Biocarburants: introduire les enzymes de conversion des lignines en sucres dans les végétaux

Sticklen1_2                Les biotechnologies constituent un immense domaine scientifique qui va permettre de développer des végétaux génétiquement modifiés afin d’être mis en oeuvre plus aisément dans la production industrielle de biocarburants. Les premiers résultats encourageants annoncés par Mariam Sticklen de l’Université du Michigan, qui dirige un laboratoire en pointe sur ces sujets, sont un exemple des possibilités de ces techniques.

                             Pour décomposer les matériaux ligno cellulosiques en sucres il faut préalablement casser l’armure de lignine. Pour cela les procédés industriels font appel à des réactions d’hydrolyse ou à des traitements thermiques sous pression qui vont détruire l’enveloppe ligneuse, puis vont intervenir des enzymes qui vont casser les matériaux en sucres élémentaires. Toutes ces opérations sont onéreuses, nécessitent l’achat d’enzymes complexes et accroissent les investissements industriels, mettant ainsi en péril la rentabilité globale des projets.

                               L’idée de Mariam Sticklen est d’accélérer toutes ce étapes en introduisant dans la plante le cocktail d’enzymes nécessaires à la dégradation de la ligno cellulose. Elle a réussi par exemple à créer un maïs génétiquement modifié possédant trois enzymes, le Spartan Corn III. Un enzyme issu des sources chaudes casse les matériaux cellulosiques, un second issu d’un champignon coupe ces fragments et paires de sucres, le troisième issu des microbes de l’estomac des ruminants scinde ces paires de sucres en sucres élémentaires. Ces enzymes sont localisés dans la feuille de la plante et plus précisément dans la vacuole pour éviter que les enzymes ne dégradent leur hôte.

                               Avec un peu d’imagination il est possible de concevoir que dans le futur, existeront des matériaux ligno cellulosiques aux propriétés optimisées pour la production de biocarburants. Ce seront par exemple, des switchgrass, riches en celluloses et contenant les enzymes nécessaires à leur conversion en sucres puis en alcool de type butanol, miscible en toutes proportions à l’essence.

                                 Malheureusement au nom de l’obscurantisme de certains incompétents et de principes précautionneux, ces innovations ne se feront pas en France. Il y a belle lurette que les semenciers sont partis faire leurs recherches ailleurs, en relation avec de jeunes chercheurs qui expérimentent et réfléchissent, sans se soucier de leur statut d’employé à vie d’un organisme nationalisé et soi disant scientifique.

                              Le processus, quoiqu’en disent les politiques, est malheureusement irréversible. Relancer l’innovation nécessite cinq ans pour constituer les équipes compétentes, cinq ans pour voir aboutir certaines innovations en laboratoire, cinq à dix ans pour devenir industrielles.

Voir le site de Mariam Sticklen

Le 9 Avril 2008

Commentaires

5 réponses à “Biocarburants: introduire les enzymes de conversion des lignines en sucres dans les végétaux”

  1. Avatar de Arno
    Arno

    C’est vrai le principe de précausion, ça sers a rien : Seveso , Tchernobyl, l’encéphalite spongiforme bovine, le DDT et quelques autres, ne sont sans doute que des détails…
    Quand on voit les dégas que peuvent faire des espèces importés dans un écosytème, on peut pourtant s’inquiéter de l’intégration d’OGM en plein champ, sans être pourtant « obscurantiste ». C’est la foi aveugle et religieuse en la technique qui elle est dépassé depuis la fin du 19eme.
    Et on ferait mieux, d’utiliser les champs à nourir la population, plutot que de nourir les véhicules individuels égoistes et inutiles.

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Mon cher Arno, ce que vous dites est partagé par une partie de nos contemporains. Mais certains s’opposent à la régression de notre pays dont les dépôts de brevets sont plus bas que ceux de la Corée, dont les exportations vont passer derrière celles de la Hollande, à l’exception des exportations de chercheurs dans le monde entier, qui elles sont florissantes. Un pays qui fait fuir ses cerveaux et ses riches n’a aucun avenir. Nos enfants seront serveurs ou bonnes dans les hôtels de luxe, propriétés des fonds de pension ou des fonds souverains, qui accueilleront les riches étrangers, aux noms aux consonances locales. Les futurs Dupont de Nemours.

  3. Avatar de Raymond
    Raymond

    Excusez moi si je n’ai pas mis une vache pour illustrer cette information comme l’a fait un site voisin enerzétique. J’ai préféré mettre la photo de Mariam qui manage ces recherches. C’est moins accrocheur, mais c’est plus juste.

  4. Avatar de Mamouth
    Mamouth

    Je ne suis pas sûr que « pas d’OGM = régression scientifique généralisée » ne soit pas un racourci hâtif.
    Concernant la fuite des cerveaux, si je partage vos inquiêtudes, j’aurais tendance à en attribuer les origines à d’autres causes:
    – dévalorisation des compétences scientifiques dans les entreprises françaises (passé son bac+5, avoir un doctorat est souvent un handicap à l’embauche), liée sans doute au manque de contact entre ces deux mondes,
    – dévalorisation des compétences techniques face aux compétences commerciales dans la hiérarchie des entreprises.
    PS: pouvez-vous m’éclairer sur le rapport entre la fuite des cerveaux et la fuite des riches ?

  5. Avatar de Raymond
    Raymond

    Mon cher Mamouth, je ne sais pas si vous êtes un Bac +5 mais je pense qu’en ces temps qui courent un diplômé doit trouver un emploi, mais peut-être pas en France, puisque beaucoup de nos entrepreneurs se sont expatriés. La richesse d’une communauté repose sur le Capital et le Travail, voila le lien simple entre fuite des cerveaux et fuite des « riches ». La confiance et l’estime réciproques sont les points clés indispensables à tout progrès.

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