LIRE la dernière annonce montrant le caractère politiquement actuel de sa proposition.

    Le 14 Juin 2011

    Actualisation: outre les projets de Enertrag énoncés dans les commentaires ci-joints, il faut noter la décision d'E-On de développer un électrolyseur pilote pour 2013 qui serait capable de produire 360 m3 d'hydrogène à l'heure.

    Enrichir le gaz russe avec du biogaz local et 5 à 15% d'hydrogène provenant d'électrolyseurs associés aux parcs d'éoliennes semble être une voie privilégiée par l'industrie et les dirigeants allemands pour générer de la puissance électrique en secours des sources intermitentes éoliennes ou solaires. It's a long way to go.

    LIRE le communiqué d'E-On

    Le 13 Novembre 2011