Faut-il systématiquement choisir les nouveaux termes techniques français aux racines éloignées du mot anglo-saxon?

Greves_Total_UK                                  Les Français cultivés sont des êtres parfois bizarres qui ont généralement tendance à vouloir remettre en cause les termes scientifiques que d’autres ont inventé. Besoin d’appropriation du concept, volonté de masquer l’origine étrangère de l’innovation ou tout simplement incompétence d’un lettré devant de la sordide technologie. C’est ainsi que le terme « cellular phone » inventé dans le nord de l’Europe et la Grande-Bretagne et adopté en Amérique du Nord qui traduit bien l’existence d’un maillage du territoire permettant d’émettre et de recevoir des signaux, est devenu un vulgaire « téléphone portable » et finalement un « Portable », lui qui aurait du être un « Cellulaire ». Heureusement nos cousins Québécois ont gardé le terme générique de téléphone cellulaire et peuvent ainsi passer facilement la barrière des deux langues.

                              Que dire de la traduction de « sustainable » par « durable »!!! Le professeur pourtant évoque la nécessité d’un effort soutenu pour obtenir de meilleures notes en classe. Il parle bien d’un effort régulier…durable à fournir par l’élève! Est soutenable ce que l’on peut porter, accompagner, supporter. C’est exactement ce que veut dire le terme anglais, mais on a décidé de ne pas adopter « soutenable » pour donner la préférence à ce sordide « durable ». Est insoutenable ce qui demande trop d’effort, de patience, de moyens. Va-t-il falloir créer l’adjectif  « indurable ». Mon Portable est « indurable » dira le jeune étudiant écolo en colère!

                             La langue anglaise avec sa souplesse créatrice a inventé « biofuel », « bioethanol », « biodiesel », « biooil »,  formidable langue qui vous permet de traduire en un mot simple  un produit ou une famille de produits, élaboré par un nouveau procédé. Qui nous interdirait de les utiliser pour être compris de tous…même des anglo-saxons. Alors mettons à la poubelle les « agricarburants », les « agrigazoles » qui nous irritent les fosses « nazales ». Insupportable « Z » de gazole… je n’utiliserai que « gasoil » que tout le monde comprend. Et que vivent les biocarburants!

                            Enfin levons notre chapeau à la serre anglo-saxonne, au doux nom de greenhouse, qui a permis de créer le terme de « greenhouse gas » que nous sommes obligés de traduire par l’interminable  « gaz à effet de serre » et qui se résume bien souvent en un incompréhensible « GES ». Mais là personne n’a trouvé comment qualifier de façon simple cette famille de gaz qui absorbent les rayonnements dans l’infrarouge.

Le 19 avril 2009

Commentaires

6 réponses à “Faut-il systématiquement choisir les nouveaux termes techniques français aux racines éloignées du mot anglo-saxon?”

  1. Avatar de adidi
    adidi

    Que j’aimerai vous voir prononcer cette expression miraculeuse: « greenhouse gas »
    Aussi est-il vrai qu’il n’y a pas de « Z » dans dans Gasoil?Peut-être dites vous gassoil?
    Mais plus surement pourrions nous remercier le français de se prêter si mal à la langue technocratique.

  2. Avatar de ray
    ray

    Mon cher Adidi, dans la langue française un « s » placé entre deux voyelles se prononce « z ». C’est pour cela que nez donne tout simplement nasal et non nazal. Du « gazhuile » pour aller jusqu’au bout de la francitude aurait été correct mais physiquement incompréhensible.
    A quel beau mot rempli de poésie qu’est « gazoduc » dont j’aurais pu parler aussi. On pourrait le faire rimer avec « archiduc » ou « trouduc ».

  3. Avatar de shimrod
    shimrod

    ce qu’il faudrait surtout, c’est ne pas céder à la mode imbécile d’anglosaxonniser tout et n’importe quoi.
    un « mail » est un courrier (électronique ou pas)ce n’est donc pas une adresse électronique (adél) comme de nombreux pédants le croient. Et du coup un « courriel » lui, est plus précis car il signifie courreir electronique .
    Les exemples sont nombreux d’emprunts incorrects à la langue anglaise.

  4. Avatar de ray
    ray

    Oui bien sûr Shimrod, mais pensez-vous sincèrement que d’envoyer un courrier électroniquement soit une invention française? Ce que font nos linguistes c’est de partir du terme anglosaxon générique et de le mettre à la sauce locale. Alors courriel n’est pas trop mauvais j’en conviens. Mais E-mail ne me dérange pas, la malle-poste était autant française qu’anglo-saxonne.

  5. Avatar de Mamouth
    Mamouth

    Si je m’accorde à déplorer que l’on a* confié à l’Académie française le soin de tenter de régir l’évolution du français (grand échec !), je trouve aussi que l’import de mots anglais n’est pas toujours approprié.
    En particulier il présente deux inconvénients :
    – La plupart de gens ne savent plus ce dont ils parlent. Surtout ceux qui ne parlent pas correctement anglais mais tentent d’en employer des mots sans en maîtriser ni le sens, ni les règles grammaticales.
    – Cet import, fait sauvagement, produit généralement des exceptions supplémentaires aux règles de la langue française, dont elle n’a pas pourtant pas besoin !
    Altérer l’orthographe et la prononciation d’un mot pour l’importer dans sa langue sont justement ce qui fait un import réussi. C’est ce qui se passe en japonais ou en espagnol – je ne parle que des langues que je connais. L’espagnol est un modèle du genre puisqu’elle importe beaucoup de mots (le plus souvent de l’anglais, bien entendu), tout en altérant systématiquement l’orthographe et la prononciation pour qu’ils suivent les usages (exemple: « leader » devient « lider », « quotation » devient « quotación »).
    A contrario, en allemand ou en français, les mots importés tels quels de l’anglais (ou d’autres langues) sont sources de confusion puisque les gens ne savent plus selon les règles de quelle langue ils doivent les prononcer et les accorder, ceci étant alors laissé au bon vouloir de l’interlocuteur.
    ———————-
    * si vous vouliez mettre « ait confié » à cet endroit, c’est une erreur : le subjonctif s’emploie pour énoncer un souhait, une hypothèse, un fait non-encore réalisé et de l’avènement duquel on est donc pas sûr. Pour un fait passé et bel et bien réalisé, on use de l’indicatif.

  6. Avatar de shimrod
    shimrod

    je pense qu’il est très artificiel de souhaiter employer un mot dans la langue du « découvreur » de la chose désignée par ce mot. Le « mail » est surement anglosaxon ? Peut être, mais alors le papier est chinois, les échecs perses, le zéro indien etc…

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