Les biocarburants n’ont pas la cote. Ils consomment des cultures vivrières de plus en plus chères qui utilisent de l’eau, menacent la biodiversité; les subventions qui les supportent coûtent cher aux contribuables et ne permettent d’économiser qu’une partie seulement du CO2 théorique, ce qui rend donc la tonne de CO2 économisée hors de prix. Oui, tout cela est vrai mais les biocarburants participent au bilan énergétique des combustibles liquides, dominés par le pétrole. Les productions mondiales en 2007, de fuel éthanol ont atteint 327 millions de barils et celles de biodiesel se sont élevées à 64 millions de barils. La production des deux carburants a donc sensiblement représenté un million de barils de pétrole/jour. L’accroissement de 25% des volumes de biocarburants produits, entre 2006 et 2007, soit 95 millions de barils, a représenté près du tiers de l’accroissement de la demande en produits pétroliers entre 2006 et 2007 (760 mille barils/jour). Les Etats-Unis et le Brésil ont produit plus des trois quarts de l’éthanol, l’Europe et les Etats-Unis ont produit plus des trois quarts du biodiesel (FIG.).
Les économistes distingués lorsqu’il parlent de la difficile adaptation de la production de pétrole à la demande, ne font que répéter ce que d’autres commentateurs ont eu, eux-mêmes, du mal à comprendre en raison de l’aridité du sujet. Il faut en effet bien préciser la nature de l’offre et celle de la demande.
L’offre de pétrole s’est accrue depuis un an en raison essentiellement de la relaxation des quotas par les membres de l’OPEP et la décision de l’Arabie Saoudite de produire plus. Celle de gaz condensés qui font partie de la demande en pétrole en alimentant la pétrochimie et le chauffage de nombreux foyers dans le monde, s’est accrue avec la production de gaz (+3,5% en 2007) et la suppression progressive du torchage sur les puits de forage, enfin, l’offre de biocarburants s’est accrue de 25% entre 2006 et 2007.
La demande qui est le paramètre principal de cette complexe équation est en phase de contraction dans les pays de l’OCDE depuis la montée des prix des produits pétroliers et la prise de conscience écologique. Ce phénomène est particulièrement marqué aux Etats-Unis où les raffineries, retrouvant des capacités de production excédentaires par rapport à la demande locale, produisent du gasoil plus rémunérateur pour l’exportation. Mais cette demande s’adapte aussi au fur et à mesure de l’implantation ou de la rénovation de raffineries équipées de conversion profonde, avec désulfuration et hydrocracking catalytique, qui permet de consommer des pétroles lourds et soufrés excédentaires. Certains même introduisent une partie de gaz naturel en substitution du naphta dans la pétrochimie.
L’ensemble de ces paramètres tous poussés par les prix, vers plus d’économie et la recherche de l’efficacité énergétique, font que l’offre de pétrole est supérieure à la demande. La poursuite de la baisse de la demande dans les pays de l’OCDE et de la croissance de l’offre en biocarburants devrait permettre de maintenir cette situation dans les prochaines années, où la mise en exploitation de nouveaux champs pétroliers compensera la déplétion des productions en activité.
De ce fait les prix du pétrole devraient revenir à des niveaux plus raisonnables et éviter ainsi au monde une trop longue stagflation (les prix montent et l’activité décroît) en cours de formation.
Le 27 Juillet 2008.
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