Biocarburants: taille critique des unités de production

Lger1917              La taille des camions collectant la canne à sucre en vrac et leur noria pour alimenter la production de fuel éthanol au Brésil sont impressionnantes. Il faut en effet alimenter, par milliers de tonnes, ces grandes usines de fermentation et de distillation, produisant leur énergie et leur électricité à partir de la bagasse. Monstres autarciques, crachant leur vapeur d’eau et leurs émanations d’alcool.

                      La question que nous allons aborder concerne la taille et l’impact sur l’environnement  des futures et hypothétiques unités de production de carburants, à partir de la biomasse, en fonction des caractéristiques de base des procédés. Cette réflexion devrait permettre de rendre plus réalistes et tangibles certains rêves écologiques.

                 Nous avons un exemple industriel similaire en France, c’est la production de papier. Elle produit 90% de son énergie thermique et 35% de son électricité à partir de la liqueur noire, obtenue lors de la cuisson du bois. Une machine à papier produit 1000 tonnes/jour et il y en a plusieurs dans une usine. L’usine de production de papier Kraft dans les Landes est alimentée par 250 camions par jour.

                Plus les opérations seront simples et plus les tailles des unités de production pourront être déclinées en fonction des contraintes locales. Inversement, un procédé complexe et dangereux, de type pétrochimique, nécessitera une grande usine qui devra être implantée au coeur de la zone de culture intensive. Voici quelques exemples.

                Le procédé le plus complexe est le BTL (Biomass To Liquid) qui n’existe, pour l’instant, qu’à l’état de pilote industriel. Une unité industrielle ressemblerait à une raffinerie de pétrole complexe. La rentabilité et la sécurité imposeraient la taille de l’unité de production qui devrait produire 50 à 100 mille barils par jour de carburant. Cette contrainte nécessiterait d’alimenter l’usine de 25 à 50 mille tonnes de bois sec par jour. Un tel complexe n’est imaginable que dans un environnement fortement boisé à croissance rapide, organisée et gérée.  On touche ainsi du doigt les limites de l’exercice « biomasse ». Faire des calculs globaux annuels est une chose, imaginer une usine dans son environnement en est une autre.

                Une usine américaine de production de fuel éthanol à partir de maïs va consommer 100 millions de boisseaux par an (2,5 millions de tonnes). Pour produire cette récolte (avec un rendement de 149 boisseaux/acre ou 37/m2 soit 37 millions/km2) il faut près de 3 km2 de cultures. On a donc une taille d’usine raisonnable, au niveau du Comté, ce qui explique le très grand nombre d’usines qui ont été construites en peu de temps au US. Le procédé est simple, peu dangereux. Certaines usines, plus petites, sont la propriété de quelques agriculteurs organisés en coopérative. Sacrés bouilleurs de crus. La production de fuel éthanol ne pose donc pas de problème industriel local, par contre elle pose des problèmes de ressources, de santé et de logistique. La conversion de ces usines à la production de butanol à partir de cultures non vivrières serait la bien venue.

                  Un autre exemple intéressant est la solution offerte par la Société suédoise AGERATEC  qui propose, clés en main, des équipements de production de biodiesel, à celui qui dispose de corps gras (huiles ou graisses) à traiter. Le plus petit de ses équipements peut produire sur 40 m2, 700000 litres de biodiesel par an. D’autres équipements modulaires peuvent produire jusqu’à 100 mille tonnes par an de carburant. La société fournit les réactifs (solution de potasse et méthanol) ainsi que les additifs « grand froid ». Une Société de Transport espagnole s’est équipée de ce type d’équipement pour produire 16000 litres quotidiens de biocarburants pour alimenter sa flotte de camions. Bien sûr vous ne pourriez pas faire celà en France, arriverait immédiatement, dans les locaux, un bataillon de douaniers qui viendrait vous redresser les comptes.

                   Ces exemples montrent que la réflexion autour des biocarburants doit s’accompagner d’une réflexion autour du maillage géographique, des choix de procédés, de la taille des unités de production et des législations associèes. Les micro brasseries américaines produisent d’excellentes bières, les micro usines de transestérification pourraient produire un biodiesel de premier choix.

Commentaires

9 réponses à “Biocarburants: taille critique des unités de production”

  1. Avatar de Didier76
    Didier76

    Petite précision sémantique. Peut-on SVP arrêter de qualifier ces carburant en biocarburant. le bio n’a rien à voir la dedans et induisent sournoisement une connotation positive, ce qui n’est pas tout à fait le reflet de la réalité. Ce ne sont que des Agro-carburants. Merci

  2. Avatar de raymond
    raymond

    Je veux bien mais tout le monde, non français, parle de « biofuels » je n’ai jamais lu de « agrofuels ». Mais je sais bien que l’on a traduit « globalisation » par mondialisation et « cellular phone » par portable. Alors continuons à être incompréhensibles. Voilà pour la forme.
    Quand au fond il ya eu du « bio » dans le charbon, des millions d’années de récoltes stockées, il y en a eu aussi dans le gaz et le pétrole. La production d’éthanol à partir de sucres repose sur une biosynthèse.
    J’ai exposé dans un article que le terme « biomass » dans le générique « biomass to liquid » était une tromperie et que j’aurais préféré un « cellulose to liquid » ou plus simplement un « wood to liquid » qui serait beaucoup moins prétentieux.
    Mais les Français ne forment que 1% de la population mondiale, ne l’oublions jamais.

  3. Avatar de Marc
    Marc

    Pardon, c’est 3,4 % de la population mondiale qui parle français. Toujours vérifier avant d’affirmer. Et de toute manière quand on parle français, autant le parler correctement. C’est purquoi j’approuve Didier76 et la majorité des écologistes en dénonçant cette appellation abusive de « bio »-carburant. On a le choix : agrocarburant est le plus répandu, mais aussi carburant végétal, xylocarburant (du bois), phytocarburant, etc.
    Ce n’est pas du chipotage : les mots induisent des réactions, ils doivent donc être choisis avec discernement. On a bien vu Danone perdre son droit à appeler l’un de ses yaourt « Bio de Danone » puisque ledit yaourt ne provenait pas de l’agriculture bio. Cela prouve qu’un mot n’est pas juste un mot, il y a aussi la notion d’appellation contrôlée, de sorte que l’on n’induise pas les gens en erreur.
    Un biocarburant n’a absolument rien de bio, il me paraît donc indispensable de prendre l’habitude dans notre langage de tous les jours de n’utiliser que le mot agrocarburant ou carburant végétal qui reflète parfaitement la réalité de cette nouvelle manière d’empoisonner la terre…

  4. Avatar de irisyak

    On retire un biocarburant de la biomasse. L’expression bio vient de biologique. Il n’y a pas de connotation écolo dans l’histoire. Il suffit de le rappeler.
    La seule biomasse capable de répondre vraiment à la demande viendra de la mer. Il faut le plus vite possible y arriver à un prix raisonnable: moins de 200 $ le baril.

  5. Avatar de raymond
    raymond

    Ne confondez pas France et francophonie, je vous en prie. Je ne suis pas si sûr que les Canadiens francophones comprennent tout ce verbiage « xylophage ».
    Quand à la mer, je sais que les américains ont un gros programme de recherche sur les algues. Je n’arrive pas à imaginer des milliers de tonnes d’algues extraites quotidiennement d’un littoral sans dommage majeur.

  6. Avatar de Mamouth
    Mamouth

    Si vous voulez ergoter sur le langage, autant se conformer à l’étymologie :
    « bio » : la vie.
    L’appelation biocarburant peut donc se justifier : ils sont fabriqués à partir d’organismes vivants (ce que les hydrocarbures ne sont pas).
    Par contre des aliments « bio », abbrévation de « biologique », ne veut pas dire grand chose, puisque une carotte produite par l’agroindustrie est autant un organisme vivant qu’une carotte produite par l’agriculture « bio ».
    Je supporte l’agriculture « bio », mais franchement, il eut-il éte choisi un terme plus approprié qu’il n’y aurait pas matière à se plaindre que d’autres n’en fassent usage.

  7. Avatar de Dexter
    Dexter

    Ben voilà, ça chipote ça chipote pour des conneries, mais ça ne résoud rien et c’est bien le problème, on dirait le film « la vie de brian »…

  8. Avatar de Raymond
    Raymond

    Si vous faisiez un effort pour comprendre vous seriez peut-être moins stupidement agressif. Je n’ai pas vu le film dont vous parlez, mais je suppose qu’il doit être passionnant.

  9. Avatar de ISSA MOUANDA
    ISSA MOUANDA

    nous vous prions de nous aider pour l’acquisition des équipements et matériels d’une unité assez importante complète de production du biocarburant à partir de la plante du jatropha et une autre à partir de la canne à sucre

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