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  • France: l’INSEE prévoit un tassement de la croissance de la population en âge de travailler

    France: l’INSEE prévoit un tassement de la croissance de la population en âge de travailler

     En 2010, nous dit l'INSEE, la France métropolitaine comptait en moyenne 28,35 millions d’actifs au sens du BIT dont 25,7 millions avaient un emploi et 2,65 millions étaient chômeurs. En dix ans, la population active, qui rassemble la main-d’œuvre disponible pour contribuer à la production, a augmenté de 2,1 millions de personnes. À l’horizon 2025, selon le scénario central de projection, la population active pourrait gagner près de 1,7 million de personnes, atteignant 30 millions soit une croissance annuelle moyenne de 110 000 personnes (FIG.I).

    Population_active_France

     Cette projection moyenne tient compte de nombreux paramètres dont les plus déterminants sont l'âge de départ à la retraite, l'apport migratoire (100 000 par an dans le scénario central), la fécondité, le taux d'activité des femmes aux âges de la maternité, le développement de l'apprentissage, etc.

     Il ressort de cette étude, outre le tassement de la croissance de cette population active, un point important qu'est son vieillissement. Ceci est illustré par la part des plus de 55 ans qui devrait passer de 12,4% en 2010 à 18,6% en 2030 (FIG., courbe rouge, échelle de droite).

     Un autre point à souligner est l'importance des apports migratoires. Dans un scénario d'apport de 150 mille personnes par an il ressort que la population active serait majorée, par rapport au scénario central, de 610 mille personnes en 2030 et de près d'un million en 2040.

    L'INSEE ne sait pas nous dire quelle sera la proportion de chômeurs réputés "actifs" dans tout cela. Il faut espérer qu'une réduction du rythme de croissance de la population active se traduira à terme par une réduction du nombre de chômeurs dans notre pays, à condition que le cadre règlementaire français progresse vers une configuration plus favorable au travail et moins à la rente de tous poils (LIRE "Le Socialisme de l'Excellence" de Jean-Marc Daniel).

    LIRE le rapport de l'INSEE sur le sujet.

    Le 22 Avril 2011

  • Investissements mondiaux dans les énergies renouvelables: un premier trimestre 2011 en demi-teinte

    Investissements mondiaux dans les énergies renouvelables: un premier trimestre 2011 en demi-teinte

      Breaking-news Après un quatrième trimestre 2010 qui avait enregistré des investissements mondiaux records dans les énergies renouvelables, atteignant les 47 milliards de dollars selon Bloomberg New Energy Finance, le premier trimestre 2011 avec 31 milliards de dollars, apparait globalement en retrait. Ce résultat provient bien sûr des anticipations des investisseurs qui ont voulu en 2010 profiter des généreux avantages tarifaires dans le photovoltaïque ou l'éolien encore en vigueur en Allemagne, Italie, France, Grande-Bretagne et Tchéquie. Mouvements opportunistes qui avaient amené l'Administration française, par exemple, à décréter un moratoire sur la longue liste des projets photovoltaïques en attente. Ce ralentissement dans les investissements provient aussi d'un ralentissement de l'éolien américain qui pâtit de la concurrence tarifaire des centrales au gaz naturel. Ces difficultés dans ce secteur se retrouvent par exemple dans les comptes trimestriels de GE qui enregistrent une baisse de rentabilité de la Division Energy Infrastructure, attribuée entre autres à un business éolien peu allant.

     Par contre les investissements en Chine, au Brésil et dans l'éolien offshore allemand se portent bien. Il semblerait que seuls les pays riches, soucieux de leur standing, peuvent entretenir ces écologiques dépenses, danseuses pacifiques des temps modernes qui recyclent leurs profits commerciaux.

    LIRE le papier de Bloomberg New Energy Finance sur le sujet.

  • Le prix de l’essence à la pompe est un signal fort qui fait réagir le consommateur

    Le prix de l’essence à la pompe est un signal fort qui fait réagir le consommateur

    Tout le monde a bien conscience que les prix de l’essence à la pompe est un paramètre du premier ordre qui agit à court-terme sur le comportement du consommateur qui va limiter ses trajets en voiture, à moyen-terme sur ses décisions au travers de l’achat d’un véhicule moins lourd, diesel ou hybride par exemple et qui incite les constructeurs de véhicules à adopter des démarches marketing privilégiant l’efficacité énergétique de leurs modèles par rapport à d’autres caractéristiques plus sportives. Les normes et autres contraintes administratives viennent appuyer et renforcer ce mouvement généralisé vers les économies de carburant dans le transport routier. C’est un phénomène mondial qui tend à réduire les consommations de carburants dues à l’élargissement du parc et à l’accroissement du trafic particulièrement vifs en Asie par exemple.

    Il a été montré ici récemment que la consommation d’essence aux États-Unis avait atteint un maximum il y a de cela quatre ou cinq ans et qu’elle était passée en phase de décroissance. L’impact des prix des carburants, des normes et des nouveaux véhicules plus économes en carburants ont pris le dessus dans ce pays sur un éventuel accroissement du parc automobile, associé à l’accroissement de population.

    Remarque: il n’est pas certain que depuis 2008, en raison de la crise, le parc automobile américain se soit accru. Ce que l’on sait (FHA), c’est que le trafic à 3000 milliards de miles sur les douze derniers mois est inférieur d’un point de pour-cent à celui enregistré à fin 2007. La baisse du trafic américain avait débuté dés la fin de 2007, donc bien avant la crise, sous l’impact des prix des carburants.

    Les tendances depuis le début de l’année sur les prix des carburants aux USA (FIG.I) ne sont pas de nature à faire repartir ces consommations.

    Prix-essence-USA

    En effet il est possible de noter que les cours de l’essence sur le NYMEX (courbe rouge) se sont ajustés sur les prix marginaux de l’essence en Europe qui dépendent des cours du BRENT (courbe noire). Il en est résulté un fort accroissement des marges de raffinage (distance entre la courbe rouge et la courbe bleue) qui s’est immédiatement répercuté sur les prix à la pompe. Il fallait 40$/baril en début d’année pour passer du prix du baril de pétrole WTI (90$) à celui la pompe (130$), il faut maintenant 50$ pour atteindre les 160 dollars de l’essence vendue au détail en moyenne la semaine dernière. Au rythme où vont les choses les 4$ en moyenne le gallon d’essence aux États-Unis, soit 168$ le baril, sont à portée de vue.

    En Europe il est intéressant de suivre le cas de la France qui a depuis de longues années, avec l’instauration de la TIPP en 1928 sous Raymond Poincaré, maintenu une politique de carburants chers. En 2008 cette taxe a rapporté au budget de l’État 28 milliards d’euros ce qui rend anecdotique et ridicule la défunte taxe carbone qui avait tant agité le cocotier environnemental. Sous l’impact des prix, des mesures d’incitations gouvernementales de type Bonus-Malus et autres Primes à la Casse, les consommations en volume de carburants par les ménages français reculent depuis une décennie (FIG.II).

    Conso-carburant-France-2006

    Ce résultat issu d’une excellente étude statistique menée sur les données entre 1985 et 2006 par Lucie Calvet et François Marical, montre l’élasticité de la demande en carburant à la montée des prix. D’après ces auteurs une augmentation des prix des carburants de 10% se traduit par une baisse des consommations en carburants des ménages de 2,5% à 3,5% à court-terme et par une baisse de 6 à 7% à long-terme. Ce résultat est globalement vrai quelques soient les ressources des ménages. La part des carburants dans le budget des ménages tend à se réduire au cours du temps, mais elle dépend fortement du lieu d’habitation. Les habitants ruraux ou péri-urbains étant plus impactés que les habitants de centre-villes ou de Paris.

    Un autre paramètre important: la possession d’une voiture et donc les consommations de carburants dépendent beaucoup de l’âge du chef de famille interrogé au sein d’une génération donnée (FIG.III).

    Voitures par age France
    La baisse probable du nombre de véhicules par foyer des générations du baby-boom partant à la retraite va participer à ce phénomène d’adaptation des ménages aux contraintes économiques des décennies à venir. Le prix des carburants étant un des paramètres du premier ordre.

    Les rusés politiciens qui nous dirigent, devraient donc reprendre fermement en main la fiscalité des carburants qui a eu tendance à se relâcher ces dernières années sous fond de bla-blas écolos, afin de maintenir sous pression et faire reculer les consommations en carburants de nos contemporains. Ils doivent passer par zéro les incantations de l’AIE qui annonce à tue-tête le recul des économies mondiales dès que le pétrole s’apprécie de quelques dollars. Il y a belle-lurette que plus personne n’écoute les prédictions essouflées de cette pythie parisienne.

    LIRE le rapport de Lucie Calvet et François Marical.

    LIRE le rapport sur la place de la TIPP dans la taxation écolo de notre pays

    Le 18 Avril 2011

     

  • Biocarburants: le maïs va fournir également de l’huile pour biodiesel

    Biocarburants: le maïs va fournir également de l’huile pour biodiesel

    Poet-huile-maïs   Les biocarburants sont mal vus des intégristes verts qui nous dirigeront peut-être un jour. Pas assez bios! Pasteur aux chiottes, la fermentation des sucres, la saccharification des amidons…c'est pas propre, ça pollue, ça émet du CO2…même si c'est pour la limonade des enfants. Le maïs c'est pour les tortillas cuites au feu de bois et bourrées de piments qui remplaceront l'entrecôte, parce que manger du steak c'est gaspiller de l'eau. On plantera du riz sur le Plateau des Millevaches…de toutes façons les vaches ça pollue aussi, au biogaz, faudrait capter, trop complexe alors on interdit. Tout le monde "Veg", les éleveurs français en stage dans le delta du Mékong, pour sauver le monde et plus de carburants bios ou pas bios…surtout pas ceux des schistes, interdits, même pas à explorer, tabou obscurantiste…vont tout de même pas voter ça, en procédure accélérée des mauvais coups, le mois prochain au Sénat… nos Grands Sages élevés au petit-lait de la Philosophie des Lumières.

     Excusez-moi, je cauchemardais, c'est l'âge! Tout cela pour vous annoncer la nouvelle qui va vous enthousiasmer: à partir des cultures de maïs les industries agricoles américaines produisent non seulement de l'éthanol par fermentation de l'amidon des grains, ainsi que des aliments pour animaux (DDGS) à partir des protéines, 30% en masse de la graine, mais aussi, c'est la dernière, ils envisagent de valoriser l'huile de maïs pour la transformer en biodiesel. C'est ainsi que Poet, le premier producteur d'éthanol américain, annonce que grâce à son procédé low-energy (cold-cook) de fermentation il va pouvoir récupérer l'huile de maïs par un nouveau procédé. En mettant en place cette récupération dans toutes ses usines américaines qui produisent annuellement 1,7 milliard de gallons d'alcool (110 mille barils/jour) il va pouvoir récolter suffisamment d'huile pour la production de 60 millions de gallons de biodiesel. Ce sont donc 3,5% de biocarburants à forte densité énergétique qu'il faudra ajouter au bilan. En parallèle chez Poet ils envisagent de produire de l'alcool par saccharification de la cellulose d'une partie des tiges et des feuilles de maïs, ce seront alors au moins 30% de plus d'alcool qui seront produits à cultures constantes…ils savent pas quoi imaginer pour embêter les Verts et développer leur filière ces red-necks. Ils sont même prêts à troquer les subventions aux raffineries contre une aide à l'extension des pompes à essence proposant les mélanges à la demande, c'est vous dire!

     L'EIA dans son Short Term Energy Outlook du mois d'Avril prévoit pour cet été que les véhicules américains brûleront 912 mille barils/jour d'éthanol (9,8% de l'essence en volume) et 46 mille barils/jour de biodiesel (un peu plus d'un pour-cent du gasoil consommé). Les biocarburants (2 millions de barils/jour en 2011 dans le monde), devenus largement compétitifs par la flambée des cours des produits pétroliers, vont constituer une des ressources énergétiques importantes dans les années à venir, c'est pour cela que les Pétroliers (Valero,Total, Shell) s'impliquent de plus en plus dans la filière, en particulier pour les deux derniers, dans l'exploitation de la cane à sucre au Brésil. Des avancées déterminantes pour la filière comme la production de kérosène à partir d'alcool ou la production d'alcool à partir de bagasse sont encore à mettre en place. L'extension à l'Afrique et à l'Asie de ces pratiques seront également déterminantes.

    LIRE le communiqué de Poet.

    Le 14 Avril 2011

  • Alcoa: croissance à deux chiffres de la demande d’Aluminium dans le monde

    Alcoa: croissance à deux chiffres de la demande d’Aluminium dans le monde

     Dans son rapport du premier trimestre 2011, Alcoa prévoit que la consommation mondiale d'Aluminium de première fusion devrait atteindre les 44,5 millions de tonnes en 2011. Ceci représente une croissance de 11% de la demande par rapport à 2010, elle suit une croissance de 13% enregistrée l'année précédente. Ce score pour 2011 provient d'une croissance de 15% en Asie (26,4 MT), de 6% en Amérique du Nord (5,6 MT) et de 4% en Europe (6,9 MT). Ce sont les secteurs des transports (aéronautique et terrestre) qui sont les plus en pointes. La construction de turbines à gaz participe également à cette embellie.

    Remarque: l'Aluminium de première fusion représente 70% environ du métal utilisé, l'autre ressource étant le métal recyclé.

    Il est intéressant de procéder à un changement d'unité et de traduire les productions annuelles d'Aluminium de première fusion en consommations d'électricité sur la base d'une moyenne de consommation de 15,7 kWh/kg de métal (FIG.I).

    Aluminium-électricité

     La consommation globale d'électricité pour transformer en 2011 l'alumine en Aluminium peut être estimée aux environs de 700 TWh soit 1,6 fois l'énergie électrique produite en France en 2010. Cette croissance de 77 TWh de consommation d'énergie électrique entre 2010 et 2011 correspond à un appel de puissance moyen supplémentaire de 9000 MW.

     Remarque: pour faire un bilan électrique total de la bauxite à l'Aluminium il faudrait rajouter les 2,5 kWh d'électricité par kg d'alu nécessaires à la production de soude destinée à l'obtention de l'alumine. Ceci reviendrait à majorer de 15% les consommations d'électricité représentées ici.

    LIRE la présentation d'Alcoa.

    Le 12 Avril 2011

  • Relation entre progression des biocarburants et productions mondiales de céréales

    Relation entre progression des biocarburants et productions mondiales de céréales

    Une des convictions largement partagées par nos contemporains veut que la production de biocarburants à partir de l’amidon de certaines céréales (maïs américain essentiellement) vient s’imputer sur une production mondiale aléatoire de céréales destinées initialement à l’alimentation humaine ou animale et marginalement à des applications industrielles. Il suffit pour partager cette conviction de se reporter à l’infographie publiée par le New York Times (FIG.) intitulée sans équivoque  « Diverting Food to Fuel » ou Détournement de la nourriture en carburant.

    Grains-pour-biocarburants

    « Plus que jamais, dit le texte, les céréales n’ont été utilisées pour produire des biocarburants plutôt que de fournir de la nourriture. Cette tendance a démarré en 2004 pour atteindre en 2010 une proportion de 6% de céréales utilisées pour les biocarburants. Ce détournement est un facteur contribuant à la montée des prix alimentaires ». C’est clair, c’est sans bavure, en une décennie 120 millions de tonnes de céréales sur 370 millions ont produit des biocarburants…à part que cette présentation est trompeuse et que les ratios doivent être précisés. En effet durant la campagne 2009/2010 c’est un total mondial produit de 2200 millions de tonnes qui ont été produites comme l’indique l’échelle en rouge que j’ai rajoutée à la droite du graphique initial.

    Il est alors possible de réaliser une lecture totalement différente de ce graphe que je vous propose et qui, vous allez le voir, est beaucoup plus complexe mais moins écologiquement correcte. On peut en effet constater qu’entre 2000 et 2010 la production mondiale de céréales s’est accrue de 370 millions de tonnes pour atteindre 2200 millions de tonnes en 2010. Ceci correspond à une croissance de 20% en une décennie soit une progression annuelle moyenne de 1,86%. Cette croissance selon la FAO (LIRE un papier précédent sur ce thème) est due à la fois à la croissance des rendements (+13%) et des surfaces cultivées (6%). Cette croissance des productions de céréales, très vive à partir de 2003/2004, correspond à la montée en puissance de l’utilisation du maïs américain pour produire des biocarburants. L’existence d’un nouveau débouché industriel sûr et en croissance pour le maïs américain a incité les paysans locaux à étendre leurs cultures, à améliorer leurs procédés et à accentuer leur sélection des hybrides les mieux adaptés aux conditions locales (LIRE le papier sur la culture du maïs aux États-Unis). Ils ont ainsi participé à une croissance des productions de céréales dans le monde jamais égalée sur une décennie.

    Maïs-monde

    Pour étayer cette vision des faits, il suffit d’examiner les croissances de rendements et de surfaces récoltées de maïs dans le monde durant ces vingt dernières années publiées par la FAO (FIGII). Il apparait que les rendements de ces cultures croissent régulièrement (+39% en 19 ans soit une moyenne annuelle de 1,7%) et que les surfaces récoltées ont fortement augmenté entre 2002 et 2009 passant de 1,37 millions de km2 à 1,60 millions de km2, impact évident du développement de l’utilisation du bioéthanol comme additif dans les carburants. Ce sont 225 mille tonnes de maïs de plus qui ont été produites annuellement entre 2000 et 2009 dont la moitié a alimenté les distilleries d’alcool.

    Il est à noter que 120 millions de tonnes rapportées à 2200 cela fait 5,5% des récoltes de céréales, mais aussi que de ces 5,5% près d’un tiers de la charge sont retrouvés sous forme de DDGS (Dryed Distiller Grains) qui correspondent à la part de protéine de la graine qui n’est pas utilisée pour produire du sucre puis de l’alcool. Ces DDGS sont devenus en quelques années une source importante d’alimentation protéinée du bétail, porcins et autres gallinacées. Ils sont sur le point d’égaler même à l’export US les tourteaux de soja (Voir les courbes comparées sur DTN). Il en résulte que la vraie part de céréales en 2010 qui a participé à la production de bioéthanol correspond à 70% de ces 5,5% soit quelque chose autour des 4% et non pas 6% comme affirmé dans le placard militant du N Y Times. Ces 4% correspondent à un peu plus de deux ans de croissance des productions de céréales dans le monde.

    En conclusion les besoins futurs en céréales dans le monde devront intégrer la production croissante de biocarburants substituts économiques et devenus indispensables des dérivés du pétrole. Une croissance globale prévisible de la demande en céréales en progression de 20% d’ici à 2020 sera satisfaite par l’accroissement continu des rendements et l’augmentation des surfaces cultivées comme cela a été montré dans un des papiers précédents et réalisé au cours de la décennie 2000-2010. Les céréales serviront à nourrir les hommes, les animaux domestiques ou d’élevage, à produire des biocarburants pour les transports et du biogaz dans certains pays comme l’Allemagne. Dure tâche, mais exaltante et rémunératrice pour les paysans du monde qui seront, espérons-le, de plus en plus africains, indonésiens ou américains du sud et seront aussi satisfaits d’eux qu’un riche paysan du Middle-West ayant rentré et vendu à terme sa récolte de maïs. Le développement d’une large partie de l’Afrique et de l’Amérique intertropicales passera par le développement de l’agriculture. C’est le bon côté humain du Land Use Change qui fait tant frémir les écolos de l’EPA. Accroitre les cultures dans les pays en développement serait-il soudainement devenu un acte criminel? Lisez bien tous les articles dénonçant le développement des terres africaines, indonésiennes ou américaines. Vous-y décèlerez souvent la thèse à la mode qui veut qu’elles devraient rester en friches au nom d’une vision romantique de la Nature cautionnée par d’incertaines émissions de CO2. Allez, il reste encore au moins trois bons millions de km2 dans le monde disponibles pour produire céréales et autres oléagineux qui apporteront nourriture et énergie au monde.

    Surfaces-récoltes-monde-FAO

    La totalité des surfaces récoltées dans le monde, tous produits alimentaires confondus au sens de la FAO, a connu à partir de 2003 une subite accélération imputable à l’arrivée de grands pays en développement dans la course à la consommation mondiale (FIG.III). Ces surfaces se sont accrues d’un million de km2 en quelques années. Bien entendu, un tel processus qui continue à se dérouler ne peut s’accomplir qu’avec des tensions dans les flux et des excès dans les cours des produits agricoles. Attribuer ces phénomènes en priorité aux biocarburants, même s’ils y participent, me semble bien léger comme thèse.

    Indice-prix-denrées-alimentaires Remarque: les spécialistes annoncent en ce début Avril une probable baisse des cours du maïs après ceux du sucre des huiles et du blé (FIG.IV). En effet l’USDA vient d’annoncer une stabilisation inattendue des stocks de maïs américains pour 2011 en raison de la compensation de la hausse des consommations prévue pour les biocarburants par une baisse estimée des consommations pour l’alimentation des animaux. Les éleveurs américains vont utiliser de moins en moins le maïs devenu trop cher et vont le remplacer par du blé plus abondant cette année.

    Le 9 Avril 2011

  • Le coréen LG Chemical veut devenir un grand des batteries pour EV

    Le coréen LG Chemical veut devenir un grand des batteries pour EV

    Alliances-batteries-23

     Le business des batteries pour véhicules électriques repose sur un énorme cluster de sous-traitants asiatiques qui va de la définition et la fourniture des matières électroactives, aux électrolytes liquides et demain solides, en passant par les séparateurs organiques ou minéraux et divers organes de sécurité thermiques, mécaniques ou électroniques. Ce monde complexe largement imbriqué, en relation en amont avec les Universités japonaises ou coréennes sources d'innovations et de techniciens futurs hommes clés des Groupes privés, en relation en aval avec les grands noms du secteur comme Panasonic, GS-Yuasa, NEC, LG Chemical, Samsung est à la base de l'innovation dans le domaine des batteries pour véhicules électriques. Les groupes européens et américains à quelques rares exceptions près (JC-Saft, Li-Tec) sont totalement, sinon définitivement, largués malgré les milliards de dollars octroyés par l'Administration Obama pour essayer de rattraper le retard. Mais l'expérience chèrement acquise empiriquement repose sur des années de tests, d'échecs et de succès. Le know-how est en Asie et non dans les bureaux d'études français exposés à d'illusoires manœuvres d'espionnage. Parmi les grands toutes catégories il faut en premier mentionner Panasonic (et son ex-concurrent désormais absorbé Sanyo), NEC qui est à la base des batteries Nissan-Renault et GS-Yuasa qui est à la source des batteries Mitsubishi Motors-Peugeot. L'autre pôle coréen est classiquement composé d'une part de Samsung SDI qui a absorbé l'américain Cobasys au travers de sa filiale SB Limotive avec l'allemand Robert Bosch et d'autre part de LG Chemical. Parmi d'autres entreprises asiatiques il faut citer Toshiba qui fait un parcours original avec sa technologie SCiB à charge rapide et Hitachi Vehicle Energy qui est en retard.

     Le coréen LG Chemical affirme aujourd'hui avec sa deuxième usine coréenne pouvoir fournir annuellement 100 mille batteries pour véhicules électriques. Il a pour base de clientèle General Motors, Hyundai, Renault et Renault Samsung mais aussi Ford. Il pense ajouter à cette liste prestigieuse un ou deux constructeurs japonais. Pour assurer son expansion LG Chemical a décidé d'investir dans deux nouvelles usines, l'une en Corée l'autre aux USA, pour porter sa capacité de production à 350 mille batteries pour EV par an à partir de 2013. Voila un exemple de green-business dynamique reposant sur des années de travail et de progrès technologique.

    LIRE le papier sur LG Chemical paru dans Korea Herald

    Le 8 Avril 2011

  • Suivre la stratégie de GE dans le photovoltaïque est un exercice complexe

    Suivre la stratégie de GE dans le photovoltaïque est un exercice complexe

    Business-update  GE, comme bien d'autres grosses boutiques, a loupé le lancement du photovoltaïque mondial. Prenant bien conscience que le premier fournisseur américain d'équipements de génération d'électricité ne peut pas être absent de ce marché, GE avait annoncé en Octobre 2010 qu'il avait choisi deux options: développer le Business d'une start-up PrimeStar Solar dans les modules en couche mince Cd-Te et s'allier avec le japonais Showa Shell (Solar Frontier) pour commercialiser des modules de technologie CIGS aux États-Unis. En 2010 il semblait que c'était cette deuxième option qui constituait l'axe stratégique de GE lui permettant de présenter les produits en couches minces les plus avancés du moment et ouvrait la porte à un futur développement industriel conjoint avec Shell aux USA.

     La dernière annonce de GE d'acquérir la totalité de son partenaire américain et de vouloir implanter une usine de 400 MW de capacité aux États-Unis à partir de la technologie PrimeStar va à l'encontre de l'hypothèse précédente. Elle semble vouloir dire que GE en partant d'une unité de taille modeste veut développer une industrie en concurrence frontale avec le leader incontesté du moment qui est l'américain First Solar. Ce dernier disposera à fin 2011 d'une capacité de production de 2,2 GW répartie entre la Malaisie, l'Allemagne et les USA et qui sera complétée par la suite par des productions au Vietnam et éventuellement en France.

     Partir en rattrapage industriel du marché photovoltaïque américain sur une technologie économique et éprouvée déjà bien en main par un leader mondial semble être un pari audacieux de la part de GE. Ce dernier dispose des avantages incontestables que sont sa marque et de ses moyens financiers, outils essentiels pour lancer de grands programmes d'unités photovoltaïques.

    LIRE le dernier communiqué de GE et le papier précédent sur le sujet.

    Le 7 Avril 2011

  • Gaz de schistes: la Chine possèderait d’énormes réserves, la France ferait partie des pays privilégiés annonce l’EIA

    Gaz de schistes: la Chine possèderait d’énormes réserves, la France ferait partie des pays privilégiés annonce l’EIA

     En ces temps de doutes sur la filière nucléaire il apparaît que le monde de l'énergie va se retourner pour une large part vers le gaz naturel abondant, efficace énergétiquement et donc économiquement compétitif par rapport aux lignites et charbons polluants. La flexibilité d'exploitation des centrales au gaz naturel à cycle combiné constitue d'autre part le support de base idéal à d'éventuels investissements dans les énergies éoliennes ou photovoltaïques. Elle est donc politiquement écolo compatible.

    Shale-gas-world-eia-2011  Il n'est pas nécessaire d'être grand-clerc pour imaginer que cet avenir énergétique du gaz naturel va dépendre pour une large part de la taille des ressources exploitables constituées à la fois de ressources conventionnelles (Russie, Norvège, Qatar, Golfe du Mexique, Algérie, Libye, Indonésie, Australie, etc.) et des ressources non conventionnelles (grisou ou "coal-bed methane", gaz de schistes ou "shale gas", gaz de grès ou "tight gas") qui détermineront les prix de la ressource. Une étude toute récente du DOE américain et du Gas Research Institute portant sur 14 régions en dehors des USA et 36 pays dans le monde (CARTE des pays étudiés) vient d'essayer de quantifier les ressources techniquement extractibles pour les seuls gaz de schistes.

     Il ressort de ces estimations qu'il faut prendre avec beaucoup de prudence en raison de données insuffisantes de prospection, à l'exception notable des États-Unis qui prospectent intensivement leur sous-sol depuis plus de vingt ans, que la Chine serait le premier dépositaire au monde de gaz de schistes (FIG.). Elle serait suivie par les États-Unis, l'Argentine, le Mexique et l'Afrique du Sud. Il y a de quoi à perturber le classement mondial des pays les plus énergétiquement favorisés.

    Shalegas-EIA-2011

     Dans ce classement provisoire la France avec le Bassin Parisien et le Delta du Rhône, ferait partie des heureux élus et arriverait comme second européen derrière la Pologne à plus de 5000 milliards de m3 de réserves techniquement mobilisables…ça vaudrait le coup de vérifier un peu par quelques sondages de prospection pour l'instant interdits par nos dirigeants. Ceux qui nous administrent sont pourtant à la recherche, par un dirigisme économique d'un autre âge, de limitations des prix de l'énergie facturée à nos concitoyens. Il n'est pas certain que de telles méthodes portent remède aux 60 milliards de déficit énergétique de la balance commerciale en vue pour 2011 (-10,3 milliards sur les deux premiers mois selon les Douanes) dont une quinzaine pour le seul gaz naturel indexé.

     Pour l'EIA cette nouvelle évaluation majorerait les réserves de gaz techniquement extractibles dans le monde de 40% et les porterait à 640 000  milliards de m3. Pour mémoire, le monde a consommé un peu plus de 3000 milliards de m3 de gaz naturel en 2008 (dont 44 milliards pour la France) auxquels il faut encore ajouter les scandaleux 150 milliards de m3 de gaz brûlés dans le torchage, dont 50 milliards en Russie (GE).

     Ces données sont de nature à conforter l'hypothèse d'un gaz naturel première ressource énergétique mondiale du XXIème siècle.

    LIRE le communiqué de l'EIA et accéder au dossier pdf détaillé.

    Quelques cartes issues du dossier détaillé:

    Shale-gas-China-2011
    Shale-gas-sud-AmeriqueduSud-2011
    Shale-gas-nord-AmeriqueduSud-2011

    Shale-gas-Australie-2011

    Shale-gas-India-Pakistan-2011

  • Etats-Unis: les consommations d’essence poursuivent leur décrue

    Etats-Unis: les consommations d’essence poursuivent leur décrue

    Le mois de Janvier dernier qui avait vu les prix de l’essence à la pompe franchir le seuil psychologique des 3$/gallon aux États-Unis a affiché une consommation d’essence en décrue par rapport à celle du mois de Janvier 2010 (EIA). Depuis les prix de l’essence sur le Nymex se sont envolés puisque depuis le début du mois de Janvier les cours de l’essence se sont accrus de 31%, alors que le WTI a pris 18% et le Brent 28%. L’histoire de l’impact des prix sur la consommation de carburants dans le monde n’en est qu’à ses débuts.

    Quelque faits pour illustrer ces propos:

    1- le mois de Janvier est historiquement (hors ouragans sur le Golfe) celui où la consommation d’essence est la plus faible aux États-Unis (FIG.I):

    Conso-essence-US

    2- le suivi des consommations d’essence des mois de Janvier, après les fêtes du mois précédent, traduit le besoin de base de ce carburant pour assurer un trafic routier « utile » aux États-Unis. Cette consommation est passée par un maximum de 8,9 M barils/jour en Janvier 2007 (FIG.II, courbe rouge). Depuis elle ne cesse de décroitre (8,4 M barils/jour en Janvier 2011).

    Conso-essence-US-Jan

    3- pour porter jugement sur le prélèvement de pétrole il faut tenir compte des gains de process en carburant dans les raffineries américaines (1 point de % par an tous les dix ans) et surtout de l’addition d’éthanol qui, en ce début 2011, a atteint les 9% en volumes (6% en énergie). Dans les faits, la consommation maximum de la fraction pétrolière de l’essence (FIG.II, courbe verte) est donc passée par un maximum de 8,6 M barils/jour les mois de Janvier 2005 et 2006 pour ensuite décroitre jusqu’à 7,7 millions de barils/jour en Janvier 2011, ancien niveau de Janvier 1999.

    Cette courbe verte en vive décroissance, rend évident l’intérêt de la production de bioéthanol aux Etats-Unis, tant décriée par certains écolos-rétro de l’EPA aux yeux rivés sur quelques tonnes de CO2 de plus ou de moins dans l’azur liées à d’hypothétique transferts de cultures (LUC). Les biocarburants n’ont qu’un impact marginal sur les émissions de GHG, par contre ils en ont un essentiel sur la consommation de produits pétroliers, en particulier aux États-Unis. C’est la raison essentielle qui pousse l’Administration Obama à encourager la diffusion de la distribution de ces biocarburants sur le territoire américain. Ceci passe par la généralisation de la mise en place de pompes à essence qui distribuent le mélange à la teneur en éthanol désirée (97%, 15% ou 10% selon le type et l’âge du véhicule). Ces pompes vont être subventionnées (LIRE le dernier discours du Président Obama).

    4- mais tout cela n’empêche pas les cours du pétrole Brent en Europe, devenu le benchmark mondial, de nous « rejouer 2008 » avec trois ans de décalage (FIG.III):

    ° les liquidités sont abondantes grâce aux « quantitative easing » de la FED et autres carry-trade sur le Yen,

    ° l’évidence du peak-oil imminent de 2008 a été remplacée par celle des troubles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord,

    °la montée des cours gèlent des stocks physiques qui attendent des cours meilleurs pour se débloquer,

    °les économies mondiales se sont en trois ans une fois de plus désensibilisées aux cours élevées du brut ce qui rend possible un nouveau record de prix, encore plus élevé que le précédent, avant le futur plongeon « post-bulle ».

    Cours_Brent

    En conclusion: la montée des cours du pétrole et de l’essence devrait poursuivre son effet dépressif sur les consommations américaines et mondiales de carburants. En parallèle les biocarburants devenus moins onéreux que les équivalents pétroliers devraient poursuivre leur prise de part de marché. Mais ceci n’est pas de nature à empêcher cette croissance des cours du brut en Europe, animés par des considérations géopolitiques et spéculatives sur fond de gel des stocks.

    Le 6 Avril 2011