Le rallye sur le pétrole se poursuit sous les encouragements des analystes « experts » des grandes banques

                        C’est une évidence admise par tous: les cours du pétrole WTI n’ont rien à voir avec l’offre et la demande de cette ressource, mais ils reposent sur des mécanismes de couvertures (hedging) vis à vis de la dépréciation de la monnaie américaine, mécanismes animés et orchestrés par les grandes banques américaines. Cependant pour que ce mécanisme spéculatif se déroule harmonieusement, comme c’est le cas, il est nécessaire que deux conditions soient vérifiées. Tout d’abord il faut une condition de fond, admise par tous, qui rende crédible le mouvement et sa poursuite. En ce moment c’est « la pénurie de pétrole programmée dès que la conjoncture économique va se redresser« . Alors on voit les analystes écoutés comme Jeffrey Curry de chez Goldman Sachs expliquer que la hausse va se poursuivre par risque de pénurie et pousser le pétrole vers les 90 dollars et même 95 dollars d’ici à fin 2010. Le même expert il y a six mois pour les mêmes raisons fondamentales voyait le pétrole à 25 $/baril. Il est évident qu’il existe une connexion entre l’avis de ces « experts » et les positions des banques qui les rétribuent, ce dont s’insurgent certains élus américains, accusant ces experts de « rabattre de nouveaux acheteurs » vers le marché.

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                 L’autre condition pour que s’épanouisse la spéculation est liée à l’inflation des volumes de futures et autres options échangées sur le marché. Le Nymex pour le seul WTI sweet crude N°067651 traite en ce moment, sous forme de futures et d’options, plus de 2,5 milliards de barils de pétrole pour une consommation quotidienne américaine de 18 millions de barils. Les sommes en jeu, les volumes d’échange n’ont plus rien à voir avec les volumes physiques de pétrole échangés. Ce n’est plus la demande de pétrole qui fait le cours, c’est la demande de futures et d’options en couverture des fluctuations du dollar. C’est la raison pour laquelle des élus, comme le Sénateur Sanders, du Vermont, demandent à la CFTC, organisme de surveillance et de régulation des marchés des « commodities », de mettre en place des limitations sur les volumes de futures possédés par les grands établissements comme Goldman Sachs ou Morgan Stanley qu’il accuse de manipuler le marché du WTI.  Mais, pour l’instant, ces rares demandes de régulation n’ont pas l’air d’attirer l’attention de l’Administration américaine, les cours du pétrole ne semblent pas tellement la passionner.  

               La conséquence de cette situation est que le cours du pétrole va être étroitement lié à la future évolution du dollar. Il est donc imprévisible. En effet les fondamentaux des déséquilibres budgétaires et de balances commerciales américaines depuis bien longtemps appellent à une dévaluation du dollar, mais en face, les faiblesses économiques de la Zone Euro ainsi que les querelles sur les tactiques à adopter au sein de la BCE, tendent à valoriser le dollar par rapport à l’euro. En attendant les indices des prix de l’énergie du mois de Mai et du mois de Juin vont repartir à la hausse.

Le 6 Juin 2009

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