Les cours du pétrole WTI peuvent-ils aller flirter avec les 90$ avant la fin de l’année?

                        La réduction de la consommation de pétrole américaine, en cumulé depuis le début 2008, de près de 1,1 millions de barils par jour à fin Juin, et qui semble se poursuivre, entraîne une stagnation de la consommation mondiale de pétrole. En contrepartie les productions OPEP  ont atteint 38 millions de barils de liquides (pétrole+ gaz liquéfiés) à fin Juillet en croissance de plus de 2 millions de barils (+6%) par rapport à Juillet 2007. Ces deux paramètres fondamentaux, dont les variations sont liées au formidable accroissement des prix du baril, conséquence de la crise des hypothèques de l’été 2007, militent pour un repli des cours autour de leur tendance longue quantifiée par la droite de corrélation établie sur plus de 4 ans de hausse des cours (FIG.). Ces deux paramètres importants sont amplifiés par la tendance à la valorisation des cours du dollar qui fait partir les investisseurs à la recherche d’une couverture (« edging ») dans le papier (« future ») adossé aux cours du pétrole. Le cours d’équilibre sur la tendance longue est aujourd’hui autour de 105$/baril.Wti200808

                     Les cours du pétrole WTI pourraient donc rester sagement autour de ce point d’équilibre entre 100 et 110$/baril. Mais c’est oublier la financiarisation des cours de ce produit. Les Marchés financiers devant les nouvelles de stabilisation des consommations, vont à coup sûr essayer de tester les cours du pétrole à la baisse, amplifiant la tendance à la baisse comme ils l’ont fait à la hausse, c’est leur « job ». On mesure ce phénomène d’amplification au cours du temps par la différence entre le cours du jour et sa valeur sur la droite de corrélation (FIG.). La fièvre des cours due à Katrina qui avait semblé gigantesque à l’époque, n’apparaît plus que comme un petit sursaut sur cette courbe. Il est évident, à l’examen de cette courbe différentielle, que les cours du pétrole WTI peuvent gaillardement descendre de 15 à 20 dollars au dessous de la tendance longue.Wti200808variation

                    Une attitude de l’OPEP indécise, la confirmation de la réduction du gaspillage américain, une participation symbolique de l’Europe à cette baisse des consommations pourraient constituer les bases d’un logiciel justifiant la baisse des cours du pétrole qui pourraient alors revenir, pendant un temps, vers les 90$ le baril.

                    En effet c’est la cohérence apparente du discours qui crée la crise, son côté imparable, inéluctable, même le plus bête comprend, tous les « experts » pensent la même chose et vous l’expliquent comme une évidence: « les Chinois consomment de plus en plus de pétrole, il va en manquer » peut devenir un jour « les Américains consomment de moins en moins de pétrole, il y en a de reste ».

Le 2 Septembre 2008.

La même en pourcents (pour Imago) elle amplifie la stupide baisse de Janvier 2007 (baril à 50$) et rend les dernières folies presque insignifiantes.Wticours200808

Commentaires

8 réponses à “Les cours du pétrole WTI peuvent-ils aller flirter avec les 90$ avant la fin de l’année?”

  1. Avatar de Imago
    Imago

    Le graphique « variation autour de la droite de régression » est intéressant, mais ne serait-il pas plus parlant avec les écarts en pourcentage plutôt qu’en valeur absolue ?

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Mon cher Imago,
    Vola la courbe en pourcents. Elle présente un inconvénient majeur: elle amplifie les baisses puisque le dénominateur est plus petit et amortit les hausses avec un grand dénominateur.
    Personnellement je préfère celle en dollars, mais c’est une question de goût.

  3. Avatar de DJdri
    DJdri

    Personnellement j’espère que ça continuera à monter, puisqu’apparament seul l’argent fait changer les chose.

  4. Avatar de Imago
    Imago

    Une courbe rien que pour moi, merci 😉
    Mais je ne comprends pas bien les commentaires qui vont avec. Il me semble que ce que vous vouliez montrer, c’est l’écart par rapport à la tendance. Or ce qu’on voit maintenant c’est que le pic de juin 2008 n’est « que » de 30% au-dessus de la tendance, à comparer aux pics 2004 et 2005. Les « dernières folies » ne sont peut-être pas si folles que ça…
    Tout cela illustre bien le fait que l’interprétation des chiffres est délicate et subjective.

  5. Avatar de Raymond
    Raymond

    Si elles n’étaient pas « folles » le pétrole vaudrait 150$ le baril comme l’avait « prédit » Goldman Sachs pour le mois d’Août et se dirigerait vers les 200$ pour la fin de l’année selon les « prévisions » de Morgan Stanley. Mon cher Imago, relisez donc toutes les stupidités qui ont été écrites par les marchands de « futures » au mois de Juin dernier! Mais c’est vrai on ne les entend guère plus les soi-disant « spécialistes ».
    Je maintiens donc: cette hausse était débile et manipulée par des financiers peu scrupuleux!

  6. Avatar de JP
    JP

    Disons que rétrospectivement (!) le caractère artificiel de cet épisode apparait évident.
    Mais l’explication par les « financiers peu scrupuleux » est incomplète.
    Je dirais plutôt que la demande s’est montrée trop peu élastique pendant quelque mois. Elle s’est maintenue anormalement alors que le tarif atteint n’était pas viable sur le long terme.
    Trois facteurs ont simultanément joué selon moi:
    – le déni de réalité, typique des américains. Il leur a fallu un certain temps avant d’admettre que à ce tarif là ils ne pouvaient continuer à consommer autant.
    – les subventions des états tels que chine, inde à leurs consommateurs. Il a fallu attendre qu’elles soient enlevées.
    – la spéculation sur les futures, lorsque le spéculateur y a perdu des fonds en étant short. Il aura, malgré que ce n’était pas son intention, subventionné la consommation. Je pense par exemple au cas d’Air France qui avait couvert une partie de ses achats de carburant, et n’aura alors payé que 90$ du baril pendant ces derniers mois. Sans ce généreux bienfaiteur/spéculateur_plumé, la consommation d’Air France aurait été plus basse.

  7. Avatar de Kad
    Kad

    Raymond,
    je ne comprends pas bien votre graphe en pourcentage. Le point bas est a 62.5% c’est a dire qu’un baril a 50 vaut 62.5% du prix attendu selon la regression lineaire sur 4 ans. Hors j’aurais plutot representer la variation a la tendance par un -37.5% …
    Le -62.5% est inexact pour moi.

  8. Avatar de Raymond
    Raymond

    Vous avez raison Kad. En fait j’ai divisé la différence par le cours du jour et non pas la valeur sur la courbe de régression c’est donc faux % à la gomme. Je publierai la bonne courbe au prochain article sur le sujet.

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