Les dirigeants des constructeurs automobiles mais aussi le représentant du puissant syndicat United Auto Workers se sont présentés unis et en chemise devant le Sénat américain pour plaider leur cause et obtenir les subsides nécessaires pour prévenir tout dépôt de bilan. Mais leur cause n’est pas simple à plaider, la mauvaise image de marque de leur industrie conduit les Sénateurs à peser le pour et le contre. Les griefs des américains à l’encontre de leur industrie automobile sont nombreux:
- inaptitude à créer des produits séduisants et respectant l’environnement,
- intense lobbying contre la réduction des consommations des véhicules et la maîtrise du réchauffement climatique,
- forte entrave à la pénétration des concurrents étrangers plus en avance,
- accords sociaux en décalage avec leurs performances économiques.
Ces arguments ne sont pas insensibles aux élus, auxquels s’ajoute la conviction qu’un passage par le « Chapter 11 » de ces entreprises permettrait de remettre en cause plus facilement les multiples accords sociaux avec l’UAW qui font de cette industrie un colosse immobile. Enfin politiquement ce dossier enflammé serait l’échec de l’Administration Bush, ce qui éviterait au nouveau président de s’y brûler des plumes. L’héritage Bush va constituer un immense fardeau pour l’Amérique et donc pour le nouveau Président.
Certains économistes vont même jusqu’à proposer, en lieu et place, des investissements dans la modernisation des infrastructures, comme les ponts ou les réseaux de trains à grande vitesse, qui seraient beaucoup plus profitables à la nation que des versements de cash à fonds perdus, à cette industrie en décrépitude.
Mais c’est mésestimer tout le retard pris par l’ensemble du tissu industriel américain et du réseau de sous-traitants automobile. La nouvelle Administration va être obligée de verser des centaines de milliards de dollars pour tenir à bout de bras une industrie automobile structurante de la puissance économique des Etats-Unis. Seules des alliances avec les industriels nippons permettraient à ces grands groupes d’accéder rapidement aux technologies innovantes qui leur font cruellement défaut. C’est bien ce qu’a compris Carlos Ghosn prêt à échanger la technologie contre un accès plus libre au marché américain, au travers d’une grande marque.
Quand à l’Europe et plus particulièrement l’industrie automobile germanique, dans ce maelstrom, elle ferait mieux de se réveiller.
Le 20 Novembre 2008.
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