L‘Agence Internationale de l’Energie, le rapport Exxon Energy Outlook de 2007, toutes les études sérieuses disent que le seul moyen de réduire les émissions de CO2, à moyen terme, sera de faire des centrales électriques soit de type électronucléaires, soit au gaz ou au charbon, mais équipées de moyens de capture et séquestration du CO2 (CCS). Plus tôt ce changement de cap sera amorcé et moins les perturbations climatiques seront importantes.
Le retour à l’électricité électronucléaire est lancé, la rentabilité du procédé est démontrée, même avec des augmentations importantes des prix de l’oxyde d’Uranium. Mais, le changement vers le CCS ne se fera que si des incitations financières sont mises en place par les gouvernements. Incitations négatives sous forme de taxes ou positives sous forme de droits d’émissions.
Pourquoi les centrales dites « à charbon propre » destinées à être couplées au CCS mettent-elles tant de temps à voir le jour, en particulier aux USA.
Les centrales électriques dites « à charbon propre » sont tout d’abord des centrales à « cycle combiné » qui disposent de deux moyens de génération de courant. Le premier est une turbine actionnée par la combustion de gaz, l’autre est actionnée par la vapeur produite à partir des gaz très chauds d’échappement de la première. Le remplacement du gaz par le charbon nécessite de transformer préalablement le charbon en gaz dépollué.
Ces procédés outre d’excellents rendements (55% à 59%) présentent l’intérêt potentiel de pouvoir être associés à un procédé de capture et séquestration de CO2 (CCS). On devrait donc voir foisonner le projets. Or, il n’en est rien, bien au contraire. Un exemple, Hunton Energy avait envisagé de construire à Houston une centrale de 1200MW basée sur la technologie IGCC (Integrated Gasification Combined Cycle) à partir de coke de pétrole provenant de raffineries environnantes. Il vient d’annuler cette décision en raison des incertitudes américaines sur les taxes concernant les émissions de CO2 et de l’absence de droits d’émissions qui devraient inciter les industriels à innover.
On le voit, la montée des cours du pétrole, du gaz et du charbon rendra très difficile l’instauration de taxes supplémentaires sur les émissions de CO2. Quel homme politique viendra expliquer aux marins pêcheurs bretons que l’augmentation du gasoil va se poursuivre parce que leurs bâteaux polluent en émettant du CO2. Nul n’a posé une telle question au « Grenelle de l’Environnement », mais beaucoup ont du y penser. Le courage politique a ses limites. Par contre une gestion dynamique des volumes et des octrois de droits d’émissions, qui leur permettrait d’atteindre des cours de 30 à 50 euros la tonne de CO2, inciterait les industriels à se lancer dans la construction de centrales électriques innovantes, à condition de pouvoir amortir les surcoûts d’investissement , par la vente des droits d’émission sur le marché. La surconsommation d’énergie due au CCS serait intégrée dans les prix de vente de l’électricité.

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