« La demande mondiale de métal blanc devrait doubler d’ici quinze ans » titrait, il y a de cela deux ou trois ans, un de nos grands journaux économiques, rapporteur d’échos à sensation. Et le superbe diagramme illustrant cet article prévoyait une croissance annuelle de consommation d’Aluminium de 4,4% pendant 15 ans, passant de 31,6 millions de tonnes en 2005 à 60,6 millions de tonnes en 2020. En ce printemps 2009, le lecteur qui paie bien cher son abonnement, peut se poser des questions sur la pertinence de ces « prévisions ». De façon plus sérieuse, la production mondiale d’Aluminium en 2007 était estimée par Rio Tinto à 39 millions de tonnes. Les statistiques de l’International Aluminium Institute indiquent une croissance des productions de ses adhérents en 2008 par rapport à 2007 de 3,6%. On peut donc estimer la production mondiale d’Aluminium de première fusion en 2008 à un peu plus de 40 millions de tonnes. La totalité de ces productions n’a pas du être vendue en raison du ralentissement de la demande dès le quatrième trimestre 2008, une partie a donc du se retrouver dans les stocks.
Les producteurs d’alumine, nous dit Rio Tinto Alcan, ont réduit depuis 2008 leurs productions, sur base annuelle, de 21 millions de tonnes ce qui correspond à 7,6 millions de tonnes d’Aluminium. Ce volume correspond donc une anticipation des réductions de productions d’Aluminium de 20% environ. Ce chiffre est cohérent avec les productions d’Alcoa du premier trimestre 2009 en Aluminium laminé qui sont en baisse de 25% par rapport à celles du même trimestre 2008. C’est donc un véritable coup de frein en volume que doit affronter la profession, de l’extraction de la bauxite aux opérations de transformation finale du métal, en passant par la purification de l’alumine et l’électrolyse de l’Aluminium. Compte tenu de ces éléments on peut estimer aujourd’hui que la production mondiale d’Aluminium en 2009 devrait se situer entre 30 et 34 millions de tonnes, un chiffre proche de ce qu’elle était en 2005
Ce formidable coup de frein s’accompagne d’une baisse des cours de l’alumine et de l’Aluminium qui aggrave au carré le bilan économique de la profession. C’est la vie économique des industriels des non-ferreux. Oleg Deripaska qui contrôlait Rusal et qui fut un temps l’homme le plus riche de Russie, est en train de l’apprendre à ses dépens. Sa Compagnie étant accablée par ‘une dette de 14 milliards de dollars et qui ne doit pas aller en se réduisant, par les temps économiques qui courent.
Le 8 Avril 2009.
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