Pour créer un marché libre mondial de matière première comme celui du Nickel, du pétrole ou du blé il faut répondre à un certain nombre de conditions que sont:
- une pluralité des productions, sans monopole ou producteur dominant (un exemple de quasi monopole excluant un marché libre: de Beers pour le diamant)
- une pluralité d’acheteurs solvables,
- l’existence de stocks disponibles, si possible non périssables, et physiquement transportables (l’électricité n’obéit pas à cette contrainte d’où l’existence de marchés purement régionaux)
- une place de marché dominante dans le monde (ex. le LME à Londres pour certains métaux non ferreux, le Nymex à New York pour le pétrole, le Chicago Mercantile Exchange pour les denrées agricoles)
Examinons le cas du marché du gaz naturel.
Bien qu’obéissant presqu’à ces quatre règles de base, le gaz est difficilement cotable. Il existe bien des lieux de cotation du gaz, points de livraisons sur un marché comme le Henry Hub pour les USA, le British National Balancing Point pour la Grande Bretagne. Mais ces cours régionaux, n’ont rien d’universel et ne servent pas à grand chose pour certains marchés physiques bien précis. Par exemple les cours du gaz à New York, véritable goulot d’étranglement, peuvent être à plus du double de ceux du Henry Hub. Que faudrait-il pour qu’existe un vrai cours international du gaz, servant de benchmark à l’ensemble des marchés?
Le secret réside dans la pluralité des sources et la transportabilité. Le gaz est un produit difficilement transportable par gazoduc ou sous forme de GNL qui nécessitent l’un et l’autre, d’énormes investissements ( gazoducs, stations de pressurisation, stockages souterrains, usines de liquéfaction, méthaniers, usines de gazéification) qui font que seuls quelques gros fournisseurs et consommateurs, sur la base de contrats à long terme, peuvent investir des milliards de dollars dans ces équipements. Le marché du gaz est donc entre les mains de gros producteurs (Gazprom en Russie, Sonatrach en Algérie, StatoilHydro en Norvège, le Consortium nigerian pour le marché européen par exemple).
Comment casser cet énorme droit d’entrée sur le marché? Comment démocratiser le marché du gaz naturel? Comment l’acheminer en provenance de sources de productions lointaines?
Une seule réponse est possible: il faut inventer un moyen de stockage et de transport économique qui réduirait par dix les investissements nécessaires à l’entrée dans le négoce du gaz. Alors les petits et moyens producteurs potentiels, nombreux dans le monde, pourraient rejoindre et animer le Marché.
Une voie semble prometteuse c’est l’utilisation de GNH (hydrate de gaz naturel). Nous avons vu que les Japonais, gros importateurs de gaz nécessaire à la production d’électricité, travaillent activement sur cette filière. Sous forme solide stockable à -20°C, ces boulets de glace permettraient de stocker, de transporter et de mettre aisément à disposition du gaz naturel. Un marché mondial du GNH avec des cours mondiaux serait alors envisageable. Pour s’affranchir des ses contraintes d’approvisionnement en gaz, l’Europe devrait activement s’impliquer dans ces recherches de mise au point industrielle de production, de transport par bateau réfrigéré et de gazéification de GNH.
Ceci serait à terme beaucoup plus efficace que d’aller construire un gazoduc de plus ou de moins, évitant le sol russe.
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