Comprendre son voisin c’est un peu se comprendre soi-même. Eurostat vient de publier une statistique plus affinée des variations annuelles des PIB trimestriels des Nations européennes pour l’année 2007. Un extrait de ces données pour l’Allemagne, l’Espagne et la France est hautement instructif.
Tout d’abord on constate que les progressions de PIB trimestriel par rapport au même trimestre de l’année précédente, sont les plus fortes pour l’Espagne, avec cependant une légère décroissance en cours d’année entre 4,1% et 3,5%.
Une baisse de la croissance du PIB allemand de 3,7% à 1,8% en cours d’année est aussi remarquable. Enfin, la progression du PIB de la France se traîne autour de 2% avec un creux à 1,3% au deuxième trimestre.
Ces données brutes ne permettent pas d’analyser les raisons de ces différences et de ces variations. Pour mieux comprendre il faut analyser chacune des composantes de ces variations de PIB.
Les dépenses des ménages: cet indicateur de variation permet de mesurer le fossé qui sépare l’Allemagne des deux autres Nations. La consommation des ménages allemands a globalement régressé en 2007 avec deux trimestres négatifs (T1:-0,5% et T2: -1,5%) et deux trimestres quasi nuls à + 0,1%.
N’oublions pas que la variation de prix de la consommation d’énergie dont les prix ont flambé, est dans cette variation. La baisse du pouvoir d’achat des salariés allemands apparaît dans ce graphique. Pour l’Espagne cet indicateur est parti d’un superbe 3,5% au T1 pour décroître lentement vers 2,5% au T4. Enfin, pour la France les variations de dépenses des ménages ont crû de 1,6% à 2,5% ce qui est cohérent avec une non baisse du pouvoir d’achat des français en 2007, comme le montre l’indicateur des variations des augmentations de salaires dans les pays européens. Le classement des croissances de consommations pour les trois pays est cohérent avec celui des augmentations de salaires.
Les dépenses des administrations: cet indicateur de variation montre le comportement pro actif de l’administration espagnole dont les progressions de dépenses trimestrielles ont varié entre 6,1% et 4,4%. L’Etat espagnol participe à la croissance du PIB de son pays. Pour l’Allemagne et la France les administrations gèrent leurs dépenses au plus près.
Les exportations: la variation des exportations allemandes présente une chute très prononcée entre le premier trimestre (+10,3%) et le quatrième (+4,3%). Cette chute de la progression des exportations, particulièrement vive au quatrième trimestre dément sûrement la rengaine qui raconte que les exportations allemandes sont insensibles au cours du dollar. Il doit bien falloir passer quelques réductions de tarifs chez Mercedes ou BMW pour s’aligner sur le marché US. Ne parlons pas d’Airbus. Ces baisses des croissances d’exportation sont accompagnées par une baisse des croissances des importations allemandes de 7,8% à 3%.
En effet une grande part des importations allemandes est liée aux productions de produits exportés (matières premières, composants, sous ensembles venant de l’Est de l’Europe).
En conclusion: la décroissance de la variation du PIB allemand durant 2007 s’explique par une variation négative des dépenses des ménages et la baisse de la croissance des exportations, tempérée par le même mouvement de baisse de la croissance des importations. La bonne santé de l’Espagne s’explique par un bon niveau de croissance des consommations des ménages et de l’administration ainsi que des exportations. Quand à la France, une progression du pouvoir d’achat des salaires en 2007, lui a permis d’accroître légèrement les dépenses des ménages.
Pour 2008 l’Allemagne et l’Espagne profiteront de leurs points forts, mais on peut être pessimiste pour la France que seule la volonté de produire plus pour l’exportation en réduisant le volume des commandes en carnet, en réduisant les délais de livraisons, en tendant les flux pourrait permettre de limiter les dégâts. Encore faudrait-il l’expliquer avec beaucoup de pédagogie, à nos concitoyens.
Le 12 Avril 2008
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