Le lobby européen éolien, relayé par des revendications environnementales aux convictions antinucléaires, a réussi à persuader une partie du gouvernement français, au travers du Grenelle de l’Environnement, qu’il fallait que la France investisse massivement dans l’électricité d’origine éolienne (LIRE : Non M. Borloo! La France n’est pas très en retard…). La ligne politique française dans le domaine de l’énergie affiche donc deux objectifs difficilement conciliables, sinon antinomiques, faire croître le parc de centrales électronucléaires et investir massivement dans l’éolien. Un jeune et brillant Polytechnicien, élève du corps des Mines, Vincent Le Biez, dans le cadre de l’Institut Montaigne, vient de lancer un caillou dans la marre en essayant de démontrer l’incohérence de la démarche. Les questions posées sont simples :
- Comment un pays générant 89% de son électricité sans émissions de CO2 peut-il améliorer encore ce score à l’aide d’une énergie éolienne au caractère imprévisible et donc totalement inadaptée à la fourniture de pointes de puissance?
- Combien va coûter cette politique qui est basée sur des achats obligatoires par les distributeurs à des tarifs très avantageux prédéfinis?
Mais la simplicité est parfois trompeuse, puisque Le Biez, fort justement, attire l’attention sur le fait que les problèmes d’énergie électrique doivent être étudiés au niveau de l’Europe (il parle de la « plaque France-Benelux-Allemagne » en oubliant l’Espagne, l’Italie, la Suisse et la Grande-Bretagne qui sont tout aussi importantes). Donc, en se plaçant à l’échelle européenne la première question n’est pas pertinente, puisque l’Europe émet des centaines de millions de tonnes de CO2 pour produire son électricité. En d’autres termes si la France savait produire de l’électricité éolienne par chère et si les interconnexions européennes étaient adaptées elle pourrait exporter de façon profitable, son surplus de production.
Mais la deuxième question, elle par contre, est tout à fait pertinente. Le Biez chiffre que l’objectif de 25000 MW de puissance éolienne déterminé lors du Grenelle de l’Environnement, coûterait en moyenne annuellement d’ici à 2020 un milliard d’euros et 2,5 milliards d’euros au delà de 2020, soit 100 euros supplémentaires sur la facture d’électricité par foyer. En d’autres termes la France va investir dans de l’énergie éolienne chère, dont elle n’a pas besoin, pour l’exporter à perte à d’autres pays européens. La Grandeur d’âme de la France ne saurait souffrir d’aucune limite.
Fort justement Le Biez propose de réduire l’objectif de puissance éolienne installée à une fourchette située entre 7000 et 10000 MW et de procéder par appels d’offres en remplacement de la ruineuse politique de tarifs obligatoires tant de fois condamnée sur ce blog. Je ne suis pas persuadé qu’une politique d’appel d’offres serait très efficace, en raison de la puissance des constructeurs d’éoliennes européens qui maintiendront les prix élevés de leurs équipements. Permettre aux producteurs d’électricité éolienne de vendre leur production au prix du marché majoré des droits d’émissions de CO2 (une tonne par MWh) me paraîtrait plus efficace dans le temps et surtout permettrait de maintenir des tarifs électriques concurrentiels. Une baisse conjoncturelle de l’investissement éolien entraînerait une réduction des tensions sur les flux d’approvisionnement et ramènerait les prix des équipements danois ou allemands à des niveaux plus raisonnables. Cette filière ne peut pas vivre grassement et indéfiniment de subventions.
LIRE le papier de l’Institut Montaigne.
Le 22 Juillet 2008.
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