Les sables bitumineux de l’Alberta constituent une formidable ressource d’énergie primaire pour l’ensemble des populations nord américaines. Bien que leur exploitation pose de nombreux problèmes d’ordres techniques et écologiques, ils n’en demeurent pas moins une ressource sur laquelle la province canadienne de l’Alberta fonde de grands espoirs pour les décennies à venir. L’Energy Resources Conservation Board (ERCB) qui est une agence de la Province, en charge d’établir les règlements d’exploitation et de gestion des ressources pétrolières et gazières, vient, à ce titre, de publier une étude sur les réserves énergétiques de ce pays et d’établir une projection à l’horizon 2017 de l’exploitation de ses ressources. La zone d’exploitation des sables bitumineux qui s’étend sur 140000 km2 (1/3 du territoire français), est constituée de quatre dépôts principaux: le plus grand est celui de l’Athabasca Wabiskaw Mc-Murray (FIG.), puis vient celui du Cold Lake Clearwater, puis celui du Cold Lake Wabiskaw Mc-Murray situé entre les deux premiers et enfin celui de la Peace River Bluesky-Gething .
Les réserves exploitables avec les technologies existantes sont estimées à 173 milliards de barils et les réserves ultimes seraient de l’ordre de 315 milliards de barils. A ce jour, seulement 3,3% des réserves initiales ont été exploitées depuis 1967.
En 2007 l’Alberta a produit 1,86 millions de barils/jour de pétrole et bitume en augmentation de 3% par rapport à 2006. Les bitumes et dérivés représentaient 1,32 millions de barils/jour en croissance de 5%. Les productions de bitumes ont dépassé depuis 2001, les productions de pétroles en déplétion , ils ont représenté 72% des volumes produits en 2007 soit sous forme de pétrole synthétique ou sous forme de bitumes(FIG.II).
Ces deux formes de produits proviennent essentiellement des deux modes majeurs d’exploitation des sables bitumineux. La technologie minière utilisée là ou le gisement affleure à la surface du sol, fait subir localement, une opération de séparation entre le sable et le bitume au travers d’une opération de « upgrading » qui conduit au pétrole synthétique désulfuré, très apprécié des raffineries. Les technologies d’exploitation in situ pour les gisements en profondeur conduit à extraire du bitume chaud et à le diluer avec un solvant pour l’envoyer par pipe line vers une unité de transformation plus ou moins lointaine.
Les projections pour 2017 du ERCB sont basées sur l’analyse des projets existants, avec beaucoup de flou en raison des incertitudes concernant le bon déroulement de ces projets qui rencontrent des obstacles règlementaires, financiers et écologiques et qui entraînent des reports de plusieurs années dans les plannings. Avec ces données il prévoit plus qu’un doublement des productions de bitume ce qui amènerait les productions globales de l’Alberta compte tenu de la déplétion des productions classiques à 3,4 millions de barils/jour. Le bitume représenterait alors 88% du total des productions.
Compte tenu des productions en cours, des projets et des réserves développées largement favorables aux procédés miniers (FIG.III) l’ERCB voit une croissance soutenue de la filière selon les techniques minières (surface mining) conduisant au pétrole synthétique (FIG. IV)
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En conclusion: Cette étude de l’ECRB montre que l’exploitation des sables bitumineux, compte tenu des déplétions des exploitations classiques, est un enjeu économique majeur à moyen terme pour l’Alberta. Il faudra donc, pour que les projets avancent, qu’un compromis se dégage entre l’intérêt de la Province et celui des Sociétés pétrolières opérant sur ces gisements, bien que le climat de confiance entre les parties prenantes ne soit pas au beau fixe en ce moment. Les reports de StatoilHydro, les louvoiements de Total en attestent.
Les problèmes écologiques posés par ces exploitations mériteraient un climat plus consensuel pour être pris à bras le corps par les Sociétés pétrolières. D’autres techniques d’exploitation sont envisageables, comme le procédé HTL d’Hivanhoe Energy qui veut appliquer son procédé d’upgrading sur site et qui réduirait les émissions de CO2 de 20%. L’apport de chaleur pour extraire le bitume peut également provenir de sources non carbopolluantes comme le nucléaire ou l’éolien. Mais pour développer de véritables complexes optimisés il ne faut pas avoir peur d’un changement de règle fiscale inopportun qui vienne tout démolir, la confiance sur le long terme est un point clé.
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Le 7 Juin 2008.
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