Séparation patrimoniale des réseaux de gaz et d’électricité en Europe

Un_commissaire               Un grand débat anime l’Europe, dans les marchés du gaz et de l’électricité, sur l’introduction de plus de concurrence, et sur les moyens à utiliser pour y arriver. Ce différent oppose le très libéral commissaire européen à l’Energie à des pays comme l’Allemagne ou la France. Une analyse critique et exempte d’idéologie libérale ou « national-économique » montre facilement que les prix de l’électricité en Europe ne dépendent pas de plus ou moins de concurrence, mais qu’ils sont liés à la structure des coûts de production de chacune des Nations. La confrontation d’une France règlementée et d’une Grande-Bretagne libérale montre que c’est cette dernière qui souffre le plus, en raison de ses choix de mix énergétique. Ce débat ne doit cependant pas masquer les réformes indispensables à proposer et appliquer à l’Europe de l’énergie.

                      Un examen des points faibles et des corrections possibles est indispensable.

                        Posons tout d’abord quelques évidences: en amont les industries du gaz et celles de l’électricité ne sont pas les mêmes. Extraire du gaz, le nettoyer de ses impuretés, l’acheminer soit par gazoduc soit sous forme de GNL est le métier des Sociétés pétrolières. Les acteurs en Europe sont (trop) nombreux,  citons: Gazprom, Sonatrach, Shell, BP, Total, ENI, BG Group, StatoilHydro, Repsol, etc. Produire de l’électricité est un autre métier avec de fortes variantes selon qu’elle est d’origine nucléaire, hydrolique ou thermique. La aussi, les acteurs sont nombreux, citons: EDF-EnBW-Edison, E-ON, Vattenfall, RWE, ENDESA, Electrabel, Enel, etc. Mélanger les genres dans l’amont, comme le fait GDF-Suez, c’est prendre le risque de se disperser et donc de s’affaiblir pour finir absorbé et dépecé par deux agresseurs complices.

                         Une autre évidence la gestion des flux n’est pas la même. Le gaz nécessite des moyens de stockage, l’électricité nécessite une gestion fine des flux en temps réel, par un régulateur multinational. Les deux réseaux ont un point commun: ils doivent être interconnectés pour assurer sécurité des approvisionnements et mise en concurrence des acteurs dans l’ensemble des pays européens. Par contre la complexité de chacun des réseaux nationaux rend irréaliste une gestion physique unifiée au niveau européen. La séparation patrimoniale des réseaux de la production nécessiterait de modifier un grand nombre de gestionnaires de résaux nationaux. Il n’est pas sûr que les choses iraient mieux.

                         Quand à la vente au client final il est une certitude les prix ne baisseront pas si les coûts montent. La concurrence est à promouvoir entre les grands acteurs de la vente au détail grâce à l’implantation d’une réelle interconnexion des réseaux et d’un marché unifié. Les petits détaillants à la sauvette, style Poweo, n’apportent rien au débat. Que E-On ou Enel viennent vendre en France et il y aura une vraie concurrence, à condition qu’ils aient des capacités de productions compétitives.

                         En résumé les marchés du gaz et de l’électricité iront mieux quand les interconnexions seront effectives et largement dimensionnées. Un organisme de taille européenne en charge de faire avancer opérationnellement le sujet serait indispensable. La liaison entre la France et l’Espagne constituerait un premier sujet intéressant, Mario Monti ayant peu de chances de débloquer le sujet à l’aide d’un rapport attendu pour la fin 2007. La mise en place d’un marché européen de l’électricité doit être poursuivi en intégrant l’allemagne, dès 2009, au pool France-Belgique-Pays-Bas existant.

                           La mise en commun progressive de certains stocks de gaz et de leur gestion constituerait un progrès important pour la sécurité des approvisionnements des pays européens.

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