Jusqu’à maintenant, aux Etats-Unis, larguer du CO2 dans l’azur était « free of charge ». Mais sous l’impulsion de l’Administration Obama et dans certains délais (2013?), il se pourrait que les Entreprises américaines soient soumises aux règles du Cap and Trade qui se traduirait, sous une forme ou une autre, par de nouvelles charges financières liées aux quantités de CO2 et autres gaz à effet de serre émises. La Société d’analyse Trucost, agissant pour l’Investor Responsability Research Center, vient de publier une étude intitulée « Carbon Risks and Opportunities in the S & P 500 » dans laquelle elle analyse la sensibilité de chacune des entreprises au risque carbone. Sur les 2,17 milliards de tonnes de CO2 émises par ces entreprises en 2007, ce sont les entreprises du Secteur des Utilities (essentiellement la génération de courant) qui émettent 59% des gaz à effet de serre étudiés. D’après l’étude les charges liées aux émissions de CO2 pour les 34 entreprises étudiées, pourraient réduire de 45% les profits de ce secteur.
Le risque financier va donc devenir de plus en plus pesant et l’étude demande en particulier que les émissions de GHG soient clairement reportées dans le bilan des Sociétés. Les émissions de CO2 vont devenir un des paramètres d’analyse économique des Sociétés cotées.
Mais ce risque est de plus en plus intégré par les producteurs d’électricité américains. Leurs annonces précisent toutes une volonté politique de désengagement partiel vis à vis du charbon. C’est le cas par exemple de LS Power qui vient d’annuler deux projets de centrales au charbon, l’une dans l’Iowa, l’autre dans le Michigan et qui envisage de construire une centrale au gaz naturel de 780 MW dans le Minnesota qui serait complémentaire des projets d’éoliennes du Midwest. C’est le cas également de PacifiCorp qui se projetant en 2018 estime que sa capacité de génération de courant « vert » atteindra 18,5% de la capacité totale. Couplée avec de la génération au gaz naturel PacifiCorp estime que la part charbon passera de 58% aujourd’hui à 40,6% en 2018. Grâce à ces évolutions « l’intensité carbone » de ses productions d’énergie électrique passera de 0,8 tonnes de CO2 par MWh à 0,53 tonnes en 2018.
Parallèlement le producteur de charbon des Appalaches, Foundation Coal, annonce une réduction de ses livraisons et des licenciements de 60 personnes. Il est engagé dans un processus de fusion de 2 milliards de dollars avec Alpha Resources.
Toutes ces nouvelles illustrent la révolution industrielle qui se prépare aux Etats-Unis dans le domaine de la génération de courant. Ces informations contrastent avec l’inertie de la politique énergétique en Europe qui repose largement sur les centrales électriques au lignite et au charbon allemandes et qui profitent, sans aucun stress, des attributions gratuites de droits d’émissions de CO2 de la Commission Européenne. Politique d’opérette énergétique sur fond de bla-bla pseudo écologique.
LIRE le résumé de l’étude.
Le 4 Juin 2009.
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