
Visite hier à un passionné de la figue qui, depuis plus de 35 ans collectionne et cultive inlassablement différentes espèces de ce fruit originaire d’Asie Mineure. Francis Honoré, propriétaire de l’exploitation “Les Figuières” a ainsi arpenté le monde méditerranéen à la recherche des espèces les plus rares et les plus anciennes que le “marché” contemporain, hélas, tend à oublier ou délaisser au profit de rendements immédiats discutables. Ce sont donc près de 150 variétés que l’on retrouve dans son grand verger et qui se disputent la vedette. Dès la mi-juin, on peut y déguster quelques variétés dites “bifères” jusqu’aux dernières qui se font parfois attendre, s’offrant à la cueillette au début du mois de décembre !
En cette saison, début du printemps, tandis que les feuilles du Ficus Carica se forment, grandissent de jour en jour, se baignant de Soleil et que les “boutons” se gonflent, on peut se délecter avec les bonnes confitures préparées à partir de figues blanches ou noires. On peut aussi y découvrir les merveilles savoureuses que la figue inspire comme l’original et non moins délicieux “Nectar de Figues” ou un formidable “Condiment à la Figue et au Vinaigre Balsamique”. Toutes ces préparations éveillent la gourmandise et la bonne humeur, enchantent notre palais et nous convient à une table où y seront associés diverses viandes et légumes, les recettes ne manquent pas.
N’oublions pas que dans la nature, nous pouvons rencontrer, au bord des chemins ou dans des ruines où l’arbre aime s’épanouir, des Capri Figuiers aux fleurs mâles et d’autres qui seront des figuiers femelles … Puisqu’on parle de fleurs, pendant longtemps l’homme s’est interrogé sur son absence or, on sait aujourd’hui que certaines figues sont, en réalité, des fleurs à l’intérieur, leur calice abritant un insecte qui sera ensuite chargé de polliniser. Bien entendu ce sont les figues femelles qui sont les meilleures et que l’on a plaisir à ramasser à la fin de l’été, en août ou en septembre.

Culturellement, la forme équivoque de ce fruit très apprécié parce qu’il est très nourrissant et qu’il offre des récoltes très abondantes, est souvent identifié à la fécondité, la fertilité, aimé de Dyonisos et de Priappe, l’arbre abrite la Louve qui allaite les deux garçons Romus et Remulus, les Romains lui vouent un culte et l’appellent même la mamelle (rumen), il donne lui-même, quand il est bléssé, un lait blanc ou latex. C’est une feuille de figuier qui couvre le sexe d’Adam et d’Éve, et on le retrouve chanté plusieurs fois par les poètes arabo-andalous, grecs, romains, égyptiens ou, plus près de nous, Francis Ponge . En hébreu, le mot figuier désigne à la fois le fruit et le désir charnel et dans la langue Berbère, de par son évocation des parties génitales masculines, on préfère ne pas le prononcer et dire khrif qui signifie automne, période de récolte du fruit. C’est aussi sous une autre variété de figuiers, le Ficus Reliogisa, que le Boudha connut l’illumination. On raconte qu’au Couvent des Capucins à Roscoff dans le Finistère, un figuier avait été planté en 1621 et couvrait, il y a une vingtaine d’années, plus de 600 m. carrés de surface au sol.
Bibliographie : “Le Figuier” d’Alain Pontopiddan; “Figues” de Pierre Baud, Raoul Reichrath, Reinhard Rosenau; « Mythologie des arbres » de Jacques Brosse; “Figues Gourmandes” de Pierrette Chalendar.
Crédit photo : X. Demeersman

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