Pour nous, Européens, il n’est pas simple de regarder la Terre sous l’angle de la Ceinture du Pacifique (« Pacific Rim »). Généralement nos planisphères, centrées sur l’Océan Atlantique, la coupent en deux. Et pourtant il y a, tout autour, ce qui se fait de plus prestigieux . Des USA au Canada et l’Alaska, on passe à la Russie, le Japon, la Corée, la Chine, le Viêt-Nam, la Malaysie, l’Indonésie, l’Australie. Formidable plateforme à quelques encablures de l’Océan Indien et donc de l’Inde et du Moyen-Orient. L’Europe devient alors une contrée isolée, tout en haut à gauche, avec ses peuplades fatiguées et craintives.
Nous allons montrer la logique de certains évènements, dans le secteur de l’énergie, en adoptant cet éclairage géopolitique.
Regardons tout d’abord les conséquences de la fusion, en 2006, dans le japonais Toshiba, de Westinghouse Electric, le grand spécialiste américain des équipements électro-nucléaires à eau sous pression (PWR). Vu de France on se demandait ce que Toshiba voulait faire de cette acquisition de plus de cinq milliards de dollars. Mais quand on connait la boulimie énergétique de la Chine et des pays environnants, on comprend mieux cette alliance et ses succès immédiats, dans la vente de centrales électronucléaires. Toshiba a acheté l’influente carte de visite américaine, il apporte sa caution asiatique. Areva et Siemens sont trop loin, trop exotiques pour pénétrer ces marchés, sinon de façon marginale. Le projet de fusion Areva-Alstom, dont on voit mal la composante géopolitique, doit faire imperceptiblement sourire son concurrent nippon. Hi, hi!
Pour ce qui concerne le marché des produits pétroliers, il y a là une Zone stratégique évidente. C’est par elle que passe une large partie du traffic pétrolier mondial en provenance du Moyen-Orient, du Viêt-Nam ou de l’Alaska. C’est aussi une grande zone d’échange de gaz naturel liquéfié (GNL) comme on peut le voir sur la carte. Les productions se concentrent en Malaysie, en Russie et en Alaska, les consommations en Corée, au Japon et demain en Chine.
Un grand projet de gazoduc entre les gisements au Nord de l’Alaska (North Slopes) et le Canada pour déservir les réseaux de gaz des USA est en cours d’appel d’offre. Ce projet ne plait pas aux autochtones parce qu’il n’apporte que bien peu de valeur ajoutée à l’Alaska. Une contre proposition a été réalisée par BG Group, société cotée à Londres, pour liquéfier le gaz en Alaska et pouvoir ainsi desservir toutes les Nations de la Ceinture du Pacifique. Cette alternative, bien accueillie, a fait un certain bruit dans le Landernau de l’Alaska.

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