Les débats autour des choix énergétiques américains n’ont jamais été aussi vifs. La montée des cours de l’essence à la pompe est un bon prétexte pour attaquer la politique de Cap and Trade d’Obama qui pour les Républicains n’apparaît que comme une taxe sur l’énergie. Elle pourrait coûter selon eux, jusqu’à 3000 dollars par an et par foyer, non répond l’EPA qui chiffre le coût entre 98$ et 140$ par an. Un membre de la CFTC, commission de contrôle du marché des futures et des options, avoue lui même que de voir les prix de l’essence augmenter de 23% au mois de Mai, dans un marché où l’offre n’a jamais été aussi abondante et la demande jamais été aussi faible depuis 10 ans, lui posait problème. « Si je ne m’en préoccupais pas, il faudrait me virer » a-t-il déclaré en commentaire.
Les Républicains, Sarah Palin en tête, bien timides du temps de l’Administration précédente, proposent au Sénat de construire une centaine de tranches nucléaires, de mettre en place un retraitement des combustibles sur le modèle français et de reprendre l’exploration pétrolière et gazière sur les côtes américaines. Leur tête de Turc est le Secrétaire à l’Intérieur, Ken Salazar, qui s’est rendu populaire en revenant sur des décisions d’autorisation de prospection et d’exploitation de l’Administration Bush
Bien que Steven Chu, le Secrétaire à l’Energie, ait avoué la semaine dernière, que la part du nucléaire américain dans le mix énergétique devrait dépasser les 20% d’ici à une dizaine d’années, l’indécision et l’ambigüité des positions de l’Administration sur la politique nucléaire apparaît comme une faiblesse qu’exploite l’opposition. Alors nombreux sont ceux qui pensent qu’entre l’idéal d’Obama et les positions radicales républicaines, il va falloir élaborer une politique énergétique de transition. La poursuite de la montée des cours des carburants, va mettre la pression sur cette nécessaire adaptation du discours des autorités au pouvoir. L’attentisme ambiant n’est pas soutenable.
Une autre option plus politique serait pour Obama de stopper la montée des cours par une intervention forte de la CFTC sur le marché du NYMEX des futures et des options, mais il faudrait pour cela se mettre à dos la monde financier américain. Il n’est pas sûr que l’esprit consensuel du Président puisse imaginer une telle solution. Après tout le marché du CO2 américain qu’il veut mettre en place va être un formidable terrain de jeu pour les spéculateurs de tous poils, où s’échangeront des milliards de tonnes de CO2 en papier. Ce sont ces spéculateurs qui feront alors les prix mondiaux du pétrole et celui du CO2 et qui infléchiront ainsi les choix énergétiques. Grande stupidité politique!
Le 12 Juin 2009.
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