Une puissance électronucléaire mondiale entre 600 et 1200 gigawatts à l’horizon 2030

                           Dans un climat d’angoisse croissante devant les risques de réchauffement climatique de la planète et paradoxalement, de pénurie en énergies primaires, jamais les décisions énergétiques structurantes des grandes nations n’auront été aussi ambiguës, confuses et incertaines.Nucleaire2030_2

Les gouvernements avec beaucoup d’emphase, décident à la marge de programmes mineurs comme ceux sur les biocarburants, sur la prématurée capture et séquestration du CO2, sur des programmes éoliens ou solaires locaux, etc. Mais pour ce qui concerne l’essentiel c’est plutôt le silence radio. Que fait-on des centrales électriques polluantes au lignite ou au charbon en Chine, en Europe, aux USA? Rien, aucune idée! Va-t-on les rénover, les remplacer par d’autres types de centrales? Les programmes électronucléaires traînent en longueur. Trois ou quatre ans minimum pour obtenir un feu vert administratif pour la construction d’une centrale aux Etats-Unis, à condition que le futur Président en place y soit favorable et soit par la suite, réélu. La Grande_Bretagne qui s’enlise dans la recherche d’une organisation industrielle où apparaîtrait un semblant de concurrence; l’Allemagne qui a décidé d’arrêter le nucléaire alors que tous les dirigeants savent que ce n’est ni possible, ni raisonnable; l’Italie qui revient sur ses décisions mais qui ne sait pas faire et ne veut pas le dire; une Espagne qui hésite; le Japon quasiment arrêté dans son développement par le tremblement de terre de 2007. Voila à ce jour, le spectacle de désolation de la politique énergétique de la planète. Alors la World Nuclear Association qui désirait faire de légitimes  prévisions sur l’activité future de ses membres, a choisi un horizon dans la durée et politiquement peu contestable: 2100! Elle a donc publié un Nuclear Century Outlook. Mais qui peut savoir ce que sera l’industrie électronucléaire dans 92 ans? Alors dans ce papier ce qui est intéressant c’est la prévision pour 2030 et c’est déjà bien.

                 La WNA manipule deux hypothèses: l’une basse très conservatrice, où la croissance du parc correspond à 8 ou 9 tranches annuelles moyennes de 1000MW. L’autre, hypothèse haute, correspond à une croissance de 38000 MW par an. Cette fourchette très large, ne traduit que les incertitudes politiques du moment. Elles sont cohérentes avec les hypothèses de travail de Siemens par exemple qui estime entre 2008 et 2013 un marché mondial de 18000 MW par an. L’hypothèse basse rejoint les prévisions de Toshiba qui envisage d’ici à 2030 un marché mondial de 156 tranches nucléaires (LIRE).

                  La WNA segmente ses prévisions en quatre grands groupes: les programmes majeurs qui concernent le grandes nations dont certaines, comme la Chine et l’Inde, sont des nains nucléaires ou bien d’autres  comme les USA, le Canada, La Grande-Bretagne ou la Russie dont la part d’électricité nucléaire est encore inférieure à 20% de leur consommation. Puis elle segmente le Marché entre les programmes plus petits, les nouvelles nations ayant un projet nucléaire (où se trouve la Pologne) et enfin celles qui pourraient d’ici à 2030 rejoindre le club des nations utilisant l’énergie nucléaire civile, on y retrouve l’Italie par exemple.

                  Parmi les grands projets ce sont La Chine, les USA et l’Inde qui tirent la demande (FIG.) suivies de la Russie et du Brésil. Dans l’hypothèse basse ni l’Allemagne, ni la Grande-Bretagne ne sont supposées accroître leur puissance électronucléaire.Nuclaire2030annuel

LIRE le Century Outlook Data.

Le 7 Septembre 2008.

Commentaires

5 réponses à “Une puissance électronucléaire mondiale entre 600 et 1200 gigawatts à l’horizon 2030”

  1. Avatar de Emile
    Emile

    La capacité nucléaire mondiale ne risque pas d’être de 600 à 1.200 GW en 2030. Ce sera déjà pas mal pour cette industrie si la capacité actuelle de 372 GW arrive à être maintenue. Pour sa part, l’AIEA (agence internationale de l’énergie atomique) ne table que sur 447 à 691 GW et l’AIE (agence internationale de l’énergie) sur 416 à 519 GW, ce qui est déjà pratiquement impossible à réaliser.
    Car d’ici là, une capacité de 266 GW environ sera retirée du service selon une évaluation récente. Cette liste des réacteurs nucléaires dans le monde donne d’ailleurs la date prévisible de fermeture de tous les réacteurs en activité, en tenant compte des extensions de durée de nombreux réacteurs.
    Au cours des cinq dernières années, moins de 3 GW nucléaires ont été installés en moyenne chaque année dans le monde. D’ici fin 2012, ce sera 4 GW en moyenne. On le sait de façon précise puisque la construction d’un réacteur dure cinq ans (sauf retard) et que tous ceux devant être terminés avant fin 2012 sont à ce jour en construction.
    Sans se prononcer sur la capacité nucléaire qui sera en service en 2030, cette étude : Combien de réacteurs nucléaires en 2030 ? montre que les objectifs de l’AIEA et ceux de l’AIE ne peuvent pas être atteints (et encore moins ceux de l’association des industriels du nucléaire qui fait simplement sa mise en scène en espérant en retirer des dividendes).
    Un tableau indique le nombre de réacteurs à mettre en chantier chaque année selon les différents scénarios (scenari) de ces agences internationales. Nombre qui devient vite irréaliste. Et le tableau est suivi de cette indication : « Un taux de croissance annuelle, constant sur toute la période, conduit à une courbe exponentielle du nombre de réacteurs (en équivalent standard de un GW) à construire chaque année. Raisonnable les premières années, ce nombre devient très vite prohibitif les années suivantes (exposant de la fonction exponentielle de 1,155 à 1,362), en particulier pour les rêveurs du nucléaire.  »

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Merci Emile, une fois de plus, de nous remonter le moral. Mais je pense que 99% des problèmes relatifs au nucléaire sont politiques. Alors bien malin qui peut prédire. Ce qu’il y a de sûr c’est que pour le moment, en Occident, ça traîne. Mais viendra un jour où la collectivité découvrira que nos politiques ont tardé à agir, il faudra alors rattraper le retard cumulé. Dans les régimes moins démocratiques les choses peuvent aller plus vite. L’exemple de la Chine est devant nos yeux mais je pense aussi aux Russes qui pourraient, comme ils l’ont déclaré, accélérer leur programme nucléaire pour une question de prestige mais aussi pour libérer du Gaz à l’export, instrument de leur puissance économique et politique.

  3. Avatar de Steph
    Steph

    1 – ‘je pense que 99% des problèmes relatifs au nucléaire sont politiques’
    2 – ‘Dans les régimes moins démocratiques les choses peuvent aller plus vite’
    Bon, ben alors c’est simple Raymond, vivement la fin d’la démocratie, non ?
    Alors, et seulement alors, les ‘choses iront plus vite’, les centrales nucléaires pousseront en 6 mois et dureront 100 ans (en toute sécurité, bien sûr), avec un financement magiquement sorti de nulle part, à moins que ce soit des mafias alliées au pouvoir. Ah j’oubliais, et les orangers pousseront enfin en Sibérie !

  4. Avatar de Raymond
    Raymond

    La démocratie peut-être parfois perverse. Je vous rappelle qu’un certain dictateur allemand du XXème siècle avait été élu tout à fait démocratiquement par un peuple enthousiaste. Critiquer certains côtés négatifs de ce régime imparfait qui nous vient des Grecs anciens, est une forme de démocratie. Oui 99% des problèmes du nucléaire sont politiques. Je vous signale Steph que l’énergie nucléaire est associèe aux Etats-Unis avec l’éolien et le solaire dans l’ensemble des énergies non émettrices de CO2.
    Quand aux orangers en Sibérie, je vous les laisse cueillir, n’étant pas moi même un inconditionnel du tsarisme local.
    Mais c’est un truisme de dire que les processus de décision peuvent être plus rapides sous un régime « peu démocratique » comme la Chine, je ne vois pas en quoi cela vous choque. Après, on peut parler de la qualité des décisions. Combien de citoyens chinois ont-ils été expulsés de chez eux pour favoriser l’organisation parfaite de la fête débile et comnbien polluante des Jeux Olympiques?

  5. Avatar de Steph
    Steph

    Cher Raymond, loin de moi l’idée de faire de vous un inconditionnel de quelque tsarisme, local ou pas.
    En revanche, votre opinion quant au caractère « à 99% politique » des problèmes du nucléaire me fait irrésistiblement penser au bon docteur Lyssenko, qui déclarait fausse la génétique car non conforme selon lui aux préceptes soviétiques.
    Je reprendrai donc l’énumération bien connue de problèmes soulevés par l’exploitation de l’énergie nucléaire (qu’on me pardonne si j’en oublie) :
    – que fait-on des déchets ? On se contente de les enterrer bien profond en priant pour qu’il ne se passe rien d’ici 50 000, 5 000, 500, voire 50 ans ?
    – que fait-on des centrales en fin de vie ?
    – comment finance-t-on, premièrement le démantèlement desdites centrales arrivées à terme, deuxièmement la construction de 400 à 800 GW de capacité nouvelle ?
    Ce sont avant tout des questions d’ordre technique et économique, le nier a pour moi de fort relents d’idéologie.
    Je relève par ailleurs que vous ne répondez aux objections argumentées et chiffrées d’Emile que par l’ironie et l’affirmation péremptoire.
    De sorte que, quand vous critiquez comme vous dites les aspects négatifs de la démocratie, pour prendre exemple dans le même paragraphe sur les annonces des régimes chinois et russe, la tentation est forte pour un béotien comme moi d’y voir une dénonciation de la démocratie.
    Ceci posé, l’avenir peut tout à fait vous donner raison sur au moins un point : le régime chinois, conjuguant capitalisme en économie et stalinisme en politique, est fort capable de mettre en construction des installations nucléaires rudimentaires et non conformes aux exigences de sécurités occidentales (celles que nos propres opérateurs ont déjà bien du mal à respecter, la chair à neutrons confirmera).

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