La commission à l’environnement du Parlement Européen, présidée par le libéral britannique Chris Davies, a voté un amendement dit « Schwarzenegger » qui obligerait toute centrale électrique de plus de 300MW construite après 2015 en Europe, c’est à dire en cours d’étude aujourd’hui, à émettre moins de 500 kg de CO2 par MWh d’énergie électrique produite. Cette commission qui fait semblant de définir la politique énergétique européenne, est persuadée d’oeuvrer ainsi pour le bien-être de l’Europe. Mais qu’en serait-il exactement si cette proposition était reprise par le Conseil?
Il faut savoir qu’une centrale au charbon ou au lignite modèle 1948 avec un rendement électrique de 30%, émet 1 tonne de CO2/MWh. Les statistiques par centrales montrent même que cette tonne est souvent largement dépassée. Ces centrales sont celles qui alimentent en énergie les ex-pays de l’Europe de l’Est comme la Pologne, une grande partie de l’Allemagne et une part de la Grande-Bretagne. Les centrales électriques modernes alimentées au charbon, qui fonctionnent à température hypercritique et sont à cycles combinés, peuvent atteindre des rendements entre 45% et 50% et n’émettent plus que 700 à 750 kg de CO2 par MWh. Il serait donc possible aujourd’hui de réduire de 25 à 30% les émissions de CO2 en construisant des centrales au charbon modernes et en démantelant les anciennes. Mais voila, avec l’amendement « Schwarzy » ceci ne serait plus possible, il faudrait adjoindre à cette centrale un dispositif très onéreux de capture de CO2, le comprimer et trouver une nappe géologique pour le stocker ad vitam aeternam. Bien sûr un tel dispositif consommerait au moins 20% de l’énergie produite. On est en plein délire énergétique et économique. La conséquence évidente est qu’avec une telle décision, plus aucune centrale au charbon moderne ne pourrait être lancée et l’Europe serait condamnée à faire fonctionner ses centrales antédiluviennes durant des lustres, à moins d’opter pour l’option nucléaire qui elle n’émet pas un poil de CO2.
Les membres de la commission à l’environnement, dont Monsieur Davies, devraient aller faire un stage dans un grand centre de R&D de n’importe quelle industrie pour apprendre la Gestion de Projets. Ils apprendraient ainsi qu’il existe une phase préliminaire à tout lancement de projet qui s’appelle la FAISABILITE. Ce que je veux est-il faisable? Si oui COMMENT? Cela leur éviterait de publier des propositions trop farfelues et de vouloir mettre la charrue avant les boeufs. Ils devraient savoir aussi que la Californie dispose d’importantes ressources en gaz, en pétrole, et d’un ensoleillement qui lui permettent de faire quasiment l’impasse sur le charbon. Les quelques projets de CCS californiens, avec enfouissement du CO2 dans les nombreux champs pétrolifères, pour aider à l’extraction du pétrole, vont être largement subventionnés, par un Etat aux importants revenus.
Je ne pense pas qu’on puisse appliquer les normes énergétiques californiennes à la Pologne ou à l’Allemagne, ne serait-ce que pour de simples questions climatiques.
Le 9 Octobre 2008.
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