La meute des économistes et des commentateurs est en parfait accord: les cours du pétrole seront plus haut demain, rien ne peut arrêter cette ascension, les pays producteurs augmentent leurs prix(?) pour compenser la baisse du dollar. Un Président de l’OPEP, Chakib Khelil, vient pourtant de bien expliquer la puissance de « l’effet Trichet » (FIG.) qui par une simple menace d’augmentation des taux courts en Europe, déclenche une vague spéculative d’achats de « future » à New York pour se débarrasser d’un dollar qui brûle les doigts, c’est du « edging ». Mais voila, plus les cours sont élevés et plus cet exercice de haute finance devient périlleux. Alors l’effet Trichet s’amortit, ce n’est plus 10 dollars comme la fois précédente qu’a gagné le pétrole hier, mais un dollar. 
En effet, après un plus haut de tous les temps à 142,99 dollars le baril du pétrole en séance sur le NYMEX, le baril a reperdu plus de 2 dollars dans les trente dernières minutes de trading à New York, pour terminer à 140,21 dollars. Les marchés des commodities et ceux des produits pétroliers sont très nerveux. Les cours du gaz, sur les prévisions météorologiques clémentes aux Etats-unis, ont même perdu un peu de terrain.
Barclays Capital vient de publier des indications sur les marchés des commodities en Europe. Ce qui est important c’est le flux de cash frais qui vient s’investir sur ces marchés, pour faire grossir la bulle. BC note une décroissance de ces flux au deuxième trimestre. Ils ont été de 800 millions de dollars contre 1,9 milliards de dollars au premier trimestre. Les placements sur les produits agricoles ont baissé de 68%, ceux sur les métaux précieux de 50% et les flux sur les métaux et l’énergie ont été négatifs. Les seuls papiers sur lesquels les nouveaux flux se sont placés sont des « produits courts » liés à l’énergie qui permettent de jouer la baisse des cours.
Un autre indicateur est donné par les consultations des traders par Bloomberg. Une majorité d’entre eux pronostique maintenant une baisse des cours en raison des baisses de consommations de produits pétroliers aux Etats-Unis et des hausses de stocks prévisibles. Le marché de l’énergie est un marché à évolution lente, analogue au phénomène physique de thixotropie (LIRE), mais des prix élevés pendant longtemps arriveront bien à faire décroître la demande.
Hors évènement géopolitique majeur, toutes ces raisons militent pour une pause dans la hausse des cours du pétrole à New York, la hauteur du niveau atteint risque de donner l’envie à certains de redescendre un peu. La baisse des taux du 10 ans US à moins de 4% en fin de semaine indique que les financiers, quittant le Marché en péril des actions, arbitrent sûrement vers des produits moins risqués que les « futures » à l’approche de l’été.
Le 28 Juin 2008.
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