EDF veut devenir un acteur mondial dans son domaine, cela semble déranger une certaine Presse économique

Businessupdate                       On le sait, EDF a des ambitions d’internationalisation. Cela a commencé avec la prise de contrôle de l’italien Edison, tant décriée à l’époque et qui s’avère être un des fleurons du Groupe, tant les prix italiens de l’électricité sont élevés. L’aventure britannique démarre, dans un pays totalement dans les choux du point de vue énergétique, pour n’avoir pas anticipé les baisses de production d’hydrocarbures de la Mer du Nord et avoir tardé à passer en revue sa politique électronucléaire. Enfin, EDF possède un pied aux Etats-Unis qui vont être appelés à investir massivement dans l’électronucléaire, s’ils veulent un tant soit peu réduire leurs émissions annuelles de 6 milliards de tonnes de CO2. Tout naturellement EDF voudrait stratégiquement renforcer sa présence là-bas. Pour réussir tout cela, EDF a besoin d’une base française solide, avec des tarifs de vente au détail de son électricité décents, pour générer et soutenir les capacités d’emprunt nécessaires à ses développements. Le taux de l’emprunt à 10 ans aux USA est à 2,7%, c’est une vraie opportunité pour soutenir les investissements. Une certaine Presse économique française qui se fait les échos de bien des racontars, ne semble pas adhérer à cette stratégie.

                        Elle vient de pondre un papier à sensation dévoilant que le projet de Flamanville chiffré initialement à 3,3 milliards d’euros va en réalité coûter 4 milliards, pour diverses raisons opérationnelles. Elle déduit de ce qui pour un projet de cette taille est un simple aléa, que le prix du MWh va passer de 46 euros à 55 euros. Les 20% de dépassement dans le CAPEX se traduiraient par 20% de majoration du prix de revient du MWh, envoyez c’est pesé! Un simple calcul tenant compte des productions de plus de 11TWh par an montre que les 700 millions de dépassement peuvent être amortis pour 4 à 5 euros en 15 ans environ. Le prix du MWh de Flamanville serait donc plus proche de 50 euros ce qui est raisonnable et ferait pâlir d’envie bien des producteurs d’électricité dont les prix dépendent de matières premières aux cours pour le moins imprévisibles.

                     L’électricité d’origine nucléaire serait à peine plus rentable qu’un procédé thermique à flamme avec un pétrole vers 50$ le baril, nous dévoile ce canard. Alors attendons le pétrole à 25$ le baril et nous pourrons enfin abandonner cette filière électronucléaire tant décriée et honnie, pourrions-nous tous répondre en écho. La presse économique française serait-elle un vivier de grands visionnaires?

Le 3 Décembre 2008.

Commentaires

10 réponses à “EDF veut devenir un acteur mondial dans son domaine, cela semble déranger une certaine Presse économique”

  1. Avatar de don
    don

    un article à l’image de son titre …lamentable.
    C’est du genre, « mais pour qui ce prennent ces gueux de Francais pour oser essayer de contrôler les mensonges du nucleaire ».

  2. Avatar de Christian
    Christian

    Cher Raymond,
    Il faut admettre que se tirer dans le pied économiquement en doutant (au mieux) ou en décriant (au pire) un groupe industriel dès qu’il marche et qu’il a de l’ambition est une grande spécialité française.
    Les exemples ne manquent pas.
    J’espère que chez EDF il y a des gens qui réfléchissent à ce qui a fait la différence de destin entre Vivendi (out) et FT devenu Orange (in).
    Une remarque pour Don :
    EDF, à travers EDF-EN, investit aussi aux USA dans des techno renouvelables, (par exemple dans Nanosolar) et a vraiment une stratégie « tous azimuth »… comme en France, ou chaque euro investit dans le nucléaire est accompagné d’un euro investit dans le renouvelable.

  3. Avatar de el gringo

    Le coût officiel du nucléaire a donc doublé depuis avril 2004 passant de 28 euros TTC à plus de 50 euros TTC le MWh.
    Avant 2004, le prix du baril n’avait jamais dépassé les 40 dollars le baril et avec un prix moyen de 18.5$ entre 1985 et 2000 et un prix moyen de 41$ entre 2000 et 2007, on peut donc en conclure que le choix du nucléaire a coûté très cher aux français avant 2000 et est tout juste compétitif depuis.
    « L’électricité produite en France est actuellement l’une des plus compétitives d’Europe. Pour un fonctionnement en base, le nucléaire, avec un coût de production de 28,4 euros par mégawattheure TTC, apparaît plus compétitif que le gaz (35 euros/MWh TTC) et le charbon (32 à 33,7 euros/MWh TTC). »
    http://www.cea.fr/jeunes/themes/l_energie_nucleaire/questions_sur_le_nucleaire
    Si les obligations d’Etat ont des taux très bas, c’est d’abord parce qu’elles sont très recherchées par les investisseurs car c’est le seul placement considéré comme sans risque actuellement. Par contre, aucune entreprise n’arrivera jamais à emprunter à 2.7% aux USA sauf les banques qui peuvent emprunter directement à la FED. Une entreprise comme EDF aura beaucoup de mal à obtenir un taux à moins de 10% actuellement aux USA et devra même payer plus de 20% si elle est notée comme très risquée.
    http://seekingalpha.com/article/108673-profiting-off-the-liquidity-preference

  4. Avatar de Raymond Bonnaterre

    Pensez-vous réellement El Gringo qu’EDF va emprunter à plus de 10%? Vous avancez des chiffres qui sont complètement déconnectés du réel. Je ne vois pas quel est votre intérêt de communiquer des informations bidons, sans aucune vérification de votre part, sinon de vous discréditer.
    Sur le site de cette aimable Compagnie on peut lire:
    EDF est noté par les 3 agences de notations Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch. Les notes attribuées par ces agences permettent aujourd’hui à EDF de bénéficier de conditions favorables d’accès aux marchés financiers. Chaque agence dispose de son propre système de notation.
    agences notation long terme notation court terme date
    Moody’s Aa1, assortie d’une perspective stable P-1 juin 2005
    Standard & Poor’s AA-, assortie d’une perspective stable A-1+ août 2006
    Fitch IBCA AA-, assortie d’une perspective stable F1+ octobre 2005
    On est encore loin des Obligations Pourries.

  5. Avatar de don
    don

    evidement qu’EDF est bien noté …
    dans tous les cas, si l’aventure EPR, ou pire Anglaise (acheter 15 millards € des merdes à dementeller) tourne mal, EDF pourra toujours augmenter les tarifs en france et donc faire payer les contribuables Francais leurs imprudences.

  6. Avatar de el gringo

    Il serait étonnant que les USA laissent une entreprise étrangère déroger aux règles de la libre-concurrence en se finançant à des taux préférentiels car son principal actionnaire serait l’Etat français. EDF sera obligée de passer une société américaine comme Constellation Energy dont elle est en train d’acquérir 50% de ses activités nucléaires pour 4,5 milliards de dollars et ensuite c’est cette société qui se financera sur le marché US avec les taux en vigueur qui seront bien plus élevés que ceux qu’EDF peut prétendre en France. Et vous pouvez être certains que dans le contexte actuel avec une récession aux USA que les taux dépasseront les 10%.
    http://www.boursorama.com/conseils/detail_conseils.phtml?&symbole=1rPEDF&news=6163096
    A titre de comparaison, les obligations municipales émises par l’état de Californie sont autour 6% et on peut considérer la Californie comme un émetteur sans risque.
    http://municipalbonds.com/archive/CA/
    Sur le marché des obligations d’entreprises, il faut distinguer le marché de l’ »investment grade » qui se négocie à 10% actuellement aux USA (pour les émetteurs de très bonne qualité) du high yield. Ce dernier a plus souffert, avec un effet de panique plus fort. Aujourd’hui le rendement du high yield ressort plus de 23% en moyenne avec un spread de l’ordre de 1982 bp.
    EDF vient de réaliser un emprunt de 14 milliards de livres sterling en Grande-Bretagne en payant 270 points de base de plus que le taux du trésor anglais qui est de 4.75% soit un taux de 7.45%.
    http://www.reuters.com/article/rbssIndustryMaterialsUtilitiesNews/idUSL241184220081202

  7. Avatar de Raymond Bonnaterre

    L’exemple de l’emprunt anglais est excellent. Il montre qu’EDF paie 270 points au dessus d’une référence anglaise très élevée.
    Je vous rappelle que les prêts américains aux grands projets énergétiques bénéficient de la garantie du DOE. Personne n’imagine des projets nucléaires à 30 ans financés avec des obligations pourries! Allons! Soyons sérieux El Gringo. Une alliance EDF Constellation avec la garantie du DOE n’emprunterait pas à 10%, quoique vous en pensiez. Mais l’affaire est loin d’être faite, l’Etat français dans le nucléaire américain, n’est pas une issue évidente. A moins qu’entre temps Warren Buffet ne dépose le bilan…!

  8. Avatar de el gringo

    Le marché du crédit est actuellement plus abordable en Angleterre qu’aux USA avec la nationalisation des grandes banques anglaises ce qui a un peu calmé les spreads de taux UK. Après tout, vous pouvez aussi emprunter au Japon à 0.3% ce que font de nombreuses banques et hedge funds depuis plusieurs années.
    Constellation Energy qui est une compagnie parfaitement viable et rentable d’un point de vue industriel mais beaucoup moins du point de vue des investisseurs financiers (qui exigent un rendement de 15% contre 8.26% actuellement) a un rating de Baa2 (ce qui est presque le plus bas niveau de rating dans la catégorie Investment Grade) contre un rating Aa1 pour EDF peut actuellement emprunter avec un spread de 550 points de base sur le marché US avec ce rating.
    De plus, les agences de rating apprécient assez peu la perspective de voir EDF entrer à 50% dans le capital de Constallation Energy et menace de la downgrader sans toutefois la faire passer dans la catégorie high yield (pour l’instant).
    « Moody’s said Constellation would likely maintain an investment grade rating if acquired by MidAmerican. Additional clarity is needed on EDF’s offer to assess its impact on Constellation’s credit rating, but initial information on the company’s liquidity may result in an investment grade rating, Moody’s said. »
    http://www.247wallst.com/2008/12/fitch-ratings-d.html
    Il est vrai que la relance du nucléaire aux USA ne pourra se faire sans l’aide du DOE et des financements appropriés mais sans que cela entraîne une distorsion de concurrence trop importante avec les autres producteurs d’électricité. Dans la plupart des études sur la relance du nucléaire aux USA, un taux de financement de 8% était généralement pris en compte. Depuis la crise financière est passée par là et maintenant la crise économique s’installe durablement aux USA. Le chute rapide des cours du pétrole risque aussi de remettre en cause ces projets à court terme.
    Par contre, il est complètement illusoire d’imaginer qu’EDF pourra emprunter directement aux USA pour financer sa future filiale car pour cela elle devrait être cotée aux USA ce qui risque d’être assez comique. Il faudrait pour cela qu’EDF se conforme aux normes comptables américaines, soit privatisée (ce qui lui ferait automatiquement perdre la garantie de l’Etat et verrait son rating lourdement chuté dans la catégorie junk bond) et respecte les lois de libre concurrence existants aux USA. Il ne fait aucun doute que l’administration américaine et les nombreux concurrents de Constellation Energy vont se montrer très pointilleux sur ces points surtout avec une compagnie dont le principal actionnaire serait l’Etat français.
    Pour rappel, la première expérience américaine du nucléaire civil des années 1970-1980 s’est terminée par la faillite d’un grand nombre de producteurs d’électricité en raison d’une mauvaise appréciation des risques techniques et financiers et par la nationalisation de la plupart des centrales nucléaires par le DOE qui a souvent terminé les travaux de construction avant de concéder l’exploitation des centrales à des compagnies d’électricité.
    Une petite courbe sur les taux pour vous convaincre qu’il ne fait pas bon d’emprunter aux USA aujourd’hui. En 2 ans, l’indice des taux high yield est passé de 8 à 22%.
    http://www.businessweek.com/magazine/content/08_50/b4112076240313.htm
    De même, en Europe un grand nombre de compagnies ont vu leur spread passé de 210 bps à 1100 bps en 2 ans avec un risque de faillite très élevé.
    http://www.agefi.fr/articles/Les-indices-de-credit-impliquent-des-defauts-d-entreprises-records-1056911.html
    Il est évident que ces difficultés de financement auront des impacts sur les producteurs d’électricité américains les plus fragiles et qu’une recomposition du marché des producteurs d’électricité (qui sont aussi d’importants emprunteurs) est probable comme pour les banques. Les changements dans le capital de Constellation Energy en est un exemple.

  9. Avatar de JP
    JP

    « Moody’s said Constellation would likely maintain an investment grade rating if acquired by MidAmerican. Additional clarity is needed on EDF’s offer to assess its impact on Constellation’s credit rating »
    Héhéhé.
    Gringo vient de tendre involontairement à Raymond le fouet pour se faire flageller. Mais Raymond le saisira-t-il? Il lui faudrait, s’il veut découvrir l’énorme faille de l’argument sus-exposé par Gringo, se faire violence intellectuellement, pour adopter quelques instants le point de vue « tous pourris » de Patrick.
    Ne zappez pas!

  10. Avatar de JP
    JP

    Solution de la devinette:
    Moody’s = Buffett = MidAmerican
    Punition pour Gringo: copier 100 fois la phrase: « je n’oublierai plus de vérifier qui est l’auteur d’une info »

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