Consommation de pétrole et consommation d’énergie doivent être analysées séparément : un exemple la Chine

                             Dans l’analyse et la projection des consommations d’énergies par pays il est un paramètre fondamental à prendre en compte: l’inégalité des situations de développement des divers pays dans leur mode de consommation d’énergie. Le mix de consommation d’énergie est très divers d’un pays à l’autre, il est donc impossible de déduire les évolutions de consommation d’une ressource énergétique en se basant sur la globalité de l’énergie consommée pays par pays ou mondialement. Il est nécessaire d’adopter une démarche beaucoup plus analytique.

Part_charbon_energie_2007  

                            Un exemple schématique pour illustrer ce propos est la consommation de charbon dans le bilan énergétique de chacun des pays en 2007, publié par BP. Entre les pays du Golfe Persique qui ne consomment pratiquement pas de charbon et la Chine dont la ressource énergétique dépend à 70% du charbon. Il est évident que la moyenne mondiale à 29% de la consommation d’énergie ne permet pas d’analyser les évolutions de consommations des diverses énergie primaires dans chacun des pays.

                            Les consommations en énergies primaires de chacun des pays vont dépendre de ses ressources, de ses choix énergétiques, de son degré d’urbanisation, de développement et de sa démographie. Le Canada et la Russie ont d’énormes ressources de pétrole et de gaz, ils consomment peu de charbon. La France a fait un choix politique avec le nucléaire, elle ne consomme que très peu de charbon. Les Etats-Unis et l’Allemagne sont attachés à leurs ressources de charbon et de lignite. Enfin l’Inde, la Pologne et surtout la Chine sont de gros consommateurs de charbon.

                         Ces profondes inégalités vont se répercuter sur les autres formes de consommation d’énergie et en particulier sur la consommation de pétrole. De nombreuse décennies séparent le mode de vie canadien ou américain au sein de larges métropoles reliées par de gigantesques réseaux routiers et aériens et le mode de vie de l’Inde ou de l’Ouest de la Chine. C’est semble-t-il une banalité que de rappeler cet état de fait, mais de nombreux propos approximatifs de commentateurs économiques laissent à penser que  cette prise de conscience des inégalités de développement est souvent sous estimée. Il est en particulier un domaine dans lequel on entend prononcer bien des âneries: la consommation de pétrole.

                   La Chine va consommer en 2009 dans les 7,8 millions de barils/jour de pétrole nous indique l’AIE. C’est moins de 10% de la consommation mondiale, c’est environ la consommation de l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et la France réunies. La consommation de pétrole est très en retrait par rapport à la consommation d’énergie qui représentait 17% de la consommation mondiale en 2007. 

                  Les consommations chinoises de pétrole sont légèrement supérieures à un litre de pétrole par jour et par personne active, ce qui par rapport aux 15 ou 16 litres américains ou canadiens illustre bien le retard de la Chine. L’Inde, encore plus en retrait que la Chine, consomme par personne active moins de la moitié de cette dernière (FIG.II).

FIG.II L’inégalité des niveaux de développement est parfaitement illustré par la consommation de pétrole par personne active et par jour. Cet indicateur montre aussi le gaspillage canadien et américain qui constitue une formidable ressource de progrès énergétique.

Conso_par_personne_active_2008

                  Un think-tank chinois proche du pétrolier Sinopec a récemment estimé que la croissance de la consommation de pétrole de la Chine dans son hypothèse haute va être de 5% par an jusqu’en 2015 puis elle se repliera vers 3,5% par an entre 2016 et 2020. En partant avec de telles prévisions qui ont l’avantage essentiel d’être chinoises et issues d’un Groupe pétrolier, une projection jusqu’à 2020 indique que la consommation de pétrole de la Chine va croitre de 5 millions de barils par rapport à aujourd’hui à l’horizon 2020 pour se situer entre 12 et 13 millions de barils/jour (FIG.III). Le marché va donc avoir affaire à une croissance soutenue de la demande chinoise en pétrole, mais ce ne sera pas l’explosion attendue par certains.

FIG.III Hypothèse de croissance de consommation de pétrole des pays NON OCDE. La croissance chinoise reprenant une prévision de Sinopec

Conso_NON_OCDE_2009-2020

                 Sur la base de ces 5% de croissance en appliquant le même coefficient de progression pour les consommations indiennes, 4% pour le Brésil, 3% pour le Moyen-Orient qui consomme presque autant que la Chine et 2% pour les autres pays NON-OCDE, la consommation totale des pays NON-OCDE passerait de 38 millions de barils/jour à 54 millions de barils/jour en 2020.

FIG.IV Une décroissance annuelle des consommations de pétrole des pays OCDE  de 3% conduirait à une quasi stabilité des consommations mondiales.

Conso_Mondiale_2009-2020

                 Pour compenser une telle croissance des consommations des pays en développement les pays OCDE devront réduire leur consommation de pétrole de 3% par an (FIG.IV) et passer de 45 millions de barils/jour en 2009 vers les 32 millions en 2020.

                 Bien sûr ces prévisions, comme toutes les autres, ne valent pas grand-chose. De nombreux aléas seront possibles durant les 11 ans à venir. Mais elles montrent simplement qu’un mécanisme de compensation est possible entre les deux zones pour arriver à un ensemble sensiblement constant.

                 Il reste à démontrer que 3% d’économie de la consommation de pétrole dans les pays OCDE est soutenable.

                La première donnée concerne la démographie. La population active de l’OCDE va croître entre 2010 et 2020 (FIG.V, courbe bleue), mais si l’on ne considère que les pays les plus riches en ne prenant pas en compte les populations turques et mexicaines, il apparaît alors que la population active va demeurer sensiblement constante. En d’autres termes, la croissance de la population active au Canada et aux USA de 12 millions d’habitants va être compensée par une forte décroissante dans la zone Corée-Japon (-7,6 millions) et la Zone OCDE – Europe, hors Turquie (-6.1 millions).

FIG.V La population active des pays de l’OCDE va croître jusqu’en 2020 en raison de la Turquie et du Mexique qui sont de faibles consommateurs d’énergie et de pétrole

Population_active_OCDE 

                      Le deuxième poste concerne les gains de productivité du raffinage. La modernisation des raffineries leur permettant de valoriser les fonds de barils par la mise en route d’unités de conversion profonde, entraîne un accroissement du rendement de production des fractions nobles aux dépens des cokes de pétrole et des fonds de baril. La construction de nouvelles raffineries ultra modernes au Moyen-Orient et en Inde utilisant des pétroles lourds va dans le même sens de l’amélioration des rendements de conversion du pétrole brut.  Le rythme de construction va dépendre des cours du pétrole mais il faut anticiper la fermeture de vieilles raffineries en Europe ou aux USA au profit de ces nouvelles unités plus performantes.

                       Le troisième poste concerne les biocarburants. Ils représentent aujourd’hui 1,5 millions de barils environ. Une croissance de production de 10% par an environ participe au bilan des économies de pétrole.

                        Le quatrième poste est l’évolution du parc automobile et des consommations en carburant. La crise sera plus longue que prévue, parce que c’est une crise profonde de changement de priorités dans les choix des consommateurs, délaissant certaines formes de consommation traditionnelle, comme la voiture, au profit d’activités plus épanouissantes et moins polluantes. L’offre produit se retrouve ainsi en profond décalage avec les attentes. Il faudra beaucoup de temps et d’efforts Marketing et Techniques pour que l’offre se recale sur les attentes des consommateurs. C’est le cas avec la voiture. On peut donc anticiper une baisse du parc automobile ou tout au moins une longue stagnation dans les pays OCDE. L’arrivée de modèles de véhicules moins obséquieux, à meilleure efficacité énergétique (moteur, pneus, profil), rendus plus légers par l’utiliusation d’aluminium, de plastiques armés de fibres de verre et de composites en fibres de carbone sur lesquels travaille Toray au Japon, équipés de récupération d’énergie au freinage, partiellement ou totalement électriques, vont faire fortement décroître la demande en carburants. Une décroissance du parc de 0,5% par an, l’arrivée de nouveaux modèles consommant 20% de moins en moyenne  que le parc existant et avec un taux de renouvellement de 5% par an, conduit à une réduction des consommations de carburants de 1,4% par an.

                        La stagnation des voyages d’affaires aériens au profit de transport de masse de touristes retraités, conséquences de la démographie, va favoriser la montée en puissance d’avions gros porteurs économiques ou de trains à grande vitesse, aux dépens d’avions de faibles ou de moyennes tailles. Les consommations de kérosène devraient être sensiblement stables.

                       Dans le transport maritime le prix des carburants est un paramètre du premier ordre. Plus le carburant est cher et plus il est rentable de réduire la vitesse des porte-conteneurs et autres vraquiers, quitte à mettre un peu plus de navires en service pour assurer la continuité de la prestation.

                   Enfin, les mesures d’amélioration de l’isolement et la montée en puissance de l’électricité comme mode de chauffage accompagnant la démocratisation des modules photovoltaïques économiques vont permettre de réduire l’utilisation du fuel et des gaz liquéfiés (propane, butane) pour les habitations. Les gaz liquides seront ainsi de plus en plus utilisés en substitut du naphta dans la pétrochimie, ce que l’industrie pratique l’été, lorsque les cours sont bas.

                    On le voit le champ des gains en efficacité énergétique autour du pétrole sont immenses. Il n’y a aucune impossibilité de réaliser dans les pays riches des économies de consommation s’élevant autour des 3% par an. La consommation en pétrole des pays OCDE a baissé de 3,65% en 2008, elle est prévue en baisse de 4 à 5% en 2009. Nul doute qu’un régime de baisse continue de 3% par an est un objectif soutenable dans les dix ans à venir. Cela conduirait naturellement à une stabilisation des consommations mondiales de pétrole autour des 84 à 85 millions de barils par jour.

                    Les diverses officines de prévision, très politisées, ne devraient pas tarder,  par effet Obama, à publier des chiffres de cet ordre. La prévision deviendra alors une vérité triviale et  admise par tous.

Le 27 Mai 2009

Commentaires

12 réponses à “Consommation de pétrole et consommation d’énergie doivent être analysées séparément : un exemple la Chine”

  1. Avatar de dieu_dollar
    dieu_dollar

    article brillant comme d’habitude. J’ai deux questions à vous poser :
    _ d’où vient la consommation de pétrole supérieure en France à ses homologues européens? Taille du territoire?
    _ la consommation américaine deux fois supérieure à ses homologues européens me semble incroyable. S’explique-t-elle uniquement par la taille des véhicules ou les distances domicile-travail sont-elles plus importantes également?
    Merci d’avance

  2. Avatar de ray
    ray

    Oui je pense que la France est un grand lieu de passage et que c’est en surface le plus grand pays d’Europe, cela doit justifier le chouilla plus de consommation. La France dispose également d’une pétrochimie importante à la fois sur la Méditerranée et sur la façade Atlantique.
    La conso américaine provient d’un parc important (la môme de 16 ans va au collège avec son 4X4), de véhicules gaspillant un pétrole pas cher, avec des trajets domicile travail qui peuvent être très longs (50 à 80 miles sont monnaies courantes pour aller vivre dans un county moins cher par exemple) et des vacances très roulantes (les québécois descendent en Floride en voiture ou camping car).
    Le transport de marchandise se fait essentiellement par camions, le rail est insignifiant et dangereux. Le transport aux USA c’est du pétrole consommé.
    Avec la crise on a vu pas mal de postes décroître comme l’utilisation de propane (chauffage domestique et agricole) ou l’utilisation de gasoil. Mais le gasoil produit en trop par les raffineries est exporté à bon prix vers l’Europe.
    Les réserves américaines de gaspillage sont énormes. Ces gens peuvent diviser leur conso par deux s’ils le décident un jour.

  3. Avatar de christian
    christian

    Pour dieu_dollar :
    la consommation américaine très élevée dans les transports terrestre est très liée à l’étalement urbain.
    Je tente de décrire la courbe en hyperbole due à Newman et Kenworthy (les chiffres datent de 1989). Vous la trouverez reproduite dans de nombreux ouvrages.
    (La vie après le pétrole de J.L. Wingert, l’Atlas de l’Energie de B. Barré etc…)
    On y trouve :
    – Hong-Kong à 350 habitants/hectare, la consommation est tellement faible qu’elle est illisible.
    – Tokyo, Moscou vers 100 hab/hec et 5 GJ de consommation d’essence par hab (et par an ?).
    – L’essentiel des grandes villes européennes entre 30 et 70 hab/hec, et entre 5 et 15 GJ/hab.
    – Les grandes villes des USA sont toutes à moins de 25 hab/hec et plus de 40 GJ.
    – Les australiens et canadiens sont entre les deux groupes…

  4. Avatar de christian
    christian

    … et donc, cher Raymond, je ne pense pas que la consommation puisse être divisée par deux brutalement… Encore que les nord-américains n’ont pas le même rapport que nous à l’immobilier…
    Si jamais ils le décident, cela créera de gigantesques banlieues fantômes…

  5. Avatar de ray
    ray

    Il suffit de diviser les consommations des véhicules par deux (hybrides ou hybrides rechargeables) et de favoriser le rapprochement du foyer du lieu de travail, comme essaient de le faire certains programmes immobiliers californiens qui favorisent l’alternance de Zones industrielles ou commerciales avec les nouvelles zones d’habitation.
    La fatalité, Christian, n’est pas une très bonne démarche pour aborder et tenter de résoudre les problèmes. Mais les problèmes posés par l’étalement urbain qui est un vrai handicap, sont largement étudiés par certains aux Etats-Unis.

  6. Avatar de christian
    christian

    Cher Raymond,
    Je ne voulais pas paraître fataliste mais
    juste répondre à la question de la « surconsommation » américaine, et souligner que sa cause qu’est l’étalement n’est pas facilement « résorbable ». Le temps de réponse est long, même avec la flexibilité des américains… Une voiture est moins chère qu’un logement, se construit et se change plus vite.
    Si l’on change de motorisation, alors oui, on peut diminuer la consommation des voitures US… Mais la notre baissera aussi (espérons !), et ils seront encore « surconsommateurs » par rapport à nous.
    En outre, en matière d’environnement, il faut toujours regarder les différents problèmes apparemment décorrelés. Si l’étalement est un handicap en terme de transports, il est un avantage en terme d’habitat.
    (c’est plus facile de convertir un pavillon quelconque en pavillon zéro énergie, que de convertir un immeuble de 8 étages en éco-habitation)….

  7. Avatar de Olivier
    Olivier

    @ray:
    vous écrivez « Le transport de marchandise se fait essentiellement par camions, le rail est insignifiant »
    Ce ne sont pas les chiffres: le rail aux usa a 40% du marché du fret, une part cinq fois plus forte qu’en Europe.

  8. Avatar de Pascal
    Pascal

    Si effectivement une baisse de 3 % annuelle des consommations de pétrole dans l’OCDE est possible, elle me semble peu probable sans une véritable prise de conscience et sans des actions rapides. Or le comportement humain est bourré d’inertie.
    Les 3 % de baisse en 2008 et 4 à 5 % de baisse prévue en 2009 le sont grandement à cause de la crise. N’oublions pas que le PIB est censé chuter de 4,3 % en 2009 dans l’OCDE.
    Pour le moment, la consommation de pétrole continue à aller dans le même sens que la croissance économique à moins d’un baril extrêmement cher.
    Je suis tout à fait d’accord avec les gains que vous citez concernant les raffineries, l’aviation (les compagnies aériennes ont supprimé les lignes les moins rentables et les vieux avions).
    Concernant la marine je suis plus mitigé. La croissance du trafic mondial pourrait l’emporter sur les économies individuelles.
    Pour l’automobile j’ai du mal à croire à cette évolution. Si les gros 4×4 semblent en effet mis à l’écart, il semble que les 4×4 plus sobres arrivent.
    En résumer je suis d’accord sur le fait que la tendance long terme va être une baisse de la consommation de pétrole OCDE. Mais d’une part je ne pense pas qu’elle sera régulière (la reprise économique de 2010-2011, si elle a lieu, poussera la consommation à la hausse) et je doute qu’en seulement 11 ans on puisse réduire d’un tiers (passer de 45 à 32 mbj) notre consommation.

  9. Avatar de ray
    ray

    Mon cher Pascal votre sceptiscisme ne m’étonne pas. Je voudrais cependant attirer votre attention sur quelques points importants:
    1)les effets du puissant régulateur automatique que constitue le prix du pétrole. A la moindre esquisse de reprise des consommations, la spéculation va immédiatement jouer la hausse des cours. On reverra alors les 120 ou 140 $/baril qui sont de puisssants modérateurs de consommation.
    2) le deuxième point est la démarche future des constructeurs de voitures. Je suis persuadé qu’ils vont d’eux mêmes proposer des modèles très économiques en carburants pour répondre aux attentes du marché. Toyota prépare déjà une Yaris hybride pour contrer Honda. Les constructeurs chinois vont suivre pour satisfaire aux injonctions du Parti.
    Nous allons vivre une vraie révolution énergétique dans les transports routiers, elle est déjà en cours en Asie, donnons lui 3 à 4 ans pour qu’elle arrive aux USA et 5 ans en Europe.
    Enfin je suis persuadé que la crise sera plus longue que prévu, parce que c’est une crise de l’offre. Combien vont aller acheter un 4X4, même plus sobre? Développer de nouveaux produits, les industrialiser et les proposer aux clients sera un processus lent et techniquement difficile.

  10. Avatar de ray
    ray

    Olivier,effectivement j’ai écrit une grosse bêtise. La lenteur des trains de marchandise américains m’avait laissé une impression totalement fausse. Dont acte.

  11. Avatar de Olivier
    Olivier

    @ray : merci. La faible vitesse des trains de marchandise aux usa est une fausse impression. En effet ils traversent les villes au pas, mais il vont plus vite qu’en europe une fois sortis des villes. Et vue la faible densité aux USA, la différence est grande avec l’europe.

  12. Avatar de tyler
    tyler

    Pour aller dans le sens du post précédent :
    la SNCF se tourne vers les Etats-Unis pour moderniser sa branche fret – 15 avril (Railroad Development Corp, société basée à Pittsburgh aux Etats-Unis, a signé avec Réseau Ferré de France et la Caisse des Dépôts un accord de partenariat pour rechercher et opérer pour le fret certaines lignes ferroviaires peu fréquentées. Au moment où le ministre des transports, Dominique Bussereau, annonce des mesures réglementaires favorables pour ce type d’activité, la division fret de la SNCF espère bien recouvrer ainsi une nouvelle jeunesse à l’aide de cet allié, dont la réussite outre-atlantique devrait servir de modèle. http://www.ft.com/cms/s/0/f3b34a1c-291b-11de-(..)
    )source Carbone 4

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