Un papetier norvégien décide de se lancer dans la synthèse de biocarburants

Norskeskog                              Tout procédé de type Fischer-Tropsch consistant, à partir de la biomasse et après avoir produit du syngas (CO+H2), à réaliser la synthèse catalytique de paraffines qui seront ensuite transformées  par hydrocracking en carburants de type gazole se heurte à un problème majeur: la taille. En effet ce type de procédé, développé par Choren en allemagne, en alliance avec RD Shell, met en jeu des procédés en continu du type raffinage du pétrole. Ce ne sont donc pas des procédés de coin de paillasse ou d’arrière ferme. Ils sont trop chers, trop complexes et trop dangereux. Seuls donc quelques rares industries dans le monde, fortement impliquées dans la transformation du bois, possèdent à la fois l’accès aux ressources  naturelles et la logistique nécessaires pour alimenter une telle industrie. C’est le cas du norvégien Norske Skog.

                       Norske Skog est un papetier implanté un peu partout dans le monde et qui produit 10% du papier journal et 5% du papier magazine mondial. C’est donc un industriel qui sait manipuler de larges quantités de biomasse. Il vient de décider d’utiliser les compétences de Choren pour étudier la faisabilité d’une usine de biocarburant en Norvège, au travers de sa filiale Xynergo formée en 2008. L’objectif serait de pouvoir produire 270 mille m3 de biocarburant (gazole) par an, soit environ 5000 barils par jour. La décision définitive de se lancer dans ce projet sera prise en 2009, sur la base des conclusions de l’étude réalisée par Choren.

                      Ce type de projet pour un industriel du bois ou du papier présente un intérêt de diversification et de valorisation de ses déchets, mais aussi un moyen de se trouver subitement une image écolo, ce qui n’est pas évident dans ces métiers fortement polluants.                         

                        Il existe, à ma connaissance, un autre projet dans le monde entre un industriel du bois et un industriel du raffinage c’est l’alliance entre Weyerhaeuser et Chevron aux Etats-Unis, au travers de leur filiale Catchlight Energy (LIRE).

Le 29 Septembre 2008.

Commentaires

4 réponses à “Un papetier norvégien décide de se lancer dans la synthèse de biocarburants”

  1. Avatar de Christian
    Christian

    Il est très souhaitable que des industriels autres que ceux du pétrole s’intéressent enfin à ces procédés.
    Toutefois, pourquoi ces procédés sont-ils « trois fois trop » ?
    Trop cher
    Trop complexe
    Trop dangereux
    Trop cher parce qu’un industriel qui les mets en place veut gagner de l’argent. Une coopérative ou un syndicat profesionnel) qui veut permettre la survie une activité s’en moque.
    Qu’il s’agisse de paysans, de pêcheurs, de transporteurs, leur objectif, c’est de pouvoir faire leur métier, et la production de diesel peut se faire à perte, tout comme son achat aujourd’hui…
    Trop complexe parce la qualité est celle exigée par les consommateurs qui roulent en berlines de luxe super réglées. Un moteur de tracteur ou de bateau c’est tout de même souple, donc on aurait moins de contraintes sur la qualité de la production.
    Trop dangereux pour un industriel car les tonnages sont forcément gigantesques. Or produire quelques m3 de gaz, et l’utiliser en local c’est presque anodin… si on a un peu d’espace.
    A quand un développement coopératif de ces procédés, avec des schémas ouverts et des composants standards, du commerce ? (comme la Green Box que vous mentionniez récemment).

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Une raffinerie de pétrole est chère, complexe et dangereuse, c’est tout ce que je voulais dire.
    Quant-aux activités qui travaillent à perte, Christian, il faut bien qu’au bout du bout il y ait quelqu’un qui paye les factures ou les salaires. C’est, chez nous, généralement le contribuable.

  3. Avatar de Christian
    Christian

    « à perte » cela veut dire :
    1- jusqu’ici un professionnel qui utilise du carburant diesel paye aux pétroliers, et exerce son activité (transport, pêche agriculture, …) en incluant le prix du carburant dans son prix à lui.
    2- si au lieu de cela, les renouvelables sont utilisés pour hydrogéner de la biomasse, le même professionnel peut se permettre de devoir acheter sa biomasse, renouveler son matériel, son catalyseur Fischer-Tropfsch, acheter un peu d’électricité etc. dans la mesure où la valeur ré-injectée chaque année ne dépasse pas celle qu’il dépensait pour acheter son carburant.
    Le pétrolier ayant la même recette de synthèse, l’executerait lui totalement à perte (investissement=son prix de revente), et ne pourrait en tirer aucun bénéfice, ou aucun bénéfice digne de l’intérresser.
    Enfin, dans l’opération de FT, et globalement toute transformation X-to-L, ce qui me semble un peu rock-n-roll, ce n’est pas la partie raffinerie : c’est bien de monter du syngas (CO+H2) à 450 bar à haute température, parce que l’on veut le faire sur du gros tonnage…
    Sur des petites quantités (quelques dizaines de litres), c’est une autre histoire…

  4. Avatar de Raymond
    Raymond

    Christian, je ne sais pas d’où vous tirez votre 450 bars mais qu’importe. Je vous signale que Sasol en Afrique du Sud produit du Coal to Liquid par ce procédé par dizaines de milliers de barils par jour depuis des décennies. Le Qatar dispose également d’une unité toute neuve de conversion de gaz en carburants.Mais je suis d’accord avec vous ca ne peut pas marcher dans une arrière cour de ferme.
    http://www.leblogenergie.com/2007/10/la-formidable-a.html

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