Les opinions sur la bonne tenue de la santé économique de l’Europe se sont inversées en quelques semaines. Souvenons nous du début du mois de Juillet et du curieux relèvement des taux de refinancement de la BCE de 25 points de base, à 4,25%, de l’euro chatouillant les 1,60 dollars le 14 Juillet, de la Bank of England prète elle aussi à relever ses taux. Et puis en trois ou quatre semaines on a assisté à une formidable inversion d’opinions, effet laser économique, retour aux données fondamentales. L’euro se déprécie de 8% par rapport au dollar en 4 semaines, la Livre sterling fait pire encore puisqu’elle a baissé par rapport à l’euro, le taux d’intérêt du 10 ans allemand baisse de 50 points, de 4.66% à 4.17% . Et pourtant en regardant les courbes du PIB des grands pays européens, en glissement sur quatre trimestres, on s’aperçoit que ce mauvais deuxième trimestre 2008 s’inscrit dans la continuité des précédents (FIG.).
L’Espagne tout d’abord (courbe rouge), en décroissance depuis un an, soutenue à bouts de bras par des dépenses des administrations très élevées, mais dont l’activité et la consommation des ménages s’affaissent. La Grande-Bretagne (courbe parme) dont l’économie souffre de la crise bancaire, d’une inflation galopante des prix de l’énergie (gaz et charbon) et d’une baisse du tourisme. L’Italie (courbe verte) qui avait déjà chuté au quatrième trimestre de l’an dernier et affiche un zéro pointé. La France (courbe bleue) dont l’activité languissante traduit sa perte de compétitivité industrielle, aggravée par un euro surévalué qui décourage tout nouvel investissement de capacité de production sur notre sol. L’Allemagne enfin (courbe noire) dont l’activité économique est laminée par une progression du niveau de consommation des ménages très faible et même parfois en retrait, comme au quatrième trimestre 2007.
Ce tableau de l’activité économique européenne n’a donc rien de réjouissant et les chiffres du deuxième trimestre 2008 ne sont pas un accident, ils sont dans la continuité des précédents. L’association d’un euro surévalué, d’un accroissement fou des prix de l’énergie et des « commodities », refuges des liquidités errantes libérées par la crise bancaire, et l’absence d’une politique énergétique européenne cohérente ont eu raison de la progression de l’activité économique en Europe. Cependant, dans les mois à venir, une baisse des cours de l’euro et des cours de l’énergie devraient relancer la machine économique alimentée, entre autres, par le retour des pétro dollars dans le flux économique sous forme de commandes de biens d’équipements lourds.
Le 16 Août 2008.
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