Parmi les voies possibles pour produire des carburants liquides si simples d’utilisation, il existe l’ensemble des procédés de type Fischer-Tropsch qui partant de gaz (GTL) de charbon (CTL) ou de biomasse (BTL) permettent de synthétiser divers combustibles liquides tel que le gasoil. Le plus connu et le plus ancien de ces procédés existants est celui de Sasol utilisant le charbon d’Afrique du Sud, les plus spectaculaires seront les unités de conversion de gaz naturel en liquides (Pearl, Oryx) au Qatar (LIRE). Le National Energy Technology Laboratory qui dépend du Department of Energy américain vient de publier une étude qui évalue les coûts des carburants et les émissions de CO2 « du gisement à la roue » de procédés CTL dans lesquels serait introduite une partie de biomasse.
Cette étude montre tout d’abord (TAB.) que le procédé CTL de type Sasol sans capture et séquestration de CO2 est INACCEPTABLE. La synthèse du carburant par ce procédé émet près de deux fois plus de CO2 que sa combustion. Rappelons que Sasol exporte son procédé et qu’il l’a pour l’instant vendu à la Chine et l’Indonésie qui voit ses gisements pétroliers s’épuiser. Cette dissémination d’un tel procédé sans capture du CO2, devrait être condamnée.
Le procédé, équipé d’un dispositif de capture et de stockage du CO2 (CCS), recyclant lui même les fractions légères d’hydrocarbures grâce à un « autothermal reformer » (ATR) et une conversion à l’eau du CO en CO2 (WGS) suivi d’une capture du CO2 à la methyldiéthanolamine (MDEA) décrits en rouge dans le schéma (FIG.II) conduit à capter plus de 96% du CO2 formé. Alimenté au seul charbon, il conduit à un bilan CO2 légèrement meilleur que celui moyenné de l’exploitation des ressources pétrolières non équipées de CCS. Par contre ce procédé n’est économiquement viable qu’à partir d’un prix du baril du produit fini autour de 92 dollars.
Enfin, basée sur des hypothèses d’approvisionnement de biomasses à partir de switchgrass et en limitant leur proportion pour tenir compte des problèmes d’approvisionnement, l’étude montre que l’introduction de 8 à 15% de biomasse dans le procédé, améliore fortement le bilan carbone global qui devient inférieur à la seule combustion des carburants produits. Par contre compte tenu des coûts d’approvisionnement en biomasse et des accroissements d’investissements pour avoir une unité mixte CTL et BTL ce procédé ne devient rentable qu’à partir d’un prix des produits finis de 117 dollars le baril environ.
Que signifie en réalité cette étude? Elle montre que plutôt que de rêver à une installation qui serait alimentée par d’hypothétiques ressources de biomasses par millions de tonnes venues d’on ne sait où, il serait plus réaliste de partir sur la base d’un procédé utilisant du charbon équipé d’un dispositif de capture et de stockage de CO2 et d’introduire dans cette unité une boucle d’utilisation de biomasse qui améliorerait le bilan CO2 de l’ensemble.
Mais pour l’instant n’oublions pas que les équipements de Sasol ne récupèrent aucune molécule de CO2 et polluent gaillardement.
LIRE cette étude.
Le 8 Février 2009
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