Le paramètre du premier ordre qui agit sur les cours du pétrole WTI à New York et par répercussion sur le Brent à Londres est le taux de change du dollar par rapport aux autres monnaies et par rapport à l’euro en particulier. Depuis le mois d’Avril la corrélation entre euro exprimé en dollars et cours du WTI est hautement significative avec un coefficient de 0,92 (FIG.). Cette relation illustre la prévalence des achats spéculatifs de papiers adossés au pétrole pour se couvrir vis à vis de la baisse du dollar. Mais d’autres paramètres peuvent intervenir dans l’équation des cours du pétrole.
FIG.I : après avoir franchi gaillardement la barrière des 40 euros, le baril de WTI à New York se dirige vers les 45 euros
Les stocks de brut américains: ceux-là tout le monde s’en moque en ce moment. Ce sont des stocks spéculatifs qui ont profité de la courbe en contango des cours à terme du pétrole. Stockés en mer dans des tankers, ils sont déjà vendus à terme. Ces stocks vont se résorber dans les semaines qui viennent, la courbes aplatie des cours ne justifiant plus d’achats physiques spéculatifs. Ce retour de tendance est déjà apparu en fin de semaine dernière qui a vu les stocks de brut baisser de 4,6 millions de barils, en raison de très faibles importations.
Le comportement des membres de l’OPEP: là, c’est une donnée beaucoup plus sensible. L’à peu près bonne discipline des membres de l’OPEP observée dans le mouvement de repli des productions à partir du mois de Décembre, a redonné une certaine crédibilité au Cartel, dirigé par l’Arabie Saoudite. Mais la décision de l’Arabie Saoudite de marquer une pause dans la réduction des productions, à la demande de l’Administration Obama, a remis du mou dans les bastingages de l’OPEP. Le mois dernier le Cartel s’est permis de produire 200 mille barils de plus par jour qu’au mois de Mars (FIG.II). C’est un signal de baisse de la discipline des membres du groupe, il va obligatoirement jouer en faveur d’une certaine détente des cours.
FIG.II Les membres de l’OPEP ont jusque là à peu près appliqué leurs décisions de quotas de productions, il n’est pas sûr que cela perdure.
Enfin il y a les prévisions des Agences: l’AIE, l’IEA américaine et l’OPEP. Elles revoient toutes leurs chiffres de consommation de pétrole en 2009 à la baisse, la plus pessimiste étant l’Agence Internationale de l’Energie qui prévoit des consommations mondiales moyennes en 2009 en baisse de 3% par rapport à 2008, à 83,2 millions de barils/jour. Dans les faits ces prévisions sont très fragiles puisqu’elles dépendent pour une large part, d’hypothèses de reprise de consommations au second semestre de cette année. Les professionnels du pétrole ont appris à ne pas trop croire ces pseudo prévisions éminemment variables, certains s’en moquent même ouvertement tant elles sont politisées (FIG.III).
FIG.III : les prévisions de consommations de pétrole de l’Agence Internationale de l’Energie se sont montrées parfois assez farfelues
En conclusion l’évolution des cours du pétrole dans les semaines à venir va dépendre pour une large part du cours du dollar par rapport à l’euro et les autres monnaies, mais également du comportement des membres de l’OPEP et de leur aptitude à appliquer les décisions de réduction de productions prises en réunions plénières.
Le 14 Mai 2009.
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