Le résultat 2006 des émissions de CO2 par l’Allemagne en croissance de 0,6% avait été perçu avec grand étonnement et profonde déception. Le pays se disant le plus « vert » de l’Europe est celui qui pollue le plus et ses rejets sont en croissance, malgré un hiver 2006 doux. Ce sentiment de laxisme relatif est confirmé par l’enquête de Pricewaterhouse Coopers sur les rejets de CO2 des producteurs d’électricité européens. D’après cet organisme les rejets de CO2 des 23 Groupes étudiés se sont élevés en 2006 à 793 millions de tonnes en croissance de 7 millions de tonnes, soit 0,9%. Dans le « top five » les trois premières Sociétés polluantes sont allemandes.
RWE, Wattenfall et E.ON ont ensemble émis 302 millions de tonnes de CO2 soit 38% du total étudié. Elles brûlent du charbon importé ou de la lignite locale et achètent des droits d’émissions de CO2. On est loin de l’image d’Epinal entre éolienne et panneau solaire. Mais on peut citer aussi l’anglais Scottish & Southern qui voit ses émissions de CO2 croître de 33% en raison de la modification de son mix énergétique au profit du charbon à la place du gaz, le mix variant en fonction des cours relatifs du Gaz de la Mer du Nord et du prix du charbon, australien ou sud africain, importé en Grande Bretagne.
On le voit, les grandes messes incantatoires n’auront pas d’effet tant que, branche par branche, l’Europe n’exigera pas des plans d’actions détaillés et planifiés avec des objectifs clairs de décroissance des émissions de CO2. Citons par exemple les producteurs d’électricité, les producteurs de ciment (7% du CO2 mondial), les producteurs de métaux, les Sociétés pétrolières, les Sociétés de transport, etc. Une gestion moins laxiste des droits d’émissions de CO2, avec un cours aux environs de 50 euros la tonne, favoriserait les arbitrages les moins polluants et les investissements réduisant les émissions ( Charbon « propre », capture et séquestration du CO2, électronucléaire).

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