Tony Hayward, le récent patron de la major BP, a précisé avec l’aide de son état-major les objectifs stratégiques de sa Compagnie pour les années à venir. De ces présentations il est possible de dégager quelques axes forts de cette stratégie mais également de découvrir quelques zones d’ombre dues à la volonté du management de ne pas tout dévoiler ou bien dues à de réelles lacunes stratégiques.
Mais regardons d’abord ce qui est clair.
- Accroître la sécurité et la fiabilité des opérations: c’est l’objectif N° 1 de BP qui a tant souffert d’évènements accidentels durant ces dernières années. L’atteinte de cet objectif repose sur l’existence de procédures mondialisées (Operation Management System) et de formations dédiées. Durant 2008 les installations qui avaient souffert de ces accidents devraient revenir opérationnelles: la plateforme Atlantis qui a démarré, les raffineries de Whiting et de Texas City qui seront à 100% opérationnelles à mi-2008, la plateforme Thunder horse qui devrait démarrer en 2008. BP estime que les incidents sur trois raffineries (Texas city, Whiting et Toledo) ont représenté une perte de marge de plus de 5 mrds$ en trois ans.
- Simplifier l’organisation en partant du haut de la hiérarchie et réduire les effectifs d’appui de 5000 postes. Ces restructurations coûteront un milliard de dollars en 2008.
- Accroître les investissements en les portant à 22 mrds$ en 2008 dont 15mrds$ pour l’amont et 5 mrds$ pour le raffinage.
- Créer avec Husky une filiale 50/50 pour l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta dans laquelle BP apporte sa raffinerie américaine de Toledo. Les productions devraient démarrer en 2012.
Puis il y a ce qui est moins clair:
- TNK-BP tout d’abord cette filiale détenue à 50% par de fortunés citoyens russes et à 50% par BP agit en permanence sous la menace des foudres du Kremlin. C’est la troisième Société pétrolière russe. Elle doit donc donner beaucoup de signes d’allégeance et de bonne volonté. Ses productions stagnent mais ses réserves croissent, grâce à l’introduction des nouvelles technologies occidentales dans la prospection. Les investissements en 2008 seront en croissance à 4 mrds$. La présentation de Bob Dudley le Directeur Général de TNK-BP montre toute la bonne volonté de la Société à l’égard de la Nation Russe. Il sait que son papier va être lu au Kremlin!
- La profitabilité du Raffinage et du Marketing n’est pas bonne. Alors on parle de simplification, de rationalisation. Mais les choix industriels n’apparaissent pas clairement, peut-être volontairement.
- Les énergies alternatives qui sont rattachées au Siège, présentent une politique tous azimuts: le vent, le soleil, les biofuels, l’hydrogène, etc. Tout cela ne fait pas très professionnel.
En conclusion l’avenir de BP dépend beaucoup de ce que deviendra TNK-BP. Dans l’hypothèse d’une séparation demandée par la Russie, la santé précaire de la partie occidentale de BP serait évidente.

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