Gazprom: la chasse à l’intrus étranger continuera en 2008

Dix1919                    Après avoir fait tyranniser Shell et ses partenaires japonais par l’Agence de l’Environnement et plier en lui prenant la majorité du projet Sakhaline II, après avoir fait la même chose sur le consortium anglo-russe TNK-BP et lui avoir fait céder le champ de Kovytka en Sibérie orientale, il reste un gros os à ronger pour Gazprom: c’est Sakhaline I et son leader Exxon-Mobil. Mais la partie sera rude parce que l’enjeu financier est immense et le protagoniste américain n’est pas un tendre. Exxon n’a pas plié au Venezuela devant Chavez, il n’a pas cédé au Kazakhstan, devant l’incompétence de l’ENI à manager le développement du gisement géant de Kashagan, qui a conduit le consortium occidental à faire amende honorable devant l’Etat kazakhe.

                           Sakhaline 1 c’est 2,3 milliards de barils de pétrole et 480 milliards de m3 de gaz exploités par un consortium Exxon-Neftgas, dans lequel  les intérêts russes sont très minoritaires et composé de Exxon (30%), un consortium japonais (30%), l’indien ONGC (20%) et  Rosneft (20%) . Mais le contrat de partage de production signé sous le temps du Président Yeltsine, donne le droit d’exporter le pétrole et le gaz au consortium. Exxon voudrait exporter le gaz vers la Chine et a besoin d’un gazoduc pour le faire. Mais Gazprom voudrait que ce gaz soit vendu en Russie par son intermédiaire et bien sûr au prix russe beaucoup moins rémunérateur.

                           Chez Gazprom l’homme qui monte semble être Alexandre Ananenkov, vice président de Gazprom qui a condamné publiquement les accords de partage de production passés et qui a contré sèchement le Ministre des Ressources Naturelles russe, Youri Troutnev, qui avait imprudemment avancé que « des entreprises comprenant des investisseurs majoritairement étrangers pourraient avoir accès aux ressources stratégiques russes. » Il aurait cependant, après cette attaque des accords passés, modulé ses propos en ajoutant: « Nous sommes prêts à coopérer avec les Sociétés étrangères sur la base d’intérêts et d’investissements partagés » et citant en exemple le récent accord Gazprom-BASF portant sur l’exploitation en commun du gisement de Yuznho-Russkoye, dans lequel BASF possède 25% des parts, sans droit de vote.

                              2008 va donc être une année charnière pour Exxon-Mobil en Russie, l’interpénétration des affaires du Kremlin avec celles de Gazprom ne laisse aucune chance de maintien du statu quo pour Exxon. Il pourra toujours se venger sur les dédommagements financiers, mais il perdra les réserves.

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