Dans une interview au journal « Les Echos » Jean-Louis Borloo notre ministre de l’Environnement, de l’Energie… expose ses vues sur les possibilités d’actions de l’Etat pour réduire les émissions de CO2 de notre pays. Dans ses déclarations certaines font froid dans le dos, citons: « nous allons lancer un grand programme de réforme des infrastructures énergétiques françaises pour les quinze prochaines années…..Nous sommes très en retard par rapport à l’Allemagne ».
Je voudrais ici apporter un démenti formel à ces assertions de notre honorable et dynamique ministre: la France n’est pas en retard par rapport à l’Allemagne sur la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre. Je rappelle que chaque Allemand (bébés compris) émet annuellement 10,4 tonnes de CO2. Les français en émettent 6 tonnes. Les industries sous allocations de CO2 allemandes émettent 24% du total européen (487 MT), les industries françaises 6,2% (127 MT), quatre fois moins.
La France n’a pas besoin d’un « programme de réforme des infrastructures énergétiques » inspiré des âneries allemandes, elle a besoin tout simplement d’un plan d’économie d’énergie et d’un plan d’accroissement de l’efficacité et de modernisation des moyens existants de génération et de transport d’électricité.
Le gouvernement semble manquer d’idées pour réduire les émissions de CO2 dues aux transports, je voudrais lui apporter quelques propositions simples:
- faire l’inventaire des bouchons routiers et élaborer un plan de résorption sur 15 ans. Par exemple le contournement routier de l’agglomération de Bordeaux par les poids lourds pourrait être accéléré,
- promouvoir les raccordements entre autoroutes afin d’éviter les queues aux péages,
- inciter Renault-Nissan à introduire le futur véhicule électrique en France en parallèle avec Israël et le Danemark à l’aide d’une politique fiscale spécifique,
- aider au développement d’un bus hybride urbain et promouvoir fiscalement l’hybridation des camions pour atteindre 20 litres aux cent kilomètres,
- lancer des études sur un véhicule hybride rechargeable (Plug-in) avec les constructeurs de batteries et un ou plusieurs producteur d’automobiles.
Il faut aussi noter les mauvaises idées à surtout ne pas promouvoir:
- l’implantation d’une industrie photovoltaïque de moins de 500 MW qui sera laminée par la baisse des prix programmée avant d’avoir inauguré ses cinq ans d’activités: une industrie des composants ne survit pas, si elle n’a pas la taille critique pour financer ses recherches et ses plans de réductions de coûts. La taille critique des industries photovoltaïques sera de 1000 MW dans trois à cinq ans.
- mettre l’aide financière à l’éolien et au solaire dans les tarifs électriques (feed in tarif), ce qui accroît le prix de l’électricité et ralentit ainsi le déclin de l’utilisation de gaz et des produits pétroliers. L’éolien et le solaire doivent pouvoir vendre des droits d’émissions de CO2 au pro rata de leurs productions avec un coefficient qui leur soit favorable, mais ils doivent vendre leur électricité au prix du marché. La charge sera ainsi répartie sur les industries émettrices de CO2 et non pas sur le tarif électrique. La politique de « feed in tarif » est un contresens.
Enfin je voudrais rappeler au Ministre de l’Energie que les tarifs électriques industriels allemands hors TVA, mais autres taxes comprises, avaient augmenté, en un an, au 1er Janvier 2007, de 7,5% à 106,9 euros le MWh alors que les tarifs français avaient augmenté de 1,6% à 58,7 euros le MWh, et que l’objectif, je l’espère, n’est pas d’aligner les tarifs français sur les tarifs allemands. La France possède cet avantage précieux de savoir générer de l’électricité à moindre coût sans émettre de CO2, de grâce, Monsieur le Ministre, ne touchez à rien!
Je vous recommande par contre, Monsieur le Ministre, de demander avec insistance à l’Allemagne de s’inspirer du modèle énergétique français. Elle pourrait ainsi réduire ses émissions de CO2 de 30 à 40% en supprimant ses centrales électriques alimentées au lignite ou au charbon pour le plus grand bien de l’ensemble des citoyens d’une Europe solidaire. Comme aide conceptuelle, vous disposez des exemples de la Grande-Bretagne et plus récemment de l’Italie qui viennent de lancer un profond aggiornamento de leur politique énergétique.
Lire également: l’interview de JLB dans Les Echos
Les émissions de gaz à effets de serre allemandes
Emissions de CO2 des entreprises sous quotas
Les industries allemandes dans le TOP 12 des émetteurs de CO2
Le 5 Juin 2008
–

Laisser un commentaire