Etats-Unis: la consommation en produits pétroliers en net recul sur les quatre premiers mois de l’année

                      Les Etats-Unis consomment près du quart des produits pétroliers de la planète. Une grande partie de l’évolution des cours du pétrole et donc de la santé économique du monde, en ces périodes de tension des marchés et de financiarisation des cotations, dépend du comportement au quotidien du consommateur américain et de sa maîtrise du gaspillage. Les données mensuelles de l’Energy Information Administration qui font autorité, montrent qu’en cumulé depuis le début de l’année, les ventes à fin Avril de produits pétroliers avaient baissé de 3,4% par rapport à celles d’il y a un an. En terme de flux quotidien moyen, compte tenu de l’année bissextile, les ventes se sont élevées à 19851 milliers de barils par jour contre 20722 milliers de barils/jour à fin Avril 2007 soit une baisse de 4,2%. En corrigeant ces consommations des volumes d’éthanol utilisés dans les raffineries, en croissance de 20% à 547 mille barils/jour en moyenne, les volumes de purs produits pétroliers vendus sur ces quatre premiers mois ont atteint 19304 milliers de barils/jour en baisse de 4,7%.Usaconso20084

                      Une analyse poste par poste de ces baisses montre que toutes les familles de produits sont concernées (FIG.).

                       La première cause semble être une meilleure gestion par les pétroliers de leur outil de raffinage. Il a moins produit de résidus lourds de type asphalte et moins consommé de pétrole brut (-1,2%) pour favoriser la production de gasoil sur lequel les marges sont confortables et dont une partie (8%) est exportée et donc non consommée par les américains (FIG.II). De plus le froid a été moins intense aux USA en Février 2008 qu’en Février 2007, mois durant lequel les consommations de fuel avaient été très fortes. Usaexport20084

                       Une autre cause semble être la réduction de consommation de kérosène dont le principal consommateur est l’aviation civile. En 2006 la consommation militaire US comptait pour 22% des consommations de kérosène. Les mesures de rationalisation et d’économies semblent porter leurs fruits.

                      Enfin la consommation d’essence et d’éthanol a marqué un léger repli de 1,3%. En corrigeant les consommations de l’apport en croissance (+20%) d’éthanol, la consommation d’essence d’origine pétrolière s’est réduite de 2,4% à 8414 milliers de barils/jour en moyenne.

                      En conclusion, sur les quatre premiers mois de 2008, le flux moyen de consommation en produits pétroliers vu par les raffineries américaines a baissé de 870 mille barils par jour soit 4,2%. Corrigé des consommations d’éthanol, ce flux de consommation a baissé de 962 mille barils par jour soit 4,7%. Il est bien sûr peu probable que ce résultat soit reportable jusqu’à la fin de l’année, mais il traduit bien le ralentissement de raffinage observé, l’accroissement des exportations de gasoil et la réduction des consommations en produits raffinés de la part des Citoyens américains. De tels chiffres ne sont pas mis en exergue par l’Administration US, ils risqueraient de faire baisser les cours du baril de brut.

Le 5 Juillet 2008.

Commentaires

3 réponses à “Etats-Unis: la consommation en produits pétroliers en net recul sur les quatre premiers mois de l’année”

  1. Avatar de Emile
    Emile

    Les divers paramètres de fonctionnement d’une raffinerie étant fixés lors de la construction de celle-ci et ne pouvant varier que dans une marge étroite lors de l’exploitation, la nature des pétroles bruts utilisés en entrée des raffineries (lourds / légers) est-elle connue ?
    Un des problèmes de l’industrie pétrolière est la diminution, en proportion, des pétroles de la meilleure qualité, ce qui provoque une certaine inadaptation des raffineries prises dans leur ensemble.
    Sur un thème voisin, l’augmentation du prix relatif du gazole par rapport à l’essence tient justement aux paramètres de fonctionnement d’une raffinerie, qui ne peuvent être modifiés (dans certaines limites) que par des investissements importants.
    Les rapports entre l’offre et la demande jouent ensuite, la rareté relative du gazole et l’abondance relative de l’essence s’accroissent avec la proportion plus élevée de véhicules diésels, surtout en France et en Europe, et le prix relatif du gazole augmente par rapport à celui de l’essence, malgré une fiscalité (tipp) très favorable au gazole.
    La France importe du gazole et exporte de l’essence en quantités importantes, ce qui montre bien que les raffineries ne peuvent pas produire ce que l’on désire mais seulement ce pourquoi elles ont été conçues. Conception qui repose sur les transformations pétrochimiques possibles à partir des composantes du pétrole qui entre dans la raffinerie.

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Mon cher Emile, dans les grandes lignes vous avez raison mais dans les détails il est possible d’orienter plus ou moins les productions. Je n’ai jamais travaillé dans une raffinerie mais je sais que les raffineurs américains modifient à la marge le process au printemps pour faire des produits d’été (riches en essence) et à l’automne pour faire des produits d’hiver (riches en gasoil). Je vous recommande de lire « This Week In Petroleum » de l’IEA qui explique pourquoi les raffineries américaines produisent moins pour produire plus de « distillates » qu’elles exportent au cours mondial beaucoup plus rémunérateur comme le montre le deuxième graphique de l’article et qu’en contrepartie elles importent plus d’essence.
    Les raffineurs sont des gens moins rigides que ce que pourrait faire croîre votre remarque.

  3. Avatar de Raymond
    Raymond

    Voici un extrait de ce papier de l’IEA qui montre qu’il est possible pour les raffineurs de s’adapter, en partie, aux conditions de marché:
    In response to the weak gasoline price spreads and high distillate spreads, refiners appear to have reduced crude inputs (and thus utilization) and adjusted their product slate to favor distillate production relative to gasoline. Despite the reduction in crude oil inputs and refinery utilization rates from typical levels, distillate production in the first quarter of 2008 exceeded first quarter 2007 levels by about 30 thousand barrels per day, which was accomplished by shifts in product yields. Larger shifts to distillate have occurred during the second quarter. In April and May, weekly data indicate distillate production was about 70 thousand barrels per day higher this year than last, or more than twice the increase seen during the first quarter. If U.S. refiners increased utilization, it would provide more distillate for world markets, but would not be enough volume to change world distillate prices substantially in the short run. But adding volumes could reduce the U.S. spread somewhat. Still, even with lower distillate spreads, distillate prices would remain high, pushed up by crude oil price.
    Ou encore cette information plus générale:
    Refiners typically adjust their output of a product either by adjusting the inputs to the refinery, which affects the output of all products, or by adjusting the yield or fraction of a product produced from a barrel of crude oil. While yields cannot be changed much in the short term since they are a function of refinery equipment, small yield shifts among products can still produce a significant swing in volumes. For example, if refinery inputs are at 15.4 million barrels per day (mainly crude oil), a one-percent change in yield is a 154,000 barrel-per-day change in product volume. Both input changes (which affect refinery utilization) and yield changes have been exercised by refiners in 2008 to meet the market conditions

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