Stabilisation ou réduction de la consommation mondiale de pétrole pour les 15 ans à venir

                     La répartition des consommations de pétrole en 2007 pour une moyenne quotidienne de 85,4 millions de barils était répartie pour 49 millions dans les pays de l’OCDE et pour 36,4 millions dans les pays NON OCDE. Les consommations annuelles de pétrole par habitant présentent de très grandes variations d’un pays à l’autre, d’une zone économique à l’autre (FIG.). Elles vont de 0,9 baril par habitant en Inde à 26 barils au Canada. La moyenne mondiale est aux environs de 5 barils par habitant, celle de l’Europe des 27 est de 11 barils, celle des pays de l’OCDE de 15 barils et chaque américain consomme plus de 25 barils par an. Devant l’ampleur de ce problème plusieurs analyses sont possibles. Il en est deux extrêmes, forcément porteuses de catastrophes, qui sont régulièrement évoquées. Consoparhabitant_2

                      La première position politique est de reconnaître le droit des pays en développement tels que la Chine et l’Inde à accroître librement leurs consommations, à émettre sans contrainte des gaz à effet de serre, avec pour objectif un rattrapage plus ou moins rapide du retard accumulé par rapport au pays de l’OCDE qui eux, avec leurs 1,2 milliards d’habitants, conservent leurs niveaux de consommation actuels. C’est le scénario catastrophe que nous vivons.

                      La deuxième position extrême, comme l’a déclaré un lecteur de ce blog c’est « de vivre Gandhi », est de ramener toutes les consommations  au niveau de celle de l’Inde ou à peu près (garderait-on les ambulances et les hôpitaux?). Position de pur idéologue qui n’a que bien peu de chance de trouver son public.

                      La seule voie possible est de trouver le ou les scénarios qui permettraient de réduire cette dispersion des consommations en partant des deux extrêmes à savoir une réduction des consommations des pays OCDE et une croissance maîtrisée des PAYS NON OCDE, tout en conservant ou en réduisant légèrement la consommation moyenne mondiale par habitant pour tenir compte des  mouvements de croissance démographique. Un scénario résultant d’un accord mondial entre nations qui fixerait un certain nombre de règles et d’objectifs serait préférable à l’alternative d’une résolution barbare du problème.

                       Une approche, parmi d’autres variantes possibles, serait de demander aux pays de l’OCDE de mettre en place des politiques permettant de réduire leurs consommations tous les ans d’un million de barils par jour, avec pour objectif de porter à terme les consommations moyennes de l’OCDE à 10 barils par habitant et par an. Un tel scénario qui est très proche ce ce qui est en train de se passer spontanément, sous la pression des prix en 2008, demanderait 16 ou 17 ans  pour atteindre l’objectif de réduction d’un tiers des consommations. Cette réduction des consommations de 16 à 17 millions de barils par jour des pays OCDE pourrait être en tout ou partie utilisée pour accroître le niveau de vie des pays les plus défavorisés. La répartition des consommations en millions de barils par jour  OCDE/NON OCDE de 49/36 actuelle pourrait ainsi devenir 33/50 en un peu plus de 15 ans (FIG.).Consoocdenonocde_2

              La réduction d’un tiers en seize ans des consommations de pétrole des pays de l’OCDE est un objectif réaliste. Elle devrait même être supérieure à un tiers (50%) en Amérique du Nord, ou le gaspillage est le plus important et où les progrès immédiats sont les plus faciles.

                  La vertu d’un tel scénario est de maintenir stable ou légèrement décroissante la consommation mondiale de pétrole dans les quinze ans à venir (FIG.).

                         Si les nations ne s’engagent pas raisonnablement vers de tels objectifs, au travers d’un accord mondial sur l’Energie qui dépasserait les problèmes d’émissions de CO2, la poussée des prix sur le Marché, les crises économiques qui en résulteraient et la naissance de conflits armés destructeurs se chargeraient d’assurer l’inéluctable équilibre entre l’offre et la demande. Une politique de l’énergie sera obligatoirement mondiale.

Le 26 Juillet 2008.

Commentaires

3 réponses à “Stabilisation ou réduction de la consommation mondiale de pétrole pour les 15 ans à venir”

  1. Avatar de Olivier
    Olivier

    il faut bien comprendre qu’avec le protocole de Kyoto c’est le scénario catastrophe qui est choisi : la chine et l’inde peuvent accroitre sans limites leurs émissions, les pays de l’ocde ont leurs émissions qui stagnent. Mais étant donné que le prix du pétrole est voué à augmenter, la consommation de pétrole va se calmer partout dans le monde.

  2. Avatar de Sandro Minimo

    Très intéressant.
    Enfin un graphique que je pourrai sortir à tous ceux qui pensent qu’on ne doit rien changer chez nous et que la Chine et l’Inde devront faire des efforts.
    Je ne suis tout de même pas d’accord avec le fait que la posture « Gandhi » comme vous l’appelez soit celle d’un pur idéologue. Si l’on considère l’aval, soit les émissions de CO2, nous n’avons pas le choix : à 6.5 milliards d’individus, si l’on postule une égalité de droits pour chacun, il nous faut effectivement une véritable décroissance. L’égalité est idéologique? Peut-être, mais elle est une idée viscérale pour quelqu’un comme moi.
    C’est pourquoi c’est la décroissance qu’il nous faut. La dernière chose devant décroître étant bien sûr les ambulances.

  3. Avatar de Raymond
    Raymond

    La réduction volontaire des inégalités qui est proposée ici, et qui de toutes façons aura lieu de gré ou de force, est un pas, modeste certes, mais que je préfère à la dangereuse recherche d’un idéal égalitaire qui finit toujours mal. C’est ce que nous a appris l’histoire du vingtième siècle.
    La principale erreur qui est commise en ce moment c’est d’avoir voulu établir des règles concernant les émissions de CO2 AVANT d’avoir défini une politique énergétique. Regardez les errances de la Commission Européenne qui se fait recaler sur ses objectifs de biocarburants, pensez aux inepties allemandes qui brûlent des tonnes de lignite polluante et émet pas loin d’un milliard de tonnes de CO2 par an (850MT), on veut promouvoir la capture et la séquestration du CO2 qui va accroître les consommations d’énergie au lieu de moderniser les centrales électriques existantes ce qui permettrait à la fois de consommer moins d’énergie et d’émettre moins de CO2. La réduction des émissions de CO2 doit d’abord être la conséquence d’une politique énergétique performante et donc économe. Mais cette politique n’est pas définie ni en Europe, ni aux Etats-Unis, ni ailleurs.

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