Les émissions de CO2 en Europe supportent un marché dynamique

                      L‘échange de droits d’émissions de CO2, basé sur les réductions de volumes décidées dans le cadre du protocole de Kyoto, a fait l’objet de la création d’un marché très actif en Europe. La plateforme ECX à Londres qui est la plus importante pulvérise chaque mois ses records de volumes échangés. Elle a traité au mois d’Avril plus de 190 millions de tonnes de CO2, soit plus du double de ce qui avait été échangé en Avril 2007. Les cours du CO2 se portent bien (FIG.), ils ont franchi les 27 euros la tonne cette semaine, supportés par des électriciens anglais et allemands qui consomment à tout va du lignite ou du charbon et qui évitent de consommer du gaz, devenu hors de prix avec la financiarisation des cours.Co2ecx_2

                      Brûler du charbon en lieu et place de gaz émet un surcroît de CO2 de 0,55 tonne environ par MWh. En supposant qu’un électricien européen ait consommé tout ses quotas d’émissions, il va être obligé d’acheter une demi tonne de CO2, soit 14 euros par MWh au cours actuel qui vont s’ajouter aux 30 ou 35 euros de charbon, acheté à 150$ la tonne en Europe. Ces prix du charbon et du CO2 sont à rapprocher des 100 à 150 euros du prix de vente hors taxes du MWh d’électricité en Europe.

                     Les mécanismes d’échange de droits de CO2 européens vont être peu à peu copiés ailleurs dans le monde: c’est le cas de l’Australie, du Canada et du Japon. Le Japon pour respecter les accords de Kyoto en 2012 estime devoir acheter 100 millions de tonnes de droits d’émissions par an sur le marché mondial.  Mais la grande question demeure l’instauration d’une plateforme de trading du CO2 aux USA selon ce type de mécanisme dit « cap and trade » qui devrait se mettre en place avec la future administration américaine, tous les candidats s’étant déclarés favorables.

                  Un risque cependant existe avec toutes ces nouvelles bourses de CO2 : le dumping. Par exemple la bourse américaine qui démarrerait avec un prix du CO2 très bas pour ne pas handicaper ses industries, déstabiliserait complètement les cours européens. Il existera un jour un cours mondial du CO2, il ne faudrait pas qu’il soit débilement faible.

Le 25 Mai 2008

Commentaires

2 réponses à “Les émissions de CO2 en Europe supportent un marché dynamique”

  1. Avatar de DJdri
    DJdri

    Oui mais comme tout ça est « fictif » (on n’achète pas vraiment une tonne de CO2 mais seulement le droit d’en emmettre), il ne serait pas possible de faire en sorte qu’une tonne de CO2 étasunienne ne puisse être utilisée en Europe ? Puisqu’on achète un droit, et que ce droit n’est pas le même partout selon les pays (même si la planète et son atmosphère reste la même) ? Ce serait bien plus simple pour éviter ce genre de problèmes.

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Je vois mal cohabiter deux marchés l’un vendant la tonne de CO2 européenne à 30 euros et l’autre la tonne de CO2 américaine à 10 dollars. Imaginez la fuite des industries vers les zones les moins chères et des financiers qui joueraient l’équilibrage des cours.
    « Fictif » n’est pas le bon qualificatif quand des milliards de dollars sont en jeu pour les industries polluantes. Au contraire ces droits sont très concrets puiqu’ils s’appuient sur des opérations industrielles ou commerciales. Ce sera un formidable instrument financier pour agir sur les politiques de l’énergie selon les quotas de droits gratuits qui seront attribués ou non à tel ou tel type d’industrie. Le solaire, l’éolien, le CCS pourront être financés par des droits d’émissions proportionnels aux économies de CO2 qu’ils génèreront. Tout reste à faire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *