Le pétrole et l’essence supports de couverture contre l’affaiblissement du dollar

                       En six semaines les cours du pétrole WTI à New York se seront valorisés de 45% en passant de moins de 46$ le baril à plus de 66$ cette nuit, le tout dans un climat de demande très déprimée, de stocks importants, de productions américaines records et d’OPEP pas du tout va-t-en guerre. Les raisons fondamentales de cette hausse me semblent être de trois ordres: la conviction que les cours ne pouvaient pas demeurer très longtemps au dessous de 60$ le baril, l’arrivée tardive de ceux qui jouaient jusque là la stagnation ou le marasme (ceux qui avaient suivi les recommandations des « spécialistes » qui prévoyaient, il n’y a pas si longtemps, un baril à 25$) et, paramètre essentiel, l’utilisation des papiers adossés à ces cours comme instruments de couverture vis à vis d’un dollar de plus en plus dépressif. Ce n’est pas la demande de pétrole qui croît, c’est la demande en futures et autres instruments qui subissent une forte demande « longue ».

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                 Le rôle fondamental de l’évidence, du fait admis par tous, fond de sauce de tout mouvement spéculatif (le peak oil en début 2008, la crise mondiale généralisée en fin 2008, la pénurie programmée maintenant) est d’une grande importance. Un contre exemple éclairant est donné par les cours du gaz naturel qui après une velléité de hausse en début de mois, se traînent en dessous des 4$/MMBTU (FIG.II). L’offre physique mondiale de gaz naturel est trop importante et les méthaniers en vadrouille terminent leur course dans le Golfe du Mexique pour vendre leur chargement à vil prix. Aucun gourou ne peut clamer une pénurie future, alors la spéculation qui a le choix, délaisse le gaz naturel pour le pétrole ou autre « commodity » agricole. Le gaz naturel est la ressource d’énergie primaire la plus largement répartie dans le monde et la plus disponible aux cours actuels de l’énergie. Aucun intérêt pour la spéculation.

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                       La corrélation entre cours du dollar et cours du pétrole, avec un coefficient de corrélation de 0,96 sur six semaines de cotations (FIG.I), ou de l’essence, avec un coefficient de corrélation de 0,94 (FIG.III), est maintenant une évidence pour l’ensemble des opérateurs. Mac Neil Curry de chez Barclays Capital à partir de l’analyse graphique voit le pétrole se diriger vers les 74 ou 75$ le baril.

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                      Ce sont les placements abondants de Bons du Trésor américains, en charge de financer les largesses du Président Obama et de son Administration, qui déterminent les cours du dollar et donc indirectement ceux du pétrole. Les taux longs sont définitivement orientés à la hausse, il faut bien attirer le chaland asiatique pour alimenter la planche à billets. Montée des taux, montée des cours des matières premières, hausse des prix des carburants à la pompe, baisse du dollar: prémices lointains d’un nouveau cycle inflationniste américain? Pour cela il faudrait que l’économie redémarre ce qui est peu probable en 2009 et même en 2010, en raison de la profonde crise d’offre produits de l’industrie automobile américaine. L’économie américaine peut-elle redémarrer sans son industrie automobile?

 Le 30 Mai 2009

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